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sur 1124 notes
Ecoutez nos défaites
Il en faut du coffre pour contenir en un seul ouvrage une histoire d'espionnage , une fulgurance amoureuse , Hannibal ses armées , ses batailles et ses éléphants , le général Grant et sa victoire lors de la guerre de sécession , Hailé Sélassié le roi des rois de l'Ethiopie fuyant son pays face à l'embargo Italien .
Mais il en a du coffre, Laurent Gaudé , non dans la quantité , le volume n'est pas gros en pages , mais l'architecture de cette oeuvre permet à tout ce petit / grand monde de prendre sa place .
Chaque lecteur trouvera sa porte d'entrée ...Amateurs de suspens comme les férus d'histoire , ceux tournés vers l'actualité ou les inconditionnels du roman d'amour .
Ecoutez sa défaite ....
Mariam et sa lutte contre la maladie mais aussi Mariam et son essoufflement face aux destructions massives du patrimoine culturel , mission de sa vie ...Les forces s'amenuisent mais la défaite n'est pas l'échec car "Corps, souviens-toi, non seulement de l'ardeur avec laquelle tu fus ailé, non seulement des lits sur lesquels tu t'es étendu, mais de ces désirs qui brillaient pour toi dans les yeux et tremblaient sur les lèvres ...": Beau cadeau que ces mots du grand poête Cavafy que lui offre son amant d'un jour et de l'éternité ...
Ecoutez sa défaite ...
Celle d'Assem Graieb, tueur de la république , en partance pour une énième mission qui ose se poser la question de son libre-arbitre , douter enfin et peut-être tenter de s'affranchir de l'autorité qui n'a que faire des états d'âme et de la loi morale ....
Ecoutez leur défaite ....
Celle d'Hannibal et son combat contre l'empire Romain ...
Celle de Grant et sa victoire reconnue par l'histoire mais face au prix en termes de vies sacrifiées peux-t -on parler encore de victoire ?
Celle du grand Negus admiré et aimé par ses sujets , déchu de ses fonctions et mourant dans la plus amère solitude ...
Ecoutez sa défaite ...
Celle de l'histoire qui ne sait comment tournera le vent au dernier moment ....
Ecoutez leur défaite ....
Celle d'Archéologues , sauveurs de patrimoine (ou pilleurs de tombes ? ) face à la force destructrice de Daesh ...
Ecoutez nos défaites ....
Au delà des mots ....Après avoir refermé l'ouvrage ...face à nous mêmes ... Les portes sont ouvertes , ayons le courage ...
Laurent Gaudé abolit les frontières et la temporalité par un tour de force littéraire magistral ! Quelle importance que l'on soit d'ici ou d'ailleurs , contemporains ou âmes flottantes , nous voici tous réunis et frères , avec nos forces et nos faiblesses , nos doutes souvent , nos questionnements et notre usure ....Usure peut-être salvatrice qui permet de revenir à l'essentiel et de rendre les armes lorsque le combat cesse enfin pour laisser place à la parole du coeur et aux vrais questionnements .
L'oeuvre d'art alors prend tout son sens , la parole se libère , la poésie exulte et l'humanité se fait jour .
Laurent Gaudé nous montre le chemin , il suffit de se laisser guider , fuir l'obscurantisme et l'ignorance , abandonner ses peurs et ses réserves et enfin grandir ...
Une écriture d'un lyrisme éblouissant , dans une forme scandée tout en anaphores , chant de vie et d'espoir qui nous fait toucher l'urgence de la transcendance par les plus nobles chemins empruntés par l'homme depuis la nuit des temps , l'art , l'amour et la connaissance . Brûlant d'actualité , ce roman est un souffle majeure de la littéraire contemporaine .
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Ce roman est mon premier de cet auteur et je ne suis pas déçu loin de là. La construction est assez complexe : il conte la rencontre éphémère et les parcours de deux personnages de fiction : Assem , tueur au service des services secrets français lancé à la poursuite d'un américain peut être renégat et qui participa à l'exécution de Ben Laden et de Mariam archéologue irakienne qui consacre sa vie à la préservation des trésors archéologiques que les djihadistes détruisent . Par ailleurs , nous suivons des personnages historiques ( Hannibal,le général Grant,Le Négus Hailé Sélassié ) au fil de leurs victoires et de leurs défaites . Peu à peu les chapitres se raccourcissent , battements d'un coeur qui s'éteint. Outre une histoire passionnante , ce récit est aussi une méditation sur la guerre , la gloire et l'histoire. C'est très bien maîtrisé et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage.
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Un roman sous la forme d'un récit à 5 voix qui se croisent et s'emmêlent au fil des siècles et de la Méditerranée...
Des faits survolés avec un certain recul pour mieux laisser planer l'indicible malaise de ces combats perdus d'avance que mènent ces héros. Même les victoires se gagnent par de tels renoncements qu'elles en deviennent défaites de la raison et du sens de la vie.
On se laisse happer par cette désespérante vacuité du combat car elle laisse entrevoir d'autres victoires au coeur de nos vies : la beauté, l'amitié, l'amour, l'art, l'émotion...
Ecouter nos défaites, c'est peut être un peu écouter ces notes de poésie qui jalonnent nos guerres et notre quotidien.
Lecture captivante qui m'a laissé chancelant et rêveur. Premier livre pour moi de cet auteur ; je vais me précipiter sur quelques unes de ses oeuvres.
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Ils ont passé une nuit ensemble, une nuit dont ils se souviennent...Elle lui a donné une statue antique.
Ils...ce sont Assem, agent des services secrets français, spécialiste des missions secrètes et des coups tordus. Elle, c'est Mariam, archéologue irakienne...Au matin chacun est reparti vers son propre monde, ses propres soucis...Elle doit lutter contre un cancer, il doit rencontrer son chef qui lui confiera la mission d'approcher Sullivan, agent des services spéciaux américains, et de "l'évaluer", de "le renifler de près pour savoir ensuite s'il faut le condamner à mort ou s'il peut être récupéré".
Deux mondes confrontés à la violence...
Il tue sans état d'âme, il a participé à l'élimination de Khadafi.
Elle est attachée à la grandeur et au passé de son pays et, par amour et passion pour l'art, elle fait tout pour sauver de l'oubli des antiquités archéologiques sorties de terre en les exposant dans des musées. Elle a été anéantie quand des malades, des tarés islamiques ont détruit, à la disqueuse, des oeuvres dans les musées irakiens au nom de leur Islam. Elle l'est toujours quand ils font sauter à l'explosif, des sites antiques en Afghanistan, en Irak ou en Libye. Elle passe sa vie à tenter de recréer, dans le cadre de sa mission au sein de l'Unesco, ces collections antiques dispersées dans le monde après la chute de Saddam Hussein et le pillage des musées... Opiniâtre, elle se bat pour la Culture, pour que les civilisations n'oublient pas leur Histoire
Le récit de leur histoire n'est pas banal, chacun connut des victoires professionnelles, mais un rien aurait pu faire basculer leur vie, comme celle de Sullivan. Laurent Gaudé nous propose en parallèle de ces trois vies, en miroir, les vies de trois autres personnages bien plus illustres qu'eux, de trois personnages de la Grande Histoire.
Hannibal tout d'abord, qui pendant des années de guerre gagna, grâce à son génie militaire, tous ses combats contre l'empire romain qu'il fit trembler, sauf le dernier qui lui coûta la vie.
Puis, le Général Grant vainqueur de la guerre de Sécession dans le sang, Grant qui par deux fois fut élu Président des Etats-Unis, malgré sa réputation de boucher qu'il traîna jusqu'à sa mort.
Hailé Sélassié enfin, empereur d'Ethiopie, vivant dans l'opulence et laissant crever de faim son peuple, connu la défaite et l'humiliation face aux armées de Mussolini, et L Histoire gardera en mémoire son discours devant la SDN....
Les victoires sont multiples mais la défaite est unique. Victoires comme défaites tiennent souvent à bien peu de choses, un petit rien peut faire basculer la Grande Histoire...L'erreur de quelques centimètres d'atterrissage d'un hélicoptère aurait pu faire basculer le raid contre Ben Laden...
Après chaque guerre, une fois la paix revenue, toutes les civilisations ont pourtant clamé haut et fort : "Plus jamais ça!" ...des décisions vite oubliées
Ces différentes vies s'entremêlent, se juxtaposent, ces victoires, comme ces défaites ont de multiples points communs. Gaudé raye les époques, et ne conserve que les réflexions, les états d'âme et attitudes de ses personnages face aux événements.
Le texte très documenté de Gaudé est riche d'informations. J'ai été un peu déboussolé dans les premières pages par cette succession de paragraphes, sans lien chronologiques entre eux, qui me donnaient une impression de brouillon, mais très vite j'ai été séduit par l'écriture, et la "gymnastique" qu'elle imposait parfois.
Roman pas banal, loin de là! Séduisant!
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Un roman que j'ai attendu avec impatience. Une structure narrative très particulière pour nous parler de défaites à des époques et dans des lieux différents, de l'Antiquité romaine à nos jours. Personnages historiques, personnages fictifs se mêlent et poursuivent finalement le même combat. J'ai aimé les personnages qui ont fait L Histoire, notamment leur humanité, malgré les atrocités qu'ils ont commises. J'ai moins apprécié Mariam et Assem, les personnages fictifs. Critique détaillée sur le blog.
Lien : http://bibliblog.net/ecoutez..
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plus sombre le nouveau gaude mêle magistralement barbouzeries en irak et conflits passé d Hannibal a haile Sélassié pour nous conter l absurdité des guerres
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Je ne saurais pas comment situer exactement ce livre par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de Laurent Gaudé. Ecoutez nos défaites, c'est le premier titre que je lis de cet auteur, dont je découvre, avec beaucoup de plaisir, le style très attachant, la grande sensibilité et, surtout, une forme de compassion pour l'ensemble de ses personnages, cette dernière étant une qualité que j'affectionne particulièrement chez un écrivain D'après un auteur sud-américain que j'aime bien, Caio Fernando Abreu, tout vrai écrivain devrait pouvoir considérer « la condition humaine comme étant innocente ». Dont acte.

Quoiqu'il en soit, je me demande tout de même, peut-être à tort, si ce livre n'occuperait pas une place toute particulière dans l'oeuvre de cet auteur. Ou alors, me dis-je, aurait-il pour habitude de tisser des narrations toujours empreintes d'autant de puissance et de beauté mélancoliques, quasiment comme une sorte de point de vue esthétique général qui traverserait, comme c'est le cas ici, absolument toute l'oeuvre?

« Ecoutez nos défaites » est composé de différents récits croisés de personnages, à la fois réels et historiques (Hannibal, Grant, Sélassié) et de fiction. Ces récits se répondent et se succèdent, en petits fragments scandés par la voix de l'auteur. Se mêlant à celle de ses personnages, scrutant leurs pensées à la fois de l'extérieur et de l'intérieur, cette voix devient porteuse d'une même vérité consolatrice vers laquelle toutes ces histoires vont converger dans cette oeuvre chorale : l'irrémédiable défaite qui s'installe au bout de toute entreprise humaine.

C'est donc d'un seul et même adagio qu'il s'agira en fin de compte dans ce recueil polyphonique, d'une seule et unique voix : celle de la défaite, celle-là qui s'élèvera tout aussi bien parmi les décombres laissés par les guerres, les meurtres ou les séditions qui ne s'arrêteront jamais pour nous - toujours la même, qu'elle provienne de la souffrance des vaincus ou du silence qui se cache derrière la clameurs des vainqueurs (et que Hannibal, lui, entend lorsqu'il contemple l'immense désastre des 45 000 morts sur le champ de bataille de Cannes) - ; celle qui susurrera par moments à l'oreille des amants que la vie aura séparés, ou qui s'immiscera dans les longs silences partagés par les amants qui auront eux la chance de vieillir ensemble, devant alors faire face, comme le dit si joliment l'auteur, à « l'arc profond de la vie ».
Il n'y a, en définitif, pas de victoire sans défaite, comme il n'existe pas de défaite qui puisse nous priver du sentiment d'avoir fait exactement ce qui devait être accompli : voilà un des paradoxes essentiels de la condition humaine et que ce roman met en avant avec beaucoup de finesse et toute en beauté. Simone de Beauvoir affirmait elle aussi que « si l'on vit assez longtemps, on voit que toute victoire se change un jour en défaite ».

S'il vous plaît, chers lecteurs babéliens, n'allez surtout pas imaginer (comme peut-être j'aurai maladroitement fait penser à ceux qui liront ce billet..) qu'il s'agirait là d'un livre plutôt négatif, morbide ou dépressif...
Loin de là, cette oeuvre aura eu sur moi l'effet contraire : apaisant, lénitif. Elle m'incite tout au plus à continuer à pratiquer, au besoin, une forme de «pessimisme actif» (dont parlait déjà le grand écrivain portugais José Saramago), ou une sorte de «tristesse active» telle qu'elle est pratiquée par des personnages de ce roman. La défaite est un passage obligatoire pour tout un chacun, elle ne doit surtout pas nous empêcher de poursuivre notre chemin.
Enfin, il ne faudrait pas non plus confondre, et cela par contre on le saisit parfaitement par le cheminement même des personnages du livre, «défaite» et «échec». Comme dit l'auteur, à propos de Mariam, la femme rencontrée au début du récit par le personnage central du livre, Assem, dans un hôtel à Zurich, lorsque celle-ci, plus tard, fera la rencontre d'un autre homme, dans un autre hôtel, dans une autre ville: «Elle n'a rien raté. Vient seulement un jour le moment de la capitulation et avant cela, de façon progressive, la bascule dans la perte, ce deuxième temps de la vie où les forces s'amenuisent, où le jaillissement, l'étonnement, la surprise deviennent plus rares, juste cela, l'entrée dans le temps de la défaite mais qui fait partie du reste et qu'elle va essayer de vivre pleinement, sans échec là non plus, pour rester elle-même ».
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Un excellent livre. Laurent Gaudé réusssit un roman choral où se mêlent un ancien des services secrets, une archéologue abasourdie par les pillages de Daesh, Hannibal et les Romains menant les guerres puniques, Grant obtenant la reddition De Lee après avoir pratiqué la politique de la terre brûlée et Haïlé Sélassié se libérant du joug italien pour tomber devant les complots éthiopiens. Ecoutez nos défaites, l'histoire ne peut pas retenir que les vainqueurs ! Ecoutez nos défaites, elles aident aussi à se souvenir. Ecoutez nos défaites, elles aident aussi à construire la paix. C'est d'autant plus vrai que nous sommes actuellement en guerre contre Daesh. A lire d'urgence !
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J'aime beaucoup Laurent Gaudé qui déçoit rarement.
Ce livre est plutôt ambitieux
Une réflexion sur le sens de la défaite à travers des situations contemporaines notamment en Syrie mais aussi avec trois références historiques pour le moins hétéroclites: Hannibal et ses éléphants , Hailé Sélassié, le Négus éthiopien et la guerre de Sécession
C'est fort bien écrit ,le lecteur se cultive tout cela en un peu plus de 200 pages
L'idée c'est que des défaites peuvent se transformer en victoires et réciproquement, notamment si on les replace dans un contexte historique
Malheureusement, à trop vouloir en faire ,Laurent Gaudé se perd un peu en chemin
Je n'ai toujours pas compris le lien entre les 3 situations historiques et la conclusion commune à à tirer des 3 récits qui sont pourtant extrêmement intéressants et documentés
Vouloir tirer des conclusions universelles et historiques , l'idée est séduisante
Mais on pourrait tout aussi bien tirer des conclusions diamétralement opposées: il ya des défaites qui ,fort heureusement pour l'humanité, sont restées des défaites même avec un long recul historique.Même remarque pour les victoires
Je reconnais qu'avec le temps la notion de victoire oû de défaite puisse changer ( exemple la Guerre de Sécession, beaucoup de mort inutiles mais au bout une certaine idée de la démocratie)
L'histoire peut transformer un mal en un bien, une défaite d'un jour en une victoire sur le long terme.Comment les futurs historiens jugeront Hiroshima ?
Même si , à trop vouloir en faire, l'ensemble du livre devient un peu confus , je conseille de le lire
Chacun se fera son opinion
Mais j'avais nettement plus apprécié l'approche approfondie de M.Enard dans Boussole, livre plus ardu mais qui évitait l'écueil de la dispersion
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Aïe déception pour moi sur ce titre qui pourtant aurait pu être poignant car il y question de guerre mais dès le début j'ai été vraiment désarçonné, en effet un homme et une femme se retrouve dans un hôtel et quelques pages plus tard je suis dans une gare ou sur l'éléphant avec l'armée d'Hannibal.

Au niveau du cadre historique dont nous parle Laurent Gaudé il est déjà dès le début difficile de se repérer, cependant au fil de la lecture on arrive à s'y retrouver. Cependant certains passages sont plutôt inégaux vu l'entremêlement des différents personnages et des différentes guerre.

J'ai aimé pour ma part les personnages concernant Hannibal et les passages concernant l'archéologie irakienne, j'ai encore en mémoire les images de la destruction de certains sites et leurs pillages cela m'a donc plus intéressé, j'ai aimé apprendre l'histoire d'Haïlé Sélassié.

Ce livre ne restera malheureusement pas dans ma mémoire, je sais que l'auteur a écrit des pépites et j'ai d'ailleurs Eldorado et le soleil des Scorta à lire dans ma bibliothèque, j'espère que ce seront de meilleurs lectures.

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