J'ai toujours beaucoup aimé cette collection des Contes des Sages publiées au Seuil. Et particulièrement l'écriture de Marie Faucher. L'écriture de la conteuse est tendre, vive, claire. Et étonnamment incisive. Les contes sont parfois déjà connu, mais cela reste un plaisir de les entendre encore et encore.
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La couveuse
Si vous voulez mon avis de vieille en fin de course, avec dans mon sac tout ce que m'a montré la vie, il faut apprendre à ne pas calculer. C'est la poule qui couve qui me l'a appris.
La poule qui couve, elle est là, butée sur sa chaleur, à veiller dehors, à s'écouter dedans sans bouger d'une plume, large, gonflée, tout étalée. Au début, le temps de faire démarrer la chaudière, elle ne mange ni ne boit. Elle ne dort que d'un œil, féroce, et gronde si on s'approche. Elle écoute.
Quand vous couvez votre œuf, votre petit, mes belles, vous vous écoutez, vous l'écoutez et tout va bien. Si vous vous mettez à calculer ce que vous voulez qu'il devienne, il ne vous entend plus et il a peur.
Le bonnet d'âne, ce n'était pas pour les punir, c'était pour leur apprendre à bien dresser l'oreille pour entendre ce que sait l'âne, et Dieu sait s'il en sait.