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Antoinette Roubichou-Stretz (Traducteur)
EAN : 9782246749011
371 pages
Grasset (11/02/2009)
3.59/5   29 notes
Résumé :
Le début du "Conservateur" (le cadavre d'un Noir trouvé dans la propriété agricole d'un industriel blanc nommé Mehring) resemble à un fait divers, mais c'est encore l'occasion pour Nadine Gordimer, prix nobel de littérature en 1991, de développer une analyse spectrale de l'histoire et des mentalités de son pays.

Mehring est un pur produit de la société blanche sud-africaine des années 60-70, un homme par qui la politique de l'apartheid se perpétue, à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
D'ordinaire, quand je suis confronté à un nouvel auteur, à un nouveau style littéraire, il me faut quelques pages pour m'adapter. Dans le pire des cas, 100 pages suffisent. J'arrive toujours à prendre la mesure du style de l'auteur.

Avec Nadine Gordimer, cela n'a pas vraiment fonctionné. Au bout de 200 pages, j'ai cru avoir enfin pris la pleine mesure de ce style lent et imagé... et l'autruce me reperdait dans les méandres de son style complexe, touffu, fait de réflexions, d'événements passés, présents ou imaginés, de projections de la pensée des personnages, de licenses poétiques insaisissables pour moi...

Bref, il faut s'accrocher. Il faut une vigilance de tous les instants. Que n'ai-je recommencé de pleines pages après en avoir perdu le fil... ! Ma vigilance de tous les instants fur ptise en défaut bien des fois. Impossible, alors que je suis un lecteur tout à fait convenable, d'aligner plus de quelques pages à la fois.

Pourtant, le sujet, à la base, m'intéressait, me plaisait. L'apartheid vu à travers le quotidien de quelques personnes, dont Mehring, un riche homme d'affaires qui a eu la lubie de s'offrir un hobby en s'achetant une ferme où tout le personnel sera noir. Nadine Gordimer met un B majuscule à "blanc". Signe des temps, fausse déférence...?

Mehring prend le système comme une donnée. Il ne remet pas en question l'apartheid. Il n'est pas foncièrement raciste. On pourrait considérer qu'il profite du système, mais il ne semble même pas se poser la question. Face à lui, son régisseur noir ne questionne pas plus le système. Il essaie de s'en accommoder. le fils de Mehring est plus critique, mais à peine. La maîtresse et l'ex-femme de Mehring sont plus critiques encore, arrivant parfois à blâmer Mehring pour sa passivité.

Le roman est fait d'une succession d'événéments déconnectés, comme une sécheresse, un incendie, une tempête suivie d'une inondation, des règlements de comptes entre employés, le commerce local tenu par un Indien... le tout avec un fil rouge: un corps découvert sur la propriété de Mehring, mais qui ne va intéresser personne.

Le roman est un portrait... celui d'un système, bien davantage que celui d'un homme. Et je répète: cet angle d'attaque, le sujet... j'y suis très réceptif.

Mais, mais, mais... je n'ai pas accroché au style. Je comprends la lenteur voulue et assumée de l'écriture de Nadine Gordimer. On subit l'apartheid comme on subit la nature et ses aléas. Mehring est à l'image du système. Plein de contradictions, de paradoxes. Engoncé dans le passé, se mouvant mal, gêné aux entournures, pris au piège des fantômes du passé. le parallèle Mehring/Apartheid est assez évident dès le départ du roman. Et parfois c'est un peu lourd dans le cours du roman. Cette comparaison, ce parallèle est finalement le principal élément du roman. Et c'est le reproche que je ferais au roman. L'autrice, vu sa maîtrise, aurait pu développer un récit à part entière, dans lequel l'apartheid aurait été un des protagonistes. Cela aurait tonifié, densifié et canalisé le récit.

Je suis donc convaincu par le fond, pas par la forme. Je renouvellerai sans doute l'expérience avec un autre roman de Nadine Gordimer. Mais pas tout de suite.
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Le conservateur est un roman de Nadine Gordimer, écrivain Sud-Africaine, prix Nobel de Littérature 1991. Je n'ai pas du tout aimé ce roman, contrairement à d'autres romans de cette même auteure. Je l'ai trouvé très mal écrit, avec des réminiscences du passé insérées continuellement dans la narration sans aucune indication . Ce procédé perturbe et alourdit la narration.

Le personnage principal, un industriel nommé Mehring, a acheté une « ferme » (avec terres et employés Noirs) pas loin de la ville, mais une « location », une sorte de township, s'est construite peu à peu juste à côté de la ferme. le livre débute par la découverte du corps d'un homme noir sur la propriété de Mehring. Sommairement enterré par les policiers du coin, il ressurgit à la fin du livre suite à des inondations et des mouvements de terrains. Les noirs du compound lui font alors une sépulture officielle sur les terres de la ferme. Message final : Mehring réalise avec terreur que ce qu'il a craint tout au long du récit est arrivé : les Noirs sont ici chez eux, cette terre leur appartient et ils sont bien trop nombreux pour rester « parqués » dans des locations.

Pour en arriver là, j'ai dû m'accrocher durant les 371p du roman pour apprendre quelques faits de la vie de Mehring qu'on peut résumer ainsi : il est divorcé, son fils est probablement homo, lui-même est un homme à femmes, son ex-maîtresse a dû quitter le pays pour des raisons politiques (elle est de gauche), et on a même droit à une description de son pénis (en quoi est-ce utile pour comprendre le personnage, je me le demande encore…)
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Booker prize en 1974 (équivalent anglais du Goncourt), le Conservateur (The Conservationist) est un roman d'une lecture très peu aisée où le passé et le présent coexistent selon différents points de vue et selon deux principaux protagonistes : Mehring, riche industriel, pur produit de la société blanche profitant de fait de l'Apartheid, sympathique mais quelque peu méprisant, condescendant avec les employés noirs, insatisfait de sa vie et sombrant sous le poids de ses contradictions; et Jacobus, le contremaitre noir qui s'occupe de la ferme de Mehring, ambivalent, plus ou moins mielleux envers Mehring, et cherchant à ne pas se compromettre en basculant du côté de l'autorité blanche afin que ses employés noirs continuent à le voir comme un des leurs.
Dans ce roman, Nadine Gordimer, Sud-Africaine, prix Nobel de littérature en 1991, prend bien soin d'éviter le manichéisme et nous fait vivre indirectement les inégalités de droit entre les noirs et les blancs à cette époque. Sur la forme, ce roman n'éveille pas un intérêt soutenu : les descriptions de la ferme et de ses environs et les pensées vagabondes de Mehring ne sont guère passionnantes ; mais sur le fond, le roman relève d'une étude sociale et psychologique profonde.
A lire, donc, mais sans oublier que ce roman a été écrit au début des années 1970, et que pour l'apprécier intelligemment, il ne faut pas le lire avec nos yeux de 2020.
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Mehring est un homme d'influence, riche industriel, siégeant dans de multiples conseils d'administration. Il s'est passé un caprice en s'achetant une propriété dans le veld, aux confins des territoires blancs. La demeure du baas est plutôt décatie, mais il a fait cet investissement, en homme avisé qu'il est, pour des raisons fiscales. Il n'y passe qu'en fin de semaine, à charge pour les autochtones à son service, demeurant aux marges de l'exploitation agricole, de faire allez les choses vaille que vaille. du point de vue privé les choses sont plus complexes. Son ex-épouse ne communique avec lui que par l'intermédiaire de leur avocat respectif. Sa maîtresse occasionnelle est une moraliste, dans la grande tradition gauchiste à prétention humaniste, bref, c'est une raseuse. Et la chair de sa chair, son fils, adolescent idéaliste, qui ne semble intéressé ni par la situation que lui promet son père, ni par ses possessions terrestres, parait avoir des inclinations sexuelles qui ne laissent pas d'inquiéter ce dernier. Ajoutez à cela un noir, dont on a fort obligeamment laissé le cadavre sur son territoire, et dont personne ne semble vraiment s'inquiéter. En somme la situation n'est pas aussi reluisante qu'elle semblait être.

Le Conservateur est une habile parabole d'un modèle de société en fin de parcours. le récit est remarquablement bien ficelé, avec de fréquents changements de trame narrative au coeur d'un même chapitre. Particulièrement saisissante est l'évocation d'une inondation suite au passage d'un cyclone. Nadine Gordimer est une auteure qu'on relira avec plaisir, d'autant que plusieurs de ses romans sont sur la liste de livres à lire de votre serviteur, dupliquée sur microfilm et déposée dans un coffre d'une anonyme banque suisse...
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J'ai trouvé difficile au début d'entrer dans l'univers ségrégationniste et très masculin de cette immense ferme d'Afrique du Sud. Mais j'ai été emportée par la description grandiose, quasi hypnotique, de la Nature et des espaces agricoles, traversés par l'incendie, la sécheresse, l'inondation mais toujours renaissants. Mehring, le personnage central blanc, bien qu'étant un industriel “dans la fonte”, éprouve pour ces terres un amour sincère, au point de délaisser ses relations citadines pour passer peu à peu tout son temps dans sa ferme.
Toutefois Nadine Gordimer montre aussi un univers de secrets et de mensonges, dans lequel les hommes se mentent d'abord à eux-mêmes: “Jacobus me respecte”, pense le propriétaire de son régisseur noir; Jacobus, lui, pense qu'il “sait s'y prendre” avec son patron. Secret qui entoure le cadavre d'un homme noir trouvé dans le marécage, hâtivement recouvert par la police puis à nouveau émergé par l'inondation. On ne connaitra jamais son identité, mais il semble symboliser tout le peuple noir en prenant “possession de cette terre - la leur - il était un des leurs.”
J'ai été impressionnée également par l'exceptionnel talent de Nadine Gordimer pour écrire le monologue intérieur de Mehring, mêlant ce qu'il voit, ce qu'il se remémore (sa liaison avec une femme mariée aux visées politiques opposées) et de façon sous-jacente, ce qu'il craint.
La traduction d'Antoinette Roubichou-Stretz est d'une rare perfection.
Challenge Nobel
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les femmes ne saluent pas et ne s'attendent pas à être saluées, elles ne se voient pas du tout dans les yeux de l'homme blanc et du garçon blanc.
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Je sais ce que tu penses. Je sais ce que me dis ton silence quand je te vois ainsi à côté de moi en haillons de pénitent pour racheter les péchés de tes pères.
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Video de Nadine Gordimer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nadine Gordimer
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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