La Mort du roi Tsongor

Un beau livre de vraie fiction dans un décor de théâtre : Laurent Gaudé a su créer de toutes pièces un univers à l'intersection de l'imaginaire africain et des mythes grecs. On se laisse emporter dans cette tragédie antique qui m'a parfois fait penser à la mise en scène par Peter Brook de la Tempête de Shakespeare. Il y manque peut-être un peu de chair, à mon goût. Un peu de cette vibration féminine que l'on ressent chez Racine par exemple. Ici Laurent Gaudé n'a donné à Samilia (la fille du roi Tsongor) qu'un rôle de faire-valoir aux rôles masculins et je trouve cela dommage. Dans un monde où seuls les hommes ont la parole, le carnage est inévitable. C'est peut-être la morale - en creux - de cette terrible histoire, superbement écrite.

Epique, tragique, homérique, voilà trois adjectifs qui résument assez bien l'histoire que nous raconte Laurent Gaudé. Il nous offre ici un récit habité, mêlant avec subtilité et habileté, action et psychologie, drame et poésie. C'est une histoire assez envoûtante, directement inspirée de L'illiade et du conflit légendaire de Troie avec Samilia dans le rôle d'Hélène, Sengo Kerim en Priam et Kouame en Ménélas.

Comme dans le récit dont il s'inspire, la guerre, larvée, n'en finit plus et les deux camps, se déchirent inlassablement, sans qu'aucun ne veuille achever les combats, tous d'une grande férocité. Kouame et Sengo Kerim, attisés par le désir et l'envie de posséder la belle Samilia, auront raison de la cité de Massaba et de tout ce qu'a construit Tsongor, qui se désespère depuis son catafalque.

Ses enfants seront divisés, certains dans le camp de Kouame, d'autres dans celui de Sengo Kerim, pendant que le plus jeune, Souba, parcourrera le monde afin de bâtir un tombeau digne de son père.

J'avoue que parfois, j'ai été à la peine de ce récit sombre et violent, refroidie par certaines scènes assez abjectes, mais dans l'ensemble, cette histoire où la folie des hommes domine, se révèle plutôt captivante !

Une première incursion dans la bibliographie de Laurent Gaudé qui m'a convaincue, je lirai à nouveau cet auteur c'est certain.

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J ai commencé la lecture des romans de Gaudé avec Ouragan, puis le soleil des Scorta, danser les ombres...
Une très belle découverte, il doit porter en lui une fascination pour les événements naturels tels que les tremblements de terre, les ouragan
J apprécie son talent de conteur, ses mots choisis, leur teneur qui lui permettent de sublimer des sentiments aussi forts que la violence, la tristesse, la jalousie
C est un auteur phare, on n a qu une envie suivre ses lumières dans le reste de son oeuvre

Après avoir dévoré "La porte des enfers", je me plonge dans un autre Gaudé, très largement salué par la critique...Dans ce livre se révèle tout le talent de conteur et l'imagination fertile de cet auteur, décidément à part, qui réussit le tour de force de faire surgir un univers mythique purement fictionnel mais qu'on dirait jailli de traditions orales et de livres d'histoire ancienne. Tous les éléments de l'épique romanesque et tragique sont réunis : un roi puissant, une province babylonienne de rêve, une princesse à marier, une guerre sanglante entre prétendants, le sens de l'honneur et des promesses...Bref, c'est beau, grand, superbement écrit, avec un vrai souffle, une vraie poésie, un sens parfait de la dramaturgie..Somptueux, encore.

quel souffle dans ce récit, et quel désespoir. la longue agonie à laquelle nous invite Laurent Gaudé est celle de nos illusions : vouloir maitriser son destin, illusoire, transmettre à ses enfants un royaume intact, illusoire, rester fidèle à ses promesses d'enfant, illusoire et meurtrier. derrière ce récit où il est beaucoup question des hommes, leur fierté, leur violence, leur droiture, leurs allégeances et leur haine, il est en fait question du destin d'une femme, que l'on exhibe, que l'on veut posséder, et que l'on condamne, finalement, à la solitude et à l'exil. oui, il est difficile de sortir intact de cette lecture.

Je n'ai pu résister, après avoir lu le Soleil des Scorta, je me devais de continuer à cheminer avec Laurent Gaudé. Et que j'en suis ravie !

La Mort du Roi Tsongor : une épopée Homerienne au milieu d'une Afrique suffocante. Voici l'histoire de ce roi, déjà enterré et pourtant vivant au début de ce livre, roi de Massaba. Plaine imaginaire au milieu de l'Antiquité. Un roi majestueux, digne et plein de sagesse qui traîne un passé sulfureux de guerrier, d'envahisseur, de tueur. Aujourd'hui, il veut marier sa fille, lui léguer des terres, un avenir. Il prépare ce moment depuis des mois, le royaume est avide. Quand surgit un fantôme, un fantôme du passé, il réclame son dû, il expose une vieille promesse. Tsongor sent le vent tourner, il voit tristement l'avenir réservé aux siens. Et décide de se donner la mort.

Oui, la mort du roi Tsongor est annoncée. Oui, le destin de ces personnages semblent dessiné en rouge, indélébile, dès les premières pages du roman. Mais on ne peut s'empêcher d'espérer, espérer un miracle, espérer un retournement de situation. On ne connaîtra que la vie, la longue suite de vies au destin tragique.

Une fois encore Gaudé nous emmène au coeur d'un pays, au coeur des Hommes. Ce livre est un conte, déclamé par un conteur, devant un feu de bois, au clair de lune, à cette heure de la nuit où les rêves se mélangent aux cauchemars, à cette heure où tout semble vrai, à cette heure où l'on frissonne sans savoir si c'est de froid ou de peur.

Première lecture de Laurent Gaudé, ce livre m'a étonné et ravi ! La guerre est merveilleusement racontée, Laurent Gaudé rivalise d'imagination pour trouver de nouvelles troupes, plus bizarres les unes que les autres, venues des quatres coins du monde. On se laisse emporter par cette tragédie “romantique”, on suit avec attention tout le long de la lecture les nombreuses péripéties et rebondissements que subit la trame. Une très bonne suprise.
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Ce roman est plutôt différent des autres ouvrages de Laurent Gaudé que j'ai eu l'occasion de lire. le cadre de l'histoire et son coté conte ancien était vraiment très agréable à lire. On y retrouve toutefois toujours le mysticisme de Laurent Gaudé, très exacerbé dans ce roman rempli d'images fortes, avec les questions de la honte, de l'absurde, du dévouement et de la fragilité de tout équilibre si elle ne tient qu'à un homme.

Un court roman poétique dans l' écriture, initiatique dans l' histoire. Laurent Gaudé possède une très belle plume et a su me faire voyager à travers les contrées et le temps pour suivre l' histoire du roi Tsongor et de ses descendants dans une Afrique imaginaire et antique. Comme le précise la quatrième de couverture, il est aussi question "d' apprentissage de la honte" pour le roi et ses enfants. Il est aussi question de transmission car l' héritage de Tsongor ce n' est ni la gloire, ni les richesses ou le pouvoir, c' est la faute, telle une tâche originelle transmise à ses descendants. Et après apprendre la honte, il faut apprendre le pardon. Transmission et rédemption.

La mort du roi Tsongor nous offre une histoire quasi-mythologique portée par une superbe écriture, caractéristique des romans de Laurent Gaudé. Se plonger dans ce récit est un réel plaisir, avec ses personnages puissants et ses descriptions envoûtantes.

Troisième lecture de cet auteur en trois mois, et c'est toujours aussi bon.