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sur 1035 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Panturle est célibataire. Dans le village de Provence où il vit, ils ne sont plus que trois : la vieille Mammèche, le vieux Gaubert et lui-même. 
Lorsque Gaubert s'en va finir sa vie chez "le fils", puis que Mammèche disparaît, non sans avoir promis à Panturle de lui faire rencontrer une femme, Panturle devient l'unique habitant du village.
Arsule, après un passé douloureux, vit avec un rémouleur, Gédémus. Gédémus l'exploite ; il est inintéressant et fainéant.
Mais bientôt, sous l'action discrète mais efficace de Mammèche, Arsule va rencontre Panturle. Un amour va naître, un village va renaître !
Un bon Giono : bonne narration, Provence omniprésente, grandeur et petitesse des âmes humaines, amour de gens simples...
Chronique belle, touchante et sincère. 
Et puis, il y a l'écriture de Giono qui, par la qualité de son style, nous porte encore un rien plus haut dans l'émotion et la beauté. 
"Regain" finit en beauté la trilogie de Pan.
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Dernier volet de la Trilogie de Pan, et le plus lu. Les trois romans peuvent être lus dans n'importe quel ordre, les histoires ne se suivent pas et les protagonistes sont tous différents. C'est la terre de Haute Provence qui fait l'unité de cette trilogie. Je ne regrette pas de les avoir lu dans l'ordre, car pour ce qui est de la force du récit, elle va croissant au fil des trois romans. L'histoire de Regain est la plus symbolique avec ce beau personnage de Panturle. Mais la Mamèche, Arsule et Gaubert sont aussi des personnages très marquants, comme habités par une force. L'histoire est celle d'un petit village en voie de désertification complète (plus que trois habitants au début du récit) et du tout début de sa renaissance, de son regain. J'y ai retrouvé la belle plume de Giono que j'avais tant apprécié dans Colline et Un de Baumugnes, avec la musicalité de ses phrases. J'y ai trouvé beaucoup de sensualité mais aussi de délicatesse, finalement plus que dans le deuxième volet. Par contre j'ai trouvé que Regain est bien plus difficile à lire que Un de Baumugnes, peut-être parce que tous les personnages sont des taiseux, que dans leurs mots il y a beaucoup d'implicite et que l'auteur, pour bien rendre l'ambiance d'Aubignane, joue beaucoup sur cet implicite. L'ensemble de la Trilogie de Pan est un magnifique ode à la nature, presque de la poésie en prose, et son message est à la fois simple et complexe (humilité de l'homme face à la nature, écoute de la terre, nouveau départ qui n'est pas retour en arrière). A lire absolument, c'est un texte dont le message est très parlant pour notre époque !
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Troisième volet de la trilogie de Pan, après - Colline - et - Un de Baumugnes -, - Regain - boucle de manière apothéotique la boucle de cette ode au dieu Pan, à la nature et à l'un de ses hôtes les plus rebelles : l'homme.
Si - Colline - ouvrait le ban en pointant du doigt les antagonismes entre l'une et l'autre, - Regain - vient le fermer en montrant et en démontrant leur rapport fusionnel, matriciel, leur interdépendance existentielle, leur "ombilicalité" originelle que n'autorise aucune scission si ce n'est celle de la perdition.
Conte, hymne écologique avant l'heure de la globalisation, de l'extinction des espèces, du rabougrissement de notre écosystème, du réchauffement climatique, - Regain - est un chef-d'oeuvre visionnaire, - Les Quatre Saisons - orchestrées et dirigées par un Vivaldi provençal qui, en guise de baguette, a une plume qui dirige de main de Maître un orchestre dont les mots résonnent comme des notes de musique harmonieusement poétiques.
- Regain -, c'est dans cette trilogie la symbiose achevée, l'accord parfait, l'art magnifié dans le génie de la "simplicité".

Aubignane est un hameau "fantôme" du côté des hauteurs de Manosque, dans le haut pays provençal, que hantent encore trois êtres esseulés.
Pantourle ( mot composé à partir de Pan... et de Lure chef-lieu local ), un célibataire quadragénaire qui vit de chasse, un peu à la manière des premiers hommes et qui n'a pour seule compagne ( présence ) que sa chèvre Caroline.
La Mamèche, une veuve italienne installée là après la mort accidentelle de son mari et celle de son enfant. Par mort accidentelle, il faut entendre que celle de l'époux est liée au creusement d'un puits ( domestication de la nature ), celle de l'enfant au mâchouillement de la ciguë ( règle de la nature enfreinte ).
Et puis il reste encore Gaubert le vieil octogénaire, forgeron charron ( " qui faisait les meilleures charrues "), sur le point de quitter Aubignane pour aller terminer ses vieux jours auprès de son fils, sa bru et leurs enfants... entouré...
Si le hameau a été déserté par les hommes, c'est parce qu'il leur a semblé que la terre nourricière ne leur donnait plus les moyens de survivre et que la nature leur était par conséquent devenue hostile.
Panturle et la Mamèche restent seuls dans ce qui semble être " le milieu de nulle part ".
Dans un petit village, plus en bas, il y a le vieux Gédémus, un rémouleur qui a acquis pour rien les services d'Arsule une fille de "rien"...
Le printemps est arrivé.
Ils prennent la route pour aller faire leur saison.
À Aubignane, Panturle et Caroline sont travaillés par le réveil de la sève, le retour du printemps, l'appel de la vie.
"Cette force folle que le printemps a mise au creux de ses reins et qui bout, là, comme une eau toujours sur le feu..."
La Mamèche, petite ombre noire, décide d'aller chercher une femme pour Panturle...
Arsule tire la bricole sur les chemins " et pour ça, elle s'est penchée en avant. le vent entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main ; il lui coule entre les cuisses ; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins et les hanches mouillés de vent. Elle le sent sur elle, frais, oui, mais tiède aussi et comme plein de fleurs, et tout en chatouilles, comme si on la fouettait avec des poignées de foin ; ce qui se fait pour les fenaisons, et ça agace les femmes, oh ! oui, et les hommes le savent bien.
Et tout d'un coup, elle se met à penser aux hommes. C'est ce vent aussi qui fait l'homme, depuis un moment."
Le cheminement de l'équipage est perturbé par une "présence", qu'ils sentent plus qu'ils ne la voient. Une ombre noire qui les inquiète et qui va modifier leur itinéraire, jusqu'à les amener à Aubignane...
Voulez-vous connaître la suite ?
Lisez - Regain - !

L'intrication homme nature est superbement exploitée tout au long de l'oeuvre de Giono.
En lisant son livre, on ne peut qu'être admiratif de cette fusion littéraire recréée par l'auteur.
Chez Giono, l'homme est apparenté à la nature et la nature à l'homme.
" Les filles ont des yeux comme des bleuets"..." Arsule a de grands yeux de pâquerette".
" le Panturle est un homme énorme. On dirait un morceau de bois qui marche. Au gros de l'été, quand il se fait un couvre-nuque avec des feuilles de figuier, qu'il a les mains pleines d'herbe et qu'il se redresse, les bras écartés, pour regarder la terre, c'est un arbre."
" Un homme gros comme ça, ça avait une mère comme une sauterelle."
"On ne voit qu'une épaule de colline toute velue et le vent en rebrousse les poils."
" Lorsque Arsule tire la bricole... elle est attelée..."
"La nuit entasse ses étoiles comme du grain."
"L'ombre marche sur la terre comme une bête... l'ombre marche sur des pattes souples comme une bête. La voilà froide et lourde sur les épaules. Pas de bruit. Elle va son voyage. Elle passe. Voilà."
" le silence est craquant comme une pastèque".
Et puis tout au long de l'histoire, il y a l'omniprésence du vent, ce vent qui est l'exhalaison verbale de Pan, son souffle et ce qu'il souffle dans l'oreille et dans le coeur des hommes.
"À la guette du renard, Panturle a rencontré le vent, le beau vent tout en plein, bien gras et libre, plus le vent de peu qui s'amuse à la balle, mais le beau vent, large d'épaules qui bouscule tout le pays. À le voir comme ça, Panturle s'est dit : " Celui-là, c'est un monsieur"."

J'ai dit plus avant que Giono outre ses talents de conteur, son verbe éminemment poétique, était un visionnaire écolo.
Il n'est qu'à se référer à ce passage où les paysans qui se rendent à la foire de Banon désespèrent de leur mauvaise récolte de blé.
" On est pareil partout... on a voulu faire du blé d'Inde : c'était nouveau encore ça, et tu vois maintenant... C'est à cause de la mode... Si on avait fait du blé de notre race, du blé habitué à la fantaisie de notre terre et de notre saison, il aurait peut-être résisté... Mais si tu vas chercher les choses de l'autre côté de la terre, mais si tu écoutes ces beaux messieurs avec les livres : Mettez de ci, mettez de ça ; ah ! ne faites pas ça." En galère, voilà ce qui t'arrive !"
Il oppose également la nature domptée à la nature restée libre.
À la foire de Banon, Panturle et Arsule venus vendre leur belle récolte de blé, se retrouvent avec de l'argent plein les poches. Il y a la fête, les attractions, le bruit... Alors ils se contentent de n'acheter que l'essentiel et s'éloignent du superflu et de cette dissonance pour se hâter de retrouver "le bruit" de la nature qui est la seule vraie fête à leurs yeux... et à leurs oreilles.
Tout ceci écrit il n'y a pas loin d'un siècle !...

Avec - Colline -, le premier volet de la trilogie s'ouvrait sur la grande colère de Pan.
Avec - Regain -, elle se referme sur une harmonie retrouvée entre l'homme et la terre... " Une terre de bonne volonté."
En guise de conclusion, les mots d'Anne-Marie Marina-Mediavilla.
" Est-il concevable que l'Ordre universel soit fait pour l'Homme, et si l'univers n'a pas l'homme pour finalité, pourquoi les hommes pensent-ils avoir le droit, voire le devoir d'imposer au monde l'ordre humain, la volonté humaine ? L'espèce humaine peut-elle impunément faire servir les autres espèces vivantes, la Terre elle-même, à la satisfaction de ses seuls besoins ?
L'espèce humaine doit-elle condamner les autres espèces au servage ou à la disparition ?
Il faut lire et relire - Regain -.
Il faut lire et relire - La trilogie de Pan -.
Il faut lire et relire Jean Giono.
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Il y a, des écrivains, qui ont un tel style, une telle puissance d'évocation, un tel lyrisme, qui faut se laisser porter par le style, uniquement par le style, car c'est là le plus important.
Il en est ainsi de Racine dans Esther et Athalie ; De Maupassant dans Pierre et Jean ; de Zola dans le Faute de l'abbé Mouret. Il en est aussi ainsi de Giono dans Regain.
Dans tous les cas que je viens de mentionner, nous avons une belle histoire ; mais l'essentiel, toutefois, reste le style, de toute beauté, tellement, tellement évocateur, qui donne tellement, tellement de vie à l'histoire.
L'essentiel reste ce lyrisme qui emporte tout, qui tient lieu d'histoire et de réflexion.
Pourtant, cela ne veut pas dire que dans ces livres, l'histoire est inintéressante ; mais l'histoire, dans ces ouvrages, c'est le style. L'histoire n'existe pas indépendamment du style ; et le style n'existe pas indépendamment de l'histoire.
Esther et Athalie ont un sujet épique ; mais, sans le vers, ces deux pièces ne seraient pas épiques. Il y a dans La Faute de l'abbé Mouret la nécessité d'un lyrisme, d'une beauté de style ; sinon cette oeuvre, ne serait qu'une étude psychologique dépourvue d'art. Dans Regain, cela est nécessaire, pour parler de l'épopée de cet homme, d'un lien puissant avec la nature, perdu puis retrouvé.
Un magnifique texte, avec un style de toute beauté !
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Nous retrouvons les terres chères à Giono. Si vous partez de Manosque direction Banon, une fois passé Vachères, vous découvrirez un peu loin Aubignane, village qui se meurt avec ses 3 habitants Gaubert l'ancien forgeron, Panturle plus homme des bois et la Piémontaise.
Bientôt Gaubert les abandonne pour rejoindre son fils .La Mamèche restée seule avec Panturle lui promet de lui ramener une femme .Sur le plateau à la belle saison Gédémus reprend la carriole, sa meule de rémouleur et en compagnie d'Arsule part pour sa tournée. Arsule en réalité c'est elle qui remplace le mulet !!
Détournés de leur chemin habituel ils se retrouvent dans Aubignane, le village est désert même Panturle n'y est pas !
Par un concours de circonstances inespéré Panturle fait la connaissance d'Arsule et se met en ménage avec elle ..'
Une fois de plus Giono vous enveloppe dans son écriture chaude, pleine de soleil, de vent, d'orages. La nature est omniprésente pas tendre pour celui qui ne sait pas lui parler et la caresser dans le bon sens. Mais ces 2 là c'est leur amour qui aura raison de Dame Nature.
C'est avec beaucoup de regrets que j'ai tourné la dernière page de cette trilogie de Pan j'ai découvert le Giono poète, proche du petit et du modeste. Une écriture de terroir au sens noble du terme qui vous arrache une larme ou un sourire c'est selon mais dieu que c'est beau !!

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La renaissance d'un village mort abandonné par ses habitants est un thème récurrent chez Giono (voir « L'homme qui plantait des arbres »).
« Regain », qui symbolise le renouveau d'un village, est le troisième volume de la trilogie dite « de Pan », précédé de « Colline » et de « Un de Baumugnes ». Ce troisième volume, publié en 1930, nous permet d'assister à la rencontre de Panturle et d'Arsule ; lui, Panturle, le chasseur errant devenu paysan « à cause » d'Arsule ; ils permettront par leur alliance au village d'Aubignane - un village imaginaire qui pourrait être Redortiers, en Haute Provence - de renaître.

Comme les deux précédents volumes de la trilogie, « Regain » est une belle histoire « à la giono » pourrait-on dire maintenant, quatre-vingt ans plus tard : un village dont la terre est réputée aride dans toute la région se meurt. Ne restent que le chasseur Panturle et la vieille Mamèche. C'est elle, par un concours de circonstances qui fera se rencontrer Panturle et Arsule… C'est deux la seront à l'origine de la production, dès la première année, du plus beau blé de la région…

Peu d'écrivains, à part Pagnol, sont capables d'évoquer la Provence comme le fait Giono. Ce petit « conte » est un régal ; quelque chose comme de la poésie… qui sentirai l'âtre et le terroir.
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Plus beau encore que Colline, si c'est possible.
Giono est un peintre et un poète merveilleux.
Panturle m'a tout de suite fait penser à ces paysans courbés dans la douleur de l'effort sur leur terre, si bien peints par ce peintre provençal qu'est René Seyssaud, contemporain de Jean Giono.
Au-delà des merveilleuses et poétiques descriptions de l'auteur, l'histoire est simple mais si belle.
Un court poème à dévorer, à malaxer comme cette terre si grasse et si prometteuse et à mâchouiller comme cette soupe comme une pleine écuellée sortie de la soupière qui mijote au feu de l'âtre et pleine de vrais légumes aujourd'hui presque disparus.
Petit romain délicieux et superbe.
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Quand on évoque le mot "Regain", deux noms arrivent simultanément sur les lèvres : Jean Giono, l'auteur du roman en 1930, et Marcel Pagnol, l'auteur du film qui en est l'adaptation, en 1937. Ces deux oeuvres - ces deux chefs-d'oeuvre - peuvent être lues, étudiées, analysées et appréciées chacune séparément, mais les associer apporte un plus à la compréhension à la fois des oeuvres et des auteurs.
Mais d'abord le sujet tel que Giono nous l'a raconté.
Aubignane est un village des Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes de Haute-Provence). Il n'y a plus que trois personnes dans ce patelin perdu : Gaubert, un vieux forgeron qui va s'en aller vivre chez son fils, Panturle, un solide paysan, et la vieille Mamèche. Un jour, la vieille disparaît en disant à Panturle, "je vais te ramener une femme". Un soir Gédémus, un rémouleur, accompagné d'Arsule, une femme qu'il maltraite plus ou moins, s'arrête au village. Arsule ne repart pas et reste avec Panturle. Ils vivent heureux, et à eux deux font revivre le village. Quand Gédémus revient, Panturle lui donne de l'argent et le rémouleur part définitivement. Et voilà que d'autres gens viennent s'installer...
Le roman de Giono est âpre et réaliste, avec parfois de belles envolées lyriques. La Provence constitue le décor - magnifique - de cette histoire, tout comme le contour et le nom des personnages. Mais, pour le reste, le thème, le déroulement de l'intrigue et l'ambiance générale du roman, on est plus proche d'une histoire grecque antique - et donc universelle -, où les sentiments des protagonistes tiendraient la place de la Fatalité. (D'ailleurs "Regain" constitue le dernier volet d'une "Trilogie de Pan" où il vient derrière "Colline" et "Un de Baumugnes"). Et par certains côtés, "Regain" se rattache aussi à une veine virgilienne (bucolique, bien sûr, et encore plus géorgique).
Marcel Pagnol tourne son film en 1937. Plus qu'une adaptation fidèle (ce qu'il est), le film est une relecture de l'oeuvre écrite : d'une histoire antique, Pagnol nous fait une histoire de terroir, et pas n'importe quel terroir : la Provence. Dans le film de Pagnol, la Provence est magnifiée, par l'image, par le jeu des comédiens, par "l'assent" (vous me direz, tout ça c'est des effets cinématographiques, j'en conviens, mais lisez le texte du scénario et les didascalies, vous comprendrez ce que je veux dire).
Pagnol a adapté Giono quatre fois au cinéma : "Jofroi" (1933), "Angèle" (1934), "Regain" (1937) et "La Femme du boulanger" (1938). le romancier n'a pas beaucoup apprécié, accusant le cinéaste d'avoir tiré les romans vers un côté folklorique et caricatural. Réaction légitime d'amour-propre, il a pu effectivement se sentir trahi, mais avec le recul, il a pu comprendre que ces adaptations donnaient à ses romans un regain de notoriété, et que, non content de les adapter fidèlement, elles proposaient une autre vision, une autre lecture différente de la première, et finalement complémentaire.
Il faut lire Giono, pour la beauté et la puissance de son écriture, mais si avez le temps, lisez ensuite le scénario de Pagnol, vous mesurerez à la fois le respect du cinéaste pour le romancier et le génie de deux géants de la littérature.


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L'écriture de Giono, quelle merveille ! C'est toute la Provence qui transpire à travers la poésie du texte. Regain, c'est une sorte de fable, une ôde à la vie et à l'amour, un chant de l'espoir retrouvé alors que tout était perdu.

Et perdus ils le sont Panturle et Arsule, chacun de son côté. Panturle est le dernier habitant d'un village perché, que par on ne sait quelle magie, qu'on découvrira plus tard, vient à traverser un rémouleur et Arsule sa compagne. Sa bête de somme serait plus approprié.

Aucun espoir dans ces destins. Mais la rencontre va tout changer ...

C'est dans des paysages peints avec précision, par le marcheur, l'arpenteur de ce territoire, que va se nouer cette histoire, ce conte à la fois émouvant et empreint de drôlerie. Il se met en scène au moment de l'exode rural, au moment où les progrès agricoles se développent, au moment où la société est en train de changer.

Toute une époque, toute une ambiance. Mais au delà du contexte, c'est la beauté de l'âme humaine qui est ici mise en avant, et plus que le soleil d'août écrasant la campagne, ça réchauffe nos coeurs en nous rappelant où se trouve l'essentiel.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Regain.
Je connaissais le film de Pagnol, avec Orane Demazis, vu il y a forcément longtemps, car il y a bien longtemps qu'on ne passe plus ces films sur le petit écran.
Je connaissais le sens de ce mot, le retour d'énergie, de santé, de sentiment.
Mais avais-je jamais su le sens original du mot ? Pas sûr en tout cas, cette repousse de la végétation après les moissons, est aussi une belle image quand elle s'apparente au retour vers la nature de l'homme qui s'en est éloigné petit à petit, cédant aux mirages de la ville.

Giono en a fait un livre magnifique, composé de deux parties, très différentes.
La première un peu déroutante, nous présente pêle-mêle quelques personnages qui sont les dernières âmes d'Aubignane, petite bourgade perchée sur la montagne de Lure en Haute-Provence. D'abord le père Gaubert, ancien forgeron, qui sent ses forces l'abandonner et décide de partir chez son fils, finir ses jours entouré de sa famille. Ensuite, Zia la “Mamêche” qui n'en finit pas de pleurer son petit, mort dans ses bras, et de son homme disparu sous l'éboulis d'un puits. Et puis il y a Panturle, homme puissant et encore jeune, qui à force de solitude, va se fondre dans la nature sauvage, laquelle vient dévorer le peu qui reste du village. Deux autres personnages s'en viennent à la rencontre de Panturle, sans le savoir, menés par des manifestations bizarres dans le paysage, qui les forcent à s'éloigner du chemin qu'ils comptaient prendre au départ. Gédémus le rémouleur qui va de village en village, accompagné d'Arsule, jeune femme recueillie un jour, et qu'il utilise comme bête de somme pour tirer sa meule.
La deuxième partie, plus classique, relève davantage du récit naturaliste tel que Giono aime à le composer. Sans rien révéler de l'histoire, on assiste à une véritable explosion humaniste de sentiments, contenus dans les âmes et qui ignorent le verbe, mais qui se font jour à travers tous les gestes du quotidien, et de petites attentions entre des êtres qui se découvrent mutuellement avant de n'en devenir qu'un.
Tout le talent de l'auteur prend vie sous sa plume, à travers un ruisseau qui saute d'une rive à l'autre, ou au soleil qui vient percer les nuages, à un souffle de vent qui annonce le printemps, et puis aussi à un vol de grives, ou bien un lièvre au milieu du chemin, qui d'un bond va disparaître dans les genévriers.
Ce troisième tome de la Trilogie de Pan, indépendant par son histoire des deux premiers, vient clore provisoirement une oeuvre que Giono voulait écrire en de nombreux volumes à la façon des écrivains du XIXe siècle. Peu importe qu'il n'ait pas réalisé son “grand oeuvre” comme on disait jadis, les livres qu'il nous laisse sont autant d'odes à la nature qui nous permettent de quitter un présent morne et agité pour s'évader dans un passé poétique et éclatant de vie.
Encore un coup de coeur.
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