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4,18

sur 1270 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La lecture, c'est pour moi l'ouverture sur d'autres façons de penser, sur d'autres cultures, d'autres mode de vie. Et ce livre en est un exemple, une invitation à partager un peu le monde des gitans, en l'espèce de ceux qui vivent en marge de notre société, qui les ignore. Bien sur, ce n'est qu'un roman et l'histoire racontée n'a pas la prétention de décrire l'ensemble de la communeauté, mais si l'auteur a bien fait son travail, les situations décrites s'inspirent de situations réelles que l'ont ne peut pas simplement ignorer. Une invitation à aller aussi voir l'exposition du photographe Matthieu PERNOT au musée national de l'histoire de l'immigration ( jusqu'au 26 août) et son travail avec des gitans.
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C'est grâce à une bibliothécaire qui vient faire la lecture aux enfants d'un camp de gitans que le roman d'Alice Ferney nous introduit au coeur d'un univers mal connu et mal aimé. Celui d'une tribu échouée sur un terrain vague, vivant dans la plus grande précarité parmi les rats et les tessons de bouteilles. Sans papiers et sans travail, les hommes sont oisifs et incroyablement machos. Plutôt que de les aider, ils laissent aux femmes toute la charge des tâches domestiques, même les plus éreintantes. Epuisées, vieilles avant l'âge, totalement soumises, elles possèdent cependant un bien précieux: leurs enfants avec lesquels elles entretiennent un lien privilégié. Après l'amour pour leurs hommes, c'est dans la maternité qu'elles puisent leur bonheur de vivre. Ces enfants ne vont pas à l'école, ils s'ennuient et ce sont eux, avec leur bel appétit de découvrir éveillé par la gadjé, qui insuffleront à la tribu une note d'espoir en l'avenir.
J'aurais mieux apprécié cette lecture si Alice Ferney n'avait jugé nécessaire d'y apporter une malencontreuse touche de sentimentalité sucrée. Le fantasme du beau gitan solitaire aux yeux de braise, secrètement amoureux de l'inaccessible gadjé donne au récit un mauvais petit goût d'Harlequin. On aurait largement pu s'en passer. Mais ceci dit, c'est quand même une belle découverte d'un milieu assez fermé dans lequel on a que très rarement l'occasion de mettre les pieds.
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Livre envoûtant qui nous transporte dans le monde des gitans. Une justesse dans la description des personnages grâce au style épuré d'Alice Ferney.

Une fois le livre terminé, on continue de penser aux différents personnages. Ce récit ne peut pas nous laisser insensibles, c'est impossible.
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Tout est dans le titre, la grâce du geste d'une libraire bénévole qui lit des livres à de jeunes enfants paumés, illettrés. le dénuement, c'est la force du livre. D'un rien, en partant de rien dans un paysage entouré de misère et de délabrement, d'un rien l'auteur fait un tout, une ambiance, de mots pour décrire des maux, décrire des vies si loin de nous et pourtant que l'on fréquente, si proches... des vies comme les nôtres et des coutumes si différentes, des destins qui semblent tout tracés pour finalement s'entrecroiser. Pour vaincre la différence, faire tomber les barrières et changer une petite partie de son monde, l'héroïne (la libraire) va amener sans le vouloir le lecteur à ressentir son besoin d'aider, de transmettre et à ressentir ses plus profondes émotions. Magnifique.
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Ce roman, car ce n'est pas un documentaire, a réussi à parler des gens du voyage, en évitant l'angélisme. Il évoque la vie quotidienne d'une famille vivant en caravanes de leur arrivée sur une commune française anonyme à leur départ. Rien n'est occulté pour faire plus joli, ni le comportement machiste, voire violent de certains hommes, ni l'alcoolisme et la maladie, ni la saleté et l'absence de soins élémentaires. Tout est montré par petites touches, comme Esther, la bibliothécaire, se rapproche à petits pas, en attirant d'abord les enfants, puis les femmes, puis Angéline, qui préside à cette large famille, cinq fils, quatre belles-filles et les petits-enfants. le triste décor, mi campagne, mi banlieue, pavillons et herbes folles sous un ciel qui est « l'unique forme de limpidité », dans lequel les gitans annexent un coin de verger abandonné, est de ceux qui donnent le cafard.
Esther vient chaque mercredi avec un carton de livres, lit à la bande de mioches contes et fables, les écoute parler, sans s'immiscer exagérément. Elle finit pourtant par être au courant de tous les malheurs de cette famille, malheurs prévisibles pour ces enfants qui ne fréquentent que la rue, ces femmes qui ne vont à l'hôpital qu'en cas de force majeure, ces hommes qui ne trouvent aucune ressource pour nourrir leur famille que de rares gagne-pain et de petites combines. Les habitants de cette zone pavillonnaire vont de la tolérance un peu distante au rejet pur et simple ; l'expulsion est une menace récurrente quand les élus locaux risquent de perdre leur mandat en acceptant que cette famille reste sur leur territoire… La langue d'Alice Ferney est très belle pour dire la misère, le manque de tout, les regards méfiants et la gêne, mais aussi la curiosité, l'esprit de famille, la fierté, la générosité… Un livre émouvant à ouvrir sans hésiter !
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Un seul lieu: un terrain vague, isolé, coupé de l'extérieur. C'est là que vivent Angéline, ces cinq fils et petits-enfants. La famille vit dans une organisation matriarcale où la mère et grand-mère fait la loi et seule son autorisation permettra à Esther, bibliothécaire, d'entrer dans la petite communauté pour y faire découvrir la lecture aux enfants.

Loin de recourir au naturalisme en écrivant au plus près de la réalité, Alice Ferney dépeint les tréfonds intimes, les sentiments de chaque personnage par une belle écriture à la fois douce et poétique.

Alors que l'auteur ne semble pas chercher à écrire un plaidoyer pour la littérature, sa plume révèle le mystère de la lecture, la fascination qu'elle exerce sur qui veut bien apprendre à la connaître.
Lors des séances de lecture, les enfants retrouvent leur insouciance et font preuve d'une curiosité sans borne oubliant ainsi la dureté et la violence du monde dans lequel ils vivent au quotidien.

Une très belle écriture révélant un livre simple et émouvant qui fait briller la lecture.
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Une intrigue chez les Gitans au coeurs de leur vie,de leurs émotions...où,les livres vont faire irruption par la détermination d'une bibliothécaire.
Esther va venir chaque mercredi lire des histoires aux enfants...
Une belle découverte que j'ai dévoré.
L'écriture est juste magnifique.L'histoire n'est pas entourée de guimauve ...
Une lecture marquante.
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Les gitans. Une communauté que l'on côtoie sans la connaitre, qui suscite souvent méfiance et mépris.
Ancienne infirmière devenue bibliothécaire, Esther pense que les livres sont aussi nécessaires à la vie que le gîte et le couvert. C'est une femme d'une vitalité fervente, aussi douce que courageuse. Lorsqu'elle se présente dans un camp de gens du voyage, ce n'est pas par pitié, mais avec un projet, celui de faire la lecture aux enfants. L'expérience est rendue possible parce qu'Esther est venue sans jugement, discrète mais tenace malgré la froideur de l'accueil à laquelle Angéline, la doyenne du clan, l'a laissée se heurter pour voir ce qu'elle avait dans le ventre.

Chaque mercredi elle leur apporte des livres dont elle raconte les histoires, séduisant sans peine ces gamins qui ne réclament jamais rien, n'ont jamais faim ni jamais soif si ce n'est de ses paroles. Ils n'ont pas les jouets que reçoivent d'ordinaire les enfants mais font un butin de tout ce qu'ils ramassent, et ils ont la liberté, vont et viennent comme bon leur semble, sautillant, courant sur les trottoirs et dans les caniveaux, bande débraillée qui connaît les environs autant qu'on les y redoute. La scolarité est, sinon inexistante, chaotique et difficile, parce qu'ils dorment mal, qu'ils ne sont pas sûrs de rester au même endroit, et sont l'objet d'un dégoût moqueur de la part des autres élèves.

La lecture se fait dehors aux beaux jours, puis entassés dans la petite automobile d'Esther, avant qu'on ne lui propose, après de longs mois, l'abri d'une caravane. La bibliothécaire ne pose jamais de questions, et découvre la vie de la communauté par fragments, la pudeur et la méfiance cédant peu à peu le pas aux confidences. Elle ferme les yeux sur ce dont elle peut être témoin, ne veut pas s'avouer que les enfants sont parfois maltraités.

Car c'est une vie rude, hantée par le désoeuvrement et le rejet. Les hommes sont défaits de n'être tendus vers rien, de ce que personne n'attend rien d'eux. Ils se lèvent tard, parce qu'ils veillent et s'endorment difficilement. Pendant que les femmes aèrent la literie, replient les lits et cuisinent, ils bavardent, s'attardent à prendre le café pendant que les enfants jouent dehors. Puis ils traînent, commettent parfois de menus larcins, sauvegardant des apparences qui ne trompent personne, si ce n'est eux-mêmes. Ils regardent beaucoup les femmes, prisonniers d'un désir d'autant plus torturant que la promiscuité des caravanes, où s'entassent adultes et enfants, leur permet rarement de l'assouvir. Une promiscuité que les femmes utilisent comme prétexte pour se dérober, dès lors que la maternité calme leurs ardeurs. Car elles aussi sont fatiguées, peut-être moins détruites que leurs maris, parce qu'elles s'occupent des enfants, mais néanmoins plombées d'une usure morale, à l'idée que rien ne changera, qu'il leur reviendra toujours de s'inquiéter des petits, de se ronger pour les autres, prisonnières du mariage tzigane qui ne se rompt pas, et impose de supporter le mari comme il est. Une chance s'il ne la bat pas et que la belle-mère est gentille.

La belle-mère ici, c'est Angéline. Angéline, gardienne des valeurs et du passé, qui converse avec les esprits en jetant dans le feu, qu'elle passe des journées entières à regarder, des objets hétéroclites qui noircissent et fondent en répandant des fumées aux odeurs diverses. Qui connait par coeur chacun de ses quatre fils : Simon dont la brutalité voisine avec la folie, Lulu et sa force de taureau, Antonio, beau jeune homme volage et enfin Angelo, vieux garçon discret et d'une timidité maladive, qui vit encore dans la caravane de sa mère. Elle observe, lucide, ce petit monde qui orbite autour d'elle, intuitivement experte des mécanismes qui régissent les relations entre ses enfants et ses belles-filles – Milena, bête velue noire et rapide comme une mouche, Nadia la douce ou encore Héléna la révoltée-, imposant son autorité et ses points de vue.

Malgré la dureté du quotidien, partout ils trouvent leurs marques, répètent les gestes de la débrouille : le ravitaillement sans argent, l'eau potable qu'il faut chercher à la pompe, les sources occasionnelles de revenus…

Et surtout, l'auteure dépasse la brutalité et la désespérance de ce quotidien pour en extirper cette "grâce" qu'évoque son titre, traque les espoirs, l'amour et les émotions -les joies comme les souffrances- qui se dissimulent dans les silences et les non-dits, rend hommage à la sincérité que leur confère leur approche brute, quasi organique, des choses. Il y a comme une inertie magnifique dans la fatalité dénuée d'amertume avec laquelle, ancrés dans le moment présent, ils acceptent les aléas de cette vie qui est irrémédiablement la leur, et dont ils aiment, en dépit de ses difficultés, la liberté.

Le portrait qu'elle en dresse, portée par une écriture qui épouse les tournures et le rythme d'un parler direct, parfois cru, est aussi sublime que désespérant.
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Alice Ferney, Grâce et dénuement - 1997

« Une femme pourtant venait chaque semaine. Elle connaissait les Gitans
depuis près d'une année sans avoir vaincu leur sauvagerie. C'était la responsable d'une bibliothèque. Elle pensait que les livres sont nécessaires comme le gîte et le couvert. Elle s'appelait Esther Duvaux. »

Angéline et sa famille, gitans de toujours, sont installés de façon illégale sur le terrain privé d'une institutrice qui ne porte pas plainte. Angelo, le seul célibataire du clan, devient amoureux d'Esther, la lectrice. Sa présence changera-t-elle les individus ?

C'est l'histoire de ce clan, des relations hommes-femmes que nous raconte Alice Ferney avec sensibilité malgré la violence de certains comportements. le livre a le mérite de nous faire pénétrer dans l'univers des Gitans et de leur philosophie que défend si bien Angéline, la vieille. On y côtoie des thèmes aussi profonds que le désir, le sentiment de rejet, les enfants, la vie, la mort, le rêve, la misère, la force d'une femme, le désarroi masculin.

Ce n'est pas une oeuvre à suspense ou alors il est si léger qu'on le perçoit à peine, mais la manière touchante de dire d'Alice Ferney nous incite à poursuivre notre lecture même si on trouve que les situations évoluent lentement parfois. Les derniers chapitres m'ont émue d'une manière bien particulière et j'ai eu du mal à abandonner ces personnages à leur destin après les avoir sentis de si près...
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J'ai eu un immense coup de coeur pour le film Éternité, adapté du roman L'élégance des veuves d'Alice Ferney.
J'avais très envie de découvrir son écriture et on m'avait vivement conseillé de lire Grâce et dénuement.

La sensibilité de cette auteure est sûrement ce qui me touche le plus.
Ces textes transpirent de cet amour qui me happe tant : l'amour maternel.
Cette capacité de m'émouvoir irrémédiablement, de cette beauté de raconter aux lecteurs, les sentiments les plus forts que l'on porte à nos enfants et à notre famille sont d'une justesse remarquable.

Comme dans l'élégance des veuves, ce sont les femmes qui sont à l'honneur dans ce très beau roman Grâce et dénuement.

Ici, nous allons suivre le parcours de plusieurs femmes.
Elles sont fortes et combattantes, luttant contre les adversités de la vie qui ne les épargne pas.
Leurs priorités sont la famille, les enfants et la survie.

"Parce que l'amour des enfants, dit-elle, on le sent vivant dans sa poitrine et dans son ventre. C'est là qu'il habite, dit-elle en mettant la mais à plat sur son gros ventre."

La puissance de ces femmes qui portent à bout de bras toute une communauté.
Leurs dignités sans faille, leurs honneurs, leurs douleurs dans les cris, dans les larmes et dans les silences.
C'est beau,
C'est fort,
C'est juste.

Et dans ce récit, je l'ai ressenti intensément, Alice Ferney nous raconte cette histoire d'une manière incroyablement belle et intense et à la fois tellement percutante que j'ai été captivée par ces personnages et ces destins si malmenés par la vie.
Malgré des sujets qui n'ont rien de légers comme la pauvreté, la misère sociale, l'illettrisme, la violence, c'est un roman SOLAIRE !

Une ode à l'espoir et à la tolérance, pleine d'humanité qui m'a beaucoup touchée.

C'est un roman fort, puissant et d'une grande générosité.

C'est un livre comme je les aime.

Sincère, vrai et entier.

Je vous le conseille vivement.

Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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