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Danielle Wargny (Traducteur)
EAN : 9782746713932
197 pages
Autrement (24/03/2010)
5/5   1 notes
Résumé :

À 9 ans, on diagnostique chez Lucy un cancer dont le pronostic vital est très faible. Elle passe son enfance et son adolescence entre l'hôpital, la maison, l'école, confrontée à l'évidence écrasante de sa maladie : un tiers de sa mâchoire a disparu. Dans ce récit plein de grâce, parfois dur, teinté d'humour noir, Lucy Grealy aborde avec une rare franchise des questions universelles : comment donn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Lucy a 9 ans lorsqu'on lui découvre un cancer (du visage) dont le pronostic vital est extrêmement faible. La fillette, qui rêvait d'être différente tient enfin sa revanche : voilà une occasion pour elle d'exister aux yeux des autres et d'avoir de l'importance. Seulement, passée la "joie" d'être traitée comme une enfant à part, le traitement va prendre le dessus, avec son lot de souffrances et de contraintes. Sa mère, qui l'accompagne, la force à ne pas pleurer et à chaque fois c'est la même histoire : Lucy craque et se trouve honteuse d'être faible face à ce qu'elle subit. La fillette est touchante car elle enchaine les rendez-vous à l'hôpital sans trop broncher et avec même l'espoir de se faire des amis là-bas, qui la comprendront. Elle devient plus faible, plus vulnérable et cherche à comprendre, au fil du temps, pourquoi c'est elle qui doit être tenue à l'écart, pourquoi elle loupe des mois d'école pour la chimiothérapie.
C'est que malgré tout, on essaie de la ménager et sa vie reste, quelque part, tout ce qu'il y a de plus banal : elle est passionnée par les animaux et exerce un petit job dans un ranch, où elle s'occupe de chevaux. Elle reste avec des amis occasionnellement et a une vie de famille normale, entourée de ses frères et soeurs.
Mais voilà, certains signes ne trompent pas : son père semble fuir l'hôpital, mal à l'aise devant la maladie de Lucy. Et le regard des inconnus se fait de plus en plus insistant, de plus en plus méchant lorsqu'il s'agit de la puberté et que Lucy ne veut qu'une chose : se faire aimer pour ce qu'elle est.

Ce livre est un témoignage poignant et bouleversant sur la vie d'une fillette, transfigurée par un cancer qui peu à peu la ronge. Les années passent et la vie devient plus difficile lorsqu'elle se regarde dans une glace et ne se reconnait pas. On a la gorge serrée en lisant ce texte et jusqu'à la toute fin, on se dit que Lucy Grealy (car c'est l'auteur elle-même dont il est question) est décidément un petit brin de femme bien courageux avec qui on souhaiterait échanger et lier une forte amitié.
Lien : http://shereads.canalblog.co..
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J'ai trouvé ce livre remarquable et si bien résumé et commenté par Melopee que je n'aurai pas grand chose à rajouter.
Il ne me reste qu'à vous conseiller de lire ce merveilleux témoignage de Lucy Grealy, emprunt d'une grande grâce et forçant le respect.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Plus tôt dans mon enfance, quand mon père rentrait le soir, il lançait un bonsoir joyeux à la ronde en ouvrant la porte et Sarah, les chiens et moi nous précipitions dans l'escalier à sa rencontre. Mais en grandissant, nous avions perdu le goût de ce rituel, et pour finir, seuls les chiens lui faisaient fête, tandis que Sarah et moi lui adressions un bonjour distrait du fond du canapé devant la télé. Un soir, j'ai eu une sorte de terrible prémonition : je nous ai imaginées, ma soeur et moi, devenues adultes et ayant quitté la maison, les chiens morts depuis longtemps, et mon père rentrant à la maison, sa voix ne rencontrant aucun écho dans l'escalier désert. J'ai été parcourue d'un frisson, j'ai ressenti un vide glacé et une indicible tristesse, comme si j'avais vu un fantôme. A dater de ce jour, j'ai mis un point d'honneur, même si je n'en avais pas particulièrement envie, à le saluer du haut de l'escalier. Je faisais cela comme en prévision de mon absence future dans sa vie, mais il ne me vint jamais à l'esprit que c'était lui qui pourrait être absent de la mienne.
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Je pensais autrefois que la vie était éternelle, qu'une fois que je l'aurais découverte, contemplée, elle serait une constante immuable à l'aune de laquelle tout le reste se mesurerait. Je sais maintenant qu'il n'en est pas ainsi, que la plupart des vérités sont par essence fluctuantes, que nous devons sans cesse travailler à nous rappeler les choses les plus fondamentales. La société ne nous y aide guère. Elle ne cesse de nous faire croire qu'être soi-même, c'est faire comme tout le monde, ressembler à tout le monde, et nous laissons notre visage singulier devenir un fantôme qui viendra nous blâmer et nous hanter inexorablement. Assise dans ce café, j'ai brusquement pensé à certains films et romans où les morts ne savent vraiment qu'ils sont morts au moment où on leur en montre la preuve irréfutable : le miroir ne reflète plus leur image.
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Plus tard, adolescente, j'ai eu un boulot dans une bibliothèque et, un jour que je rangeais les livres sur une étagère, dans la section médecine, je suis tombée par hasard sur un bouquin qui traitait des cancers chez les enfants. J'ai sorti le gros volume, l'ai posé sur la table et l'ai ouvert à la page de mon cancer, le sarcome d'Ewing. Là, j'ai lu un bref descriptif des symptômes, suivi des statistiques de mortalité. On estimait les chances raisonnables de survie à cinq pour cent.
[...] J'ai levé les yeux du livre. La pièce était déserte, j'étais étourdie par les néons blafards et la quantité d'étagères que j'avais encore à ranger. Cinq pour cent. Il fallait que je dise quelque chose, sauf qu'il n'y avait personne alentour et que je ne savais pas quoi dire. Posant la main sur mon cou, que j'ai senti palpiter, je suis restée quelques minutes pétrifiée, sur le point de bouger, de parler, de m'asseoir, de faire quelque chose. Puis ça m'est passé. J'étais déjà sur l'autre rive, vaguement consciente d'avoir oublié quelque chose, un nom, un objet ou une émotion, que j'aurais voulu retenir et que j'avais bêtement laissé filer entre mes doigts.
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J'avais en moi des ressources d'imagination suffisantes pour échapper momentanément à la douleur et une capacité à tirer des leçons du spectacle du monde qui m'entourait, mais je ne possédais pas encore la lucidité qui m'eût permis de m'octroyer le droit, nécessaire et complexe, de souffrir. Je croyais en une hiérarchie du désespoir : s'il y avait au monde une plus grande souffrance, la mienne s'en trouvait niée. Je pensais qu'il me fallait tout bonnement assurer ma laideur et qu'en être malheureuse était moralement inacceptable.
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Je considérais les autres d'un oeil à la fois critique et empathique. Pourquoi se plaignaient-ils à longueur de temps au lieu de se détendre et de se rendre compte qu'ils avaient la vie belle ? Ils avaient tous l'air d'attendre un miracle qui les fasse avancer, un évènement hypothétique qui leur permette de vivre pleinement leur vie. Tout le monde, que ce soit ma mère ou les personnages des livres que je lisais (qui étaient pour moi aussi réels et importants que les vraies personnes), ne cessait de lorgner sur le sort des autres, de l'envier, de vouloir se l'approprier. J'aurais voulu qu'ils s'arrêtent, qu'ils se rendent compte de ce qu'ils possédaient : leur santé, leur force. Je pensais à ce que serait ma vie si j'avais ne fût-ce que la moitié de leur chance. Mais aussitôt je me prenais en flagrant délit de ce dont précisément je les accusais. Malgré ma lucidité, je devinais que la raison de cette lucidité tenait à l'hypocrisie qui au fond gouvernait ma vie.
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