AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 1451 notes
Je viens de refermer le livre avec regret. Contrairement à nombre de ses contemporains, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre. Sans se livrer à des descriptions interminables, il nous dépeint la vie des campanes anglaises avec justesse et précision. Les scènes sont bucoliques, on aurait presque envie de traire les vaches ou de marcher à travers champs comme Tess.
Les personnages sont justes et complexes. On suit cette jeune fille, on s'attache à sa vie, ses manquements, ses espoirs, ses craintes. Naïvement séduite par un libertin au sortir de l'enfance, elle ne se jugera jamais digne d'inspirer à nouveau l'amour. Et pourtant elle est tellement naturelle, modeste, elle se juge tellement durement, qu'à aucun moment elle ne peut paraitre mauvaise, comme elle se décrit elle-même. C'est une héroïne moderne, qui a succombé à la tentation avant de connaitre l'amour. Comment pourrait-elle vivre au milieu de ses contemporains qui la jugent ? Elle sera éternellement sur les routes, en quête d'un endroit où enfin elle pourra trouver le bonheur. Hélas celui-ci est conditionné à l'amour d'Angel. Figure tellement rigide, archétype de cette société, qui rejette la tradition familiale, les conventions habituelles de sa classe mais rejettera Tess dès qu'elle lui avouera sa faute. Adoptant d'un bloc les préjugés de son époque, il fera leur malheur à tout deux.
Autant Angel possède toutes les qualités pour en faire un mari idéal, autant son intransigeance est démesurée en ce qui concerne Tess. Toutefois, leur rupture est autant due à Tess : autant l'aveu paraissait inévitable compte tenu de son caractère, autant ses réticences à le supplier, sa soumission aux décisions de son mari ont empêchés une réconciliation. Sa fierté l'empêchant de demander de l'aide à ses beaux-parents la conduira d'abord à expier sa faute en augmentant ses souffrances, l'abandon de son mari ne lui suffisant apparemment pas. Seulement en se mettant dans cette situation précaire, elle se trouve particulièrement vulnérable pour son séducteur, réapparu inopinément dans sa vie.
Alec D'urberville est un personnage curieux ; libertin mais attiré par Tess, au point que l'on pourrait le croire amoureux, constant dans son attirance même si il ne cherche pas à s'établir honnêtement. Malgré un passage mystique dans lequel il tente de trouver la rédemption, dès qu'il revoit Tess il replonge dans ses anciens travers et n'aura de cesse de poursuivre Tess jusqu'à ce qu'elle cède. Jouant de ses peurs profondes de ne jamais revoir Angel ; s'arrangeant pour être la providence pour sa famille qui est sa plus grande préoccupation, il révèle un côté manipulateur implacable sous des dehors amicaux. Son plus grand crime aux yeux de Tess sera pourtant de médire d'Angel quand il réapparait.
Tess qui jusque là avait subit son séducteur, subit la cours et les demande en mariage d'Angel, subit la punition imposée par son mari, subit sa famille toujours dans le besoin, subit à nouveau son séducteur pour mettre sa famille à l'abri au point de se désincarner, se rebellera enfin contre Alec et contre la vie qui lui impose tant de souffrance. Seulement son geste sera passionnel, désespéré et plein d'amour. Une subite crise de folie et en même temps une pleine conscience de ses actes. Enfin elle pourra vivre quelques jours de bonheur avec son amour avant le dénouement tragique qu'elle accepte par avance. Ses dernières pensées seront encore une fois pour sa soeur afin de la protéger et pour transcender ainsi son amour.
Les personnages de Tess et d'Angel sont particulièrement torturés par le carcan social de l'époque et leurs tentatives d'émancipation. Cela les rends attachant et l'on se prend à espérer une issue favorable à cette situation inextricable. Et pourtant, on sait que c'est impossible. Les quelques jours idylliques seront suffisant pour racheter les erreurs passée, et la tendresse finale avant la fin tragique de notre héroïne.
J'ai quitté ce livre avec une grosse émotion, le regret que ce soit déjà terminé, que cela se termine ainsi, ne voyant pas comment ça aurait pu finir autrement… bref une impression durable, profonde.
Commenter  J’apprécie          180
Je poursuis ma remise à niveau en littérature classique anglaise par ce roman au combien dramatique, émouvant et poétique de Thomas Hardy.

Dans une atmosphère champêtre, bucolique, au milieu de ces descriptions minutieuses de la campagne anglaise et des métiers de la terre, nous suivons le destin de la douce Tess, ainée d'une fratrie de paysans, voix sage mais néanmoins naïve au milieu de parents un peu loufoques, qui ne sauront pas la préserver.

Il s'agit de mon deuxième roman de Thomas Hardy et si Loin de la foule déchainée m'avait enchantée et laissée rêveuse, le destin tragique de Tess d'Urberville attriste et révolte.

Le poids si lourd des conventions, Thomas Hardy le note, le met en exergue avec beaucoup de justesse ; si ces conventions sociales, auxquelles on s'attache comme à une bouée sont en réalité le boulet qui nous fera sombrer… quelle légitimité au regard des lois de la nature ?

C'est une belle analyse sous-jacente de l'absurdité d'un ordre social broyeur, surtout pour les femmes, que nous propose Thomas Hardy. Les personnages sont aboutis, romanesques sans être idéalisés, leurs réactions sont crédibles, humaines, même si le dévouement excessif de Tess pour un mari obnubilé par l'image qu'il se fait de la perfection féminine agace, interpelle.

Que dire de Tess. L'abnégation dont elle fait preuve, jusqu'à perdre la raison, l'amour qu'elle porte, jamais loin d'un coup de folie, la tristesse d'un destin subie par une jeune femme qui n'aspirait à rien qu'être toujours juste et honnête et se retrouve la victime d'un don juan cruel et égoïste, en font une héroïne classique par excellence.
Commenter  J’apprécie          172

Roman classique de la littérature anglaise du 19e, mon premier sentiment a été l'émerveillement. Quel plaisir voire quel bonheur que cette douce prose, ce style harmonieux et fluide qui m'a immédiatement transportée dans la belle campagne anglaise.
La scène inaugurale est celle d'une danse campagnarde et s'imposent à l'imaginaire du lecteur les rayons du soleil, les robes des jeunes filles et même le son de la musique.
Le décor est planté.
Mais ce roman n'est pas une douce partie de campagne.
Il est celui d'une passion, celui d'une femme qui sera la victime des conventions sociales, du carcan des traditions, de la piètre considération qu'inspire la femme d'une façon générale.

L'auteur dresse un portrait captivant de son héroïne : elle est fière, indépendante, orgueilleuse, courageuse mais aussi naïve et sincère. Et surtout, pour son malheur, elle est belle et sensuelle. Tess est une femme moderne, en avance sur son temps, mais avec toute la fraîcheur de l'innocence et de l'honnêteté. Consciente de sa condition et de sa beauté, habitée de son amour pour son mari, elle sacrifiera sa vie à l'honneur de celui-ci.

Angel Clare est un personnage tout en paradoxe. Il rejette la religion alors que son père est pasteur mais est malgré tout imprégné de principes moraux très rigides. Puisque ceux-ci se développent en-dehors de la légitimité religieuse, ils instillent dans le coeur et l'âme de cet homme un cynisme qui le fera passer à côté de nobles sentiments.

L'auteur aborde également les changements qui s'opèrent dans cette société rurale : extinction des familles de nobles, exode rural, mécanisation des cultures accompagnée d'une certaine déshumanisation. On se régale avec de belles pages sur la vie aux champs même si elle est dure et précaire.

Un superbe roman, celui d'une passion mais aussi d'un monde en pleine mutation où la perte de religiosité n'a d'égale que le cynisme et où la beauté de l'amour pur est portée aux nues.

Challenge classique Tic Tac 2016 -2017
Les rencontres parisiennes Octobre 2016
Challenge petit Bac 2016-2017
Commenter  J’apprécie          170
Je rajouterai simplement quelques impressions car Lilligalipette et bien d'autres on fait de très belles chroniques sur ce livre qui est un monument de littérature.
La pauvre Tess se noie dans la glue du passé, son passé s'impose toujours à elle à travers des événements du présent, ses terreurs d'autrefois reviennent comme des fantômes insistants. le pardon est la plus grande des clés pour se libérer de son passé, accepter ce qui a été accepté pour recommencer à vivre ! mais arrivera-t-elle a être pardonnée par l'homme qui peut la faire revivre ?
Hardy dénonce le puritanisme de cette époque, attaché à la lettre de l'écriture, rigide, austère, enfermé dans un corset moral. Clare est lui aussi dans une situation non désirée, déchiré par son amour pour Tess, par l'idéal qu'il se faisait d'elle et tellement attaché aux principes de pureté !!
Que de souffrances et de destins brisés !! Tess est bien une victime expiatoire ; elle subit les méchancetés, les injustices avec courage et paie pour sa lignée.
Le dialogue qu'elle tient sur elle-même m'a touchée au plus haut point et j'aurais voulu être une petite voix pour lui dire qu'elle n'était pas coupable et qu'elle est d'une grande valeur. Je n'ai pu me résoudre à entendre ses monologues intérieurs sans frémir.
Très grand roman que je ne suis pas prête d'oublier !!
Commenter  J’apprécie          170
Ce roman de Thomas Hardy est d'abord une oeuvre critique sociale ancrée dans une réalité historique qui est celle de l'époque victorienne. C'est l'histoire d'une destinée individuelle dans son arrière-plan social, régional et cosmique.
Dans ce roman, Thomas Hardy s'attaque au code moral qui s'applique différemment suivant le sexe, durant cette période. Les relations sexuelles en dehors du mariage. Excusables pour un homme, mais pas pour une femme.
Mais l'erreur de Tess est de croire qu'il y a une symétrie. Alors qu'Angel avoue à son épouse ses frasques de jeunesse à Londres comme si les choses allaient de soi, il est épouvanté lorsque celle-ci, mise en confiance, lui avoue à son tour sa propre faute. Mais Tess est surtout la victime d'une contradiction culturelle. Elle appartient à une génération qui, contrairement à celle de sa mère, a reçu une certaine éducation et ne peut donc plus s'abandonner aussi facilement au fatalisme de la sagesse populaire. Tess est au coeur de l'opposition entre nature et culture, entre spontanéité païenne et éduction chrétienne. de plus, alors que Tess n'a que seize ans, son corps présente les apparences d'un épanouissement physique dont elle n'est pas elle-même conscience et qui fait d'elle une tentatrice à son corps défendant.

Un jour quelqu'un demande à Thomas Hardy quel était son préféré parmi ses romans. Après un instant de réflexion, Thomas Hardy répondit "Tess".

"Tess d'Urberville" est un grand roman de la littérature anglaise au final des plus réussies .
Commenter  J’apprécie          161
Le début du roman n'est pas sans évoquer les "Hauts de Hurlevent". On devine dès le début que la destinée de Tess ne va pas être bien réjouissante.
Jeune et jolie paysanne placée par ses parents dans une famille aisée qu'ils pensent être de la même lignée, Tess va subir les assauts de son soi-disant cousin Alec d'Urberville avant de le fuir et retourner vivre dans son village, porteuse de la semence de cet homme, et reprendre sa vie de paysanne.
L'enfant de la honte ne va malheureusement pas survivre, sans avoir été baptisé, ce qui plonge Tess dans le désespoir. Sa vie à elle est-elle aussi déjà terminée? Je vous laisse le découvrir. C'est de la vraie littérature, un classique à lire ou relire.
Commenter  J’apprécie          160
Roman le plus connu de T.Hardy (grâce à la très bonne adaptation cinématographique qu'en a faite R.Polanski) , le plus noir aussi peut-être. Ici pas de rédemption sur terre, point d'espoir pour la tragique héroïne, femme-enfant, tentatrice involontaire, sacrifiée . C'est tout simplement beau, triste et magnifique.
Commenter  J’apprécie          164
Evidemment, un roman, c'est souvent l'histoire d'une femme pure, innocente et fine, victime des conventions et de la brutalité des hommes et des temps. Ici, notre victime souffre aussi, et d'abord, de la naïveté, de la crédulité et de l'absence de jugement de parents peu éclairés qui, poussés par un vain orgueil, vont la jeter dans la gueule du loup. Suivra une vie de femme qui démarre par un drame, et, quand l'amour viendra, le passé sera toujours là pour l'opprimer, la priver de tout bonheur, même quand on le verra tout proche, et, finalement, la condamner à l'irréparable. Ce livre est magnifique, et le personnage titre est si attachant! le texte est fluide, les descritions du monde paysan saisissantes. Lisons ce beau livre, qui n'avait pas vraiment besoin d'un film pour révéler le talent de son auteur.
Commenter  J’apprécie          161
Je suis tombée amoureuse de ce chef d'oeuvre de la littérature anglaise bien que d'ordinaire, ce genre de classique ne m'intéresse pas plus que ça. Enfin... amoureuse, c'est peut-être exagéré alors disons que j'ai ADORE à tel point qu'une fois le livre fini, je me suis empressée de regarder le film qui est lui aussi tout autant magnifique et fidèle au livre.
Ecriture sublime, travaillée et belles descriptions, peut-être un peu trop mais ça ne m'a pas gêné plus que ça vu que cela a éveillé mon imagination.
Autre monde, autre époque, autres moeurs. Révoltant, qu'à cette époque, les liaisons hors mariage qui concernaient les femmes étaient très très mal vu par la société alors qu'une telle aventure était pardonnable pour les hommes, limite compréhensible. On le remarque, par exemple, lorsque Tess et son mari Angel se confient leurs péchés respectifs, similaires. Elle lui pardonne facilement alors que lui est à des années lumières de le faire, de l'accepter sur le champ. Les conditions des femmes au 19ème siècle étaient très difficiles, très dures... heureusement que la société ait changée entre temps...
Tess, personnage tragique, m'a grandement émue, la pitié et la compassion se sont emparées de moi. Son malheur était si grand que j'ai vraiment eu de la peine pour elle et je n'ai pas pu m'empêcher d'essayer de me mettre à sa place pour comprendre réellement ses sentiments. A la fin du roman, justice est faite, l'amour est retrouvé mais seulement pour un court moment malheureusement car Tess doit payer le prix de ses actes.
Pourquoi le malheur et la fatalité se sont-elles autant acharnées sur cette pauvre Tess?

(Thomas Hardy... une plume entre les doigts: voici un maître de l'écriture, de la littérature.)
Commenter  J’apprécie          160
Plusieurs choses m'interpellent dans ce roman. La première est la condition de la femme à l'époque. Tess est victime des agissements d'Alec d'Urberville mais aux yeux de la société elle est coupable. La seule solution pour sauver son honneur aurait été d'épouser son «bourreau». Parce qu'elle reste fidèle à ce que lui dicte son coeur, elle est regardée comme une femme de mauvaise vie. En faisant ce choix, elle se condamne à une vie solitaire à moins d'accepter de cacher sa «faute». Ses convictions vont être mises à rude épreuve. Sous la délicatesse de ses traits et son apparente fragilité se cachent une grande force morale et un grand courage. Quelle héroïne !
La deuxième chose qui m'a marquée concerne les personnages masculins. Tout d'abord le père de Tess qui est un fainéant, un ivrogne incapable de subvenir aux besoins de sa famille. Ensuite, Alec d'Urberville, le libertin, le prédateur, un homme qui confond amour et possession, un homme qui ne supporte pas de ne pas obtenir ce qu'il désire. Angel Clare qui se veut fort de ses idées ouvertes, loin de la ferveur religieuse partagée par le reste de sa famille, va renoncer à écouter ce que lui dit son coeur face aux convenances sociales. Il rejette Tess après l'avoir épousé lorsqu'elle lui révèle son histoire. Il reproche de ne pas être la femme qu'il aimait. Il va lui falloir du temps, trop de temps malheureusement pour laisser la raison du coeur reprendre le dessus.
J'ai été touchée par la beauté et l'intelligence de l'écriture de Thomas HARDY. L'histoire est déchirante et tellement poétique. Je me suis laissée transporter. J'étais aux côtés de Tess tout au long du récit, j'ai compati à sa douleur, j'ai été révoltée aussi.
Derrière le romantisme, se cache la réalité de l'Angleterre de la fin du XIXème siècle et l'injustice des convenances sociales de l'époque.
Commenter  J’apprécie          151




Lecteurs (5951) Voir plus



Quiz Voir plus

Tess of the d'Urbervilles

En quelle année fut publié Tess of the d'Urbervilles ?

1879
1891
1901
1914

10 questions
58 lecteurs ont répondu
Thème : Tess d'Urberville de Thomas HardyCréer un quiz sur ce livre

{* *}