Goethe,
Faust, manient des forces qui les dépassent.
Ce
Faust I est bon. Il y a là des réflexions philosophiques intéressantes, des scènes mémorables, un beau style.
Pourtant, en refermant le livre, on a le sentiment que ce n'est pas un chef-d'oeuvre. Certains passages sont inutilement longs, voire inutilement présents. La pensée n'y est pas développée suffisamment.
Malgré ce constat, quelque chose de profondément singulier ressort de cette oeuvre. le texte en lui-même n'enthousisame pas autant que de nombreux autres. Il y a pourtant quelque chose qui germe. Quelque chose d'incertain, de souterrain, dont on a du mal à déterminer la nature.
C'est le premier livre qui produit cet effet sur moi. le thème est tellement puissant qu'il dépasse le texte qui le porte, d'où la transfiguration en mythe.
Goethe est un esprit trop fin pour ne pas s'en être rendu compte. Il avait, je pense, un regard critique sur son texte. Mais il savait qu'il manipulait des forces dont il ne comprenait pas exactement le sens, raison pour laquelle il a tant retravaillé cet écrit.
C'est une oeuvre profondément ouverte. Elle est de libre interprétation. C'est sans doute aussi pour cela que
Goethe n'a pas trop développé certains points : plus l'écrivain est précis, moins il reste de place pour l'interprétation.
Goethe a voulu laisser cette place, conscient qu'il bâtissait un mythe plutôt qu'une pièce. C'est peut-être l'intervention la plus nuancée que peut opérer un écrivain : ne pas noyer son texte pour permettre au lecteur d'y respirer librement.
Finalement, reste une oeuvre qu'on n'a jamais fini de lire. le summum de la littérature. Un chef-d'oeuvre.
Je n'en ai pas fini avec ce texte.