Tobie Lolness, un classique dans lequel nous nous plongerons enfin.
C'est, pour tout vous dire, chers jeunes lecteurs, le travail de l'auteur qui nous attirera au début surtout ici.
Timothée de Fombelle. Certains savent et l'apprécient sans doute autant que nous.
Accrocherons nous avec retard à l'univers Lolness?
Pour la suite, nous vous installerons dans la mise en bouche.
Les premières pages nous embarqueront d'emblée, contournant la difficulté scénaristique des nombreuses pages d'introduction obligatoires qui doivent poser l'univers et enclencher de l'action par la suite. À notre surprise, les deux se mêleront en quatrième vitesse de levier, c'est très habile et nous découvrirons donc ce monde original bâti autour d'un arbre.
Tobie, 14 ans, est le jeune héros de ce gros roman de Timothée de Fombelle qui va se laisser fondre facilement à notre lecture.
C'est un minuscule et il est en mauvaise passe. Dès le début, nous rejoignons Tobie coincé à un endroit du grand arbre (leur monde ) et en proie à une traque. Rapidement, l'auteur nous retracera quelques sillons directeurs avec de brefs flashbacks: le déménagement de la famille de Tobie, de la cime aux branches basses du grand arbre et jusqu'à la folie collective.
À l'heure des premiers chapitres, la famille Lolness est exilée et Tobie traqué comme un animal. Et dans le lot des harceleurs, il y retrouvera Léo, son ami d'enfance ( comme quoi parfois le poids d'une société peut pousser aussi à la trahison). Nous serons donc évidemment curieux de connaitre les incontournables règles de leur société qu'auront enfreint la famille Lolness pour être ostracisé et dépourvue de leurs droits de citoyens, de petits êtres humains.
Rien ne semblera arrêter ceux qui leur voudront du mal, pas le truchement de la loi en tous cas et c'est en partie ce qui deviendra intéressant.
Quel crime vraiment ont-il commis pour être marqué aussi cruellement?
Ostracisme
(nom masculin)
• Rejet hostile, par une collectivité, d'un de ses membres.
Dans les pages d'histoire, sortir un citoyen d'une société, le régressait dans son image, il était exclu automatiquement, légalement et assimilé philosophiquement à l'état d'animal à l'époque gréco-athénienne classique.
Oui, cela a existé.
Le banni n'existait plus pour quiconque, il était abandonné aux vissicitudes de la dure vie en dehors d'une cité et de ses protections, soumis aux animaux et surtout à la portée des ennemis.
Un autre détail: les animaux sauvages n'étant pas admis en cité, sujet à aucune loi, on pouvait donc de là s'en débarrasser puisqu'il était considéré comme nuisible.
À la découverte de ce drôle d'héritage des civilisations, nous nous sommes aussi posés une question, jeunes lecteurs (ce qui permettra de considérer le poids de la punition de la famille Lolness): qui tenait plus de l'animal barbare sans conscience, sachant cette liberté validée et ouverte à punir autrui sans tribunal?
Heureusement aujourd'hui, mêmes les animaux, aussi sauvages soient-ils, sont considérés, protégés.
Mais l'ostracisme est-il d'un temps si révolu? En attendant de vérifier dans nos livres d'histoire, revenons à notre héros, accrochons nous aux branches et en avant.
En quelques chapitres, Tobie nous mettra à l'aise par sa candeur, sa curiosité mais aussi son enthousiasme. La famille est pourtant charmante, on s'y attache.
Alors, d'où est venu le mauvais vent?
Sim Lolness est un grand savant, il aura bien nourri l'imaginaire de Tobie et sa fierté.
Nous aurons l'oeil scientifique avec Sim et la conscience peut-être un peu écologique.
D'ailleurs la catastrophe partira de ce point pour la famille Lolness.
Toute vérité ne sera pas bonne à dire si elle n'est pas entièrement partagée, d'autant plus si le secret est bien trop fabuleux pour une personne.
Sim Lolness fera une énorme découverte scientifique sur le secret des arbres. C'est un peu à l'équivalent de saisir que la terre est ronde. Ça sera à découvrir.
Son application peut être révolutionnaire.
Pourtant, hélas, ce secret si il était exploitée pourrait mettre aussi en péril l'écosystème, c'est pour cela que Sim gardera son secret pour lui, devant une grande assemblée et le peuple entier.
Très clairement, bien.qu'habitant un.arbre, le peuple n'aura pas encore la conscience écologique et la famille Lolness devra fuir pour ce qui sera considéré comme un affront...
Comment envisager leur avenir?
Devront-ils s'exiler au fin fond des racines basses et dangereuses pour ne plus être à la portée des gens d'en haut?
L'univers de Tobie est fascinant.
Les petites imperfections de l'arbre seront magnifiées par l'auteur, transformées en paysages paradisiaques sylvestres où s'écoulent des eaux de pluie recueillies. Les cochenilles et scarabée sont aussi familiers que des chiens et chats. Les fourmis seront tout de même impressionnantes.
Nous trouverions ça dégoutant à notre niveau de géant mais ici, c'est juste fabuleux.
L'auteur transformera complètement notre façon de voir ces parcelles du monde disponibles à la loupe, tout sera dans l'angle de vue et la relativité.
Le personnage de Tobie semblera pour nous découvrir ses particularités en même temps que nous, déja à l'âge de sept ans.
À cette petite taille, les enfants de l'arbre sembleront d'une nature exploratrice et globe-trotteuse assez naturelle.
Tobie passera son temps à parcourir souvent 5 à 7 heures pour saluer ses voisins. Trouver d'autres enfants avec qui jouer et parler peut être à ce prix.
Se déplacer sur l'arbre sera un grand voyage original, à l'identique des chemins horizontaux que nous empruntons, mais ici un peu plus à la verticale. Des familles, des peuples vivront à différents niveaux des branches, des générations se fossiliseront sur ses niveaux.
Le goût de la vie nomade et du voyage ne sera pas toujours dans l'ordre des choses et du goût de tout le monde. Nous en apprendrons plus sur cette drôle de société plutôt sédentaire. Cela se lit très facilement, encore une fois et avec beaucoup de plaisir.
Nous aurons d'autres interrogations.
Le temps s'écoulerait t-il ici de la même façon que nous, avons-nous le même repère sur le temps?
Nous aurons par exemple aussi bien du mal à estimer l'âge de certains personnages, comme si le secret de la vie à la dimension d'une noix prenait d'autres dimensions, mijotait ses recettes de façon différente.
Le monde de Tobie, on aime.
L'idée d'un monde minuscule nous rappelera celui des Liliputiens de
Jonathan Swift, pour d'autres peut-être celui des " Minuscules" de
Steve Augarde chez Albin Michel Jeunesse.
Certaines générations de lecteurs seront déja conquis par cet imaginaire avec des programmes pour la jeunesse sur petits et grands écrans, notamment les " Minipouss" vivant dans les murs d'une maison et ami avec l'enfant de la famille ou " Arrietty, le petit monde des chapardeurs" sur un scénario de
Hayao Miyazaki.
La légende du petit peuple, associé à des lutins, a beaucoup inspiré car il est de toute évidence fascinant, envisager notre monde si banal et quotidien vu d'en bas ou d'en haut, au pied ou perché sur un arbre, à une échelle où tout pourrait nous paraitre dangereux ou étrange.
À sa taille réduite, ce monde ordinaire deviendra un monde tout à fait nouveau à conquérir.
Pour terminer sur ce prologue, nous recommanderons aux plus petits le programme court animé " Minuscule", drôlissime vision du monde des hommes à leur échelle par les insectes .
Attention, ne manquez pas le tome 2 de Tobie le tout-petit.