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EAN : 9782905344595
171 pages
Le Dilettante (31/08/1998)
4.19/5   21 notes
Résumé :
« L’âge d’or », publié en 1953, est un roman de l’adolescence, aux airs autobiographiques. Amoureux du monde rude et grave des garçons, le narrateur y évoque, sur un ton enjoué et pudique, les rencontres qui marquèrent sa jeunesse.
Il célèbre, avec une netteté allusive, souveraine d’élégance, le triomphe des corps et la quotidienne déroute de l’amour.
L’extrême beauté du livre vient de cette contradiction entre un hédonisme paisible et la tragédie sour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quel bel objet… anecdotique certes, n'empêche qu'une jolie peinture, une couverture un peu rêche, un bruit qui traduit toute la résistance de la page qui se corne, un interligne aéré qui laisse à l'imagination le champ libre entre deux paragraphes sont autant de petits détails esthétiques que ne peuvent ignorer les fétichistes du livre-objet.

Pierre Herbart est un écrivain français, résistant et journaliste à Combat avec Albert Camus, il fut le compagnon des nuits d'opium de Jean Cocteau et le secrétaire particulier d'André Gide qu'il accompagna lors de son fécond séjour en U.R.S.S.

« Depuis mon plus jeune âge, je voulais écrire (…) rarement un goût plus certain fut plus constamment négligé ». Herbart narrateur s'invite en quelques occasions dans ce récit, mi roman, mi biographique de ses amours masculins de jeunesse. D'une écriture plus cristalline, plus transparente que la préciosité d'un Éric Jourdan et d'une plate beauté sans impudeur loin d'un Hervé Guibert, Herbart leur ouvre pourtant la voie, dès 1953 avec ce récit sociologiquement audacieux « que l'on recommande à quelques-uns » pour reprendre la préface prudente d'Albert Camus. Et de fait, Herbart n'est lu que par quelques-uns.

« On ne peut posséder un sourire, mais seulement l'écraser avec sa bouche. » D'une grande jalousie, Herbart connaîtra sa vie durant des passions amoureuses, il épousera notamment la mère de la fille de Gide. Pour autant rien ne vaut à ses yeux les émois de la jeunesse.
Ces passions adolescentes souvent tragiques mais d'une beauté et d'une naïveté totale dans leurs transports, ces sentiments éthérés, comme l'écriture d'Herbart, cet « état de grâce » on ne le vit que lorsqu'on est jeune, quand on a la liberté de l'inconscience, quand on se donne sans réserve, que l'on voit son reflet dans le regard de l'autre et que l'on croit que c'est à jamais. le passage du temps est suspendu jusqu'à vingt-cinq ans, là où s'achève ce roman.

Mais, comme l'écrivait Boileau, « chaque âge a ses plaisirs » et il ne tient qu'à nous de faire de chaque âge, sinon “L'âge d'or”, du moins une période pas tout à fait perdue pour le bonheur.

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Je cite Albert Camus :
Il s'agit (...) de l'amour des garçons, dont il est parlé avec franchise (...) sans complaisance ni coquetterie. le climat tragique de cette oeuvre ne se sépare pas de la lumière ni de la joie. le don de vie est merveilleux, la lumière est bonne, la seule tragédie est de la quitter et de devoir faire face à la nuit. Ce sentiment profond et simple, mis en ordre par un véritable écrivain, nous vaut aujourd'hui L'Âge d'or, beau récit qu'on recommande à quelques-uns.
Bulletin de la NFR no 70, p. 3 (juin 1953)
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
“mes yeux erraient sur ce corps, en quête d’un défaut qui vînt me distraire de sa beauté. Mais la perfection ne se laisse pas trahir ; il faut l’embrasser toute entière.”
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En juillet, dans le Nord, de grandes lueurs traînent encore dans le ciel à minuit. La mer bruissait faiblement, chargée de phosphorescences que nous nous amusions à ranimer en jetant des cailloux. Il faisait si tiède que nous dormions nus, la porte du kiosque ouverte. De toute mes forces, je pressais Alain contre moi et le sommeil desserrait à peine notre étreinte.
Une fois que je m'étais éveillé très tôt, je regardais son visage, baisant tantôt sa tempe, tantôt l'ombre de ses cils sur sa joue en feu, et puis sa bouche un peu gonflée. Un bras au creux de mes reins, l’autre sous son épaule, de telle sorte que sa tête vînt reposer, Je goûtais à contempler Alain endormi une joie joie si intense qu'elle sortit soudain de moi comme une source brûlante. Je ne sais quelle inquiétude me fit tourner les yeux vers la porte ouverte. Dans l'embrasure, se découpant sur le sable rosi par les premiers rayons, un homme était immobile. D'abord pétrifié, j'allais bondir, quand il posa doucement un doigt sur ses lèvres. Aussitôt après, il s'éloigna, et je pus voir que c'était un douanier.
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Alain m'attendait dans le kiosque ouvert du côté de la mer. Nous n'avions que peu d'instants, et nous restions immobiles côte à côte, debout, les bras ballants. Je n'avais qu'à avancer les lèvres pour baiser la mèche qui retombait toujours sur son front. Les yeux obstinément baissés, il se taisait. Sa main saisissait la mienne chaque fois que je faisais un mouvement pour partir. À la fin je pris cette main pour la porter jusqu'à ma bouche, affaiblir sa résistance, la faire consentir à me laisser aller. Brune, avec ses beaux ongles coupés courts, un peu rêche au-dessus et si douce aux paumes, marquée de cicatrices, elle se laissait retourner sous mes yeux et demeura en suspens quand je me défis d'elle.
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Video de Pierre Herbart (1) Voir plusAjouter une vidéo

Pierre Herbart : L'Age d'or
Olivier BARROT présente "L'Age d'or" de Pierre HERBART (Le Dilettante), qui, ancien secrétaire de André GIDE, a publié en 1953 ce livre relatant ses ardentes passions homosexuelles.
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