Voici un autre recueil de lettres de poilus, comme on en a déjà vu quelques-uns. Ce qui est un peu gênant au départ, c'est ce titre aguicheur, démagogue, voire indécent.
Et pourtant, tout le problème est bien là. On est dans une correspondance destinée à la famille, issue de soldats qui étaient séparés, privés de leur famille.Et on entre dans une certaine intimité qui peut être dérangeante, mais, il faut bien l'avouer reflète une réalité vécue par un grand nombre de nos anciens, et qui n'avait rien de réjouissant.
C'est peut-être ça qui est dérangeant. C'est que c'est du vécu !
J'ai envie de faire lire ça à nos enfants, pour susciter du débat.
Ils ont à la fois plus de recul et autant de sensibilité pour aborder ces moments de l'histoire.
D'où l'utilité de ce genre de recueil.
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Ce petit recueil de lettres et de morceaux de journaux intimes m'a beaucoup touché. Et bien que déjà au courante de la réalité de la guerre grâce à mes études, cette plongée soudaine dans l'intimité et le quotidien des poilus et de leur famille m'a une fois de plus démontré l'horreur des décisions des hommes de pouvoir. Des familles déchirées par l'éloignement, tentant de rester soudées par des lettres. Des familles déchirées par la mort qui ne pourront jamais plus communiquer. L'angoisse, l'espoir, l'incompréhension et la colère. Voilà ce que dégagent ces cartes postales, ces lettres et ces petits bouts de papiers.
J'ai trouvé cela attendrissant de voir des pères s'inquiéter de leurs enfants alors que leur propre vie est en danger. L'un d'entre eux, par contre m'a fait éprouver l'inverse en parlant de sa fille, comme un objet moche dont l'unique objectif était de la marier. Il est triste de voir que pour certaines personnes, même pendant ces heures sombres où beaucoup revoient la notion d'être humain, leur point de vue n'ai pas changé. Pendant que certains espèrent que leurs enfants trouveront des métiers « tranquilles » et ne connaîtront pas la mort, d'autres continuent à vivre comme ils ont vécu et à faire vivre leurs enfants dans ce même mode de pensée.
Pourtant tout à changé : les femmes doivent travailler dans les usines et dans les champs, afin de continuer à faire vivre le pays et leurs enfants. Les enfants sont en contact avec la guerre au travers la propagande de l'école, des hommes de pouvoirs et de « l'ennemi » lorsqu'il conquiert un territoire. Les enfants tiennent leurs journaux intimes et y écrivent leur espoir de revoir leur père, de voir « l'ennemi» mourir. L'innocence a disparu. La femme est une femme forte et indépendante.
Et pourtant… Ils ont besoin de l'un et de l'autre. Ils ont besoin de cette présence et écrivent des lettres, des cartes postales. Ils envoient des photos. Ce livre montre l'importance de la famille, qui lorsqu'elle est séparée, se sent démunie.
J'apprécie que l'auteur ai eu l'idée de découper son livre en plusieurs étapes et de donner quelques introduction pour contextualiser les différents extraits que l'on retrouve dans son livre. Il est horrible de se dire que beaucoup savaient à quoi s'attendre, refusaient de le faire car cela leur semblait stupide de tuer d'autres humains, mais que, pour revoir leur famille, ils obéissaient aux ordres. Quel drôle de monde. On pourrait espérer que ce genre de livre puissent être lu par tout le monde afin de ne pas réitérer les mêmes bêtises.
Un livre que je recommande à tous.
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Un livre triste mais émouvant pleine de tendresse et d'amour.
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Je regretterai ce que je n'ai pas fait,tout ce que j'aurais du pouvoir faire;mais je penserai en même temps que tu es là, toi,mon fils,pour me continuer,pour réaliser ce que j'avais seulement projeté ou rêvé.
Aux Armées, le 11 octobre 1916
Lieutenant Després
D'Albert-Jean Després à son fils Albert 11 octobre 1916
Embrasse bien mes chers Petits que j'aime tant et tant,cause leur tout de même un peu de moi,il ne faut pas qu'ils oublient Papa.
De Marin Guillaumont à sa femme Marguerite 15 décembre 1914
Papa chéri,
Je t'envoie le drapeau de la Victoire,il nous viendra couvert de gloire en 1914 et tous les chers papas rentreront dans leur foyer.
Ta petite Suzette
(de Suzette à son père)
Ma chérie,
Ça ne te dit rien le bonhomme qui est sur la carte : il paraît que la France en a besoin pour les faire tuer : quand ils seront grands, naturellement....
(De Marcel à son épouse, 12 mars 1917.)
Ecrivain, historien, ancien élève de l'école normale supérieur, ancien directeur de la Culture des Musées des Lettres et Manuscrits de Paris et de Bruxelles, Jean-Pierre Guéno est un "passeur de mémoire" qui aime retrouver les manuscrits, les sources, et les partager.
Retrouvez ici sa présentation des correspondances de Guillaume Apollinaire pendant la Première Guerre Mondiale.