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EAN : 9782072985720
Gallimard (22/06/2023)
3.93/5   34 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
"Nous sommes entrés dans l'âge de l'après-littérature. Le temps où la vision littéraire du monde avait une place dans le monde semble bel et bien révolu. Non que l'inspiration se soit subitement et définitivement tarie. De vrais livres continuent d'être écrits et imprimés, mais ils n'impriment pas. Ils n'ont plus de vertu formatrice. L'éducation des âmes n'est plus de leur ressort. Ils s'adressent à des lecteurs qui, avant même d'entr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'ancien « nouveau philosophe » d'après mai 68 Alain Finkielkraut est devenu un vieux philosophe pessimiste qui ne mâche pas ses mots. Il va à contre-courant des principales tendances de ces dernières années. Se basant sur les écrits de Philip Roth et de Milan Kundera en particulier, Finkielkraut dénonce la simplification à outrance de certaines polémiques telles #Me Too, la brutalité des policiers blancs a l'encontre des noirs, le néo-féminisme, l'écriture inclusive, les errances de l'écologie et j'en passe. Et je dois avouer que si l'auteur ne m'a pas convaincu sur tous les (nombreux) sujets brûlants qu'il aborde dans cet ouvrage, il m'est difficile de ne pas approuver certaines de ses prises de position. En effet, si des progrès ont été faits, des injustices dénoncées, des faiblesses montrées du doigt, le XXIe siècle a tendance à inverser ou à outrepasser certaines tendances parties d'une bonne intention. Montrer du doigt et corriger des injustices est une chose, abuser de la faille ainsi obtenue en est une autre. A force de vouloir bien faire, on peut en faire trop, tel est le message de Finkielkraut.
A chacun et chacune d'en faire ce qu'il ou elle veut de ses propos, mais ces derniers méritent en tout cas qu'on s'y attarde un instant par ces temps où il faudrait peser plus que jamais le pour et le contre de chaque polémique qui nous touche.
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Finkielkraut est un philosophe né en 1949. Comme beaucoup des jeunes étudiants de l'époque, il a fait "Mai 68", du côté des jeunes revendicateurs. Mais avec le temps il s'est éloigné, non pas pour devenir un conservateur mais pour devenir un philosophe libre de penser ce qu'il veut sans s'attacher à des idéologies ou des modes. C'est ce qui me plaît en lui.

Ceci étant dit, on peut mieux comprendre ce livre. Les chapitres s'enchaînent avec logique mais ils peuvent être lus indépendamment les uns des autres comme une série d'articles.

Il se lance dans une critique des incohérences de la société actuelle et de certains mouvements, la plupart dans la mouvance dite woke : néoféminisme, colonialisme, antiracisme, politiquement correcte, #MeToo et #BalanceTonPorc, la "gauchitude", ...

Il ne manque pas de raconter une anecdote dont on a entendu parler par ailleurs : une militante néoféministe très remontée contre lui à cause de son soutien à Roman Polanski lui a accusé de faire l'apologie du viol. Les dires de la militante étaient tellement déplacés que Finkielkraut a renchéri avec une exagération pour faire comprendre que ce que l'interlocutrice disait était une bêtise : "Après avoir appelé à la généralisation du viol, j'ai fièrement déclaré que, tous les soirs sans exception, je soumettais ma femme à cette torture exquise". Si sur le coup personne n'a bronché, les politiciens du Parti Socialiste et France Insoumise ont voulu faire de la récupération politique. Si d'un côté Finkielkraut parfois part "au quart de tour" (c'est du Finkielkraut tout craché et je le comprends), cet incident montre un peu l'ambiance où l'on vit avec les contraintes à liberté d'expression et le politiquement correct.

Tout au long du livre il fait référence à ses auteurs préférés, souvent Milan Kundera, Philippe Roth, Octavio Paz, ... Si accessoirement il fait comprendre que la littérature d'aujourd'hui ne vaut pas ou plus celle de ses auteurs classiques, je ne suis pas sûr que ce point soit suffisant pour justifier le titre du livre. C'est plus une critique à la société moderne qu'une critique à la littérature d'aujourd'hui (et à l'art aussi).

C'est un livre que se lit très facilement et avec plaisir. On peut ne pas être d'accord avec ses opinions mais Finkielkraut fait partie de ces philosophes dont la lecture en vaut la peine.
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Monsieur Finkielkraut prend de la hauteur par rapport à son temps et dresse un tableau sans concession du délabrement intellectuel de la société française. A la lumière de ses auteurs favoris tels Philippe Roth ou Milan Kundera, il analyse ,en philosophe,tous les domaines de l'idéologie dominante et s‘en prend notamment aux néoféministes , à la justice qui obéit aux pulsions populaires du moment et d‘une manière générale à la massification de la pensée qui n‘est plus polie par la lecture des grands auteurs classiques. D‘où le titre l‘après-litterature.
Je suis entrée difficilement dans le livre mais après le deuxième chapitre, ma lecture a atteint sa vitesse de croisière et la pensée de l‘auteur est devenue plus lumineuse.L'écrivain porte sur les événements d'aujourd'hui un regard affûté,nous permettant de voir les choses sous une autre perspective.
Car non seulement certains de nos contemporains veulent faire table rase du passé mais ils falsifient le présent . Nous assistons à une nouvelle révolution culturelle
terriblement destructrice.
Il faut toujours finir sur une note d'espoir mais apparemment Monsieur Finkielkraut n'en a pas encore trouvé.
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Constat et riposte


Finky a de nouveau sorti son colt anti-billevesée, le barillet plein de balles en pur réactionium moulées à l'exaspération.

Le principal désagrément d'avoir eu une longue vie intellectuelle est d'avoir vécu l'emballement du balancier des idées que l'on portait. Finkielkraut n'a pas bougé, c'est l'environnement qui s'est déplacé, avec des excès parodiques qui stratifient d'étonnement l'esprit raisonnable. Dans sa fureur critique et dénonciatrice, Finky vient rétablir l'équilibre et nous annoncer l'heure exacte.

A force d'interdit, de renoncement, de censure et d'autocensure, une littérature digne de ce nom sera-t-elle encore possible ou basculons-nous irrémédiablement dans l'après littérature, ou sa mise au pas l'aura rendue si inapte que son existence même n'aura plus le moindre intérêt.

Néo-féminisme, anti-racisme dévoyé, écologisme de la laideur, les nouvelles filières du délire et de l'injonction viennent torturer notre philosophe dans des proportions si amples qu'il ne put s'empêcher d'en dresser le constat dans un livre.

Un livre formidable, à la hauteur du penseur, qui voit sa tête prise dans l'étau de l'époque, se débattre et affirmer ce que le bon sens n'a jamais oublié.

Notre Finkielkraut de réconfort, l'homme qui vient ôter la couette sur notre dubitativité assoupie avant de nous mettre un grand coup de pied pour mieux nous éveiller.

Pour conclure, un grand passage en revue des hallucinations politiques et sociétales du moment que Finkielkraut se fait fort de traiter par quelques neuroleptiques lexicaux.

Qu'est exactement l'après littérature, l'abandon progressif chez les nouveaux accapareurs de paroles d'une culture littéraire classique ou l'impossibilité de sa pérennité après que les nouveaux prêtres en auraient revu le cadre et les obligations. A l'appréciation du lecteur !



Samuel d'Halescourt
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Globalement, je suis d'accord à peu près sur tout. Néanmoins, les propos pourraient parfois (souvent) être plus nuancés (ici, l'Islam semble par nature anti-démocratique et violent; la galanterie, par essence bonne et inoffensive; etc.); d'autres sont un tantinet illusoires (sans aucun doute quand ils portent sur une soi-disant égalité homme-femme bien établie!: dans nos sociétés, la femme est encore toujours bien plus un objet sexuel qu'une personne). Par ailleurs, l'ouvrage manque d'un minimum d'empathie à l'égard de ceux et celles qu'il critique, aussi insupportables ou "médiocres" soient-ils: leur souffrance, qui ne saurait se résorber du jour au lendemain, car elle a une une histoire, et qui explique (en partie, au moins) mais ne justifie pas les dérives dénoncées, semble ici compter pour rien.

À ce titre, le livre participe lui-même de ce qu'il dénonce: par défaut d'hospitalité, un détricotage du lien social qui se morcèle en camps inconciliables. J'aurais aimé que l'ouvrage tente de sauver quelque chose d'un dialogue possible et propose un pas de côté pour ne pas simplement entériner un (supposé) effondrement civilisationnel dont l'autre seul serait responsable. Questionner encore - qu'est-ce donc que nous n'entendrions pas dans les ressentiment, colère, haine néo-féministe, anti-raciste, etc. qui permettrait de leur faire une place (car est-il raisonnable et juste de décider que l'autre a entièrement et définitivement tort?), plutôt que juger et condamner.

En somme, le livre alerte, ce n'est pas rien, mais il est surtout alarmiste car, fixé à son tour dans son ressentiment (nourri, je dirais, de préjugés tenaces qui ne disent pas leur nom) et une peur certaine, l'auteur se prive de tout mouvement dialectique et, ce faisant, n'invite pas à penser ce qu'il constate (tout le contraire de Répliques) - ceci dit, l'auteur annonce dans son prologue son choix d'une position de juge.

Et l'on referme alors le livre en se demandant: so what?...
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
(p. 210)

Je suis arrivé à l'âge où, quand on a la chance d'aimer, on se demande qui survivra à l'autre. Je souhaite égoïstement partir le premier et j'affronte la seconde éventualité en m'imprégnant des considérations métaphysiques disséminées dans l'œuvre de Kundera sur la vie de l'être aimé après sa mort. Notamment ce passage :

Tout simplement un mort que j'aime ne sera jamais mort pour moi. Je ne peux même pas dire : je l'ai aimé; non, je l'aime. Et si je refuse de parler de mon amour pour lui au temps passé, cela veut dire que celui que est mort est.C'est là peut-être que se trouve la dimension religieuse de l'homme".
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(p. 108)

L'aptitude des êtres humains à s'installer dans une réalité parallèle et à transfigurer leur existence est sans limites. Sous l'effet d'un meurtre atroce commis à Minnneapolis, Minnesota, on interviewe avec déférence le membre du groupe La Rumeur qui s'était distingué, il y a quelques années, en parlant "des centaines de nos frères abattues par les forces de police sans qu'aucun des assassins ait été inquiété" et, alors même que quatre-vingt-cinq agressions contre ceux qu'on appelait les gardiens de la paix sont enregistrées quotidiennement en France, on prend très au sérieux cette déclaration de l'autrice Camélia Jordana, qui fait partie des "minorités visibles" : Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic et j'en fait partie. [...] Je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau."

Rien, absolument rien, ne vient étayer ces dires. Et pourtant la comédienne engagée qui les profère ne ment pas. Ou plutôt elle ne sais pas qu'elle ment. Elle fabule, avec chevillée au pas qu'elle ment. Aveuglée par l'indignation, elle est la première adepte des fake news qu'elle répand, elle croit dur comme fer en ce qu'elle affirme, elle se prend vraiment pour la victime qu'elle joue à être. Bref, elle rêve éveillée, et son rêve est communicatif. Ce destin si fréquent de somnambule dessine en creux le rôle de la culture, c'est-à-dire de l'art et de la pensée : ouvrir les yeux. Nous avons besoin de mots justes pour arrêter de nous payer de mots. Nous avons besoin des histoires que le roman nous raconte pour ne plus nous raconter d'histoires.
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(p. 131)

Mais la gauche n'est pas seulement le parti de l'Avenir. Elle défend aussi les faibles. Et cette défense qui m'a fait naguère choisir ce camp la conduit aujourd'hui à fermer les yeux sur l'antisémitisme, le sexisme et la francophobie qui sévissent dans les quartiers "populaires" ou, quand elle consent à en reconnaître l'existence, à déduire ses comportements de la discrimination et de l'inégalité. Les coupables deviennent les victimes, les ennemis déclarés, des opprimés poussés à bout; l'origine du mal est à chercher dans le fonctionnement de la société qui le subit, la France et plus généralement l'Europe doivent répondre de la violence dont elles sont l'objet; deux icônes de la gauchitude, la romancière Annie Ernaux et le cinéaste Robin Campillo érigent aujourd'hui en modèles de la lutte antiraciste les Indigènes de la République et leur pasionaria Houria Bouteldja qui, non contente de criminaliser l'histoire de France des origines à nous jours, se fait photographier, tout sourire, à côté d'un écriteau où l'on peut lire : "Les sionistes au goulag !".
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Le temps de la licence triomphante est révolu. Les abus, nul se s’en plaindra, ne sont plus tolérés. Mais ceux qui se sentent aujourd’hui moralement supérieurs m’évoquent irrésistiblement la parole du Christ : « Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère, mais tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien » ou encore la maxime implacable de Nicolás Gómez Dávila : « Personne ne méprise autant la crétinerie d’hier que le crétin d’aujourd’hui ».
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En temps ordinaire, il y a deux antidotes à la disparition du particulier dans le général: la littérature et le droit. L‘attention aux différences et le refus de penser par masses, qui caractérisent l‘approche juridique et l‘approche littéraire de l‘existence,nous préservent de l‘idéologie.
En période révolutionnaire cette humanité et cette perspicacité sont balayées par le déferlement d‘une pitié impitoyable et, la fièvre n‘épargnant aucune institution, des lois votées précipitamment mettent la justice pénale au service de la justice populaire.
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