Ces poèmes sont merveilleusement beaux, le ton est lyrique et tragique. Ces vers scandent toute la vie, la douleur de vivre et l'amour de la « Mère Russie ». Ce sont les mots d'une âme déchirée, tourmentée qui dansent autour de son destin.
"Oh toi, ma douce Russie
Tes icônes fleuries près du feu…
Rien que toi à l'infini,
Tout ce bleu suçant les yeux…
Je viens contempler tes champs…
Essenine a une âme de révolté, de révolutionnaire, c'est un écorché déçu de la révolution « en cette ère mon âme ne peut vivre ». Son suicide donne à son oeuvre un écho de souffrance et tristesse dans un pays où la liberté n'existe pas.
« Oh douleur russe, triste est ton refrain »…
Loin du malheur des humains,
Je dors dans un arbrisseau.
Je prie l'aube rougissante,
Je communie au ruisseau".
L'homme noir nous livre pourtant un hymne à la nature, vibrant de beauté primitive, parfois surréaliste et toujours tragique, il nous bouscule et nous touche au plus profond de l'âme, on se détache difficilement de ses chants étranges et vibrant .
« Bourbe et marécages,
Châle bleu du ciel.
Les forêts dorées
En tintant nous hèlent…
L'Automne - jument rousse - gratte sa crinière ».
Puis son chant se fait pleurs et souffrance
Qui dois-je chanter, qui chanter
Dans la lueur incendiée des cadavres ?...
le bonheur, disait-il, c'est une affaire d'agilité des mains et de l'esprit ".