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°°° Rentrée littéraire 2022 # 33 °°°

Qui connaît Marc Papillon de Lasphrise à part quelques amateurs de poésie baroque ? Poète-soldat contemporain de Ronsard, il combattit aux côtés des Ligueurs et des Guise durant les guerres de religion, un dur à cuire sur son cheval; avec son armure de près de cent kilos, il était envoyé briser les lignes adverses. Retraité de la soldatesque à 40 ans, retiré dans son fief de Touraine, couturé et balafré, perclus de rhumatisme, il décide de se consacrer à la publication définitive de sa poésie. Il est supposé mourir en 1599 mais pas de tombe, comme s'il s'était volatilisé.

Hubert Haddad ne propose pas un roman biographique conventionnel même s'il injecte dans la première partie de son récit le peu d'éléments biographiques dont on dispose sur Marc Papillon. Dans son dernier poème empli d'exaltation, celui-ci lance un pacte faustien au Diable : tant que sa poésie ne sera pas reconnue et célébrée, il ne mourra pas. L'écrivain prend au mot le poète et l'imagine immortel en quête de gloire errant à travers les temps.

A partir de la deuxième partie qui démarre en 1599 donc, Marc Papillon traverse les siècles et se confronte à l'Histoire de France et à ses grands événements mais de biais, par des anecdotes et des rencontres avec des personnages secondaires toujours savoureux, jusqu'à déborder notre époque dans un Paris de demain. La Révolution française, les guerres napoléoniennes, la Commune, les deux Guerres mondiales servent ainsi de décors à cet extraordinaire roman picaresque temporel. On se régale de la fantaisie de ce personnage sans cesse déphasé, devant s'adapter sans fin aux nouvelles réalités ( linguistiques, vestimentaires, scientifiques, technologiques ), se confrontant également aux milieux littéraires de chaque époque.

« Les décennies se succèdent à la vitesse de l'oubli et s'effacent dans un clignotement d'étoiles. »

A mesure que le récit avance, la fantaisie poétique se teinte d'une puissante réflexion sur le Temps et gagne en épaisseur en acquérant cette dimension philosophique. Marc Papillon devenu immortel devient une créature métaphysique confronté au tragique de l'existence humaine.

« Que valent jours, mois et années pour l'insensé qui, ajournant son Salut au profit d'une hypothétique gloire, se sera lui-même condamné à la survivance ? Marc Papillon, sieur de Lasphrise, empli de cette candeur phénoménale que partagent les soldats et les poètes, avait trop de morgue pour en convenir. de tout, fors l'orgueil, on admet l'emprise. »

Au fil des siècles, il ne cherche plus à jouer à la vie, il se dépouille de ses vanités, de ses aspirations initiales, de sa poésie même, jusqu'à n'espérer plus rien que l'amour, que retrouver sa « Nouvelle inconnue », cette femme aimée qu'il perd à chaque fois et retrouve sous un autre visage quelques décennies plus tard. L'immortalité n'est que mélancolie à apprivoiser.

« Papillon à cet instant de recueillement ne jouait plus à la vie ni même en proie à ce comble du divertissement qu'est l'ennui. Il pleurait à l'écoute de la pluie et du vent, de cette durée si ténue qu'une musique virtuose simulait au pli même du présent et de la mémoire. N'existe-t-il en ce monde que des parenthèses temporelles qui s'effacent à la suite les unes des autres comme des paysages entrevus ? Il n'avait rien oublié du soleil de Moissy, l'été, dans un vacarme d'insectes et de passereaux, ni des longues nuits d'hiver faussées par la clarté de neige des songes. Mais les visages adorés, éphémères reliquaires de l'âme, s'étaient défaits aussi vite que les nuages sous un ciel précipité. »

Dans cette odyssée fantastique, l'émotion ne naît pas nécessairement du sort tragique de Marc Papillon, le récit a quelque chose de actuellement glacé, le lecteur survolant le récit en surplomb sans être vraiment touché par les êtres du dessous. Mais l'émotion naît de la beauté de l'écriture, elle affleure en permanence au détour de phrases absolument sublimes. le regard subtil de l'auteur sur la complexité humaine fusionne avec une écriture à la fois flamboyante et précieuse, éclatante par la richesse de son vocabulaire ( c'est bien d'avoir un dictionnaire à proximité, j'ai ainsi découvert de très beaux mots ).

« Prêt de rendre l'âme, il avait mis celle-ci aux enchères ; mais quel était l'enjeu véritable ? Il avait vu s'effacer comme buée ses contemporains jeunes et vieux, tant d'amis chers et d'amours impérissables. le monde humain pour lui était une serre à papillons ; les plus belles parures ocellées d'un jour ou d'une nuit voletaient autour de ses mains vides et de son visage. »

Une proposition littéraire rare et exigeante, portée par un talent de conteur évident.
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Hubert Haddad est un caméléon me semble-t-il, de style japonisant avec « le Peintre d'éventail », de style scientifico-philosophique dans « Corps désirable » et là, de style baroque avec son dernier roman « L'invention du diable ». Cet auteur, qui a reçu le grand Prix SGDL de littérature pour l'ensemble de son oeuvre, sait adopter le style qui sied à son thème, se réinventer, et cette façon de faire force l'admiration. J'imagine le travail important qu'il y a derrière chacun de ses livres, notamment en termes de préparation pour bien connaitre son sujet et pour le traiter de façon si originale. Les quelques livres lus de lui m'ont en effet étonnée tant le sujet est chaque fois abordé de façon surprenante. Il sort à chaque fois des sentiers battus de la littérature contemporaine et transcende son objet d'étude.

C'est bien un roman baroque à l'écriture ciselée qui caractérise son dernier livre. Hubert Haddad se base sur la vie du véritable Marc Papillon de Lasphrise, poète baroque satirique et érotique, né près d'Amboise vers 1555 et mort vers 1599, pour en faire un roman flirtant par moment avec le fantastique.

Après avoir connu l'amour et la guerre, après avoir flirté avec la mort, enfant, suite à une ruade violente à son encontre par une truie, il l'imagine pactisant avec le diable : tant que ses Poésies n'auront pas accédé à la prospérité, il ne connaitra pas de repos éternel. L'immortalité sera sa malédiction. Les multiples et courts chapitres du livre sont ensuite dédiés aux différentes péripéties que Papillon va rencontrer après l'année 1599, année réelle de sa mort, péripéties nous permettant d'appréhender l'Histoire de France car il va en effet traverser les époques depuis la fin du XVème Siècle jusqu'au milieu du XXème Siècle. Nous croisons des scènes médiévales d'exécutions publiques, d'obscures remèdes médicaux à base de saignées, des scènes sensuelles et cocasses de libertinage galant où les femmes « s'encadrent de vilaines mouches pour gagner par contraste en appâts », un enfermement dans la Bastille avec Le Marquis de Sade, Une rencontre surprenante avec Napoléon…jusqu'à la Gestapo dont il échappe de peu. A chaque période les écrits de Marc Papillon sont plus ou moins bien accueillis.
Chaque aventure n'est pas dénouée d'humour et de sensualité, à la recherche de femmes dont les senteurs de lait, d'encens et de musc lui rappellent d'anciennes émotions « qu'il avait cru dissoutes dans les acides du temps », à la recherche de son Inconnue idéale.

« Il y avait là, belle et blonde, couchée à demi sur un lit à baldaquin richement drapé de taffetas une dame encore jeune, dignement parée, en robe de réception, un sobre collier de diamants sur une gorgerette blanche, qui semblait à cet instant attendre les saints sacrements ».

Mais quel étonnement de la part des mignonnes lorsqu'elles s'aperçoivent que le doux Papillon, contrairement à elles, ne vieillit pas, tout immortel qu'il est :
« Sans que leur flamme eût pâli, des années plus tard, un dimanche matin submergé de soleil liquide, Elfida réveillée par une volée d'hirondelles surgies en criant dans la chambre, découvrir avec consternation sa nudité flétrie, la peau distendue de son ventre et de ses cuisses. Malgré une ferveur intacte, relevant le visage, elle se mordit le poing pour ne pas gémir d'effarement en constatant pour la première fois en vingt années de vie commune le corps immuable de son amant, pareillement musculeux et robuste, avec cette tournure candide qu'ont les ours ou certains moines ».

Oui, Hubert Haddad est un caméléon, car figurez-vous que le plus original et le plus audacieux dans ce livre, est qu'il adapte son écriture aux époques traversées. D'un style baroque au début du livre, nous passons peu à peu à un style contemporain. Un véritable tour de force !
De belles réflexions sur le rôle de la poésie et des poètes éclairent chaque chapitre mettant en valeur la puissance intemporelle de la littérature.

Original oui, énormément même…Mais, il y a un mais…Est-ce cette originalité qui est à la fois source de plaisir et source de troubles me concernant ?… je suis restée comme spectatrice, sur le chemin. Est-ce dû au style tellement travaillé et magnifique, style très particulier voire complexe (que de phrases lues et relues, que de mots cherchés dans le dictionnaire !), style évoluant au fil du livre ? Un style tellement à part que je me suis tenue quelque peu à distance du personnage et de l'histoire, focalisée sur l'écriture dont les tournures me réjouissais, perdant parfois les pédales dans la compréhension de l'histoire, n'arrivant pas à me concentrer, ne comprenant plus où j'en étais et devant faire un effort de mémoire pour savoir quel était déjà l'objectif de l'auteur. le style a fait de l'ombre à l'histoire. C'est étonnant, c'est exactement le même ressenti que j'avais eu pour Corps désirable ; une attirance et une curiosité pour le thème choisi (la transplantation d'une tête sur le corps d'un autre) tout en restant à distance (cette fois ci complètement à distance) de l'histoire et des personnages, m'en voulant presque de rester si froide et hermétique. C'est comme si, en ce qui me concerne en tout cas, le style d'écriture d'Hubert Haddad et son ingéniosité empêchait de me connecter totalement à la narration, comme si, en voulant trop bien faire, il noyait un peu son histoire…L'arbre qui cache la forêt en quelque sorte. le talent stylistique plus fort que le talent de conteur, l'écriture alambiquée et travaillée tel un orfèvre écrasant la narration ?

Ça n'en reste pas moins un beau livre, exigeant, original en période de rentrée littéraire, dont l'écriture à elle seule vaut le détour…celle-ci m'a en effet procuré beaucoup de plaisir, source d'une lecture qui se mérite il est vrai, mais dont le murmure à haute voix procure un immense bonheur tant elle est belle et ingénieuse. C'est de plus, un bel hommage à la littérature, aux poètes et à la poésie, à sa puissance et à sa force intemporelle. A son immortalité. Je regrette d'être passée ainsi à côté de l'histoire.

Un poème de Marc Papillon de Lasphrise pour clore ce retour mitigé en beauté, morceau tiré de ses Amours de Théophile, et pour vous donner un aperçu de ses poésies qui sont restées dans la postérité…est-ce dire que son âme, quelque part, est restée présent à toutes les époques et les a traversées ? Sans doute…

« Ton poil, ton oeil, ta main, crêpé, astré, polie,
Si blond, si bluettant, si blanche (alme beauté)
Noue, ard, touche, mes ans, mes sens, ma liberté,
Les plus chers, les plus prompts, la plus parfaite Amie,
Mais ce noeud, mais ce feu, mais ce trait gâte-vie,
Qui m'enlace, m'enflamme, et me navre arrêté,
Etreint, encendre, occit, avecques cruauté,
Quel cheveu, quel flambeau, quelle dextre ennemie ?
Phébus, Cypris, l'Aurore (Ange du plaisant jour)
Ton poète, ta Mère, et ta cousine Amour,
Porte-crins, porte-rais, porte-doigts agréables,
Puisses-tu donc beau poil, bel oeil, et belle main,
Lier, brûler, blesser, mon coeur, mon corps, mon sein,
De cordelles, d'ardeurs, de plaies amiables.

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Voici un ouvrage très original au style assez singulier que l'on croise rarement dans le cadre d'une rentrée littéraire.

Dans son dernier roman, Hubert Haddad rend ici un bel hommage au poète du XVIème siècle Marc Papillon de Lasphrise et lui offre la vie éternelle après avoir passé un pacte avec le diable tant que son oeuvre n'aura pas connu le succès et la reconnaissance de tous.
Ce poète qui a échappé dans sa jeunesse d'une mort certaine après avoir été renversé par une truie va au cours des siècles faire de nombreuses rencontres qui le marqueront à jamais...

La lecture de ce roman baroque se mérite. "L'invention du diable"est un très beau texte qui a la particularité d'être très riche. Finalement j'ai mis beaucoup de temps à le lire car il demande une grande concentration du fait de ses longues phrases comportant de nombreuses descriptions. En faisant le choix d'espacer ma lecture entre chaque chapitre j'ai mieux apprécié la plume très poétique d'Hubert Haddad qui nous offre ici un beau voyage dans L Histoire française...
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Et si les Beatles n'étaient pas nés ? se demande Pierre Bayard. Peut-être écouterions-nous les Kinks en nous pâmant. L'uchronie, expliquait-il sur France Culture, nous oblige à réfléchir sur nos goûts : dans l'infini des possibles, il existe un monde où c'est Anatole France et non Marcel Proust qui est considéré comme le grand écrivain national.
(Parenthèse digressive : c'est marrant, imaginer un univers sans Michel Houellebecq ne me procure aucune angoisse particulière)
Bref, la postérité tient à bien peu de choses et le génie ne saurait l'expliquer à lui seul.
Ainsi, nous vivons dans un monde où Marc Papillon, seigneur de Lasphrise, auteur des « Amours de Théophile » et de « L'Amour passionnée de Noémie », est parfaitement inconnu, au grand dam de Marcel Coulon qui tenta de comprendre pourquoi celui qu'il considèrait comme « le chantre de l'amour sensuel le plus talentueux de la Renaissance » laissa si peu de traces dans les anthologies. Vous me direz que Marcel Coulon n'est lui-même pas très gâté par les trompettes de la renommée, mais il existe bien des gens qui croit de bonne foi que Molière est une grosse dent du fond, alors relativisons.
Donc, Coulon préfèrait Ronsard à Lasphrise mais Lasphrise à Du Bellay. Et Jacques Roubaud récite, fort bien ma foi, sur YouTube, le Sonnet en langue inconnue. Finalement, le XX°, puis le XXI° ne sont pas si oublieux du poète angevin.
Mais c'est Hubert Haddad qui enfonce le dernier clou dans le cercueil de Papillon en inventant le plus excitant des paradoxes : en faisant de lui le héros de son roman, en rendant justice au poète-soldat, il fait mourir celui qui avait décidé de rester en vie tant que ses oeuvres ne le rendraient pas immortel.
On sait qu'il s'agit là d'un des marronniers de la poésie ronsardienne : Quand vous serez bien vieille, le soir à la chandelle, vous serez bien contente de demeurer belle à jamais grâce aux vers que je m'en vais écrire séance tenante dès que vous aurez eu l'amabilité de passer à la casserole.
Lasphrise, lui, plus humble, plus émouvant, s'adresse à son livre qui s'en va vivre sa vie sans lui :
Tu rebanderas bien les insolents brocards ;
Courage, après ma nuit nous survivrons gaillards,
Et ceux qui nous blâmaient chanteront nos louanges.
Alors, oui, je chante les louanges du poète oublié, plus sans doute que je ne chante celles de son biographe : car si le corps de Papillon traverse les siècles, les siècles se refusent à lui. Passée une délicieuse rencontre dans la ruelle d'une Précieuse, Papillon de Lasphrise glisse comme un fantôme fatigué, ignorant tout des époques et de leurs écrivains. le lecteur fasciné finit par tomber lui aussi dans une langueur ennuyée qui, si elle convient au sujet, n'est pas sans provoquer de légers mais distingués bâillements.
Mais voilà la dernière page tournée, le livre refermé, et, comme le poète l'avait prévu, avec ou sans magie noire :
[…] comme oeuvre admiré que dignement on prise,
Dedans son cabinet curieux te mettra ;
Au rang des demy-dieux on te reconnoistra.
Ainsi entre les grands tu paroistras, LASPHRISE.
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L'invention du diable – Hubert Haddad*****
lecture en mars 2023

« Un jour le ciel était superbement ému » et salua bien bas la beauté inouïe d'une plume dont le soleil se vit jaloux et la lune dut avouer que la lumière volée dont elle se paraît trouva son « heure vacillante », et les longues heures de lecture franchirent les « limites instables où s'agitent les chimères », où l'illusion côtoie le rêve, s'empare de la réalité, du quand, pourquoi et comment et les met courtoisement à l'écoute de la musique des mots racontant une histoire hors du temps, de tous les temps, hors de l'espace en pérégrination libre, sans encombre au-delà des mers, époques, lieux.
Marc Papillon, sieur de Lasphrise « ou tout bonnement le capitaine Lasphrise » est « le dernier immortel », un pacte avec le Malin ? Il est poète, Papillon, célèbre inconnu il cherche la reconnaissance pour la postérité, sans quoi pas de repos éternel, mais une immortalité damnée.
Papillon immortel, damné de ne jamais se reposer, le repos éternel, tant que sa poésie n'aura trouvé la postérité ; p.169 « sa malédiction était d'avoir à perpétuer sans plus y croire la vaine illusion des poètes tandis que la Dame au Renom se riait de lui sous les apparences facétieuses d'Icélos ou de Morphée », sans trop y croire et pourtant il n'abandonne pas il s'y tient jusqu'à la fin.
La damnation, celle de l'enfer, le royaume du diable, celui dont certains ont peur car il surprend toujours. Et si la poésie était le diable c'est bien d'en être surpris sans fin et de l'aimer pour cela en premier, elle durera bien plus longtemps que nous les humains.
Marc Papillon un Don Quichotte de rêves et de mémoire et d'une certaine gloire plutôt secrète, un Cyrano de poésie et amour à jamais perdu, Papillon poète fantasque fait un pacte, avec le diable pour la reconnaissance de ses Diverses Poésies.
En permanence dans la surprise, la poésie n'a pas fini de nous surprendre, de nous émerveiller, l'histoire est fantastique et la langue qui l'habille aussi, d'une richesse infinie, une mantille précieuse digne des plus grandes dentellières ou des magiciens les plus étonnants.
Hubert Haddad travaille avec des « éléments en creux », selon ses propres mots, il sait où il va et tout en faisant voyager à travers les siècles son sieur Papillon, interroge le temps et l'histoire sans finalement arriver à une réponse. Papillon meurt plusieurs fois et renaît autant de fois, la mort n'est pas assez puissante pour l'annihiler, il se confronte à l'histoire c'est à dire à la sans fin, car l'histoire n'a pas de fin, il se surprend et nous surprend, belle métaphore de la poésie qui nous demande, à sa façon, de la revisiter, immortelle comme la littérature.
«prodigue compagne à tout instant volage, l'âme des poètes et des grandes amoureuses. On pouvait certes y croire entre deux perditions de diable logicien, à la condition… "que l'on n'ajoute pas foi à ce que dit la Raison, cette pauvrette, cette dégoûtée » »  p.170
Le roman de Hubert Haddad est comme un cadeau, une offrande de grande qualité littéraire, précieuse car très rare, un voyage sur les terres des mots qui font la littérature.
Imaginatif jusqu'à l'émerveillement, inventif jusqu'à l'époustouflante surprise, d'une richesse prodigieuses et d'une qualité musicale rare, le texte de L'invention du diable donne libre cours à la liberté de création, à repousser les contraintes logiques pour donner naissance à une oeuvre littéraire accueillant le fantastique, donc la vie, n'est-elle pas fantastique ?, pied de nez gracieux à la mort qui fait partie de la vie tout en lui reconnaissant sa qualité : elle nous fait découvrir le tragique sans désespoir et une liberté certaine, souvent mal interprétée, celle qui fait notre condition humaine en perpétuel mouvement et changement, en création et métamorphose constantes, en pouvoir d'adaptation, élancée vers aspirations de beauté inatteignable « le temps n'a de réalité qu'en son irrépressible franchissement, il est l'esprit du mouvement, la chute et l'élévation »p.154, et un bonheur défini par la bouche de la mourante Pulchelle : « Le bonheur est chez toi que toujours tu désires/Et le bonheur chez toi te désire toujours. »
« pourquoi la mort avait un goût de miel sauvage » ? p.154
Dans sa traversée des siècles, le capitaine Papillon, guerrier à la retraite, se confronte au temps, le grand inconnu, cet infini qui définit notre finitude, l'interroge et attend ses réponses qui arrivent en énigmes, expressions du vivant, fait des rencontres, apparaît et disparaît, perd son chemin pour s'y retrouver à nouveau. le temps est facétieux et la vie nous joue des tours, bons et mauvais, elle nous laisse comprendre quelque chose, très peu, mais « être au monde c'est fantastique en soi », nous dit Hubert Haddad, et je continue à le citer « tout ce qui fait l'humain, le langage lui-même est la conscience de la disparition qui nous porte à nommer l'absence en permanence – parce que l'absence est là, nous sommes faits d'absence, l'univers qui nous porte, on doit l'interroger sans fin pour pas oublier, pour garder mémoire ».
Marc Papillon se questionne et questionne le temps, l'humain et son passage entre deux points,  « aux limites instables où s'agitent les chimères »   p.71. « Il aimait plus que tout cette attente face au ciel, le vertige silencieux, l'éclat toujours neuf de l'éternité… Papillon eût désiré s'étonner encore des crédules mystères humains qui s'encombrent de fétiches et d'idoles, des plus incohérentes superstitions à petite ou grande échelle. » p.152
« la corne d'abondance du rêve fut et demeurait sa seule aubaine »p.75 même si « tout est submersion et noyade à l'estuaire où vont se mêler les rêves à la mémoire »p.101
« Mais où est-elle sa Nouvelle Inconnue ? », sa Dame au Renom, « Tout l'en approche et l'en éloigne avec la lune pour seule lanterne. »p.247
Enchanteresse magique surprenante métaphorique subtile et riche à l'infini, exigeante et travaillée, sorcière à mille facettes, sphinx à devinettes sans réponses, la plume de Hubert Haddad m'a émerveillée, délectée, accompagnée sur le chemin de l'histoire du début à la fin, j'oubliais de suivre les aventures séculaires de Papillon et m'accrochais extasiée à l'écriture, à l'imaginaire, à la beauté finement ciselée et à l'intelligence du texte.
«Les décennies se succèdent à la vitesse de l'oubli et s'effacent dans un clignotement d'étoiles. Veille, sommeil, mémoire se distinguent mal de l'immobile seconde »p.156, « les mots changent avec les moeurs et on délaisse au tombeau les passions d'autrefois » p.163, tout change tout est mouvement, métamorphose et transformation.
Une mort apporte une renaissance, un oubli une mémoire, un poète fait revivre son confrère, quand le monde que nous vivons n'est plus le sien et change si vite, un poète reste éternel et nous surprendra toujours « sa divine magie, ou la plus démoniaque... feront si bien corps avec l'ingrate réalité »p.222.
Inventé,
"Le Démon, dans ma chambre haute,
Ce matin est venu me voir…"p.240
et me raconta une histoire imaginée de 1001 vérités.
« Tout est magie, ou rien » Novalis p.282
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L'invention du diable ou la vie de Papillon Lasphrise.
Mais qui est donc Papillon de Lasphrise ?
Marc Papillon, seigneur de Lasphrise, dit aussi le capitaine Lasphrise et parfois nommé Marc de Papillon était un poète baroque satirique et érotique du XVIeme siècle. (1555-1599)
Guerrier rallié à la cour d'Henri IV, c'est après de multiples batailles qu'il se retirera dans sa tour d'ivoire à Tours afin de s'adonner à la poésie.
Ce caresseur de filles , peu soucieux des tabous et conventions de l 'époque y éduquera la sienne, Marguerite, issue d'une conquête tombée dans l'oubli et ce, sans rente aucune malgré ses bons services au roi...

Une biographie ? Non.
Un roman fantastique et faustien !
Ce démon d'Hubert Haddad lui redonne vie après 1599, date de sa mort , s'empare des vers du poète et le prend au mot :
" Démon temoin de mon jurement
Au risque d'en perdre âme et sang
Une plume à ma veine trempée
Scelle un contrat d'immortalité
Tant que gloire enfin me soit donnée
Jamais irai-je en l'ombreux tombeau"

Ainsi, à la suite de cette vie manifeste évoquée à l'époque première de ce livre , se scelle un pacte nocturne avec le diable, défi lancé à Dieu et ses anges :
Tant que ses poésies n'auront pas accédé à la postérité, Papillon ne connaîtra pas le repos éternel.
L'immortalité sera t'elle sa malédiction ?
Le feu de la renommée crépitera alors en Papillon durant des siècles ; d'ère en ère c'est la rencontre des êtres et de l'histoire qui repaît l'immuabilité contrainte, l'asservissement aux lauriers glorieux.

J'ai trotté avec le destrier de Lasphrise en pleine Renaissance, les guerres de religion derrière moi, j'ai arpenté les pavés d'un Paris puant et insalubre sous la fin de règne de Vert Galant assassiné , assisté au billot, au coup de hâche et au bûcher, aux regains de peste entre vers érotiques et passages grivois.

le temps s'égrène , le spectre de l'écrasante solitude rend les souvenirs fragiles, les visages connus ne sont plus, les larmes coulent sur le visage du seigneur de Lasphrise qui perd son âme et le sens , de sa lente hibernation dans le monde des vivants éclos l'aridité des lendemains au milieu des amours qui s'éteignent.
Mais Papillon poursuit la roue de son destin et en un clin d'oeil sur l'échelle de la perpétuité, c'est en plein siège de Namur en 1692 que je retrouve ce poète qui se bat encore une fois sous les pluies diluviennes , au loin, j'entends Vauban en présence du roi Louis XIV, tous deux présents sur les lieux.

"Les décennies se succèdent à la vitesse de l'oubli et s'effacent dans un clignotement d'étoiles. le macabre ballet de l'aristocratie , ces usurpateurs qui de tout temps assemblent frivolité, morgue et chimères sont ils dignes de l'art, de la poésie ?
Voltaire et Alembert font aussi la mouche pour un peu de miel aristocratique."
Les mots seraient ils à la dérive d'une époque à l'autre...
" Sombrement, Papillon prend conscience du peu de prix et presque de l'indignité qu'aurait pour lui la reconnaissance d'une telle humanité. "

1789, Papillon est embastillé avec le marquis de Sade, la révolution gronde et les têtes tombent, "il eut aimé accompagner l'instant vécu dans ses joies et ses colères mais il n'était pas plus leur contemporain qu'Aristote."
Arrive le temps de Napoléon, du siège des prussiens, des deux guerres mondiales... mais qu'importe l'époque, son âme n'est plus tout comme son vieux français, langage obsolète à mille lieues du temps présent déjà presque archaïque.

Qu'est ce alors que l'avidité du savoir, des acquis, des prétentions de connaissances ? L'errance des vaniteux traversant un monde en perpétuelle mutation.
Quelle est la résultante de cette recherche de renom ?
Un néant intérieur aussi grand que l'éternité.
Si Hubert Haddad met à l'honneur Lasphrise et sa poésie, il nous transporte également dans les méandres de l'humanité en esquissant les guerres et les éternelles soumissions du peuple esclave mais toujours impétueux édictées par les barbaries des puissants " serait-ce cela l'hygiène du monde ?" , il opte également pour une trame qui nous laisse à distance des émotions afin de mieux nous en faire apprécier le fond et de nous questionner sur l'insignifiance et l'absurdité de la mondanité du mot "Gloire".

“De toutes les vanités, la plus vaine c'est l'homme.” (Montaigne)

Parsemé de versifications, de poètes et d'humour, ce roman à l'écriture baroque qui vire au contemporain au fil des époques est d'une grande érudition. Exigeant, il rebutera d'emblée les plus paresseux mais réjouira les lecteurs avertis tant par la poésie qui s'en dégage que par le caractère insolite de cette proposition littéraire singulière.
L'aventure vous tente ? Armez-vous de vos neurones, de concentration et de votre dico, acceptez de revenir sur certains passages, certaines phrases, et savourez la beauté du texte.
Il vous faudra allouer un temps certain à cette lecture qui pour moi a été un véritable glissement dans un baroque déroutant mais qui, très vite, par sa distinction , s'est imposée malgré sa dimension énoncée.

Une prouesse littéraire admirable.


" C'est un plaisir de voir le grand bal de la France.
On marche gravement puis on s'arrête un peu..."
Marc Papillon de Lasphrise
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« Tant que l'edelweiss de l'impérissable gloire ne te seras pas acquis, tu pérégrineras sur cette terre dans la perpétuité de ton dernier âge pour le meilleur et pour le pire… ». C'eût pu être les mots prononcés par le démon fourchu à l'égard de Marc Papillon de Lasphrise, soldat-poète qui rêva pour ses Diverses poésies de l'immortalité accordée aux talents reconnus. Oeuvre étonnante que ce récit hypnotique à la langue châtiée, éprise d'une éloquence parfois emberlificotée dans ses ingénieuses trouvailles étymologiques et syntaxiques. Ce livre-là se lit comme un recueil poétique en spirale, pour l'amour de la langue faconde et du verbe enluminé. Mise en abîme de l'histoire d'un homme à la condition immortelle, balloté par les flots de l'Histoire et des deuils répétés sans possibilité aucune d'en réchapper.

Après des années passées à guerroyer au côté des Guise en pleines guerres de Religion, sans pour autant manquer de butiner la pucelle, le Capitaine Lasphrise s'éprend de poésie et se retire dans sa demeure angevine pour se consacrer à la versification. Lassé de ne point trouver la consécration, il conclut un pacte avec le diable apparu devant lui dans un nuage de souffre, et se retrouve à errer sur Terre, son livre sous le bras et à talonner les flancs d'un destrier sans cesse renouvelé mais au nom inchangé de Saut Perdu. Prononcé mort en 1599, Papillon continue cependant d'arpenter territoires et époques, croisant le chemin d'illustres inconnus ou de figures familières telles Napoléon ou Le Marquis de Sade. Des champs de bataille aux salons des Précieuses ridicules, des cachots de la Bastille jusqu'au cimetière du Père-Lachaise, le soldat-poète traîne ses rimes et son âme, ne cessant de reconnaître et de poursuivre à travers les femmes de sa vie cette Nouvelle Inconnue, image de l'amour absolu…

Marc de Papillon a réellement existé. Celui qui se faisait appeler Capitaine Lasphrise, en référence à ses faits de bataille, fut un poète baroque satirico-érotique à qui l'on doit une coquette somme de Sonnets, Stances, Élégies et Chansons. Parmi eux, les Amours de Théophile, composées en l'honneur d'une bénédictine du nom de Renée le Poulchre, l'un des multiples visages de la Nouvelle Inconnue.
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𝘋é𝘮𝘰𝘯 𝘵é𝘮𝘰𝘪𝘯 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘯 𝘫𝘶𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵/𝘈𝘶 𝘳𝘪𝘴𝘲𝘶𝘦 𝘥'𝘦𝘯 𝘱𝘦𝘳𝘥𝘳𝘦 â𝘮𝘦 𝘦𝘵 𝘴𝘢𝘯𝘨/𝘜𝘯𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘮𝘦 à 𝘮𝘢 𝘷𝘦𝘪𝘯𝘦 𝘵𝘳𝘦𝘮𝘱é𝘦/𝘚𝘤𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘶𝘯 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳𝘢𝘵 𝘥'𝘪𝘮𝘮𝘰𝘳𝘵𝘢𝘭𝘪𝘵é/𝘛𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘨𝘭𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘦𝘯𝘧𝘪𝘯 𝘮𝘦 𝘴𝘰𝘪𝘵 𝘥𝘰𝘯𝘯é𝘦/𝘑𝘢𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘪𝘳𝘢𝘪-𝘫𝘦 𝘦𝘯 𝘭'𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦𝘶𝘹 𝘵𝘰𝘮𝘣𝘦𝘢𝘶.
Dans ces vers de Marc Papillon de Lasphrise, poète-soldat du XVIè siècle, tourangeau de naissance, Hubert Haddad puise le matériau de départ de ce brillant récit : il imagine le destin de Papillon, s'il avait vraiment vendu son âme au diable pour devenir immortel et accéder à la gloire poétique.
De la Renaissance jusqu'à une époque postérieure à la nôtre, le personnage de Papillon traverse mille aventures et se confronte aux évolutions techniques, politiques, morales des siècles qui s'écoulent, tombe amoureux, se bat, mais toujours le temps s'écoule, et la tragique réalité de la finitude des êtres le rattrape. Son immortalité devient sa prison et qu'en est-il de la gloire?
« [il] é𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘤𝘰𝘯𝘥𝘢𝘮𝘯é à 𝘶𝘯 𝘴𝘦𝘮𝘱𝘪𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦𝘭 𝘦𝘹𝘪𝘭 𝘢𝘶 𝘮𝘪𝘭𝘪𝘦𝘶 𝘥𝘦𝘴 𝘦𝘹𝘪𝘴𝘵𝘢𝘯𝘵𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘰𝘶 𝘮𝘰𝘪𝘯𝘴 𝘢𝘴𝘴𝘶𝘳é𝘴 𝘥𝘦 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘵𝘳é𝘱𝘢𝘴. »
Haddad ne se contente pas d'écrire un passionnant roman picaresque, il crée un monument littéraire, adaptant brillamment son écriture aux époques traversées par son poète. Ainsi, si les premières pages sont dignes d'un roman baroque, c'est un style contemporain qui clôture le récit. Les changements de style sont prodigieux!
J'ai succombé au charme onirique de ce tombeau poétique et érudit, hommage sensible aux poètes oubliés et à leurs créations ! Une véritable déclaration d'amour à la puissance de la littérature et à sa beauté, intemporelle.

« 𝘓𝘰𝘳𝘴𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘮é𝘮𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘴𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘥, 𝘭𝘦 𝘱𝘰è𝘵𝘦 𝘴è𝘮𝘦 𝘭𝘦 𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘮𝘰𝘪𝘴𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘭𝘦𝘴 𝘯𝘶𝘢𝘨𝘦𝘴 à 𝘭'𝘦𝘯𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘥𝘶 𝘤𝘪𝘦𝘭. »
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Encore un auteur que je découvre alors qu'il en est à son 67ème ouvrage.
L'histoire démarre en 1598, près d'Amboise, sous le règne d'Henri IV ; Marc Papillon de Lasphrise, la quarantaine, qui fut pendant 22 ans, écuyer au service des Guise, est las des combats et du libertinage ; il s'adonne à la poésie mais ne trouve pas le succès escompté alors qu'il rêve de gloire littéraire. Il passe alors un pacte avec le diable : il est condamné à l'immortalité tant que ses « Poésies » n'auront pas accédé à la postérité. Nous traversons les siècles en compagnie d'un Lasphrise malmené par les évènements historiques qui se succèdent jusqu'à nos jours.
Avec ce mythe de Faust revisité, Hubert Haddad nous fait vivre, à travers une épopée grandiose, des faits historiques comme si nous y étions, en sautant allègrement d'un siècle à l'autre. La langue, imitant le vieux « françois » est truculente, vivante, imagée à la façon de Rabelais. Elle s'adapte aux époques traversées par Papillon. le vocabulaire est d'une richesse incroyable ce qui confère au roman un souffle littéraire puissant. Humour et ironie font souvent sourire.
J'ai beaucoup appris grâce à ce roman à commencer par la découverte de Marc Papillon de Lasphrise qui a réellement existé ; né en 1555 près d'Amboise, mort vers 1599, c'était un poète-soldat baroque satirique et érotique. J'ai enrichi mon vocabulaire de nouveaux mots (nitescence, rollier, ahan, scrognogner..) et j'ai amélioré mes connaissances historiques.
Mais malgré toutes ces indéniables qualités, l'immense érudition historique et littéraire de l'auteur m'a rendu la lecture particulièrement ardue, amoindrissant le plaisir de la lecture, et j'avoue très humblement ne pas avoir compris certains passages. Par ailleurs, chaque chapitre est conçu sous forme de saynète de quelques pages qui retrace une nouvelle aventure du poète, dans laquelle apparaissent de nombreux personnages qui côtoient le sieur de Lasphrise et qui disparaissent à la fin de chaque chapitre. A peine les découvre-t-on, s'y intéresse-t-on, s'y attache-t-on, les déteste-t-on, qu'ils sont remplacés par d'autres au rythme des rencontres du héros.
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C'est plus qu'un roman c'est une prophétie, c'est L Histoire dans son sens le plus glorieux, subtil, secret, dans la fulguration d'un destin d'un poète guerrier. L'obscur porte l'éclat du monde
C'est dans ce royaume de l'éclat ontologique que Hubert Haddad conjure la tragédie de l'univers
Cette oeuvre est unique et inespérée, elle renouvelle la littérature par d'autres combinaisons mortelles et savantes, elle est irradiation du génie, substance et illumination.quest ce que la fiction?
La non assignation aux tentations narcissiques apprises. Hubert Haddad est un écrivain qui transcende les pauvres étroites images de la littérature contemporaine dans le tragique pari de la beauté et de la dépossession dans le grand maelstrom de l'imaginaire. Son papillon incarne l'Histoire de l'humanité à travers les gouffres de la guerre et de l'amour. Habiter le lieu de l'autre au risque de se perdre dans l'extase. Telle est la fiction. La plus belle lumière qui mesurez a son juste mètre le destin. L'infini.
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