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Eugène Badoux (Traducteur)Magda Michel (Traducteur)Henri Thomas (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070775422
280 pages
Gallimard (08/09/2005)
3.69/5   16 notes
Résumé :

A la fin du XVIIIe siècle, le jeune Andréas de Ferschengelder débarque à Venise, à la recherche du bonheur, sans doute. La ville magicienne lui offrira ses fêtes et ses jeux tragiques, ses ténèbres et sa splendeur, sa paix sérénissime et sa troublante inquiétude. D'autres contes d'amour et de mort déroulent leurs enchantements. Les uns rappellent Les Mille et Une Nuits, un autre les traditions de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Andréas ou la suggestion Hofmmannsthalienne

L'auteur autrichien, célèbre pour ses collaborations avec Richard Strauss (Elektra, le Chevalier à la Rose) et l'invention du Festival de Salzbourg lègue à la postérité son seul roman, hélas inachevé, Andréas.

“I Pull A Spell On You.” Lecture déroutante, onirique, brumeuse, mystérieuse, inquiétante, insondable, l'ébauche d'Andréas a l'étoffe d'un grand roman de début de siècle. L'atmosphère intrigue même si la narration déroute, on a l'impression de suivre l'intrigue à travers une colonnade, et d'apercevoir des bouts d'histoire entre les épaisses et sibyllines arcades du schéma narratif.
Hugo von Hofmannsthal passe subrepticement du rêve au surnaturel sans élément déclencheur, sans bascule évidente. Evidemment on peut regretter que ces épreuves déjà si riches n'aient jamais donné naissance à un véritable roman.

Cette entrée du surnaturel que rien ne prédestinait laisse à croire qu'Hofmannsthal cherchait encore sa direction. le roman d'abord tout à fait réaliste s'enfonce dans la chimère à la toute fin de ce qui devait être le début, un peu comme ces images qui se brouillent et se décousent sous nos yeux avant que nous ne plongions dans le sommeil… Reprendrez-vous la plume là où il s'est arrêté ?

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Le monde d'Hugo von Hofmannsthal est à la fois enchanteur et grimaçant : tout, de la nature à l'homme, y est source de beauté et d'effroi. Les récits de ce recueil plongent dans le rêve en même temps qu'ils se confrontent au réel. Il n'est pas toujours aisé de suivre l'auteur dont les histoires sont souvent étranges , voire occultes. Celui-ci nous entraîne dans un flux ininterrompu de sensations et d'images, que ce soit à Venise, à la fin du XVIIIème siècle, où le jeune Andréas est accueilli par un masque en partie dévêtu, un joueur qui a perdu jusqu'à ses habits, sur les routes de Carinthie, ou à Vienne. Poétique, théâtrale, sensuelle, angoissée, délicate ou violente, la prose d'Hugo von Hofmannsthal émeut, étonne et impressionne.
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Hugo von Hofmannstahl compte dans la littérature de langue allemande. Mais il est relativement peu connu dans le monde francophone. Moins que Zweig ou Rilke par exemple. Ou alors seulement comme le librettiste bienaimé de Richard Strauss.
Pourtant il fit une apparition fracassante dans la Vienne des lettres des années 1890. Encore lycéen, il était déjà un poète accompli. Zweig raconte dans le monde d'hier combien Schnitzler a été abasourdi en découvrant les vers de ce tout jeune homme. Un prodige comme Rimbaud, la révolution en moins, la tradition (allemande) en plus.
Ce livre contient un court roman, Andréas, et des récits, nouvelles ou projets de scénarios de théâtre. Plusieurs sont inachevés. Mais cela ne fait rien. Ils sont captivants. Les personnages sont immédiatement présents. Ce sont des apparitions, eux aussi. Nous les sentons proches de nous.
Mais ils sont étrangers à leurs congénères. Ils n'arrivent pas à communiquer avec leurs semblables, dont la présence paraît insaisissable, voire incompréhensible. Il en résulte une incertitude permanente, une angoisse qui peut avoir une issue tragique. Leur monde est voilé, comme obscurci. le lecteur comprend, lui, que ce sont leurs mouvements intérieurs qui les rendent si peu en phase avec les autres.
On se prend à regretter que Hofmannstahl n'ait pas écrit des romans de plus grande ampleur, tant on aimerait prolonger le plaisir de cette littérature et l'exploration si singulière des profondeurs de l'humain.
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Hugo von HOFMANNSTHAL : "Andréas"
Edition L'Imaginaire Gallimard
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Il s'agit là d'un recueil de nouvelles du grand poète autrichien, fondateur du festival de Salzbourg, né à Vienne en 1874 d'une mère italienne et d'un père autrichien et mort en 1929. Il connut la renommée en tant que poète et prosateur dès l'âge de 17 ans.
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Il est plus particulièrement composé d'une longue nouvelle, "Andreas", et de huit plus courtes, dont certaines abruptement inachevées. Grâce aux notes laissées par l'auteur, et également traduites par Eugène BADOUX et Magda MICHEL, nous pouvons parfois connaître les intentions d'HOFMANNSTHAL concernant leur possible dénouement. Mais nous admettons que leur style onirique ne rend pas cet achèvement nécessaire : nous sommes dans un domaine de rupture avec la vison rationnelle du monde, et le chemin est tellement riche d'images et de poupées russes emboîtées les unes dans les autres que nous ne ressentons aucune frustration quand nous sommes brusquement abondonnés au milieu d'une page.
Qu'il s'agisse de la recherche lancinante de la femme aimée, de la plongée dans les labyrinthes de l'enfance et de ses frayeurs, de la crainte de la folie, de l'obsession de la mort, de l'envie, de la précarité du bonheur, de la recherche d'un objet ou d'un être inconnu qui toujours se dérobe ; chaque fois nous passons de l'autre côté du miroir, bien près des mécanismes du rêve et de la folie.
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Les jeux et les mirages de la Venise du 18ème siècle vus par un jeune voyageur qui donne son nom au récit au recueil. D'autres contes dans la lignée des "mille et une nuits par le poète de la Vienne impériale.....
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Notes et variantes de la lettre du Dernier des Contarin de Hugo von HOFMANNSTAËL
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Mme Von W : Rien n'existe nulle part. On découvre la santé du fond de la maladie. Tout est tout de suite trop : il suffit d'être un tout petit peu plus intelligent, pour se trouver bien loin des choses. L'alphabet, à peine le comprend-on, déjà il se métamorphose : et certes, il y gagne en noblesse, mais il redevient un alphabet sitôt qu'on croyait l'avoir transformé en formule magique. Les bijoux qu'on porte, quand vivent-ils réellement ? Une chambre, quelle est vraiment son heure ? - Et vous, d'où vous vient ce calme ? - C'est que ma désillusion même m'apparaît comme un reflet courant sur une belle eau d'un gris perle bleuté.
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Contarin : chaque objet que nous possédons ne fait en réalité qu'en évoquer et en remplacer un autre plus beau : chaque perle, chaque étoffe, chaque ruine antique et chaque maison est simplement un balcon d'où nos désirs contemplent l'infini, un trou de serrure par lequel nous entrevoyons le royaume enchanté des perles, des soieries et des statues antiques.
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Ce n'était pas tant un sentiment d'insatisfaction devant sa vie, que des visions séduisantes de ce qui aurait pu être, une fièvre silencieuse, qui lui faisait passer devant les yeux une suite de scènes imaginaires parées d'un charme irrésistible : ses presque huit années de mariage y étaient comme effacées, elle redevenait avec une vérité hallucinante la jeune fille qu'elle avait été, avec son âme et son corps d'alors, et prise dans les remous d'une mystérieuse existence, qui n'était pas devenue la sienne, elle épanchait avec des amis et des ennemis indistincts, des ombres qui flottaient autour d'elle, tout le trop-plein inexprimé dont elle débordait, une profusion si inépuisable de virtualités, une gamme aux nuances si innombrables d'orgueil et d'humilité, de frivolité et de dévouement, que ce flot entraînait et noyait dans sa course la réalité, comme un large fleuve impétueux emporte un minuscule îlot d'argile.
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Car quoiqu'il n'y passât pas entièrement sous silence les désagréments et les humiliations qu'il avait réellement subis, il les transfigurait perpétuellement, tantôt en en approfondissant l'aspect douloureux en même temps qu'il en estompait la bassesse, tantôt en réinventant complètement le comportement qu'il avait eu en telle circonstance, les réponses qu'il avait faites, la manière dont il avait réagi, avec une imagination qui jaillissait en lui à son insu ...
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Conte de la six cent soixante douzième nuit :
"Il se dirigea alors vers les hommes agenouillés devant les chevaux pour leur nettoyer les sabots. Eux aussi se ressemblaient tous, et avaient un air de parenté avec ceux qui étaient assis à la fenêtre et ceux qui transportaient le pain. Ils devaient tous venir de villages voisins. Ceux-ci non plus ne disaient pas grand-chose. Comme ils avaient beaucoup de peine à tenir la patte avant du cheval, leurs têtes oscillaient continuellement, et leurs visages jaunâtres qui se levaient et se baissaient paraissaient secoués par le vent. La plupart des chevaux avaient une vilaine tête et un air mauvais (...)"
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22 juillet 1848
Comme aux dires concordants de tous les prisonniers la ville de Milan avait été complètement abandonnée par les troupes ennemies, tant régulières qu'irrégulières, et se trouvait démunie de toute artillerie et de tout armement, le capitaine ne pouvait pas plus se refuser à lui-même qu'à l'escadron de faire son entrée dans la grande et belle cité qui s'offrait sans défense. (...) et de défiler devant Santa Babila, San Fedele, San Carlo, le Dôme de marbre célèbre dans le monde entier, San Satiro, San Giorgio, San Lorenzo, San Eustorgio; tous ces antiques portails de bronze s'écartant l'un après l'autre pour laisser apparaître à la lueur des cierges, dans les nuages d'encens, des saints en argent et des femmes aux yeux rayonnants couvertes de brocart; regarder tout cela du haut d'un cheval au trot, avec deux yeux fulgurant dans un masque de poussière éclaboussé de sang : de la Porta Venezia à la Porta Ticinese, le superbe escadron traversa tout Milan.
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Vidéo de Hugo Von Hofmannsthal
HOFMANNSTHAL – Pensées d'Yves Bonnefoy sur la question poétique dans ses lettres (Conférence, 2011) Une conférence d’Yves Bonnefoy, intitulée « Hofmannsthal et la question de la poésie », donnée le 12 mars 2011 à l’Université de Strasbourg.
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