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4,12

sur 3111 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Entrer dans le monde du Loup des steppes, c'est un peu comme regarder la réalité à travers un kaléidoscope. C'est se perdre avec Hermann Hesse ou plutôt son alter ego Harry Haller, dans un monde protéiforme, où la réalité à la fois échappe, tout en étant un constant rappel des vécus antérieurs. Cette construction très mouvante est en même temps savamment orchestrée et les questionnements existentiels dont ce roman phare du XXème siècle se fait l'écho, sont repris et développés en boucle.
La première partie très introspective, les carnets de Harry Haller, et la deuxième, le traité du Loup des steppes, sorte de conte philosophique, sont construites en miroirs. le fameux loup des steppes, omniprésent dans ces deux premiers temps du roman et reflet de la dualité douloureuse vécue par l'auteur, accède d'ailleurs dans la deuxième partie à la dimension d'un véritable personnage de fiction, ce qui lui donne une épaisseur et une profondeur tragique beaucoup plus marquée que dans la partie introspective. La troisième partie, celle du théâtre magique, avec la scène de bacchanales du bal masqué, apothéose du roman, et les superbes passages hallucinatoires qui suivent, est vraiment pour moi la plus marquante à fois par l'écriture mais aussi par la force des évocations ou des convictions affirmées. Dualité du rebelle en même temps petit bourgeois, refus d'un moi unitaire et d'une binarité réductrice entre loup et homme, plaidoyer pour un moi multiple qui permet de toucher à toutes les dimensions de l'humain, tous ces thèmes sont repris en boucle et se développent au gré des déambulations de Harry Haller dans ce fameux théâtre magique. La quête spirituelle, le besoin éperdu d'une dimension qui transcende l'humain sont également très présents et souvent évoqués grâce au recours de ces "paradis artificiels" dont l'auteur ne fait pas mystère. Qu'il s'agisse du vin ou des hallucinogènes, cela donne lieu à des descriptions somptueuses où se mêlent précision des ressentis et poésie.
Mais ce roman dépasse aussi largement le cadre d'une quête initiatique intemporelle, il jette un regard décapant et sans concessions sur le monde de l'entre-deux guerres où la montée du nazisme et le bruit des bottes vont de pair en Allemagne. Et Hermann Hesse n'a de cesse de condamner, soit sur le mode réaliste, soit sur le mode fantasmagorique, le retour des idéaux qui exaltent un patriotisme nationaliste en même temps qu'ils glorifient le retour d'une guerre libératrice. Ce pacifisme affiché et militant va de pair, dans la dernière partie avec de très beaux passages oniriques, où la vision d'un monde détruit par les ravages d'un capitalisme industriel incontrôlé est lié de façon prophétique, pourrait-on dire aux problèmes écologiques actuels. Non moins acerbe est la critique de la bourgeoisie. Là encore Hermann Hesse s'en donne à coeur joie et démonte avec une ironie mordante tous les mécanismes de domination que met en place ce groupe social pour assurer sa pérennité. Intellectuels, artistes dont il reconnaît faire partie, sont à ces yeux les otages des bourgeois qu'ils exècrent ! Seule échappatoire possible : l'humour dont il chante le côté décapant et démystificateur.
Ce roman m'a marqué par son côté subversif, prophétique, par la lucidité sans concession de l'auteur à la fois sur lui-même et sur son époque. Mais je n'ai retrouvé ni le côté solaire ni l'écriture flamboyante qui m'avait tant plu dans Narcisse et Golmund. Bien sûr les passages d'une noirceur et d'une désespérance absolue correspondent à un vécu très douloureux dans la vie de Hermann Hesse à cette époque. Mais je dois avouer que le romantisme échevelé de certains passages ou le côte héros romantique à la fois maudit et au-dessus de la mêlée de Harry Haller, m'ont un peu tenue à distance. Ce qui explique que je n'ai pas attribué la note maximale à ce roman.
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J'avais déjà lu quelques nouvelles de Hermann Hesse qui m'avaient beaucoup plu. Déjà, on était dans un monde semi-autobiographique. « Semi » parce que les frontières entre fiction, réalité et poésie sont toujours assez floues.
En même temps, j'ai toujours été un peu en retrait, je dois l'avouer, avec la littérature Germanique. J'y ai souvent trouvé un peu trop de romantisme, voire de nombrilisme (Oui, je sais que je vais choquer certains d'entre-vous).
Avec ce roman, on a tout : L'écriture est toujours aussi fluide et agréable, et les thèmes abordés vont nous entraîner vers des mondes qui nous sont à la fois inconnus et pourtant familiers. Paradoxal ! me direz-vous. C'est justement le qualificatif le mieux adapté à l'ensemble de ce beau texte.

Un homme, la cinquantaine, dans le climat très pessimiste de l'entre-deux guerres, après de nombreux événements dans sa vie, prend du recul et s'interroge face au climat au minimum réactionnaire qui s'installe.
A la fois attirant et rejetant toute relation avec ses semblables, un peu ermite (Loup des Steppes) il s'interroge sur lui-même.
Sa dualité (C'est à la mode) va le conduire à des réactions aux stimulis du monde qui l'entoure qui vont contribuer à le marginaliser, alors qu'il ne cherche qu'à nouer des relations avec ses contemporains (qu'il aime et qu'il méprise).
S'agit-il de l'auteur ? A chacun de répondre . de nombreux indices présents dans le texte pourraient le faire croire. C'est finalement sans grande importance.

Chez Hermann Hesse, l'écriture est fluide et par le miracle du travail de la traductrice ce style est rendu de façon très agréable, presque poétique en Français. Il y a parfois des longueurs, et pourtant on se sent bien dans ce texte.
C'est une sorte de roman à tiroir : Un éditeur positionne le récit après avoir trouvé les carnets d'un des locataires de sa tante. Locataire qui avait lui-même reçu un opuscule intitulé « Traité sur le loup des steppes ».
Le nombre de thèmes abordés dans cette réflexion est impressionnant (Je ne les ai pas compté). Cela représenterait certainement plusieurs dizaines de sujet de philo au Bac.
Exemple : Un homme peut-il se consacrer au religieux et à la débauche, à ses instincts le plus bas ? S'agit-il au départ de deux hommes différents qui agissent, ou de l'effet du destin double d'un seul et même homme ?
L'image que nous avons de nous-même influence-t-elle nos comportements de façon à nous faire correspondre à cette image ?

Cette lecture est un grand choc. On a l'impression que l'on pourrait relire de nombreuses fois cet ouvrage et y trouver toujours de nouveaux sujets de réflexion, d'introspection.
Il s'agit bien de l'interrogation sur sa vie d'un homme se rendant compte qu'il approche de l'issue , ses regrets (Jean d'Ormesson aurait pu dire « Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit ») – mais aussi sur la futilité des actions de notre vie, de nos travaux, de ce dont nous sommes fiers en général.
C'est à n'en pas douter un grand roman. Il est certainement plus difficile de l'aborder à certains moments de sa vie qu'à d'autres. Certains romans nous attendent-ils au tournant ? Quitte à les ouvrir à la bonne période. Mystère.
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Challenge Nobel 2013-2014
3/15

Harry Haller va mal. L'impression de n'être à sa place nulle part, et surtout pas dans cette époque superficielle. S'il avait le courage de glisser le rasoir sur sa jugulaire... Sa rencontre avec la mystérieuse Hermine va tout remettre en cause.
Portrait d'une époque, qui annonce bien des malheurs dans l'insouciance générale, qu'est le loup des steppes ? Un homme ? Une hallucination ? Un songe de drogué ? Une affabulation ? Au fond peu importe.
Cet homme de 50 ans va enfin se prendre en main, prendre en main sa vie. Surmonter ses peurs, sa culpabilités, ses préjugés. Et c'est bien ce qui compte. Dans le théâtre qu'est la vie, il apprend son rôle, et apprend à l'apprécier, si ce n'est à l'aimer. A rejeter enfin son conformisme bourgeois, à paraître sans cesser d'être. A vivre avec toutes ses facettes réconciliées.
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"Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir" semble être la pensée obsédante de Harry Haller, la cinquantaine, peinant dans les escaliers et exaspéré de la compagnie de ses contemporains qu'ils soient futurs nazis va-t-en guerre, bourgeois placides, ou les deux. Mais son propos dépasse le cadre des années 20 et pourrait s'adresser tout aussi bien au lecteur atteint de "bourgeoisisme" d'aujourd'hui.
Le sujet du bourgeoisisme est d'ailleurs très détaillé dans le manuscrit, au coeur du livre, et touche souvent les sommets (de la philosophie) que j'ai parfois eu du mal à approcher. La lecture de cet essai-récit demande une certaine attention.


Tout d'abord une fausse préface sert d'introduction au propos. le fils de la logeuse nous décrit ce personnage étrange qui habite une chambre de l'immeuble dans laquelle il trouve le manuscrit du "Loup des steppes". Cela constitue la seconde partie, très étoffée, et le coeur du récit (déjà dit).

Ensuite la fuite de Harry Haller vers l'abîme s'achève dans un endroit improbable pour lui, l'austère, un estaminet branché où il rencontre son alter ego féminin tout aussi désenchanté, mais autoritaire pour son bien.

La dernière partie est celle que je préfère. Elle touche le genre fantastique ou halluciné et se passe dans "le théâtre magique". La leçon donné au Loup des steppes, et ainsi au pessimisme ambiant, mobilise des génies de la littérature ou de la musique classique dont je tairais les noms (pour le suspense).

Alors ce personnage peut-il évoluer après cette fameuse nuit hypnotique?
Allez....un peu d'optimisme.
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Lu quand j'avais 20 ans. Ce livre m'avait bouleversé par sa noirceur, par le désespoir qui en émanait. Voilà un être qui ne peut plus faire face au monde réel, et qui ne veut plus en faire partie. Pas étonnant, après la Première Guerre mondiale et le manque de repère par rapport à "l'humanité". Finir par être effrayé par la race humaine au point de ne plus désirer être comme eux. Il faut être solide pour lire ce livre, qui est un chef-d'oeuvre de la littérature allemande.
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Après avoir découvert avec surprise et délice Siddharta, j'ai mis moins de temps à m'attaquer au Loup des steppes d'Herman Hesse, prix Nobel de Littérature en 1946. Publié en 1927, le Loup des steppes a été interdit sous le régime nazi (à cause des idées de l'auteur …), mais il a malgré tout marqué son époque et reste une des oeuvres essentielles de Herman Hesse.Tout comme Siddharta, le Loup des steppes est loin d'être un roman allemand austère, comme on peut parfois s'y attendre. Avec ce roman j'ai donc découvert un conte philosophique étonnant, un véritable voyage initiatique, plein d'humour et de beauté.

Harry Haller, héros de l'histoire, est observé par un de ses voisins : à travers ses yeux, on découvre un homme désabusé, souvent presque sauvage. Puis ce même voisin reçoit un jour un manuscrit étrange, écrit par Harry lui-même, où il raconte ce qu'il pense être : un loup des steppes, qui fait ressurgir tout ce qu'il a de sauvagerie en lui, alors que paradoxalement il recherche sans cesse son intégration dans la société. Puis Harry trouve un fascicule, le Traité du loup des steppes, qui va raconter son propre voyage initiatique, à travers des rencontres qui vont le marquer, et en particulier avec une femme qui le fera sortir de lui-même, de son expérience recluse, et qui le fera – dans une fin incroyable, explosive et surprenante - se confronter aux multiples aspects de sa personnalité.

En réalité on se rend compte que l'on porte tous en soi un peu de « loup des steppes », qui se heurte à notre sensibilité humaine mais qui cohabite tout de même avec elle. C'est ce côté vif, furieux, instinctif qui fait que l'on se sent vivant, que l'on se sent pousser hors de notre routine. Et c'est seulement lorsqu'on accepte ces deux facettes de notre personnalité que l'on peut atteindre l'harmonie, notre pleine condition d'homme.

« Je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations ; une rage contre cette existence en demi-teinte, plate, uniforme et stérile ; une envie furieuse de détruire quelque chose, un grand magasin, par exemple, une cathédrale, ou moi-même ; une envie de commettre des actes absurdes et téméraires, d'arracher leur perruque à quelques idoles vénérées, de munir deux ou trois écoliers rebelles du billet tellement désiré qui leur permettrait de partir pour Hambourg, de séduire une petite jeune fille ou de tordre le cou à quelques représentants de l'ordre bourgeois. Car rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer généreusement le médiocre, le normal, le passable. »

Un texte magnifique qui nous oblige à nous questionner sur le sens de notre existence. Une littérature salutaire, qui résiste mais finit pour séduire …

A NOTER :

Dans une lettre datée du 3 janvier 1928, Thomas Mann écrit à Hermann Hesse que le Loup des steppes (Der Steppenwolf), paru à Berlin en 1927, lui a « réappris à lire ». Ce roman, l'un des plus célèbres de l'auteur, écrit au sortir d'une crise de plusieurs années marquée par deux divorces, une dépression, un essai de psychanalyse, fut pour Hesse une tentative de réapprendre à vivre. (Encyclopédie Universalis)
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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 C'est un moment privilégié celui qui introduit à la découverte d'un nouvel auteur. Mes lectures sont assez éclectiques, mais à l'intérieur de cette diversité, je suis entraîné par un mouvement circulaire qui me fait souvent revenir vers les mêmes auteurs ou les mêmes thématiques. Il faut un effort de volonté supplémentaire pour ouvrir une porte vers un univers différent ou inconnu. Je recherche ainsi à intervalle régulier de nouvelles lectures, notamment parmi les écrivains étrangers qui échappent le plus souvent à ma boulimie. Il s'agit rarement d'un tirage au sort, mais d'un choix parmi la multitude. Au minimum, je m'informe de quelques éléments biographiques sur l'auteur et je lis les quatrièmes de couverture. C'est ainsi que j'ai découvert Hermann Hesse (1877-1962), romancier allemand, prix Nobel de littérature, antimilitariste, personnage tourmenté et complexe. Son livre "Le loup des steppes" est considéré comme une œuvre majeure de la littérature allemande du XXe siècle. À la fois roman, autobiographie, essai, récit fantastique et initiatique, étude sociale, recherche spirituelle, délire de psychopathe, cet ouvrage ne peut laisser personne indifférent et reste inclassable à la fois par la variété des thèmes abordés et par sa construction en plusieurs partie très différentes les unes des autres. S'agissant d'un roman traitant de questions de société et de philosophie, il semble opportun de dire quelques mots sur le contexte politique et économique qui entourait sa publication en 1927. C'est l'entre-deux-guerres, le monde est en ébullition à la croisée des chemins, entre une guerre qui vient de démontrer la force destructive des engins mécaniques issus d'un progrès technique qui commence à être remis en cause et la montée des nationalismes qui préfigure un chaos plus terrible encore. Au milieu de cette période, après les années folles, ultime respiration d'une humanité qui a failli sombrer à tout jamais, survient la crise économique de 1929. Hermann Hesse, intellectuel fragile et instable, s'imprègne de cette ambiance sombre et en devine les perspectives délétères. Il n'accepte pas ce monde tel qu'il est et tente d'expliquer les raisons de ce rejet en racontant l'histoire d'un homme égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible.

 Le héros, Harry Haller, la cinquantaine, homme cultivé, depressif, en quête d'identité, éprouve des sentiments contradictoires : un besoin d’isolement, de repli sur soi et un tropisme vers le raffinement de la vie bourgeoise qui lui promet confort et sécurité mais à laquelle il reproche pourtant son égoïsme et sa médiocrité. C'est un loup tiraillé entre l'appel de la forêt et le besoin de rejoindre la meute des hommes. Herman Hesse décrit sa propre histoire en y ajoutant une dimension onirique, fantastique, prétexte à exprimer plus intensément sa souffrance, ses tendances suicidaires et sa schizophrénie. Dans son parcours initiatique, il rencontre une jeune femme, Hermine, son double féminin qui lui ouvrira les portes d'un monde enfantin fait de joie, de danse, de plaisir immédiat. Cette perspective, lui permettra-t-elle de retrouver un équilibre ?

 Ce livre exprime un doute terrible quant à la capacité de l'homme à quitter sa condition animale pour se transcender en un être accompli capable de vivre en harmonie avec ses semblables. C'est un texte protéiforme et déroutant mais qui ouvre l'esprit à la méditation. Écrit à la frontière de la folie et du génie ce conte philosophique mérite son succès, mais sa noirceur laisse un peu d'amertume au lecteur qui recherche dans la littérature à la fois un divertissement, mais surtout un désir de vivre.

Vocabulaire :

Térébrant (page 42) : adjectif

Insecte térébrant qui perce des trous.
Douleur térébrante qui donne l'impression qu'une pointe s'enfonce dans la partie douloureuse.
Bibliographie :

"Le loup des steppes", Hermann Hesse, le livre de poche (2019), 311 pages.

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Après « Narcisse et Goldmund », roman moyenâgeux sur la dualité humaine, puis « Siddhartha », récit initiatique aux accents orientaux, j'ai rencontré « le Loup des steppes ». C'est ainsi que se nomme lui-même Harry Haller, fascinant personnage partageant avec l'auteur de ce roman d'apprentissage (ou d'auto-accomplissement) bien plus que ses seules initiales. Dès le début il y a mise en abîme du récit, avec cette « préface de l'éditeur » introduisant les carnets laissés par le Loup des steppes, un homme à la personnalité tout aussi complexe que tourmentée.

Dans les Années Folles de l'entre-deux-guerres, Harry Haller est un intellectuel vieillissant et solitaire, amateur de vin, de lettres et de musique, et dont les rentes lui permettent de louer un deux-pièces mansardé dans une respectable demeure bourgeoise. Haller est « un génie de la douleur » ayant « développé en lui une capacité de souffrance extraordinaire ». Il porte sur le monde moderne un regard désabusé, affligé par le fait que les hommes se complaisent dans leurs vanités tout en préparant de nouvelles guerres. Les phares salutaires dans le soir déprimant de son existence se nomment Goethe, Novalis et Mozart. C'est au cours d'une errance nocturne qu'il découvre dans une ruelle une porte close menant à un Théâtre magique « réservé aux insensés ». Un inconnu croisé dans la rue lui remettra un livret portant ce titre : « Traité sur le Loup des steppes. Tout le monde n'est pas autorisé à lire. »

Ainsi débute une spirale de rencontres, d'illusions et de révélations intérieures pour cet homme qui pense abriter un loup en lui et qui se découvrira une personnalité à la complexité inattendue, faite de souvenirs et de miroirs de sa propre individualité. Grâce à Hermine, éblouissante courtisane aux allures d'alter ego féminin, Pablo le séduisant musicien et Maria la jeune amante aux caresses savantes, Harry découvrira les délices de nuits sensuelles, opiacées et libertines. Cette vie nouvelle, aux frontières de la schizophrénie et du fantastique, trouvera son apothéose avec le bal masqué et l'entrée dans le fameux Théâtre magique, lieu de toutes les révélations…
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Préface : un jeune homme vit chez sa tante et raconte l'arrivée d'un locataire Harry Heller chez celle ci (elle a une grande maison et loue des chambres). Ce mystérieux homme se surnomme lui même le loup des steppes par autodérision : il ressent en lui deux personnalités : la première animale (le loup) qui est solitaire et misanthrope et la deuxième « humaine » qui souhaite communiquer avec ses semblables. Il a la cinquantaine, il est malade, ne travaille pas, lit énormément …

Ce livre oscille en permanence entre la réalité et le fantastique : Harry Heller (H.H. comme Hermann Hesse) se promène la nuit dans les rues avec son vague à l'âme et découvre un théâtre « magique » qui apparaît et disparaît au gré de ses pérégrinations.
Après un moment très sombre (la description de ses tendances suicidaires), il rencontre une jeune femme mystérieuse (à moins que ce ne soit un dédoublement de personnalité…) qui dit se prénommer Hermine (double féminin de Hermann ? )
Il s'agit d'un auteur allemand (naturalisé suisse) et je me suis demandé si Hermine avait la même signification qu'en français ou si ce prénom avait été choisi pour sa sonorité proche de Hermann…

Cette jeune femme tente de réconcilier Harry avec la vie et ses plaisirs (en particulier la musique et la danse), Harry, cinquantenaire coincé vit une seconde jeunesse…

Hermine sauvera-t-elle le loup des steppes de sa folie ?

En conclusion : un livre très riche tant par les sujets abordés : j'ai évoqué le suicide, l'amour mais il y a aussi l'art (musique), la volonté de paix et la critique des Etats qui s'engagent sûrement vers la deuxième guerre mondiale (ce livre a été écrit en 1927 et interdit sous le régime nazi).
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Le loup des steppes n'est pas un livre comme les autres. Il est un loup solitaire qui se chercher une meute ou qui l'a fuit. le loup, animal mythique, traqué depuis la nuit des temps, celui qui rôde et surgit de nulle part, qui s'abat sur la proie la plus vulnérable. Solitaire ou en meute, il ne trouve que rarement sa place au sein de la société. Harry, se voit loup, Harry cherche un sens à sa vie. Mille chemins, ou une simple rencontre l'aidera peut être à trouver la bonne direction, à démêler tous ces noeuds en lui.
C'est un roman hors norme, qui côtoie le fantastique, la philosophie, la psychologie, c'est intéressant mais pas forcément aisé à lire. Il faut pénétrer la lecture en se dépouillant de tous a priori, se laisser immerger par la richesse de cette étude de l'âme humaine. Cette dernière si complexe, si étrange et mystérieuse, nous offre une multitude de possibles.
Je ne sais si j'ai aimé ou été happée par ce loup des steppes, dans tous les cas, je ne suis pas restée indifférente à ce livre qui m'interroge encore.
Étrange mais intéressant et enrichissant.
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