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EAN : 9782020016797
112 pages
Seuil (01/05/1966)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Collines notre jeunesse
que nous pourchassons dans l'ombre,
collines essaim des rues
collines entrelacs des fossés
collines douleur et fierté
collines horizon de la terre,
plus nous montons vers les sommets
plus elles nous paraissent lointaines.

"La mort c'est l'infini des plaines et la vie la fuite des collines."

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Encore un poète que je n'aurais jamais découvert sans le challenge Nobel.
Et c'eût été dommage !
Il faut lui reconnaître ce mérite au jury Nobel, celui de faire découvrir des oeuvres parfois confidentielles, en piochant dans le théâtre comme cette année avec Jon Fosse, ou dans la poésie comme en 1987 avec Joseph Brodsky.
Reste qu'il est bien difficile de chroniquer de la poésie.
Certains des poèmes de Brodsky paraissent limpides, parce qu'ils racontent des histoires, des histoires humaines qui vont à l'essentiel.
Dans certains autres, la beauté des mots se suffit à elle-même :
"le sommeil et la neige cousent
l'espace entre son âme et son corps endormi."
(Élégie à John Donne)
Pour d'autres enfin... je l'avoue, je n'ai rien compris.
Car dans beaucoup de ses poèmes, il dialogue avec ses proches, avec d'autres poétesses et poètes, il cite des noms qui m'étaient inconnus (sauf celui de Dizzy Gillespie...!)
On retrouve des invariants : parler de la fuite du temps, parler de la mort qu'il voit dans le passage des saisons. Utiliser les métaphores que lui offre la Nature : forêts, rivières, collines sont omniprésentes, ainsi que le cheval et la liberté du galop. Parler des traces laissées par l'humanité dans l'Histoire et la littérature.
Critique politique et critique de la modernité occupent aussi une place importante dans ce recueil composé en temps de Guerre froide, par un homme qui a passé 5 ans au Goulag.
Hormis le fait d'être poète, et pas au service du régime, un "parasite social" donc, il cumule avec une réflexion métaphysique, une certaine religiosité :
"Dans toute musique
je trouve Bach,
En chacun de nous
je trouve Dieu."
(Vers sur une épigraphe)
En bref, Collines est un recueil que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, mais avec également le petit agacement de manquer des références nécessaires pour en comprendre davantage.

Traduction de Jean-Jacques Marie.

Challenge Nobel
Challenge Poévie
LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
A la mémoire de Federico Garcia Lorca,
(La légende raconte qu’avant d’être fusillé il vit au-dessus des soldats se lever le soleil et dit alors : - et pourtant le soleil se lève…
C’était peut-être le début d’un nouveau poème.)

Revoir un instant les paysages
Derrière les fenêtres où se penchent
Nos femmes, nos semblables,
Les poètes.
Revoir les paysages
Derrière les tombes de nos camarades
Et la neige lente qui vole
Quand l’amour nous défie.
Revoir
Les torrents troubles de la pluie qui rampe
Sur les carreaux et brouille toute mesure,
Les mots qui nous dictent notre devoir.
Revoir
Au-dessus de la terre inhospitalière
La croix étendre ses derniers bras raidis.
Une nuit de lune
Revoir l’ombre longue
Que jettent les arbres et les hommes.
Une nuit de lune
Revoir les lourdes vagues de la rivière
Qui luisent comme des pantalons usés.
Puis à l’aube
Voir une fois encore la route blanche
Où surgit le peloton d’exécution,
Revoir enfin
Le soleil se lever entre les nuques étrangères des soldats.
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Quand passent les nuages, passe et s’envole la vie.
Nous portons en nous notre mort, nuages
gonflés de voix et d’amour entre les branches noires.
« Passent les nuages… » les enfants chantent le monde.

Entends-tu, entends-tu dans les taillis les chants des enfants ?
Les fils brillants de la pluie s’entrelacent, voix sonores,
voix éphémères près des monts étroits où les ténèbres
nouvelles envahissent les cieux moribonds.

Passent les nuages, passent les nuages au dessus des taillis.
Quelque part l’eau fuit, il suffit de chanter et de pleurer le long des clôtures de l’automne,
de regarder toujours plus haut, de sangloter sans fin, d’être un enfant de la nuit,
de regarder toujours plus haut, de chanter et de pleurer, d’ignorer les larmes.

Quelque part l’eau fuit le long des clôtures de l’automne et des arbres obscurs,
cri dans les ténèbres nouvelles, il suffit de chanter et de pleurer de replier son feuillage.
Au-dessus de nous, une ombre passe et meurt,
il suffit de chanter et de pleurer, il suffit…de vivre.
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DÉFINITION DE LA POÉSIE

À la mémoire de Federico Garcia Lorca.
La légende raconte qu’avant d’être fusillé il vit
au-dessus des soldats se lever le soleil et dit
alors :
— Et pourtant le soleil se lève…
C’était peut-être le début d’un nouveau poème.



Revoir un instant les paysages
        derrière les fenêtres où se penchent
        nos femmes,
                nos semblables,
                        les poètes.

Revoir les paysages
        derrière les tombes de nos camarades
        et la neige lente qui vole
        quand l’amour nous défie.
Revoir
    les torrents troubles de la pluie qui rampe
    sur les carreaux et brouille toute mesure,
    Les mots qui nous dictent notre devoir.
Revoir
    au-dessus de la terre inhospitalière
    la croix étendre ses derniers bras
    raidis.
Une nuit de lune
    revoir l’ombre longue
    que jettent les arbres et les hommes.
Une nuit de lune
    revoir les lourdes vagues de la rivière
    qui luisent comme des pantalons
    usés.
        Puis à l’aube
Voir une fois encore la route blanche
        où surgit le peloton d’exécution,
Revoir enfin
        le soleil se lever entre les nuques étrangères
        des soldats.

p.25-26
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PASSENT LES NUAGES


Extrait 2

Quand passent les nuages, passe et s’envole la vie.
Nous portons en nous notre mort, nuages
gonflés de voix et d’amour entre les branches noires.
« Passent les nuages… » les enfants chantent le monde.

Entends-tu, entends-tu dans les taillis les chants des enfants ?
Les fils brillants de la pluie s’entrelacent, voix sonores,
voix éphémères près des monts étroits où les ténèbres
nouvelles envahissent les cieux moribonds.

Passent les nuages, passent les nuages au dessus des taillis.
Quelque part l’eau fuit, il suffit de chanter et de pleurer
                le long des clôtures de l’automne,
de regarder toujours plus haut, de sangloter sans fin,
                d’être un enfant de la nuit,
de regarder toujours plus haut, de chanter et de pleurer,
                d’ignorer les larmes.

Quelque part l’eau fuit le long des clôtures de l’automne
                et des arbres obscurs,
cri dans les ténèbres nouvelles, il suffit de chanter et de pleurer
                de replier son feuillage.
Au-dessus de nous, une ombre passe et meurt,
il suffit de chanter et de pleurer, il suffit de
                                         vivre.

p.78
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TU GALOPERAS DANS LE CRÉPUSCULE Extrait 1


Tu galoperas dans le crépuscule par les collines froides,
 sans fin,
le long des bois de bouleaux qui fuient dans la nuit
                vers les maisons rectangulaires,
le long des ravins déserts, sur l’herbe gelée,
                par les fonds sablonneux,
illuminé par la lune aveuglante.
Claquement des sabots sur les collines qui se figent, incompa-
 rable,
là-bas, le long des ravins profonds tu enroules ton fil,
dans les ténèbres le ruisseau s’écarte de ta route,
et ton ombre murmure en fuyant sur le dos des briques.

Il galope aussi sur l’herbe gelée et se fond dans la nuit,
surgit dans le lointain, illuminé par la lune, sur les collines
sans fin, près des buissons noirs, le long des ravins déserts
                         où l’air bat son visage,
il dialogue en lui-même et se dissout dans la forêt obscure,
le long des ravins déserts, près des buissons noirs,
                         et sa trace se perd….

p.97
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Videos de Joseph Brodsky (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joseph Brodsky
Joseph BRODSKY – Poète russe, Citoyen américain (DOCUMENTAIRE, 1989) Un documentaire de Christophe de Ponfilly et Victor Loupan diffusé le 6 mars 1989 sur France 3. Participants : Mikhail Barychnikov, Susan Sontag, Derek Walcott, Alexandre Guinzbourg et le poète en personne.
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