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Plantagenêt et Tudor tome 7 sur 10

Céline Véron Voetelink (Traducteur)
EAN : 9782352871194
660 pages
Archipoche (06/05/2009)
4.14/5   289 notes
Résumé :
«Je serai sombre, française, à la mode et difficile ; vous serez douce, ouverte, anglaise et belle. Quelle paire nous formerons ! Quel homme pourrait nous résister ?» Tels sont les premiers mots prononcés par Anne Boleyn à l'endroit de sa soeur Marie quand elle la rejoint, en 1522, à la cour d'Angleterre.

Introduite au palais de Westminster, à l'âge de 14 ans, Marie Boleyn séduit le roi Henri VIII auquel elle donnera deux enfants. D'abord éblouie par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 289 notes
5 étoiles pour cette romance historique, c'est un peu cher payé, peut-être ?

Eh bien, non, j'ai adoré. Que dis-je j'ai dévoré ce roman !
Peu importe si la réalité historique fut autre, peu importe si le caractère des donzelles - les soeurs Boleyn - est sans doute exagéré, je me suis littéralement transportée à la Cour du roi d'Angleterre Henry VIII. Avec délectation, et sans remords ni honte, je n'ai perdu aucune miette des émois des courtisanes, des déceptions des unes, des espérances des autres, des complots ourdis par les pères et oncles de grande famille, des manigances pour plaire au roi, des coups bas et des finauderies ...

J'avais également beaucoup aimé la série Les Tudors qui est librement adaptée de la réalité historique, tel le roman. Cependant, le roman de Philippa Gregory se centre beaucoup plus sur les personnages féminins, leurs convoitises et penchants amoureux.
Dans mon souvenir, le personnage d'Ann Boleyn, porté magnifiquement à l'écran par Nathalie Dormer, occultait tous les autres personnages féminins.
Philippa Gregory a fait un choix différent : mettre en avant Mary Boleyn, la soeur de la si scandaleuse Ann. D'ailleurs, le roman a pour titre : The Other Boleyn Girl, qui correspond nettement mieux au roman en comparaison à celui de la traduction française.
Mary apparait au début du roman comme une oie blanche. Elle m'a agacé plus d'une fois par sa niaiserie et son manque de mordant. A côté de sa soeur Ann, charmante, piquante, ambitieuse et ne reculant devant rien ( une Scarlett O'Hara en puissance !) , Mary faisait bien pâle figure...
Mais, dans ce roman, c'est elle la narratrice...C'est elle qui racontera l'histoire à sa façon, qui finira par séduire les lecteurs et qui ne manquera pas de les rallier à sa cause.


Une lecture exquise pour les vacances !



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Mary Boleyn, à peine mariée et encore adolescente, est poussée par sa famille à devenir la maîtresse d'Henry VIII Tudor. Les Boleyn et, surtout, l'oncle Howard de Mary, souhaitent obtenir les faveurs du Roi et n'ont pas trouvé de meilleure solution que de lui offrir la jeune fille qu'Henry convoite depuis quelque temps.
Mais Anne, la soeur de Mary, est revenue à la cour anglaise après un long séjour en France. La rivalité qui a toujours opposé les deux soeurs renaît de plus belle : Anne est jalouse de Mary, sa cadette, qui a donné deux enfants à Henry VIII. L'aînée des Boleyn tente alors de capter l'attention du Roi.
Quand elle y parvient, la famille Boleyn et l'oncle Howard décide de la pousser sur le trône à la place de Catherine d'Aragon, l'épouse d'Henry, qui n'a pas pu lui donner d'héritier mâle. Mary Boleyn doit donc céder la place à Anne, cette soeur qu'elle déteste autant qu'elle l'aime...

Ceux qui me connaissent bien (ou qui suivent mes critiques depuis un petit temps) le savent : j'adore l'histoire et la culture britanniques. Et j'ai un faible pour la monarchie Tudor qui, malgré la cruauté dont elle a parfois fait preuve (Henry VIII n'hésitait pas à faire décapiter tous ceux qui le gênait) est tout de même une grande dynastie.
Ma soeur a donc et la bonne idée de m'offrir ce roman, que j'ai adoré.
Raconté du point de vue de Mary Boleyn, il apporte un regard extérieur assez effrayant sur la personnalité d'Henry VIII et d'Anne Boleyn.
Bien entendu, il s'agit d'une fiction historique. L'histoire y est donc romancé et, d'ailleurs, j'ai un peu de mal à croire qu'Anne Boleyn ait été aussi cruelle. Mais en ce qui concerne la tyrannie dont Henry VIII a souvent fait preuve, Philippa Gregory respecte assez bien l'histoire réelle...

Ce qui attire d'abord l'attention dans ce roman, c'est l'opposition qui existe entre les deux soeurs Boleyn. Mary est douce et gentille, elle a un physique typiquement anglais, avec ses cheveux blonds et son teint pâle. Anne, est plus "exotique", elle est brune et ténébreuse, dure et froide, et possède une séduction presque diabolique (ce qui lui vaudra quelques soucis à la fin de sa courte existence...). Anne elle-même perçoit cette différence entre elle et sa soeur et décide d'en jouer quand elle lui dit :
“I shall be dark and French and fashionable and difficult. And you shall be sweet and open and English and fair. What a pair we shall be! What man can resist us?”
Cette opposition se retrouve également dans leur caractère : Mary est un peu naïve, presque idiote diront certains. Elle n'a pas un grand sens de la repartie et a du mal à servir des réponses spirituelles à Henry VIII lorsque celui-ci commence à lui faire la cour. Anne, en revanche est vive et spirituelle et possède un grand sens de la repartie : elle n'a aucun mal à discuter sur un pied d'égalité avec le Roi, même sur des sujets aussi sérieux que la théologie ou la poilitique.
Au début du roman, c'est Anne qui semble la plus sensée et la plus intéressante des soeurs Boleyn. Mary, elle, est reléguée au second plan malgré son rôle de narratrice.
Mais au fil du récit, Anne s'endurcit de plus en plus ; tandis que Mary devient de plus en plus sensée. On éprouve alors plus de sympathie pour cette "autre Boleyn" (Mary) auquel le titre du roman fait référence.

Philippa Gregory s'amuse également à opposer les cours successives de Catherine d'Aragon et d'Anne Boleyn. Au début du roman, l'ambiance de la Cour est plutôt bon enfant. Les messieurs accompagnent le Roi dans les appartements de Catherine et y font une gentille cour aux dames de compagnie de la Reine. Tout se passe de façon très courtoise.
Quand Anne montera sur le trône, cette même Cour va se transformer. On ressent, grâce aux descriptions que nous en fait Mary Boleyn, une ambiance de débauche et d'orgie qui n'existait pas du temps de Catherine. La "première Reine" d'Henry VIII était pieuse et vertueuse, mais Anne ne vit que pour son plaisir et pour séduire le Roi. Ses appartements accueillent constamment des musiciens, des poètes, des hommes qui font une cour moins subtiles à ses dames...
Les conditions de vie à la Cour se durcissent. Henry VIII est de plus en plus entouré par des gens qui souhaitent obtenir ses faveurs et sont prêts à tout pour y arriver.
Les conditions de vie des femmes de l'époque sont également bien expliquées par Philippa Gregory, toujours par le biais de Mary. Cette dernière, une fois qu'elle n'est plus la favorite d'Henry, est littéralement oubliée et ignorée par sa famille. Elle ne sert plus qu'à seconder Anne, à la conseiller afin que celle-ci conserve l'affection du Roi. Mary, devenue veuve, ne peut même pas se choisir elle-même un nouvel époux. On la prive de ses enfants, qu'elle ne voit qu'une fois par an alors qu'elle souhaiterait les élever elle-même. Elle est rejetée le jour où elle se marie sans l'autorisation d'Anne et de leur oncle Howard (qui est le chef de famille).

Dure époque que celle du XVIe siècle anglais. Et pourtant, on ne peut se retenir d'éprouver une certaine admiration pour Henry VIII et ses deux premières épouses. Malgré son caractère épouvantable, Henry VIII est un grand monarque et le prouve plus d'une fois dans le roman de Philippa Gregory. Au début de son règne, il sait s'entourer d'hommes intelligents, qui dirigent le Royaume à sa place et de main de maître (le cardinal Wolsey, Thomas More, Cromwell et bien d'autres). Catherine d'Argaon, fille des Rois catholiques (Isabelle et Ferdinand) a été élevée pour régner. Elle a toutes ces qualités qui font les grandes Reines et le peuple anglais y est très attaché. Anne Boleyn, si elle ne dispose ni de l'éducation nécessaire à sa fonction, ni de l'affection du peuple, est néanmoins prête à tout pour régner. Sa pugnacité, son entêtement se révèlent payant. Et puis, surtout, on ne peut s'empêcher de la plaindre, puisqu'elle est poussée dans le lit du Roi par sa famille, qui souhaite s'élever grâce à elle.
Ce sont donc de grands personnages qui animent les 600 et quelques pages de ce roman. Evidemment, cela donne un récit fabuleux, qui nous plonge directement dans cette époque moouvementée. Une fois encore, Philippa Gregory parvient à rendre l'histoire passionnante. Effrayante aussi, étant donné la fin prématurée et cruelle infligée à certains grands personnages de l'époque.
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Il s'agit du titre de Philippa Gregory dont j'ai entendu le plus parler. Pour autant, ce n'est pas le premier que j'ai lu d'elle et c'est heureux.

Dans ce roman dense, j'ai été ébahie de la construction que nous offre Philippa Gregory. Pour ce moment qu'est un tel tournant dans le règne d'Henry VIII, j'attendais beaucoup. Je n'en suis pas déçue.
Premièrement, la personnalité des personnages est très bien esquissée. Je suis d'autant plus contente d'avoir lu Princesse d'Aragon en premier. On y voyait la personnalité d'Henri, déjà égoïste et vaniteux. On y voyait aussi celle de Catherine, fière, pieuse et déterminée. Ce sont des traits que l'on retrouve dans ce tome-ci. J'avais peur, j'avoue, de trouver une différence de personnalité, telle que j'avais pu le percevoir pour Elizabeth d'York. Ce ne fut pas le cas.
Pour la personnalité de George, là encore je l'ai trouvée assez conforme à l'idée que je me faisais de lui : courtisan, très lié à ses soeurs et à sa famille, ambitieux mais faillible. Philippa Gregory nous tisse un personnage qui va à sa perte. Je connaissais son destin et j'ai vu la tapisserie se tisser chapitre après chapitre, Philippa Gregory posant un jalon ici et là. le fait de procéder ainsi rend le sort inéluctable, l'intrigue compréhensible, le rythme bien dosé.

Pour ce qui est de Marie, c'était tout autre chose. D'elle, je ne connaissais rien. L'autre Boleyn. Un nom des mieux choisis. Narratrice de l'histoire, j'ai trouvé intelligent de lui donner ce rôle-là. Au centre de la passion du roi puis délaissée au profit de sa soeur, enfermée dans le carcan de la cour et des ambitions de sa famille, quel destin a-t-elle pu avoir? Au début, j'avoue ne pas avoir apprécié sa personnalité. Je la trouvais fade, ennuyeuse et peu intelligente. Sauf que c'était là le souhait de l'autrice. Nous n'avons pas ici une personnalité déterminée, fougueuse mais bien soumise à son époque, constatant l'inéluctable et pourtant aspirant à plus de droits, d'équilibre, de libertés. A travers elle, Philippa Gregory aborde la condition féminine. Après tout, qu'est-ce qu'une fille à cette époque si ce n'est un atout dans sa manche pour obtenir plus d'avantages pour sa famille? Une dote, des terres, des titres, des faveurs royales. S'il faut mettre une, deux voire trois nièces dans le lit du roi afin d'obtenir influence, qu'il en soit ainsi et peu importe la perte de leur vertu, encore moins leurs aspirations personnelles.
C'est un personnage qui évolue. Il faut dire qu'elle a été mariée jeune. C'est une adolescente qui finit dans le lit d'un roi! Toujours poussée par sa famille, tel un pion, on finit par se prendre de compassion pour elle et aspirer à ce qu'elle obtienne ces quelques rêves qui nous semblent si en décalage avec sa famille : vivre d'amour, dans un coin rural, avec sa famille. Si contraire à son éducation, à la conduite de sa propre famille, prête à la renier sur une décision contraire à leurs intérêts. C'est en définitive des aspirations pleine de sagesse. L'image qu'elle a d'elle-même dans ce récit, confortée par ses proches, est dure, confortant notre compassion. Enfin, j'ai été sensible à sa position vis-à-vis de Catherine. Peu dupe sur sa soeur et Henri, trouvant la princesse d'Espagne estimable, mais coincée par le rôle que lui donne sa famille, elle se retrouvait souvent confrontée à un choix, savait qu'elle faisait sciemment le mauvais d'un point de vue éthique et s'en ouvrait avec franchise vis-à-vis de la reine. C'est là son sort : être au milieu de tous, constater avec clairvoyance et faire ce qu'elle ne veut faire mais le faire tout de même.
Philippa Gregory lui a donné vie à elle, qui fut oubliée de l'Histoire, nous offrant une héroïne bien moins terne au final que ce qu'elle nous donnait d'elle au début.

Maintenant, passons à Anne Boleyn. C'était le personnage vis-à-vis duquel j'avais le plus d'attentes, je ne vais pas le nier. Objectif rempli, Philippa Gregory. Là encore, par touches successives, l'autrice nous brosse un portrait vraisemblable. Avant même qu'elle ne soit favorite d'Henri, c'était une jeune fille fougueuse, séductrice, intelligente et égoïste. Toujours en rivalité avec sa soeur, la blessant continuellement, arrogante dans son entourage, persuadée de sa supériorité, intriguant du haut de ses seize ans : c'est une personnalité complexe mais crédible pour celle qui fit comprendre à Henri quel tyran il pouvait être. Philippa Gregory montre son ambition, la séduction, la passion mais aussi la crainte, la déchéance. On la déteste mais on est fasciné. On la trouve cruelle et pourtant on compatis à son sort. On la trouve capricieuse mais on admire son intelligence et même son culot, quand elle repousse les limites encore et encore. Ce personnage a marqué L Histoire et Philippa Gregory le montre véritablement dans ce récit.

Entre l'ascension et le déclin des Boleyn, une part belle est donnée à la séduction, à la passion. Beaucoup moins à la romance pure. D'un autre côté, dans un monde de courtisan, on sait que le calcul est nécessaire et Philippa Gregory l'a bien orchestré. Badinage, séduction et amours interdits tout cela y est. Je suis impressionnée par la manière dont l'autrice nous raconte la cour d'Henri VIII pour Anne Boleyn. Une passion magnifiquement narrée. Il s'est dit ensorcelé. On le sent tout de suite. On sent la tension, le feu qui les dévore, le juste équilibre qu'Anne Boleyn doit garder en main pour ne pas trébucher. On sent cette folie destructrice. L'ascendant qu'elle a sur lui. La chute est d'autant plus brutale qu'elle a donné le ton et que d'autres l'imiteront pour la faire chuter... Un retour de bâton amer s'il en est.
Dans cette atmosphère de séduction Une chose reste cependant assez peu développé mais peut-être était-ce trop lourd pour un tel récit, et au final peu à portée du jugement de Marie : les questions théologiques, la montée de l'Eglise anglicane.
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Le puissant roi d'Angleterre Henri VIII usa six épouses, dont deux périrent décapitées sur son ordre. À la couleur près - il était d'un roux flamboyant - nul doute qu'il contribua à la légende de Barbe bleue !

« Deux soeurs pour un Roi » débute en 1521 et s'intéresse à la première partie de son règne, au temps de sa splendeur, et s'achève en 1536 sur l'avènement de sa troisième épouse, Jane Seymour. Les deux soeurs en titre du livre sont Marie et Anne Boleyn. Marie, "blonde et anglaise", fut une de ses premières maîtresses, avec qui il aurait eu des enfants naturels. Anne, "brune et française", devint sa seconde épouse, après l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon. Ce qui fait l'originalité de cette histoire, c'est qu'elle nous est contée de l'intérieur par Marie, « The Other Boleyn Girl », la plus méconnue des deux soeurs Boleyn.

D'emblée, ce roman historique m'a conquise car il est très bien écrit et extrêmement réaliste. Philippa Gregory a un don pour mettre en scène et rendre proches ses personnages. Certes, elle prend délibérément des libertés avec L Histoire, mais c'est pour mieux servir l'aspect intime et féminin du récit. le résultat est passionnant et beaucoup plus subtil, je trouve, que les séries racoleuses à grand spectacle sur les Tudors. Les luttes d'influence entre les grandes familles qui cherchent à placer leurs filles dans la couche du souverain pour renforcer leur pouvoir sont très bien rendues. On découvre aussi comment la petite histoire fait la grande. Par exemple, le stratagème dont use Henri pour invalider son premier mariage le conduira à rompre avec Rome pour créer l'Eglise anglicane.

Faveurs, disgrâces, amours et trahisons, violence physique et psychologique... Ce roi à l'égo démesuré, véritable ogre du XVIe siècle, nourrit une formidable oeuvre de fiction qui appelle naturellement à lire la suite, intitulée « L'Héritage Boleyn ».
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Deux soeurs pour un roi raconte l'histoire des soeurs Boleyn face au roi Henri VIII constamment insatisfait de ses épouses qui ne parviennent pas à lui donner un fils. Ce XVIème siècle anglais assez particulier nous est raconté par Mary, la plus jeune des soeurs. Elle est repérée par le roi pour sa douceur et son calme. Puis sa soeur ainée, Anne, revient de la cour de France, très à la mode à l'époque. Elle est jeune, belle, et a un tempérament de feu qui intrigue le roi et qui se démarque de toutes ces jeunes femmes qui sont à ses pieds. Peu à peu, Henri VIII délaisse Mary et sa femme d'alors, Catherine d'Aragon. Il est hanté par Anne qui se refuse à lui tant qu'ils ne seront pas mariés. Seulement, le divorce n'existe pas à l'époque. Un mariage ne peut être annulé que par le pape. La femme d'Henri, Catherine, avait d'abord épousé le jeune frère de celui-ci, Arthur, avant qu'il ne meurt prématurément à l'âge de 15 ans. Auprès de la papauté, Henri VIII tente donc de faire annuler son mariage sous prétexte que Catherine n'était plus pure pour leurs noces. le pape refuse tout argument et maintient le mariage. Henri VIII décide alors de se séparer de l'Eglise de Rome et de créer sa propre Eglise : l'Eglise anglicane. Il y a alors un « divorce royal » et Henri VIII est libre d'épouser Anne Boleyn.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Anne Boleyn, maintenant reine, a pour charge de donner un héritier au trône. Henri VIII est obsédé par cette succession mâle que Catherine n'a pas su lui donner (ils ont eu un fils qui est mort quelques jours après sa naissance et une fille qui, elle, se porte bien, Mary). L'histoire veut tristement qu'Anne ne parvienne pas à donner de fils au roi. Nait une fille, la future Elizabeth Ière, l'une des reines les plus puissantes que l'Angleterre ait connue... pourtant complètement délaissée par son père.

Le roman, pour en revenir au fond, raconte parfaitement ces histoires de pouvoir et ces jeux d'influence. Racontée à la première personne du point de vue de Mary, l'histoire nous fait comprendre l'honnêteté de la jeune femme et l'ambition grandissante de sa soeur aînée. Ce point de vue nous immisce dans la vie anglaise de cette époque et on imagine sans mal les châteaux aux vieilles pierres ainsi que les demeures un peu perdues dans les larges étendues campagnardes. Ce roman met aussi l'accent sur les mariages arrangés : c'est le cas de la famille d'Anne Boleyn, qui souhaite mettre la jeune femme entre les mains du roi dès qu'il se lasse de Mary. La position de favorite apporte en effet une meilleure condition sociale, des titres et beaucoup d'argent à la famille de (l'heureuse ?) élue. Anne se prend ensuite au jeu.

Deux soeurs pour un roi est certes un gros pavé, mais on plonge dedans sans problème. La traduction de l'écriture de Philippa Gregory est fluide et très agréable à lire. C'est un bon roman pour en apprendre davantage sur les moeurs de ce XVIème siècle anglais méconnu dont on ne retient, la plupart du temps, que l'image d'un roi obèse sur la fin de sa vie, déambulant dans des palais sombres.

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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
[Marie Boleyn, Été 1526]
La reine hocha la tête en apprenant, comme les courtisans qui tendaient l'oreille, qu'elle n'accompagnerait pas le roi dans son périple estival.
– Merci, répondit la souveraine avec une dignité simple. La princesse m'écrit qu'elle fait de grands progrès en grec et en latin.
– Cela ne lui sera guère d'utilité pour concevoir des fils et des héritiers, répliqua sèchement le roi. J'espère qu'elle ne deviendra pas une savante voûtée. Le premier devoir d'une princesse est d'être la mère d'un roi, comme vous le savez, madame.
La fille d'Isabelle d'Espagne, l'une des femmes les plus intelligentes et les mieux éduquées d'Europe, croisa ses mains sur ses genoux et baissa les yeux vers les riches bagues qu'elle portait aux doigts.
– Je le sais, en effet.
Henri se leva brusquement en claquant des mains. Les musiciens s'interrompirent aussitôt, attendant ses ordres.
– Une gigue ! ordonna-t-il. Dansons avant le dîner !
Ils s'exécutèrent aussitôt et les courtisans se mirent en place. Henri s'avança vers moi. Je me levai mais il me sourit seulement avant de tendre la main à Anne. Les yeux baissés, elle passa devant moi. Sa robe me frôla avec impertinence, comme pour me signifier de reculer. Levant les yeux, je croisai le regard de la reine, aussi vide que si elle eût observé des pigeons pépiant dans un colombier, persuadée de leur insignifiance.
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[...] ... - "Comment vous portez-vous, Votre Majesté ?" m'enquis-je ( 1 ) avec prudence.

Il leva la tête et darda sur moi des yeux injectés de sang.

- "Mal," répondit-il doucement.

- "Qu'y a-t-il ?"

Il ressemblait à un petit garçon, ce soir-là, perdu et triste.

- "Je n'ai point couru les joutes ce jour. Je ne courrai plus.

- Jamais ?

- Peut-être jamais.

- Pourquoi, Henry ?"

Il marqua une pause puis déclara, d'une petite voix :

- "J'ai pris peur lorsque mon écuyer me sangla dans mon armure. N'est-ce point honteux ?"

Je ne sus que dire.

- "Les joutes sont affaires dangereuses," reprit-il avec ressentiment. "Vous autres femmes, installées dans les tribunes, préoccupées de gages et de faveurs, écoutant les hérauts sonner les trompettes, vous ne l'entendez point."

J'attendis.

- "Et si je périssais ?" demanda-t-il soudain. "Qu'adviendrait-il alors ?"

Un horrible instant, je crus qu'il s'enquérait du salut de son âme.

- "Nul ne le sait avec certitude", répondis-je d'une voix hésitante.

Il écarta mes paroles d'un geste.

- "Pas cela. Qu'advient-il du trône de mon père ( 1 ) , qui pacifia le royaume après des années de lutte ? Nul autre n'y serait parvenu, et il avait deux fils ( 2 ), Mary ! Il assura la sécurité du pays, autant sur les champs de bataille que dans son lit. J'ai hérité d'un royaume doté de frontières bien gardés, de lords fidèles, d'un trésor remplir d'or, mais je n'ai personne à qui le transmettre."

J'inclinai la tête, émue par l'amertume contenue dans ces paroles.

- "La terreur de périr sans un fils pour me succéder m'exténue. Je ne puis jouter, ni même chasser d'un coeur léger. Lorsque s'élève un obstacle devant moi, je n'éperonne plus mon cheval pour le franchir d'un bond, épouvanté à l'idée de ma mort et de la vision de la couronne d'Angleterre accrochée dans un buisson d'épines." ... [...]


( 1 ) : Mary Carey, née Boleyn.

( 2 ) : Henry, comte de Richmond, devenu Henry VII, premier souverain Tudor et descendant de Jean de Gand, en d'autres termes d'Edouard III Plantagenêt.

( 3 ) : Arthur, Prince de Galles et premier époux de Catherine d'Aragon, mort de la suette ou de la tuberculose, à l'âge de seize ans, et Henry, duc d'York, qui deviendra Henry VIII.
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[...] ... - "Quel est le secret de l'emprise de [votre soeur] sur [Henry], selon vous ?

- Ils se ressemblent," répondis-je, laissant mon antipathie à leur endroit se glisser dans ma voix. "Aucun des deux ne s'arrêtera à rien pour obtenir ce qu'il veut et gardera, avec une détermination inébranlable, les yeux sur sa cible. Et, à présent que leurs désirs coïncident, ils sont ..." Je marquai une chose, cherchant le mot juste. "Formidables", terminai-je.

- "Je peux être formidable", énonça la Reine ( 1 )

Je lui lançai un regard de biais. N'eût-elle été la Reine, j'aurais passé mon bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi.

- "Qui le sait mieux que moi ? Je vous vis tenir tête au Roi encoléré et vous opposer à deux cardinaux ainsi qu'au Conseil privé. Mais vous servez Dieu, vous aimez le Roi et vous adorez votre enfant. Vous ne vous laissez point guider par cette unique question : "Qu'est-ce que je veux ?"

Elle secoua la tête.

- "Ce serait péché d'égoïsme."

Je regardai les deux silhouettes [Anne Boleyn et Henry VIII] au bord du fleuve, les deux plus grands égoïstes qu'il m'eût été donné de rencontrer.

- "En effet." ... [...]

( 1 ) : Catherine d'Aragon, infante de Castille et d'Aragon, puis princesse de Galles et reine d'Angleterre, fille de Ferdinand II d'Aragon et d'Isabelle Ière de Castille la Catholique, mère de Mary Ière Tudor.
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Jane Seymour choisit sa robe de mariée le jour où ma soeur fut exécutée. Je ne l'en blâmai pas, Anne ou moi eussions fait de même. Henri changeait vite d'avis et il fallait se montrer sage et le suivre sans s'opposer à lui. Surtout à présent. Il avait divorcé d'une femme irréprochable et en avait décapité une autre : il connaissait son pouvoir.
Jane serait reine et ses enfants, quand elle en aurait, deviendraient princes et princesses. Ou bien elle attendrait, comme les autres, de concevoir en sachant, mois après mois, que la patiente et l'amour du roi s'amenuisaient. Peut-être aussi que la malédiction lancée par Anne-sa mort en donnant naissance à un fils-se réaliserait. Je n'enviais pas Jane Seymour. J'avais vu deux reines mariées au roi Henri, aucune n'en avait retiré beaucoup de bonheur.
Quant à nous, les Boleyn, mon père avait raison, il nous fallait surivre. Avec la mort d'Anne, mon oncle Howard avait perdu une bonne carte, qu'il avait jouée comme Madge et moi. Je savais qu'il trouverait toujours une autre fille à offrir, que celle-ci fût destinée à séduire le roi ou à devenir un exutoire à sa fureur. Il jouerait de nouveau. Mais, pour l'heure, nous, les Boleyn, étions détruits. Nous avions perdu la reine Anne, la plus célèbre d'entre nous. Elizabeth ne vallait rien, moins encore qe la princesse Marie, déjà si méprisée. Jamais elle ne serait appelée princesse, jamais elle ne prendait place sur le trône.
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Pendant le banquet, George et moi, assis côte à côte, observâmes notre sœur, à côté du roi.
- Nulle autre femme n'eût réussi, déclara mon frère. Elle se montre déterminée à prendre place sur le trône.
- Ce ne fut jamais mon cas, observai-je. Je désirais seulement ne pas être délaissée.
- Oubliez cela, me conseilla George avec sa franchise habituelle. Vous et moi ne sommes plus rien. Elle demeurera la seule Boleyn dont on se souviendra jamais.
Au mot "rien", mon amertume me quitta soudain et j'affichai un grand sourire.
- Vous savez, le bonheur pourrait fort bien consister à n'être "rien".
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