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EAN : 9782847421545
316 pages
Le Passage (19/08/2010)
3.59/5   288 notes
Résumé :
Paris, juin 1995. Dans un grand restaurant, un serveur est violemment frappé par un client. Autour de lui, personne n’intervient. Ni le couple russe qui contemple cette scène avec des sentiments mêlés, ni la femme du client en colère, ni les deux jeunes gens, deux Français, venus fêter une première embauche à la banque. Une simple anecdote? Pas même un fait divers? Dans le cours des vies, aucun événement, si minime soit-il, n’est anodin. Et la brutalité de l’un, l’i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 288 notes
Il est de coutume de dire que l'argent ne fait pas le bonheur , soit . Personnellement et dans ce cas précis , j'aurai plutôt tendance à citer Jules Renard : si l'argent ne fait pas le bonheur , rendez-le !
Postulat judicieux s'il en est mais qui ferait , cependant , doucement rigoler les divers protagonistes à tendance légèrement arriviste de ce magnifique roman polyphonique .

Bienvenue dans le monde si délicieux qu'est celui de la réussite à tout crin , du pousse-toi là que je m'y mette . de cette réussite qui fait fi de tout sentiment , de toute morale , aliénant les corps et les esprits et balayant d'un revers de la main vos convictions les plus profondes de sa morgue et de sa suffisance , vos toutes nouvelles meilleures amies désormais érigées en préceptes de vie inébranlables !

Un restaurant . Un serveur d'origine africaine , Sila . Dans la salle , des personnages hétéroclites forts de leur irrésistible ascension sociale . Et là , c'est le drame ! Sila ne supportant plus d'avoir constamment dans les pattes un gamin aussi inéduqué que turbulent , se fait violemment agressé par son bourrin de paternel sous les yeux ébaubis d'une clientèle au mieux totalement amorphe , au pire foncièrement indifférente !

Loin d'être moralisateur , un bouquin méchamment à charge malgré tout . L'objet de cette vindicte : l'argent roi et son cortège inhérent de dérives .
Véritables incarnations d'un ultra-libéralisme pleinement assumé , trois nationalités différentes évoluant dans les trois univers emblématiques que sont le pétrole , la finance et l'immobilier – subprimes inclus .
Lev , le Russe , passant d'ancien universitaire respecté à personnage incontournable du régime Eltsine qu'il soutint sans failles , lui assurant ainsi une belle promotion pétrolifère...
Simon , le Français , brillant chercheur en mathématiques , effacé et timide , total opposé de Mathieu , son coloc , qui finira par le convaincre que la City n'attend que lui...
Ruffle , l'Américain , ex-espoir de football brillamment reconverti en vendeur du mois récidivant de crédits hypothécaires...

Trois archétypes , trois trajectoires , trois modèles de corruption personnelle et professionnelle .
De ce à quoi ils aspirèrent à ce qu'ils devinrent , un fossé abyssal où honnêteté , courage et respect se perdirent à jamais . Un monde impitoyable de la finance magnifiquement dépeint . Un ton didactique jamais rébarbatif . Un livre rythmé malgré la gravité et la teneur du sujet . Une écriture racée qui , au début , ne laissa pas de me questionner pour finalement m'emporter .
A noter les personnages féminins , véritables cautions morales de cette histoire , qui , à force de droiture et de véracité , laissent finalement entrevoir un mince espoir quand à une éventuelle rédemption de leurs chers et tendres...

La Fortune de Sila : l'argent n'a pas d'odeur vs contentement passe richesse ! Faites vos jeux , rien ne va plus...
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Argent, flouze, fric, oseille, blé, grisbi, pognon (de dingue), pèze, radis, galette, ronds, sous, pépètes… c'est en résumé l'objet de la fortune de Sila.

Si de surcroît tu n'as pas tout compris à la crise financière de 2007, ou à l'avènement du système oligarchique russe sous l'ère Eltsine, voilà qui plus outre une captivante séance de rattrapage.

Et peu importe la crédibilité des passionnants destins croisés dévoilés dans ce roman à tiroirs, celui-ci s'appréhende avant tout comme un redoutable conte moderne, impitoyable observation politique, économique et psychologique de nos sociétés mondialisées.

Pour faire court, je me suis régalée.

Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Un livre émouvant. Merci à Babelio de m'avoir fait connaître cet ouvrage. La force de ce récit est les personnages, tous incroyablement attachant car tous avance dans leurs existences avec des doutes, des failles.
Le personnage de Sila me fait un peu penser à Candide, surtout au début où il doit quitter son pays chasser par un commandant tout puissant à qui il a refusé de vendre tout son poisson, comme Candide fut chassé du château par la seule volonté du baron. S'en suit une sorte de parcours initiatique avec une question servant de colonne vertébrale au roman : pourquoi ce Sila devenu serveur est agressé par un des clients, et surtout pourquoi personne n'a réagit?
Fabrice Humbert va alors décrire les parcours des clients présents dans un monde où l'argent fou devient la référence, dans un monde post communiste en Russie. L'auteur nous livre une passionnante plongée dans la transition suivant la fin de l'épopée soviétique ouvrant la voie au début du capitalisme sauvage avec la naissance des grandes puissances financières liées au richesse naturelle de la Russie. S'agrandir ou mourir, tel est le choix auquel est confronté Lev, un grand intellectuel conseiller du président Eltsine, devenant président d'une compagnie pétrolière à grand renfort de corruption.

Mais les personnages les plus intéressants sont pour moi Matthieu et Simon, deux jeunes amis que tout oppose. Matthieu le flambeur mais tenant un discours ultra critique contre le monde de l'argent tout en étant lui même fasciné par ce dernier et Simon le timide mathématicien. Je me reconnais assez en eux. J'ai l'impression de m'entendre quand Matthieu part dans mon monologue merveilleux prévoyant l'éclatement du système, la disparition de l'Etat effacé sous leurs dettes au profit de gang, de mafia. Cette lucidité ne l'empêche pas lui même de vouloir sa place au soleil précisément car il estime que seul l'argent pourra le protéger de la ruine.
Je me reconnais aussi en Simon, cet introverti maladroit dans les relations humaines mais en même temps capable de monter les échelons dans le monde de la City. Voila ainsi un autre atout de ce livre : ces 2 hommes ne sont pas caricaturaux, alors que Matthieu semble tout avoir pour réussir, il va être incapable de trouver un job à la City l'entrainant dans une forme de dépression contrairement à Simon enchainant les réussites et pensant à ce titre avoir enfin trouver sa place et un rôle social sur cette planète.
La fin du livre est sombre : le russe finit mort dans un attentat, son entreprise rachetée par son pire ennemi, Matthieu trahit Simon en épousant son ancienne petite amie et en l'abandonnant, Simon qui a participé inconsciemment à la chute de l'entreprise du russe démissionne et ce cher Sila lui est de nouveau tabassé par le client du restaurant, un riche héritier qui a fait fortune en vendant des prêts à des pauvres, le lecteur ne sait pas s'il s'en sort vivant.
Pour résumer le message du livre est d'une simplicité cruelle : les riches, les puissants s'en sortiront toujours surtout en temps de crises où il s'arrangeront pour préserver leurs positions dominantes tout en se vantant d'avoir sauvé le monde de la faillite, et au final ce sont les 99% de la population qui paye.

Ce livre mériterait une suite et je suis bien triste de devoir laisser tous ces personnages une fois la dernière page terminée.

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Le livre s'ouvre sur une scène choquante : dans un restaurant gastronomique, un client frappe violemment un serveur, dont le seul tort est d'avoir raccompagné son gamin mal élevé à table. Aucun des convives témoins de cette violence ne réagit.

Passée cette scène d'introduction, nous suivons les destins des personnes présentes, tous liés d'une façon ou d'une autre à la finance. Entre la chute du mur de Berlin et la crise financière de 2008, l'auteur nous présente sa vision de la finance et des hommes qui la "font".

Car ils ne sont finalement tous que des humains, avec leurs faiblesses et leurs défauts : Simon le naïf "geek" des mathématiques, élaborant des modèles désincarnés pour les traders ; Lev, "homme d'affaires" s'étant emparé du pétrole russe pendant l'ère Eltsine comme d'une part de gâteau, impitoyable et indifférent ; Russel, américain brutal nostalgique de ses heures de gloire sur le terrain de football, et qui fonde sa fortune sur le crédit aux démunis pendant la bulle de l'immobilier ; Matthieu, le dandy raté ne rêvant que d'argent...

Malgré leurs manigances et leurs calculs, ils ne sont finalement que des acteurs inconscients dans une sorte de folie qui les dépasse tous.
"Le monde financier est un circuit automobile avec des voitures sans freins. Lorsque tout va bien, toutes les voitures tournent. Si l'une d'elles a un accident... advienne que pourra !"

Lecture passionnante... et désenchantée !
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Comme moi il y a quelques semaines, vous ne connaissez peut-être de ce roman que le résumé du prologue, où Sila, un jeune serveur noir dans un restaurant chic parisien, se fait agresser violemment par un client, pour une raison futile. Scène frappante, sans mauvais jeu de mots, qui présente tous les protagonistes de ce roman autour des thèmes du pouvoir et de la fascination de l'argent. L'argent, figure centrale du roman, orientera les destinées de chacun : l'homme d'affaires américain spécialiste du crédit immobilier, l'oligarque russe et son épouse, les deux amis qui viennent fêter une récente embauche dans le monde de la finance, le jeune serveur. Ils se croisent à plusieurs reprises, par des artifices de l'auteur qui jubile à ces intersections où les protagonistes s'écartent légèrement de la voie tracée. le récit oscille également entre moralité et amoralité, et laisse de ce fait le lecteur incertain sur l'issue des histoires individuelles. En d'autres termes, la fin n'est pas trop prévisible !
Ce roman est admirablement échafaudé, et, ce qui est essentiel, c'est que les personnages sont tout à fait intéressants, avec leurs parcours plus ou moins erratiques. le lecteur n'a pas envie de voir l'un ou l'autre laissé dans l'ombre, comme on en rêve parfois dans un roman choral. J'avais découvert Fabrice Humbert avec L'origine de la violence, je le retrouve ici dans des thématiques assez différentes quoique le bien et le mal, la culpabilité soient communs aux deux romans. La belle plume de l'auteur s'est fait encore plus remarquer lors de cette deuxième lecture, et je vous recommande La fortune de Sila sans restriction.
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Toute société, en ses origines, est dirigée par des voleurs et des criminels, qui s’imposent dans un monde sans loi, et ce n’est qu’ensuite, par le gauchissement de l’épopée et de la mémoire, que les criminels deviennent de grands hommes. Les seigneurs du Moyen Age furent des pilleurs sauvages, comme l’avaient été les premiers Grecs et les premiers Romains. De même que les millionnaires du XIXe siècle américain furent des bandits érigeant leur fortune d’acier et de pétrole dans le vol et le chantage avant de se refaire une morale dans de belles fondations artistiques et citoyennes dont leurs descendants s’enorgueillissent, Lev appartint à une époque sauvage où les criminels et les voleurs arrachèrent les meilleurs morceaux de la dépouille impériale.
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Voilà bien longtemps que la valse des vieillards dictateurs n'était plus qu'une pantomime ridicule et souffreteuse, à l'image du régime. Voilà bien longtemps qu'ils ne croyaient plus aux mots, parce qu'ils ne correspondaient pas aux choses : les "démocraties populaires" étaient des dictatures, l'invocation permanent au "nous" et au "peuple" ne recouvrait plus que les intérêts de quelques-uns et la "lutte" permanente, dont on leur rebattait les oreilles, de guerre chaude en guerre froide, était une lente et progressive défaite. Rassemblant ses deux cursus de lettres et de sciences politiques, Elena avait même pensé écrire une analyse du discours communiste, projet qu'elle n'entendait évidemment pas réaliser, du moins sous la dictature, mais qui lui paraissait pouvoir  résumer à lui seul l'hypocrisie du régime et le décalage entre les discours et les actes. Ils ne voyaient pas très bien l'issue de la perestroïka et de la glasnost : ils estimaient, à tort ou à raison qu'une dictature est ou n'est pas, et que tout adoucissement signe sa fin. Selon Lev, Gorbatchev serait éliminé pour que tout continue comme avant. Elena était d'avis que c'était le début de la fin et qu'à l'approche du millénaire, l'URSS n'existerait plus. C'était elle qui avait raison, et le dégel fut même plus rapide que prévu. Déjà autour d'eux, l'immense banquise du communisme s'effondrait, des blocs énormes se détachaient et le plus énorme de tous, parce que le plus symbolique, fut l'effondrement du mur de Berlin, pendant leur mariage.
   Et ils rirent de cela, d'un rire qui n'avait pas vraiment de signification, du rire sans joie de l'absurde révélé. Mais ils riaient aussi parce qu'ils étaient jeunes et parce qu'ils étaient heureux...
Mais Lev cessa de rire. Pas tout de suite bien sûr. Non, pas tout de suite mais graduellement, à mesure qu'il abandonna Marx et les théories économiques pour le pétrole et le combat. À mesure que le Hun se révéla en lui et qu'il se lança dans la fuite en avant de la conquête. Il ne rit plus et il ne pleura pas. Il aurait pu pleurer sur la perte de ce qu'il avait été mais il ne le fit pas. Sa femme le fit pour lui...
Toute société, en ses origines, est dirigée par des voleurs et des criminels, qui s'imposent dans un monde sans loi, et ce n'est qu'ensuite, par le gauchissement de l'épopée et de la mémoire, que les criminels deviennent des grands hommes. Les seigneurs du Moyen Âge furent des pilleurs sauvages, comme l'avaient été les premiers Grecs et les premiers Romains. De même que les millionnaires du XIXème siècle américain furent des bandits érigeant leur fortune d'acier et de pétrole dans le vol et le chantage avant de se refaire une morale dans de belles fondations artistiques et citoyennes dont leurs descendants s'enorgueillissent, Lev appartint à une époque sauvage où les criminels et les voleurs arrachèrent les meilleurs morceaux de la dépouille impériale.
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- Comment es-tu arrivé ici, Sila ? demanda Céline. Tu ne nous a jamais raconté ces évènements.
  Sila éluda la question. Il raconta seulement qu'il avait embarqué sur un bateau comme passager clandestin.
   - Tu as eu de la chance de ne pas être jeté à l'eau, dit quelqu'un.
   - Et de pouvoir entrer en France.
   - En France, ce n'est pas facile. Ils sont devenus durs.
   - Il vaut mieux aller au Canada maintenant.
  Et tous de hocher la tête : "Oui, le Canada, c'est mieux."
  Ils parlèrent du Canada, que personne ne connaissait. Ils avaient donc beaucoup à dire.
   Céline intervint, d'un ton encore plus chantant.
   - Ce n'est pas vrai. La France est bonne. La France est bonne, je vous le dis. Regardez les policiers quand ils viennent ici. Ils sont gentils, ils ne nous veulent pas de mal. Et quand j'ai accouché de mon premier enfant, je n'avais pas de papiers et les médecins de l'hôpital ne m'ont rien demandé. Ils m'ont très bien soignée. Je vous le dis,; la France est bonne. Mais il ne faut pas trop que ça se sache, alors ils parlent fort, ils disent qu'on n'accueillera personne. Mais parler fort, ce ,n'est rien.
  Les autre hésitaient. Céline avait de l'autorité. Et puis après tout, le Canada, au fond, ils n'en savaient rien. C'était seulement l'un d'entre eux qui en avait parlé. Ils n'y tenaient plus trop maintenant.
   - En tout cas, dit pensivement un Congolais, beaucoup de gens essaient toujours de venir. Vous avez vu celui qui a été refoulé , Celui avec les bandelettes ?
  L'histoire avait circulé dans la communauté.
   - Raconte, tout le monde ne connaît pas
   - Le gars, poursuivit le Congolais, il savait qu'on accepte toujours les blessés. Le médecins ne les renvoient jamais, au moins le temps de la guérison. Alors le gars, il s'était enveloppé de bandelettes, on aurait dit une momie, et il était conduit sur une vieille chaise roulante. Mais les flics ne se sont pas laissé tromper, ils ont déroulé toutes les bandes, et le gars, il courait comme un lapin.
   - Comme un lapin, répéta un autre. Il était en slip et il courait pour échapper aux flics.
  Et tous de rire  devant cette histoire qui leur ressemblait tant.
   - Attends, attends. Et celui qui est tombé de l'avion...Il était accroché aux roues, le gars, mais en arrivant à Charles-de-Gaulle, quand les pilotes ont descendu le train d'atterrissage, il s'est accroché à mort, il a essayé de tenir bon, les bras croisés autour des roues, mais il a fini par lâcher, il est tombé de tout là-haut.
   - De tout là-haut ?
   - Je sais pas d'où mais je t'assure, il est tombé, il a pas pu tenir, tous ses os se sont brisés.
   - Non ! Brisés ?
   - En mille morceaux !
  L'homme était plié de rire.
   - Mais le pire, c'est qu'il est en France maintenant, comme vous et moi. Ils l'ont soigné, ils lui ont mis du plâtre jusqu'au cou mais il va bien, il est tout content, il a sa nourriture à l'hôpital.
   - "Il est tout content", hurlèrent-ils en chœur, hilares, comme s'il n'y avait jamais eu rien de plus drôle que cette abominable histoire."
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Toute société, en ses origines, est dirigée par des voleurs et des criminels, qui s'imposent dans un monde sans loi, et ce n'est qu'ensuite, par le gauchissement de l'épopée et de la mémoire, que les criminels deviennent de grands hommes. Les seigneurs du Moyen-Âge furent des pilleurs sauvages, comme l'avaient été les premiers Grecs et les premiers Romains. De même que les millionnaires du XIXe siècle américain furent des bandits érigeant leur fortune d'acier et de pétrole dans le vol et le chantage avant de se refaire une morale dans de belles fondations artistiques et citoyennes dont leurs descendants s'enorgueillissent, Lev appartient à une époque sauvage où les criminels et les voleurs arrachèrent les meilleurs morceaux de la dépouille impériale.
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Moscou avait été au centre du bouleversement. La ville morne, étouffée de torpeur, pétrifiée, avait explosé, pour le meilleur et pour le pire. Une ville moderne et lumineuse vibrait désormais, parfois rattrapée par le silence et l’immobilité des grandes avenues monumentales, avec une sorte de froideur glacée qui rappelait la grisaille soviétique. D’énormes fortunes immobilières s’étaient constituées, grâce aux accords avec l’état et la municipalité, dont le résultat était cette métropole moderne, à la fois dérangeante, parce qu’elle secouait les vies et les mémoires des habitants de l’ancienne Moscou, et excitante, parce qu’elle était la ville de l’argent et des plaisirs.
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Vidéo de Fabrice Humbert
Le temps passe vite... Nous sommes déjà à plus de la moitié des présentations de la sélection du Prix Filigranes.Cette semaine, Fabrice Humbert, auteur du roman "Le monde n'existe pas" vous a laissé un message. Lui aussi a relevé le défi : présenter son roman en moins de 60 secondes ! Voici le résultat ! @Gallimard
«Autrefois, j'avais un ami. Je l'ai rencontré il y a bien longtemps, par un jour d'hiver, sautant de sa voiture et grimpant quatre à quatre les marches du lycée Franklin. C'est le souvenir le plus vivace que j'aie de lui, une impression inégalable d'éclat et de beauté. Figé sur les marches, rempli d'admiration et de honte, j'étais égaré dans ma condition de "nouveau", égaré en moi-même. Il m'a sauvé – des autres, de ma propre jeunesse. Des années plus tard, alors que cet homme était devenu une image détestée, j'ai tenté de le sauver. J'aurais aimé qu'on sache qui il était vraiment.»
Lorsque Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, voit s'afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d'un homme recherché de tous, il le reconnaît aussitôt : il s'agit d'Ethan Shaw. le bel Ethan, qui vingt ans auparavant était la star du lycée et son seul ami, est accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l'enquête. Mais à mesure qu'il se confronte au passé, toutes ses certitudes vacillent… Roman haletant et réflexion virtuose sur la puissance du récit, le monde n'existe pas interroge jusqu'au vertige une société aveuglée par le mensonge, où réalité et fiction ne font qu'un.
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