J'avoue que je n'ai pas été séduit par les romans de
Dan Fante, fils du fabuleux
John Fante, un poids bien lourd à porter. Mais en revanche, ses poèmes m'ont vraiment touché. Ce sont des photographies du quotidien, de ces instants de vie qui peuvent passer inaperçus, mais qui sous la plume de l'auteur, prennent de l'altitude.
De loin, mon poème préféré est :
Question
Des années durant j'ai imaginé
que parler aux dieux était
une activité
privée
exercée sous de lointaines
sous d'implacables étoiles
une prière grotesque et vaine
un truc qu'on faisait en contemplant
de vieux livres froids
écrits en vilains petits caractères
Puis j'ai découvert
qu'il ne s'agit pas de ça
du tout
Je peux trouver Dieu dans le « merci » d'une caissière du 8 à huit
ou
dans le sourire tranquille d'un inconnu sur le parking
ou encore
dans le crissement des herbes sèches du désert Mohave en été
ou bien en regardant mes doigts
bondir bondir rebondir
sur les touches pendant trois heures
de vérité débridée
Dieu –pour moi- s'est avéré
un choix conscient
une expérience délibérée
exactement
comme
l'amour
Dan Fante