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4,12

sur 3145 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si je devais me shooter rien qu'avec du papier, ce serait ce papier là. Ce pilier de ma bibliothèque ne ressemble plus à rien tellement je l'ai surligné, plié, relu et adulé. Et parce que c'est un de mes piliers justement, je vais très mal en parler...
Expérience des limites, fantasme schizophrène, jubilation mélancolique, rêve éveillé, orgasme intellectuel... le loup des steppes a été tout ça à la fois pour moi et bien plus... Je n'ai jamais rien lu d'aussi bipolaire, rien qui m'ait projeté.e si facilement aux deux extrémités de ma palette émotionnelle. On y joue avec les opposés, raison et déraison, sagesse et folie, vie et mort, fusion et séparation, couleur et monotonie ...
Les lignes sur la bourgeoisie, le suicide et la liberté sont gravées dans ma mémoire. Et ce concept de théâtre magique est devenu partie intégrante de mon imagination, si bien qu'il a intégré le matériau de mes rêves. Je crois pouvoir dire qu'il est devenu un de mes symboles très personnels. Un de ces livres de mon intimité, de ces pages influentes dans l'ombre, sous mon écorce ou au bord de ma conscience...
Je ne peux vous en faire un pitch. Vraiment pas. Je ne peux même pas le qualifier en un mot de roman ou d'essai. C'est un roman-essai-thèse-anti-thèse-trip-LSD-et-bien-plus... Tout ce que je peux faire, c'est vous le recommander. Si vous aimez être bousculé.e.s, surpris.e.s, stimulé.e.s aux méninges...Foncez !
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Avec le loup des steppes (1927), Hermann Hesse poursuit son voyage initiatique, débuté avec Demian (1919) et Siddartha (1922), en quête du sens de la vie et de la révélation de son Moi.

Harry Haller, alias le loup des steppes, est un ex brillant professeur, la cinquantaine, qui loue une mansarde dans une petite maison bourgeoise. Après son départ, le neveu de la locataire y trouve son carnet, dans lequel sont consignées son existence, ses tendances suicidaires, ses digressions sur des questions existentielles et métaphysiques. Sa vie est prise en tenailles entre ses propres aspirations bourgeoises et celles de son alter ego, le loup des steppes, animal féroce et solitaire, honnissant tout contact humain, toute sensiblerie. Il raconte comment la rencontre avec son double féminin, Hermine, change radicalement sa vie de bourgeois austère. La jeune fille lui apprend la légèreté de la danse et de la musique contemporaine, la sensualité et le rire. Elle lui apprend à dompter le loup. La fin du roman prend un tournant fantastique, Harry découvre le théâtre magique, dans lequel chaque porte s'ouvre sur une facette enfouie de son âme, lui offrant une onirique psychanalyse. En lisant ce passage, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'hôtel de la série The Leftovers, dans lequel le personnage principal se réveille dans la peau d'un "International Assassin" chargé de tuer une part de lui même.

Ce livre, largement autobiographique, traite donc d'un bourgeois révolté qui apprend à connaitre la sensualité et le désordre. La dualité propre à chaque être, nous entraîne sur des chemins contradictoires. On retrouve donc de nombreux thèmes chers à Hermann Hesse : la philosophie indienne qui ne connaît pas l'individu et ne fait donc pas peser sur lui le poids de l'héroïsme, contrairement aux occidentaux, dont la Grèce antique domine la vision du monde. La quête nietzschéenne de soi, du sens et du but de l'humanité, la description des bourgeois (p. 81) se rapprochant de la théorie du dernier homme développée par Zarathoustra. Les rencontres initiatiques. Comme Siddartha, Haller ne trouve pas le sens de la vie dans les livres et la doctrine. C'est l'expérience et le plaisir des sens, cumulés à une solide culture intellectuelle, qui permet à l'homme de trouver sa voie. L'Homme doit trouver sa symphonie, la musique de la vie qui passe à travers les hommes comme au travers d'une radio, dont il faut parfois incliner l'antenne pour jouir de toute sa majesté.
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Le loup des steppes est un chef-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle dans le sens où il tente de décrypter la signification de l'existence dans une société façonnée bien différemment que celle dont on rêve, surtout dans une Allemagne de la fin des années 20. Désabusé, flegmatique, Harry Haller (ou devrais-je dire Hermann Hesse) sent coexister en lui deux pulsions, deux personnalités antagonistes : l'une l'élevant à la virtuosité et à la volupté que procure de grands artistes tels que Mozart, rassemblant toute sa foi en l'humanité, son érudition, et une autre le rabaissant à des instincts primaires, bestiaux, une partie quasiment diabolique qui le coupe du monde, le rendant totalement misanthrope. Incompris et inadapté, le suicide se profile pour lui comme la seule solution envisageable, dans cette société qu'il abhorre. Un être auquel on passe son temps à s'identifier puis à se dissocier, agissant comme un prisme d'une acuité stupéfiante, permettant l'examen minutieux de sa propre personnalité.
C'est pourtant là où le récit semble s'appesantir qu'il prend une tournure dynamique et imprévisible, tombant dans une sorte de réalisme-magique, poussant le lecteur à parcourir les méandres d'une âme écorchée vive, l'amenant dans un dédale ténébreux où «tout le monde n'est pas autorisé à entrer»... Une exhalaison cultuelle, confessionnelle plane au-dessus de toute l'oeuvre de Hesse, représentée par Mozart, par les Immortels (magnifique poème dans l'ouvrage!), par le traité sur le loup des steppes. le théâtre magique apparait dès lors comme l'acmé de cette expérience spirituelle, une apothéose frappante qui le mène à un enseignement. Je pense qu'il ne faut pas voir en ce théâtre un désir de dévergondage incoercible, mais plutôt un dépassement de soi impérieux et inévitable. Harry Haller peut s'apparenter à un héraut, celui du mal-être à venir, du dysfonctionnement inéluctable de nos sociétés, dû à l'épanchement technologique et publicitaire, à ce déversement si superficiel. Cet ouvrage est sans conteste un ouvrage d'introspection, prenant en compte des aspirations édifiantes dans une société où -déjà- le matériel, le frivole et l'apparent priment sur le reste. Harry ressent peut-être l'Insoutenable légèreté de l'être...
Ce livre est à mes yeux un succès considérable, une prouesse littéraire que d'aucuns doivent envier ! Néanmoins, j'entendrais parfaitement bien l'avis opposé, considérant que ce livre est ennuyeux, rébarbatif et inane. Il m'apparait comme indispensable de s'identifier quelque peu à la personnalité du loup des steppes, de partager certaines de ces idées, d'éprouver de la sollicitude pour son mal-être avant d'entamer cette lecture, au risque, le cas échéant, de passer un mauvais moment... Quoi qu'il en soit, ce livre suscite une réflexion profonde, dont on ressort inéluctablement ébranlé.
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Dans son style, le loup des steppes d'Hermann Hesse est sûrement la lecture la plus troublante auquel j'ai pu faire face.

"Petit" roman de 200 à 300 pages selon les éditions, c'est une lecture très riche de réflexions sur divers sujets.
On suit l'histoire de Harry, que l'on peut assimiler à l'écrivain, ainsi que sa vie de solitaire, de marginal.
Il erre dans les ruelles sombres allemandes, mi-humain, mi-loup, se sentant gêné lorsqu'il montre de l'enthousiasme, ou bien quand il montre les dents.

Alors qu'il rode dehors, il reçoit un tract d'un inconnu, sur celui-ci est analysé et présenté "le loup des steppes". La distinction entre l'homme et le loup au sein d'une personne, mais également de l'infini de personnalités qui composent un être humain.
J'ai beaucoup aimé ce "traité" avec l'analyse sur le suicidaire et sa force de caractère par ailleurs.

Lors d'une soirée, Harry fera la rencontre d'une femme qui va bouleverser son existence. Elle remettra en question de multiples réflexions de cet intellectuel sur la musique, la danse, l'art, l'amour. La venue de cette femme est très importante, que ce soit pour lui ainsi que pour nous, j'ai beaucoup aimé la façon dont ce personnage influe sur le protagoniste de l'histoire.

C'est une lecture que j'ai très apprécié, autant courte que bouleversante. À lire obligatoirement, qu'on finisse par aimer ou non cette histoire.

Ce roman mélange plusieurs genre, on pourrait dire vulgairement qu'il "part dans tout les sens", en réalité il pousse le lecteur à la réflexion, nous donne la liberté d'analyser et de s'approprier l'évolution de l'histoire. On y retrouve une certaine critique de la société ( qu'on peut contextualiser et remettre au goût du jour) ; Une critique de la montée des idées guerrières et destructrices de l'Allemagne d'entre deux guerres.
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Un livre que je place au panthéon de ce que j'ai lu. A lire d'une traite, à dévorer, il vous tourne la tête comme une drogue, vous laisse groggy comme un bon alcool, et vous ramène sans cesse à vous même. Nos peurs, nos angoisses, nos phobies mais aussi nos joies, nos amours. Un grand livre.
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Voilà un livre qui arrive à point dans ma vie. Je me sentais dernièrement beaucoup comme le Loup des steppes. Ça prenais ce livre pour m'ouvrir les yeux. Ce livre traite beaucoup de la solitude volontaire et de l'utilisation de l'humour pour faire face à l'absurdité de la vie. C'est exactement ce que j,avais besoin de lire pour me remettre d'aplomb.
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Le loup des steppes n'est pas un roman. Parfois essai philosophique, souvent pamphlet incendiaire sur l'époque moderne, cette oeuvre est surtout une introspection très profonde de l'auteur.
On accroche ou pas. Moi j'ai été emporté par cette oeuvre dont le "théâtre magique" représente pour moi un coup de maître et un des plus grands moments de littérature que j'ai connus.
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Un de mes premiers vrais emois litteraires. le manuscrit d'Harry Haller nous plonge au coeur de la condition humaine. Parce que nous sommes fait d'archipels, nous sommes aussi semblables que multiples.
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Si l'on veut bien faire cet effort, il faut s'imaginer l'Allemagne de la fin des années 20, date de la parution de ce roman qui n'en est pas vraiment un, tant ses multiples facettes le tirent du côté de la philosophie, du fantastique, de la poésie, de la sociologie ou comme on l'a tant écrit du récit initiatique.
Quel courage a t-il fallut à Hermann Hesse, ou quel désespoir, pour se laisser aller à ce flot ininterrompu d'expressions de son désenchantement, flot qu'il commue en un espoir illimité en la sagesse humaine. Il me vient à l'esprit des phrases musicales de Brückner ou de Schönberg qui viendraient à merveille illustrer le propos, tout comme ces portraits "décadents" d'Otto Dix ou George Grosz.
Certains ont écrit que ce roman était en fait le roman d'une crise existentielle. Celui du reste qu'à du traverser Hesse, tant les évocations autobiographiques sont fréquentes et les allusions nombreuses comme, juste pour taquiner et dérouter le lecteur, ces jeux de mots sur les noms propres (Harry Haller, Hermine, Hermann)
Nous y voilà, dans cette atmosphère germanique, hautement intellectuelle par certains aspects, mais que H.Hesse sent s'étouffer par la montée de courants politiques étranges. Il choisit pour s'exprimer de raconter le chemin d'un cinquantenaire, Harry Haller (Hermann Hesse???), en pension dans une ville charmante, errant au comble du désespoir de l'intellectuel qui a su "lire" le monde, les arts, les vanités humaines, désabusé de ses relations avec les femmes, avec les autres et ne voit comme issue à sa pauvre vie de solitaire, de "loup solitaire", que la mort par la lame d'un rasoir. le fantastique s'invite dans le roman une première fois, sous la forme de visions étranges qui lui font découvrir que le monde peut être différent. Il rencontre d'autres personnes, une femme Hermine (ou Hermann?) qui l'hypnotise, un joueur de saxophone sud américain (Pablo), sorte de sorcier vaudou manipulant allègrement toutes sortes de substances permettant de quitter le réel pour mieux le retrouver. Il y a aussi la figure du Bal masqué, celle du Théâtre (des Insensés où seuls sont admis les "fous") et les nombreuses images oniriques des couloirs, des portes, des lumières, des musiques de l'au delà, etc....
On l'a compris, ce roman métaphore est une ondulation vertigineuse autour de la question essentielle du sens de la vie. Cette interrogation existentielle trouve sous la plume de Hesse, une solution éblouissante de génie. le montage du roman parfait, les variations de style, le choix des personnages, la fin du roman, tout fait référence et modèle. On retrouvera dans ce roman de la maturité de Hesse, ses thèmes fétiches : le voyage initiatique et la spiritualité, le tout influencé très fortement par l'éclosion de la compréhension du psyché par la psychanalyse.
Il n'est pas surprenant, tant il dérange et réveille, que cet ouvrage fût classé par les nazis dans une catégorie tout proche de "l'entartete Kunst", l'art dégénéré, et interdit.
Pour finir la traduction est de très haute volée et offre une lecture en français en tous points fidèle à la lettre et à l'esprit.
Pour les séduits par cet ouvrage, le reste de l'oeuvre de Hermann Hesse est de la même qualité...
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Avec « le loup des Steppes », Hermann Hesse nous interroge sur la complexité de l'âme humaine. Thomas Mann écrivait à propos de cet ouvrage « Ce livre m'a réappris à lire ». Multipliant les registres, ce récit profondément inventif et fou donne à réfléchir.

Harry Haller intègre une pension bourgeoise et étonne sa nouvelle logeuse et son neveu. Derrière son apparente politesse, Harry cache un semblant de moquerie face au monde. Sa chambre débordante de livres est hors du temps. Il a fait le choix de s'intéresser strictement à l'intellect et s'évertue, chaque jour, à rester couper du monde.

Il se désigne lui-même comme « un loup des steppes » et revendique une double personnalité. Derrière l'homme poli qui s'est adapté au monde et semble presque rassuré par un milieu bourgeois qu'il exècre se cache un loup. Solitaire, l'animal en lui réprouve les hommes et s'isole. Face à ce conflit intérieur, une seule issue semble viable : la mort.

Harry Haller oscille entre l'envie de mettre fin à ses jours et la peur de la mort. Errant dans la ville avec ses idées noires, il fait la connaissance d'Hermine, une femme énigmatique et splendide qui le pousse dans ses retranchements. Véritable homologue féminine, elle bouleverse son existence et l'initie à la vie.

Au-delà d'un simple roman, ce traité touche presque au récit philosophique. Ainsi, Hermann Hesse aborde, avec une profonde justesse, la conception erronée de l'unité humaine. L'illusion que l'homme ne fait qu'un serait vouée à l'échec. Ainsi, l'homme se composerait plutôt d'une diversité d'âmes bien distinctes. La dichotomie de l'âme d'Harry entre l'homme et le loup semble ainsi bien simpliste. Finalement, l'humain s'avèrerait bien plus complexe et polymorphe.

J'ai beaucoup aimé la densité de ce texte audacieux, véritable base de réflexion existentialiste, il pousse à l'introspection.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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