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Stéphane Trapier (Autre)
EAN : 9782940666584
136 pages
Herodios Editions (12/05/2023)
3.92/5   13 notes
Résumé :
" Je suis écoanxieux mais je me soigne "

On connait le refrain : " Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ... "
Et Et si nos avions raison de ne pas sombrer dans la neurasthénie catastrophistes ?
Car pendant le grand effondrement le progrès continue et les raisons de se réjouir se multiplient : la frugalité et plus joyeuse, les genres plus fluides, la réalité virtuelle, l'écriture plus inclusive, l'intelligence plus artificielle..... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pétillant, judicieux, tragique et comique à la fois, « Petit abécédaire de l'apocalypse heureuse » est un bonbon acidulé fondant en bouche. Sous ses faux-airs de clown au nez rouge, l'humour au garde-à-vous, cet essai voire pamphlet est la prononciation à la virgule même de notre monde.
Rien n'est laissé au hasard. le compte à rebours est lancé : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Absolument pas dans le jugement, ni la morale, ce texte est la démonstration de nos ambiguïtés et de nos contradictions. Essentiel, précieux, sociologique, il est également d'une intuition politique grave.
Pascal Fioretto brise les carcans avec raffinement et finesse. D'aucuns se sentent concernés. Tous, nous sommes complice avec cet essai crissant comme de la glace et remarquable.
Gorgé de malice, notre monde est dépeint, tout en déliquescence. Ici, il reçoit un coup de règle sur les doigts. La subtilité est un lâcher de crayons de couleur. Les diktats sont décortiqués. Nos habitus aussi. Ce pourrait être aussi un crucial livre sociétal. Un modèle pour les hautes sphères politiciennes. Écoutez Pascal Fioretto : « E. S'[e]ffondrer : À l'idée que la Fin commence bientôt, certains d'entre nous entrent en dissonance cognitive et sautent dans leur 4X4 pour aller embrasser les arbres… Et puis il y a les esprits forts qui, au lieu de faire semblant de croire que ça va finir par s'arranger grâce aux États généraux de la mobilité douce et au Grenelle de la soutenabilité écocitoyenne durable, ont compris qu'il n'y avait plus rien à faire et qui le font ».
Quid des survivalistes, des collapsologues, « s'attendre à des émeutes, pires que le jour du Black Friday chez Zara. Il y aura des coupures d'eau, d'électricité et même de Netflix ».
La déambulation est burlesque, jubilatoire et viscéralement brillante. La trame jongle entre un style d'une haute intelligence et la capacité hors norme et perfectionniste de démontrer tous nos travers et les paradoxes qui accentuent la fin du monde. L'ubuesque de nos comportements et de nos doctrines de vie.
« L : Trouver son [L]ieu de vie : Nous n'avons finalement pas choisi le Perche mais cette immersion dans le « foncier atypique » nous aura au moins appris que le prix au mètre carré varie en fonction du voisinage immédiat : néoruraux surdiplômés en crise de la trentaine ou agriculteurs glyphosato-dépendants ?… de la vie culturelle alentour : concerts de musique baroque ou cours de danse country ? ».
L'abécédaire est le reflet même de nos corpus idéologiques. Tous, nous avons notre propre façon d'être dans l'apocalypse, celle qui advient subrepticement. Pascal Fioretto jongle avec l'autodérision. On sourit de nos malheurs à venir, de nos chutes et de nos manichéennes attitudes.
« Mieux vaut donc porter un masque quand les traitements commencent et faire comme les oiseaux, fermer notre gueule ».
Quid de notre alimentation, de l'intelligence artificielle, des cryptomonnaies, de l'écriture inclusive et tutti quanti. Nous marchons dans une forêt et tant pis si les branches des arbres griffent nos convictions. Pascal Fioretto est un funambule sur le fil de la vie. Il ne vacille pas. Il a compris le sens du vent, la violence des dangers sournois, et les périlleuses arrogances.
« La vie matérielle est devenue smart. Téléphone, compteur électrique, automobiles, montres, tous rivalisent de pénétration et de réflexion ».
Éclatant de véracité, implacable, satirique, surdoué, cet essai est le dernier avertissement avant le Grand Effondrement. Géopolitique et l'anthropologie souveraine. « S'il y en a qui doivent être furax à propos de la Fin programmée de la planète, ce sont les peuples autochtones, ces gardiens vigilants et bénévoles de 80%de la biodiversité mondiale qui utilisent en toute parcimonie les ressources naturelles, tutoyant le vivant du plus petit ouistiti au plus grand baobab, négociant patiemment avec les forces invisibles qui veillent sur l'ordre et l'harmonie du créé . Ils vont devoir se fader l'Apocalypse comme tout le monde, sans même avoir profité des avantages de la croissance illimitée : autoroutes, 5G, retraite à points... ».
Lucide et indépassable, le pouvoir d'une littérature qui rassemble l'épars de notre terre en faillite. Un manifeste, un livre d'utilité publique. Prenez soin des illustrations de Stéphane Trapier, toutes explicites et de connivence avec notre époque « désespérante et drôle ».
Lisez ce livre, offrez-le sans modération. C'est un petit bijou de pure délectation. Publié par les majeures Éditions Herodios.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Incendies, fonte des pôles, sècheresse, monté des eaux, canicule, pandémies, émeutes... Sans oublier la guerre qui n'a pas dit son dernier mot. Les mauvais présages s'accumulent, les faits sont de plus en plus têtus et ceux qui pensaient qu'il ne se passe jamais rien dans nos futiles existences sont obligés de constater que ça bouge enfin.
Que ça a même déjà commencé.
Certes, on savait depuis Thoreau, Morris, Illich, Ellul, Bernanos, Castoriadis et Marion Cotillard qu'on filait un mauvais coton - ni durable ni équitable -, mais on s'était plus ou moins faits à l'idée que le Déluge, ce serait après nous.
Et voilà que soudain tout se détraque plus vite que promis par les rapports du Giec et que le désastre arrive alors qu'ion n'est même pas encore morts.
Bien sur, nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir sauter en marche de notre train dev vie pour mesurer les vraies richesses à l'aune des vraies valeurs. Tous ensemble, nous nous sommes mis en route vers un avenir plus soutenable. Un peu peu comme ces chanteurs d'Opera qui brament - Marchons ! Marchons ! en piétinant sur place. Hélas, selon certains pessimistes, nous aurons beau décroitre dans la joie, composter nos épluchures et renouer le vivant pendant qu'il bouge encore, nos efforts, aussi écosincères soient-ils, ne suffiront peut-être pas à éviter l'Apocalypse.
Rien d'étonnant donc à ce que 75 % des jeunes souffrent d'écomorisité, de rumination obsessionnelles - chaque geste compte, je baisse, j'éteins, je décale - et qu'ils aient des difficultés à faire des projets. À quoi bon réviser pour les partiels si l'Apocalypse tombe le jour de l'examen ?
Pourtant, en cette fin des temps d'abondance et d'insouciance, même si l'on est hyper-éco anxieux comme moi, les raisons de se réjouir ne manquent pas : la frugalité est plus joyeuse, les genres plus fluides, le monde plus virtuel, l'écriture plus inclusive, l'intelligence plus artificielle, l'Effondrement plus constructif...
De ces petits bonheurs qui éclairent notre crépuscule à nous autres, les sapiens, j'ai essayé de dresser un inventaire vécu - donc forcement subjectif - et chantant malgré tout.
Tout y est, dans un joyeux désordre de fin de partie. Sinon, en cas de réclamation, appelez la hotline dédiée.
Bienvenue chez moi, du coté lumineux de l'Apocalypse. Vous êtes sans doute aussi un peu chez vous.
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Pour les psychanalystes, l'inconscient étant structuré comme un langage, cela explique qu'arrivés à l'âge adulte, les hommes se croient tout permis et qu'ils accaparent les meilleurs places - chef de gare, époux, père... - , laissant aux femmes celles dont ils ne veulent pas - infirmière, femme au foyer, mère abusive... Mais il ne sera pas dit que nous disparaitrons toutes et tous avant d'avoir combattu ces injustices linguistiques faites aux femmes depuis Montaigne - tiens, encore un homme... -. Car l'écriture inclusive est arrivée in extremis avant la fin de l'Effondrement global pour venger nos filles et nos compagnes.
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Le bureau individuel, par exemple, aberrant gaspillage de place à l'heure du télétravail, alors qu'il suffit de donner à chaque collaborateur un caisson à roulettes pour y ranger ses trombones, son mug fantaisies et ses anxiolytiques.
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Mais on n'est jamais aussi bien noté que par son téléphone. J'emmène le mien partout sinon il s'ennuie. Il ne se gène pas pour me dire franchement les choses : comment j'ai dormi, combien de calories j'ai brulées, quelle est la teneur en oxygène de mon sang... Quand je ne fais pas les dix mille pas par jour qu'il m'a prescrits pour avoir la santé insolent de Bill Gates, il m'admoneste comme il se doit : - Tu es moins actif que 87 % des personnes en bonne santé. -Mais quand je dépasse l'objectif qu'il m'a fixé, c'est un gros cœur clignotant qu'il me gratifie le soir, à l'heure de mon bilan.
J'espère en tout cas que quelque part, dans les entrailles d'un supercalculateur, l'algorithme qui me surveille a noté sur ma fiche qu'au fond, je suis un bon citoyen.
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Depuis que l'apprentissage du Français est devenu gratuit et obligatoire à l'école pour tous et toutes - double flexion -, des générations entière de garçons, de filles et de non-binaires - triples flexion - apprennent ainsi par cœur que - le masculin l'emporte sur le féminin - et que l'adjectif qui qualifie plusieurs noms de genres différents s'accorde au masculin. D'où des phrases comme : - Les hommes et les femmes sont égaux -, où l'on sous-entend que, malgré les belles promesses, les femmes ne sont pas égales puisque c'est le masculin qui, quoique éloigné de l'adjectif, l'est le plus.
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