Les personnages des nouvelles de
Christian Garcin ont le sentiment de ne plus être à leur place ; de ne plus reconnaître l'autre qu'ils ont pourtant aimé ; que le quotidien, les enfants, le travail ont distendu les liens, avalé les sourires et les gestes tendres, raréfié la légèreté de l'air. Jalousie, ennui, divorce et les enfants que l'on ne verra pas grandir.
Seule la dernière nouvelle révèlera un personnage enfin apaisé, au milieu de la nature ... seul.
«Il se prépara un café agrémenté de quelques biscuits secs, et but une rasade du génépi qu'il avait emporté dans une petite fiole. La chaleur qui avait déserté sa peau investit alors tout son être. Il se sentait brûlant à l'intérieur, riche d'harmonies imprononçables, comme aspiré par la vastitude du ciel et des montagnes. Un grand silence se mit à vibrer très profondément en lui, et il se vit un instant comme du dessus, point minuscule au sein d'un monde immense et nu. Il resta quelques minutes encore assis devant sa tente, à se rassasier de froid et de lumière mourante, un léger sourire aux lèvres. Ç'avait été une bonne journée.»
Chez
Christian Garcin la compagnie des hommes engendre bien des tristesses, et l'on admet que dans ce cas, il vaut mieux être seul que mal accompagné.