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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782070422036
124 pages
Gallimard (02/01/2002)
3.24/5   124 notes
Résumé :
Un amant éconduit a offert à la ravissante Evie Piper «un présent aussi dur, aussi beau, aussi vide, aussi transparent» qu'elle, une coupe en cristal taillé. Mais quelle étrange malédiction pèse sur cette coupe? Merlin Grainger, un libraire new yorkais, est envoûté par une jeune femme «aux cheveux roux ombrés de violet» qui semble toujours surgir aux moments importants de sa vie pour semer le trouble. Qui est-elle vraiment? Le fantôme d'une vie rêvée ?

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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
3,24

sur 124 notes

J'ai nettement préféré les nouvelles d' " Un diamant gros comme le Ritz" mais j'ai cependant apprécié cette lecture de deux histoires tirées des " enfants du jazz"...

Elles ont en commun une dimension fantastique ,par le pouvoir maléfique
que chacun de ses personnages principaux attribue à un objet, dans la première, à une personne, dans la seconde.

Dans " La coupe de cristal taillé ", ce cadeau fait par un amant éconduit à Evelyn " aussi dur, aussi beau, aussi vide qu'elle", selon lui, va devenir l'instrument fatal du destin. Celui qui va l'entraîner, ainsi que sa famille, dans la chute , au sens concret comme au sens figuré ...

" La sorcière rousse" , ou plutôt une actrice assez vénale, devient aux yeux du pauvre libraire Merlin ( pas du tout enchanteur, plutôt ensorcelé !) une créature mi-fée, mi- envoûteuse, qui embellit et bouleverse sa vie.Mais la fait paraître bien terne aussi.

Dans les deux nouvelles se déroule une existence entière, vue de façon bien pessimiste, une dégringolade, une grisaille de plus en plus lugubre.

Si j'ai trouvé intéressant cet inexorable cheminement vers le vide , je n'ai pas tellement adhéré aux personnages. Par contre, j'ai retrouvé les images ironiques et légères de l'auteur, qui ont un charme si particulier.

Pas inoubliables, mais délicieusement mélancoliques et désabusées, ces courtes scènes de vie...
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Deux nouvelles réunies sous le nom de la deuxième : « La sorcière rousse », où Fitzgerald utilise le procédé du retournement de situation à la dernière page … et aux dernières heures d'un jeune aide libraire, Merlin. Toute sa vie est basée sur une occultation de la vérité, il s'est trompé sur toute la ligne.
Avec un ton enjoué, au dessus des simples mortels, ce jeune semble tout comprendre ; il n'est pourtant pas si enchanteur mais il a de la chance, dont il ignore la provenance et qu'il impute à sa pugnacité.
Fitzgerald est drôle, très drôle lorsqu'il décrit une demande en mariage « par défaut » dirions nous. Elle qui ne pourrait espérer plus beau parti, s'écrie : « quel vilain garçon ! Quelle impatience quand même. Elle allait lui montrer qu'il ne fallait pas aller trop vite. Devant une telle précipitation, elle se demandait même si elle devait l'épouser ».
Puis elle avance d'un mois la date, pas trop attendre quand même.
Et ils ont un fils, Arthur, qui juge son père.

L''autre nouvelle : La coupe de cristal taillé , offerte par un prétendant éconduit, semble l'instrument d'une vengeance aussi froide et inhumaine que le cristal. Et que la femme à qui elle est offerte. Et lorsque cette femme adultère réalise la peine, la blessure indélébile qu'elle a fait à son mari en le trompant, elle s'humanise, elle supplie, elle essaie de retrouver la relation ancienne. Puis elle glisse elle aussi dans le silence « un mur d'ombre impénétrable s'était dressé entre eux. »
Elle perd la jeunesse, l'amour et la beauté.
Ils sombrent dans un antagonisme incolore, dit Fitzgerald, avec ces mots si bien choisis « cette période de silence avait lentement asséché les sources de la tendresse, et son propre désir de s'y désaltérer était mort. ».
Vengeance réussie et terriblement sauvage.
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« La coupe de cristal taillé », «La sorcière rousse », deux courtes nouvelles qui ne manquent pas de piquant : style alerte, histoires plaisantes , études sociétales intéressantes…
Evelyn reçoit un cadeau d'adieu d'un amoureux éconduit. Il compare son présent au coeur de sa belle : aussi dur, aussi beau mais aussi vide, et il lui offre une énorme coupe de cristal taillé.
Quelques années après, la belle Evie a une aventure extra conjugale avec Fred Gedney. Mais celle-ci lui adresse une lettre lui signifiant que cette amitié particulière doit prend fin. Afin d'avoir une explication, il se rend à son domicile, c'est alors que l'époux rentre au logis.
Fred va se cacher puis tenter de disparaitre discrètement, mais dans sa hâte il va cogner malencontreusement la coupe cristalline qui va émettre une vibration si caractéristique … L'amant est démasqué et éconduit. Et dès lors, les relations du couple vont battre de l'aile et la coupe – contenant et contenu - jouer son rôle maléfique.
La sorcière rousse raconte la rencontre d'une femme ensorcelante qui va traverser la vie de Merlin Grainger un new-yorkais , vendeur puis propriétaire d' une librairie « La Plume de Lune » .
J'ai apprécié l'épisode où le neveu de cette femme se présente au magasin pour faire l'acquisition d'un livre policier ( forcément puisqu'il parle de crime ! ) « Silver Bones » qui s'avère être, en fait, « le Crime de Sylvestre Bonnard » , d'Anatole France, bien sûr, ce qui n'est pas précisé dans le récit.


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Deux nouvelles extraites du recueil «les enfants du jazz » qui illustrent toute la maitrise de John Scott Fitzgerald, son sens de la formule (je me pourlèche encore de son « Il avait de la beauté … avec des restrictions.»), sa justesse dans ses descriptions de la vie conjugale, ses ellipses qui sous-entendent la vie répétitive, morne et prévisible, bref sans intérêt, de ses protagonistes.

C'est la première nouvelle qui m'a particulièrement séduite, « la coupe de cristal taillé», où le lecteur assiste au lent naufrage d'Evelyn, de son couple, de sa famille. Face à ce délitement physique et psychologique, face à cet épuisement des chairs (comme disait Andrée Chedid, la grande Andrée trop méconnue), Fitzgerald oppose le vase en cristal taillé, cadeau d'un admirateur éconduit, vase « aussi dur, aussi beau, aussi vide, aussi transparent » qu'Evelyn, vase qui reste inchangé malgré les années et qui sera la source de bien des drames …

La deuxième nouvelle, qui donne son titre à ce petit bouquin, m'a moins plu. L'écriture m'a semblé moins corrosive, moins précise et le sujet, à savoir l'abandon de nos rêves de jeunesse au fil des ans, est traité avec moins d'originalité et moins de force.
Ceci dit, je referme ce court bouquin – d'un prix tout à fait abordable – avec l'envie de découvrir plus avant cet écrivain américain.
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Il y a à boire et à manger dans la collection Folio 2€, mais cette fois-ci c'est bonne pioche.Voilà deux nouvelles qui mettent particulièrement en relief la plume fine et ciselée de Fitzgerald.
On commence avec une malédiction logée dans une coupe en verre taillé, et qui apportera le malheur à la femme froide et dure à laquelle un amant éconduit l'avait offerte. On poursuit avec une femme libre et flambloyante qui va cruellement mettre en relief la triste banalité du petit libraire qu'elle aura fait fanstasmer toute sa vie.
La première nouvelle est caustique à souhait, la seconde d'une mélancolie presque douloureuse, et les deux offrent un petit moment de lecture particulièrement agréable!
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Le temps écoulé de trente-cinq à soixante-cinq ans défile devant l’esprit passif comme un manège confus et incompréhensible. Un manège de chevaux boiteux, essoufflés, il est vrai, peints d’abord de teintes pastel, puis de gris ternes et de bruns, mais qui déroute, provoque un vertige intolérable, comme jamais ne le firent les manèges de l’enfance et de l’adolescence, ni sûrement les montagnes russes au cours défini, dynamique, de la jeunesse. Pour la plupart des hommes et des femmes, ces trente années se caractérisent comme une retraite graduelle de la vie, l’abandon d’abord d’un front aux nombreux refuges, ces mille plaisirs et curiosités des jeunes gens, pour une arrière-ligne où l’on réduit toutes ses ambitions à une seule, ses distractions à une seule, ses amis à une poignée auxquels nous sommes insensibilisés ; pour se retrouver en fin de compte sur un bastion désert, désolé, désarmé, où tantôt on entend le sifflement des obus, tantôt on ne le perçoit plus qu’à peine, tour à tour pris de peur et de fatigue, dans l’attente de la mort.
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Il y eut l’âge de la pierre brute, l’âge de la pierre polie, l’âge du bronze et, longtemps après, l’âge du cristal taillé. A l’âge du cristal taillé, quand une jeune dame avait persuadé un jeune homme aux longues moustaches frisées de l’épouser, elle passait ensuite plusieurs mois à écrire des lettres de remerciements pour toutes sortes de cadeaux en cristal taillé – bols à punch, rince-doigts, verres à eau, verres à vin, coupes à sorbets, bonbonnières, carafes et vases – car, sans rien avoir de très neuf en cette fin de siècle, il reflétait alors avec une ardeur particulière l’éclat éblouissant de la mode, de Back Bay aux points avancées du Middle West.
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Evelyn avait cessé d’accentuer son sourire dans le mois qui avait suivi l’affaire Freddy Gedney. Extérieurement, tout avait continué comme par le passé. Mais, pendant ces quelques minutes où elle avait découvert combien elle aimait son mari, Evelyn avait aussi compris quelle blessure indélébile elle lui avait infligée. Elle lutta pendant un mois contre des silences douloureux, des accusations et des reproches délirants, elle plaidait auprès de lui, lui faisait une cour timide et pitoyable, alors qu’il en riait amèrement ; puis elle avait, elle aussi, glissé graduellement dans le silence, et un mur d’ombre impénétrable s’était dressé entre eux. Elle avait reporté cet élan d’amour apparu en elle sur Donald, son petit garçon, dont elle avait pris conscience avec une sorte d’émerveillement comme d’une part de sa propre vie.

L’année suivante, une accumulation d’objets communs d’intérêt, de responsabilités et quelques lueurs subsistant du passé avaient rapproché à nouveau mari et femme ; mais après une vague de passion assez pathétique, Evelyn comprit que sa grande chance était passée. Il ne restait plus rien, simplement. Elle aurait pu être pour eux deux la jeunesse et l’amour ; mais cette période de silence avait lentement asséché les sources de la tendresse, et son propre désir de s’y désaltérer était mort.

(La coupe de cristal taillé)
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Puis tonna au loin une voix limpide comme une cloche. Elle provenait du centre de la coupe, ruisselait le long de ses flancs jusqu’au sol, rebondissait ardemment vers Evelyn.
- Vois-tu, je suis le destin, criait la voix, et je suis plus fort que tes plans dérisoires. Je suis l’issue des événements et je diffère de tes petits rêves ; je suis la fuite du temps, la fin de la beauté et les désirs frustrés ; tous les accidents, les omissions, les instants qui déterminent les heures cruciales, m’appartiennent. Je suis l’exception qui ne confirme aucune règle, les limites de ton pouvoir, le condiment dans le plat de l’existence.

(la coupe de cristal taillé)
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Dans sa passivité massive et redoutable, il était posé là au cœur de la maison comme il y était demeuré depuis de longues années, jetant autour de lui les rayons glacés de mille regards, luisances perverses fondues l’une dans l’autre, sans jamais vieillir, sans jamais changer.

(La coupe de cristal taillé)
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Videos de Francis Scott Fitzgerald (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francis Scott Fitzgerald
« L'histoire de ma vie est celle du combat entre une envie irrésistible d'écrire et un concours de circonstances vouées à m'en empêcher. […] Puis, mon roman a été publié. Puis, je me suis marié. Maintenant, je passe mon temps à me demander comment tout cela est arrivé. Selon les mots de l'immortel Jules César : « Tout est dit ; il ne reste plus rien. » (Francis Scott Fitzgerald, « Qui est qui, et quoi? », paru dans le Saturday Evening Post du 18 septembre 1920.)
« […] En mai 1934, Fitzgerald [1896-1940] s'ouvre de son projet subtil à son éditeur, Maxwell Perkins [1884-1947] : « Comme vous le savez, je n'ai jamais rien publié de personnel sous forme de livre parce que j'ai toujours eu besoin de tout le matériel possible pour mes oeuvres de fiction. Toutefois, un certain nombre d'articles et de textes divers ont attiré l'attention d'un vaste public et pourraient le faire de nouveau si nous pouvions trouver, entre le titre et les textes, le lien qui puisse nouer l'humour à un soupçon de sagesse. » […] Perkins ne répond pas. Mais l'idée refait surface deux ans plus tard, en mars 1936, quand Fitzgerald lui propose « un livre de réminiscences, non pas une autobiographie, mais des réminiscences ». […] Fitzgerald, plus précis encore : « Il est plus triste de retrouver le passé et de s'apercevoir qu'il n'est pas à la hauteur du présent que de le voir s'échapper pour demeurer à tout jamais une construction harmonieuse de la mémoire. » Il s'agit donc, dans ce livre des réminiscences, au cours de cette délicate chasse aux papillons, de retrouver, en dépit de la tristesse et contre elle, un passé à la hauteur du présent, un passé qui tienne ses promesses à l'avenir. […] « Il se trouve que la plus grande partie de ces articles sont intensément personnels : alors qu'un journaliste doit trouver un sujet sur lequel écrire son article quotidien ou hebdomadaire, j'ai écrit ces articles uniquement lorsque l'impulsion venait de l'intérieur. En fait, j'ai les mains plus propres pour la non-fiction que pour la fiction. » […] le projet « Mains propre » était resté lettre morte. Que vive Un livre à soi. » (Pierre Guglielmina, Qu'est-ce qu'un « livre à soi »?)
« […]  […] Jamais la foi dans le destin de l'homme n'avait atteint les sommets auxquels elle est parvenue dans les années 1890 - rarement cette même foi a plongé aussi bas qu'aujourd'hui. Lorsque nous observons autour de nous un rapide déclin des idéaux de conduite, il existe nécessairement une cause fondamentale pour l'expliquer. Il est impossible d'être vicieux dans le vide. Quelque chose de sérieux (que seuls les évangélistes professionnels, les romanciers de gare et les politiciens corrompus prétendent comprendre) affecte le monde. Il faudra un coeur solide pour nager à contre-courant dans ces eaux troubles et ne pas être, comme ma génération, un peu cynique, un peu las et un peu triste. […] - doit-on s'étonner que nous redoutions presque d'ouvrir les journaux le matin de peur d'y découvrir une nouvelle dérive de la civilisation, une nouvelle infamie dans cette chambre obscure que nous appelons le coeur humain ! C'est sur ce monde que nos enfants ouvrent aujourd'hui les yeux. […] […] si mon enfant est un meilleur homme que moi, il viendra me voir enfin pour dire, non pas : « Père, tu avais raison concernant la vie », mais plutôt : « Père, tu avais complètement tort. » Et quand ce moment viendra, et il viendra, puis-je être assez juste et sage pour dire : « Bonne chance et adieu, car j'ai possédé autrefois ce monde qui t'appartient, mais je ne le possède plus. Suis ta voie à présent, avec vaillance dans le combat, et laisse-moi en paix, au milieu de tous ces torts passionnés que j'ai aimés, car je suis vieux et ma tâche est accomplie. » (Francis Scott Fitzgerald, « Attendez d'avoir des enfants à vous ! », paru dans Woman's Home Companion, juillet 1924)
« Crack-up (titre original de ce texte [Craquer]) signifie certes « craquer nerveusement », mais aussi, « rire » ou « faire rire ». Fitzgerald a certainement ce double sens en tête […] » (Note de Pierre Guglielmina)
0:04 - Craquer 13:51 - Générique
Référence bibliographique : Francis Scott Fitzgerald, Un livre à soi, traduit par Pierre Guglielmina, Éditions Les Belles Lettres, 2017
Image d'illustration : https://www.npr.org/2015/01/10/376118599/west-of-sunset-imagines-f-scott-fitzgeralds-last-years-in-hollywood
Bande sonore originale : Gotama - Inner Silence
Site : https://gotama-music.bandcamp.com/track/inner-silence
#FrancisScottFitzgerald #Craquer
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