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EAN : 9782709647427
700 pages
J.-C. Lattès (06/01/2016)
4.14/5   79 notes
Résumé :
ALMUNEDENA GRANDES
LES TROIS MARIAGES DE MANOLITA


À la fin de la guerre civile, survivre est compliqué pour Manolita dont le père et la belle-mère sont en prison et dont le frère Antonio, vit caché dans un tablao de flamenco. Elle a dix-huit ans et la charge de ses deux sœurs et de deux très jeunes demi-frères ! L’arrivage de deux machines à polycopier de l’étranger dont le mode d’emploi est incompréhensible va nécessiter sa coopération... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Quand la guerre civile espagnole s'achève, Manolita Perales Garcia n'a que 17 ans mais elle a déjà charge de famille. Son père a été fusillé, sa belle-mère est en prison, son frère Antonio est en fuite, il lui faut donc s'occuper de ses cadets, Isabel, Pilarin et les jumeaux Pablo et Juan. Pour le camp républicain, la guerre est perdue et la répression franquiste s'abat sur tous ceux qui ont soutenu la République. Manolita doit lutter pour sa survie et celle des siens, trouver à se loger, à se nourrir, tout en gardant sa dignité. Et, malgré elle, celle qu'on a toujours surnommée ''Mademoiselle Faut Pas Compter Sur Moi'' sent sa conscience politique se réveiller. Alors quand son frère, réfugié en plein Madrid dans un tablao de flamenco où officie la belle Eladia dont il est épris, la contacte pour soutenir la lutte, elle finit par accepter. de l'étranger sont arrivées des polycopieuses dont la notice est ésotérique. Afin de continuer à diffuser la propagande communiste, le mouvement a besoin d'un homme capable de les faire fonctionner. Et cet homme, c'est Silverio Aguado, malheureusement enfermé au Porlier, la grande prison de Madrid. A charge pour Manolita d'organiser un faux mariage avec ce jeune homme qu'elle connaît bien mais qui ne lui plaît pas du tout. Manolita sait tout de la prison pour avoir rendu visite à son père avant sa mort. Avec les épouses, les fiancées, les mères, les soeurs, elle recommence le long parcours qui mène au parloir. Solidaires, les femmes se soutiennent, se consolent, pleurent ceux qui, sans relâche, sont exécutés par le régime.

Bien qu'ayant pour héroïne, la courageuse Manolita, le dernier roman d'Almudena Grandes est un livre choral qui fait vivre un quartier populaire de Madrid et ses habitants, de jeunes communistes, syndicalistes, anarchistes ou juste sympathisants de ces mouvements; toute une galerie de personnages, de l'homosexuel à la danseuse de flamenco, du baron anarchiste au traître qui se rallie au franquisme. Sans misérabilisme mais avec force conviction, l'auteure raconte la terrible répression qui s'est abattue sur les vaincus et leurs enfants après la victoire du dictateur : condamnations à de lourdes peines de prison, exécutions sommaires, expulsions, licenciements, famine. Sous couvert de réconciliation nationale et de charité chrétienne, les filles les plus jeunes sont recueillies, à condition que la conduite de leurs mères soit exemplaire derrière les barreaux, par des institutions religieuses qui procèdent alors à un lavage de cerveau en règle. Les plus âgées, mauvaises graines irrécupérables, deviennent de la main-d'oeuvre gratuite pour les couvents où les soeurs les exploitent sans vergogne...
Malgré une abondance de personnages et des sauts dans le temps pas toujours évidents à appréhender, ce dernier roman d'Almudena Grandes est, comme de nombreux autres, un chant d'amour aux vaincus de la guerre civile et une plongée effarante dans l'Espagne de Franco, ce dictateur qui n'a eu de cesse de plier son peuple à sa volonté, aidé par le clergé, pendant que l'Europe regardait pudiquement ailleurs. Pourtant, Les trois mariages de Manolita n'est pas un livre sombre, on y retrouve la force de l'espoir, l'obstination des rouges à croire encore et toujours à une société plus juste. Vaincus, humiliés, décimés, ils restent debout et gardent en eux l'orgueil de ceux qui savent être du bon côté.
Pour écrire son roman, l'auteure s'est inspirée d'histoires vraies, de mémoires écrites par des républicains rescapés et de personnages réels, tels l'écrivain Antonio de Hoyos y Vinent, marquis, homosexuel et anarchiste ou Roberto Conesa, le traître jamais démasqué, passé de chef d'une cellule communiste à la police politique de Franco, célèbre entre autres pour avoir contribué à arrêter les ''Trece Rosas'', treize militantes des Jeunesses Socialistes, âgées de 18 à 29 ans et exécutées en 1939.
Tour à tour drôle, émouvant voire bouleversant, ce roman ne peut laisser indifférent. On rit, on pleure, on s'indigne aux côtés de Manolita qui ne voulait se mêler de rien et se retrouve au coeur de tout.
Almudena Grandes prouve encore une fois qu'elle est une Grande d'Espagne !

Un grand merci à Babelio et aux éditions JC Lattès.
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Première incursion dans l'univers de cette auteure, et certainement pas la dernière.

Moi qui ne suis absolument pas friande des briques, je me suis surprise à me laisser envoûter par cette masse de plus de sept cents pages, qui décrit l'après-guerre civile pour les vaincus. L'horreur de la dictature franquiste en toile de fond permanente, le lecteur ne peut que succomber à l'empathie avec laquelle les protagonistes de cette histoire nous sont présentés.

Comme je lis beaucoup d'oeuvres espagnoles contemporaines, où la guerre civile est omniprésente, je pensais beaucoup en connaître et c'est pourtant des pans entiers de cette histoire que j'ai découverts.

Une très belle fresque, emplie d'un souffle de liberté inéluctable ! J'ai beaucoup aimé.

Et si ce livre fait partie d'un ouvrage plus grand, il peut véritablement être lu de manière indépendante.
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La date de la fin de la guerre d'Espagne est connue : le 1er avril 1939. Mais au-delà de ce jalon officiel, le combat intérieur a duré bien plus longtemps, tant que Franco a vécu, du côté des vaincus, pour les "rouges", notamment. Almudena Grandes n'a jamais caché où se situaient ses sympathies et elle a entrepris depuis quelques années un travail littéraire gigantesque sous le nom d"Episodes d'une guerre interminable" qui sera constitué à terme de 6 romans. Les trois mariages de Manolita est le troisième volet de cette saga et se concentre sur ces terribles années d'après-guerre avec la politique de répression vis-à-vis des ennemis d'hier, des emprisonnements et des fusillades innombrables dans une Espagne exsangue où survivre relevait déjà de l'héroïsme. Manolita, fille d'un républicain fusillé, soeur d'un combattant dans la clandestinité, est au centre du livre. Elle a pour tâche de s'occuper de ses soeurs cadettes et de frères jumeaux, de les empêcher de mourir de faim, tout simplement, tout en gardant sa dignité et en voyant ses amis tomber les uns et les autres. Sans oublier de donner un coup de main à la cause, quand le besoin s'en faisait sentir. Manolita n'était pas née pour le courage, elle l'apprendra au quotidien dans un Madrid gris, triste et hagard que la romancière décrit avec un sens du détail formidable. Mais le livre ne parle pas que de Manolita, il se fait choral, exsude la peur et les trahisons, les rancoeurs et les souffrances. le roman pourra apparaître désordonné avec une construction peu linéaire qui abandonne son héroïne pendant des dizaines de pages, pour évoquer d'autres figures marquantes de cette période, par exemple Isabel, la jeune soeur de Manolita, enfermée dans une pseudo école où les nonnes exploitaient une main d'oeuvre gratuite sans vergogne, et qui se détruisit les mains avec la soude employée pour faire la lessive. Cette même Isabel, que l'on retrouve dans la postface du livre, à 80 ans, car c'est sa véritable histoire qu'Almudena Grandes a fait revivre dans Les trois mariages de Manolita, entre autres récits qui s'entrelacent et se déploient sur plus de 700 pages. S'il est au début difficile à suivre à cause de son trop plein de personnages, le roman est sans nul doute le meilleur des trois parus jusqu'alors dans cette fresque d'Une guerre interminable. Il contient quelques scènes incroyables, notamment en prison, quand femmes et fiancées de prisonniers fraternisent et se remontent le moral dans une atmosphère délétère. On attend évidemment la suite car rares sont les écrivains comme Almudena Grandes qui savent marier petite et grande histoire avec autant de maestria.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Magnifique !

Quelle bonne surprise, ce roman ! D'après ce que j'ai compris, il s'agit du troisième tome d'une fresque romanesque sur l'Espagne, mais les livres sont indépendants. Je n'avais pas lu les précédents et ça ne m'a pas dérangé, même si je compte bien rattraper mon retard dès à présent tant cette lecture m'a captivée.

On plonge directement dans le vif du sujet. Je connais peu l'histoire de l'Espagne, mais je n'ai pas eu de mal à suivre et surtout, ce livre m'a appris des tas de choses et m'a même donné envie d'en apprendre plus sur le sujet. L'auteur décrit avec brio le combat d'un peuple, la force et le courage dont chacun fait preuve.

On se perd un peu au début car il y a énormément de personnages, mais on arrive à les replacer peu à peu et tout devient rapidement plus clair. Je me suis beaucoup attachée à tous ces gens, j'ai aimé la façon dont l'auteur nous les présente et elle a d'ailleurs une écriture très agréable.

C'est un roman vraiment dur, il y a des scènes marquantes et choquantes, mais c'est surtout l'histoire de tout un peuple. Une histoire qui ne peut laisser personne indifférent et qui m'a vraiment bouleversée. Ce livre m'a fait ressentir tout un tas d'émotions, j'ai pleuré à plusieurs reprises, et j'ai vraiment eu l'impression de voyager dans le temps et de me retrouver aux côtés de tous ces gens qui se battent pour leur droits, leur pays et leur liberté.

C'est une lecture que je n'oublierai jamais et j'ai maintenant l'intention de me plonger dans tous les autres livres de l'auteur. Quelle belle découverte ! Je ne peux que vous conseiller cette lecture intense, instructive, passionnante et très, très forte ! Vous ne serez pas déçus.
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Les trois mariages de Manolita, c'est un plongeon dans l'Espagne post guerre civile. Survivre est une épreuve quotidienne pour le peuple espagnol, et en particulier pour les groupes politiques ayant perdu la guerre, les communistes et les anarchistes. C'est ici le quotidien de Manolita, dont le père et la belle-mère vont se retrouver emprisonné, et qui va devoir s'occuper de ses 4 petits frères et soeurs. Manger, s'habiller, se loger, tout est une épreuve et le lendemain toujours incertain. Elle va se retrouver entrainé dans la résistance par son frère Antonio qui vit caché.
La première partie de ce livre est difficile à suivre, beaucoup de personnages, beaucoup de d'aller-retours dans le temps, qui ne sont pas toujours bien précisés par l'auteur… bref assez difficile de rentrer dans l'histoire, mais à partir de la deuxième partie, tous les personnages principaux sont bien connus du lecteur, le décor est planté, et on avance maintenant dans l'histoire… On tremble d'indignation sur le sort d'Isabel confiné dans un couvent pour expier les opinions politiques de ses parents, on pleure avec les épouses, filles, soeur et mères de prisonniers de la prison de Porlier, on tremble avec Manolita lorsqu'elle rencontre son « fiancé » prisonnier au parloir, pour essayer de comprendre le fonctionnement des machines à polycopier qui doivent être utilisées pour la résistance…
Bref c'est une très belle fresque avec des nombreux personnages très riches, qui, passé la première partie du livre m'ont vraiment fait voyagé dans cette Espagne bouleversée par la répression.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ils ne le tueront pas, pensais-je, ils ne le tueront pas, même si je ne voulais pas le penser, il est trop jeune, mais ils en avaient tué d'autres d'aussi jeunes, il est trop innocent, mais ils en avaient tué d'autres aussi innocents, il n'a assassiné personne, n'a volé personne, il a juste imprimé des tracts, c'est tout, de l'encre et du papier, mais ils en avaient tué d'autres, aussi, pour leurs mots.
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La guerre avait fait surgir le meilleur, mais aussi le pire de nous tous, et nous avait transformés. Nous n'étions plus ceux que nous serions restés en temps de paix;
(p.27)
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Toutes ces façons de survivre, plaisanteries, recettes, remèdes de grand-mère pour marcher sur un fil au-dessus du malheur sans jamais tomber dedans, allez vous faire foutre, des mots pour crier non
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Cependant, avec le temps, je compris que la joie était une arme supérieure à la haine, les sourires plus utiles, plus féroces que les gestes de rage et de découragement. (p.616)
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Vidéo de Almudena Grandes
Bande annonce VO de la serie "Les patients du Docteur Garcia", adaptation du roman d'Almudena Grandes
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