AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 1082 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Livre très bien écrit mais artificieux, emberlificoté (à l'image du personnage névrotique qu'il dépeint), les thématiques systématiques (fleurs, parfums, livres, peintures, musiques, architecture, décoration etc..) relevant d'un catalogage esthétique un peu lassant, l'auteur dévoilant au passage son âme de collectionneur.
« À rebours », ouvrage très littéraire, très bien léché (et souvent drôle), a été le principal succès de Huysmans.
À présent, on ne lit pas Huysmans pour le sujet mais pour l'écriture elle-même. C'est un professeur d'écriture. On lit Huysmans pour apprendre la langue française.
Commenter  J’apprécie          20
On dit jamais deux sans trois, mais pour Joris-Karl Huysmans, je pense que je vais en rester là, à deux tentatives. Ce n'est pas que tout soit mauvais, il y a bien quelques passages intéressants qui m'ont accroché. Mais dans l'ensemble, je me suis quand même bien ennuyé avec ce personnage original de «Des Esseintes», présenté dans le résumé comme grotesque et pathétique !
Un livre qui semble-t-il avait fait beaucoup parlé de lui à sa sortie « Dans le tohu-bohu qui accompagna sa publication en 1884, Barbey d'Aurevilly écrivait : "Après un tel livre, il ne reste plus à l'auteur qu'à choisir entre la bouche d'un pistolet ou les pieds de la croix". Huysmans lui donna raison en se convertissant peu après".
En tout cas, aujourd'hui il s'est perdu dans la grande masse des romans oubliés et il peut y rester !
Commenter  J’apprécie          05
J'ai lu du 15/09/2022 au 06/11/2022.

J'ai lu ce livre dans le cadre de mes études. Je connaissais ce livre que de nom plus précisément parce qu'il traite de la médecine par moment. Il était temps que je le lise et le découvre. A rebours est un petit OVNI littéraire car il est difficile de le cataloguer quelque part. Il est dans l'esprit de la décadence.
Il n'y a clairement pas d'intrigue et je dois dire que ma lecture a été compliquée car il a fallu que je fasse plusieurs recherches, utiliser mes cours pour mieux appréhender l'oeuvre. On suit Des Esseintes qui s'est retiré du monde pour vivre comme reclus, il prend la société de haut et prône l'artifice, l'ancien, etc. Chaque chapitre aborde une facette de sa vie, de son évolution. J'aime beaucoup les thèmes traités. Huysmans n'épargne aucun thème et il n'y a aucune retenue. L'esthétisme est avant tout central dans l'oeuvre car les couleurs, les sens éveillés, tout est contribué pour faire de cette oeuvre une oeuvre incroyable.

Pour conclure, la lecture est très difficile et il faut s'accrocher mais c'est très intéressant dans ses thèmes et ses références. Il faut néanmoins avoir un minimum de connaissances pour comprendre les subtilités.

Ma note : 6/10
Commenter  J’apprécie          20
Je donnerai mon avis en deux nuances.
La première.
Si vous êtes dépressif, lisez A rebours: les caprices névrosés de Des Esseintes ont refait ma journée (et pourtant je suis de nature enjouée et gaie). Quelques exemples qui m'ont fait mourir de rire: l'épisode de la tortue, le dénouement du voyage avorté, le bar transformé en orgue à ventre ouvert et les alcools en une symphonie déjantée, j'en passe et des meilleures.
Le texte fourmille de références en arts et en littérature, la plume est juste exquise, les idées développées tellement pertinentes et parfaitement mises en couleur dans la prose de l'auteur (un exemple, l'allégorie de l'humanité incarnée dans le foisement de la flore)
La deuxième.
Malheureusement, à partir de la moitié de l'ouvrage, j'ai décroché. L'ennui de de Esseintes a fini par m'atteindre, m'empoisoner comme lui, et j'ai peiné à finir ma lecture.
Le fourmillement de références littéraires a fini par me donner à moi aussi la nausée, l'excès a agi sur mon estomac comme celui du protagoniste.
Dommage.
Commenter  J’apprécie          91
Après une vie de débauche et de luxure, Jean des Esseintes, quitte Paris et se retire dans un pavillon à Fontenay-aux-Roses, à l'écart du tumulte, sans voisins.
Là, dans des décors choisis avec un soin extrême, il traîne son mal-être au milieu des seules oeuvres qu'il daigne garder auprès de lui : peintures, parfums, livres...tous rares et précieux.
Son esthétisme exacerbé va de pair avec des moments d'exaltation et d'abattement qui mettent à mal son système nerveux fragile.

Attention, livre hors normes.
A rebours, des Esseintes l'est assurément.
A rebours de son époque, de ses semblables, du monde. Même sa vie est à rebours : passant de dandy mondain à semi-ermite. Mais décadent, toujours.

Résidu de grande famille frappée par la consanguinité, race "à bout de sang", il est devenu celui que "le présent torture, que le passé répugne, que l'avenir effraye et désespère", celui qui ne se résout pas à ce que, sous prétexte de liberté et de progrès, la Société aggrave "la misérable condition de l'homme, en l'arrachant à son chez lui, en l'affublant d'un costume ridicule, en lui distribuant des armes". Il souffre de "l'irrémédiable conflit...entre ses idées et celles du monde où le hasard l'a fait naître."
Son impossible souhait : trouver un esprit "pointu et chantourné tel que le sien", visant comme lui, une "studieuse décrépitude".

Des Esseintes se voit comme "ce poète qui, dans un siècle de suffrage universel et dans un temps de lucre, vivait à l'écart des lettres, abrité de la sottise environnante par son dédain, se complaisant, loin du monde, aux surprises de l'intellect, aux visions de sa cervelle", il ne souhaite que la mort de cette société, de ce vieux monde.

La réalité le dégoûte, lui qui pense que la nature a fait son temps et que l'artifice est la marque distinctive du génie de l'homme, au point qu'il va jusqu'à acquérir des "fleurs naturelles imitant des fleurs fausses". Il veut "s'abstraire suffisamment pour amener l'hallucination et pouvoir substituer le rêve de la réalité à la réalité même."

Pour des Esseintes, la vie des hommes est "de la gourme, des coliques et des fièvres, des rougeoles et des gifles dès le premier âge; des coups de bottes et des travaux abêtissants, vers les treize ans; des duperies de femmes, des maladies et des cocuages dès l'âge d'homme" ; c'est aussi, vers le déclin, "des infirmités et des agonies, dans un dépôt de mendicité ou dans un hospice."

Rien de bien réjouissant donc, d'autant plus qu'au fond, aucune classe sociale n'y échappe dans la mesure où l'avenir est égal pour tous et, "ni les uns, ni les autres, s'ils ont eu un peu de bon sens, ne devraient s'envier.

On l'a compris, la compagnie des hommes lui est haïssable et on peinera à l'imaginer se taper la cloche dans un routier, côtoyant : "ces couches d'affreux rustres qui éprouvent le besoin de parler et de rire haut dans les restaurants et dans les cafés, qui vous bousculent, sans demander pardon, sur les trottoirs, qui vous jettent, sans même s'excuser, sans même saluer, les roues d'une voiture d'enfant, entre les jambes". Il méprise l'humanité composée selon lui, en majeure partie (ah, une faiblesse passagère, Jean ?), de "sacripants et d'imbéciles". On trouverait sans peine personnage moins misanthrope.

Bien évidemment, l'homme est à prendre au sens générique et il n'a pas plus d'intérêt pour la femme, à la "bêtise innée" et qui, à ses yeux, ne vaut pas grand-chose. Quand il veut montrer que "l'homme a fait dans son genre, aussi bien que le Dieu auquel il croit", il décrit une locomotive : "une adorable blonde, à la voix aiguë, à la grande taille frêle, emprisonnée dans un étincelant corset de cuivre, au souple et nerveux allongement de chatte, une blonde pimpante et dotée, dont l'extraordinaire grâce épouvante lorsque, raidissant des muscles d'acier, activant la sueur de ses flancs tièdes, elle met en branle l'immense rosace de sa fine roue... ".
De quoi remuer Guillaume Pepy !

A-t-il des solutions ?
Sans doute. Mais un peu extrêmes quand même puisqu'il considère la douleur comme "un effet de l'éducation qui s'élargit et s'acière à mesure que les idées naissent" et que si on cherche à "équarrir" l'intelligence des gens et à "affiner leur système nerveux", on ne les rendra que plus malheureux. Plutôt crever -par compassion bien sûr- les yeux des misérables, que de leur ouvrir tout grands et de force sur des sorts plus enviables que les leurs.

C'est un déçu et un handicapé du partage, y compris émotionnel. Plus que tout, il regrette "cette promiscuité dans l'admiration". D'ailleurs, les "incompréhensibles succès lui gâtent le goût des tableaux et des livres jadis chers" car "devant l'approbation des suffrages", il finit par leur découvrir "d'imperceptibles tares", et il les rejette, se demandant si son flair ne s'épointe pas, ne se dupe point.

Parmi ses rares admirations, et sans grande surprise, se trouve Baudelaire, l'auteur de "Anywhere Out of The World. N'importe où, hors du monde". On le sent aussi admiratif du sadisme qui repose sur la jouissance prohibée et l'inobservance de ces préceptes catholiques, qu'on suit..."même à rebours".

Ce roman est unique, à la fois fascinant par son style extraordinaire et formidablement agaçant par son choix d'une préciosité souvent insupportable et ennuyeuse.

Certains passages doivent être lus à haute voix tant ils sont admirables : "Plus scélérate, plus vile que la noblesse dépouillée et que le clergé déchu, la bourgeoisie leur empruntait leur ostentation frivole, leur jactance caduque, qu'elle dégradait par son manque de savoir-vivre, leur volait leurs défauts qu'elle convertissait en d'hypocrites vices; et, autoritaire et sournoise, basse et couarde, elle mitraillait sans pitié son éternelle et nécessaire dupe, la populace, qu'elle avait elle-même démuselée et apostée pour sauter à la gorge des vieilles castes! "... »..."parvenu, rayonnant, tel qu'un abject soleil, sur la ville idolâtre qui éjaculait, à plat ventre, d'impurs cantiques devant le tabernacle impie des banques! ".

Hélas, ces passages fabuleux sont encadrés par de longs tunnels d'ennui liés à un déploiement de catalogues (de couleurs, de parfums, de peintres, d'auteurs latins, catholiques, de fleurs…) jusqu'à la nausée et de scènes tellement outrées qu'elles en paraissent creuses. de même, l'avalanche de mots rares qui recouvre ce roman, entraîne, outre l'obligation de garder un dictionnaire à portée de main pour y débusquer des hypogées, lendores, malacie, blutait, objurgue, alanti, églogue, nervosisme, éréthismes, eucologe, archimandrites, marguilliers, cupules, théogonies, anaphrodisie, malvacées et autres rubéfiants …le sentiment d'assister à un exercice un peu vain.

Comme le dit Robert, mon copain charcutier, "le gars y cause bien mais y s'la pète un peu.

Un livre à nul autre pareil, une expérience à tenter. Ou pas.
On se dit qu'un Renaud Camus ou un Houellebecq n'ont jamais du s'en remettre. Les concernant, pour le pire et le meilleur.
Commenter  J’apprécie          00
"A rebours" est considéré comme une oeuvre à part dans l'histoire de la littérature, et dans la bibliographie de son auteur, qui ne réitéra jamais ce genre d'expérience romanesque. Avec ce roman, Joris Karl Huysmans avait pour but d'échapper à l'impasse du naturalisme, et de tenter d'ouvrir une voie nouvelle dans la littérature".

Je viens plus ou moins de paraphraser Wikipédia, dont ces quelques lignes résument les différentes analyses que j'ai pu lire à propos de ce roman. En ce qui me concerne, j'ai le sentiment d'être passée à côté de cet ouvrage sans doute fort intéressant, mais auquel je n'ai pas vraiment accroché...

L'écriture de Joris Karl Huysmans est certes -comme d'habitude- irréprochable, et m'a offert quelques moments de plaisir, par son érudition, son sens du détail significatif, son talent pour nous faire vivre les états d'âme de son personnage principal.
Seulement, ces passages alternent avec de longues descriptions fort rébarbatives à mes yeux, qui prennent parfois des allures de pages de catalogue ! J'ai subi, entre autres, l'exposé très précis des travaux (couleurs des tapisseries, emplacement des meubles, choix des tissus...) que le héros fait effectuer dans sa maison, ou encore l'énumération des mérites ou défauts respectifs des auteurs composant sa bibliothèque latine...

L'auteur fictif de ces fastidieux "inventaires" est Des Esseintes...
Lassé d'une vie de débauche et de plaisirs qui finit par lui sembler vaine, ce citadin se retire de la vie publique qu'il menait à Paris pour vivre tel un reclus dans une maison de Fontenay-aux-Roses.

Au cours de cet isolement, il épuise tout un arsenal d'occupations diverses, tentant de combler un désoeuvrement qui finit toujours par le rattraper. Il donne l'impression, lors de la réalisation de ces passe-temps (qui vont de la collections d'espèces botaniques particulières à l'acquisition d'une tortue qu'il fait parer de pierres précieuses), de vouloir se prouver à lui-même son sens du raffinement, sa capacité à apprécier l'art et la beauté véritables.
En effet, il manifeste parallèlement son dégoût vis-à-vis d'une société devenue bornée, intolérante et légitimiste. de même il méprise la nouvelle génération, constituée de rustres qui méprisent l'art et la littérature, et qui ont fait de l'argent, du vulgaire et de la politique leurs principales valeurs.

Des Esseintes m'a surtout semblé traverser un épisode dépressif, qui l'amène à s'interroger sur ses convictions (il se surprend à remettre en question son agnosticisme), et sur la place qu'il peut occuper dans un monde qu'il ne comprend plus, avec lequel il se sent en décalage.
A travers certaines de ses réflexions, on devine les tâtonnements psychiques et intellectuels d'un auteur en train de rompre avec le mouvement naturaliste, et qui, dans sa quête d'une réponse à ses angoisses, se tournera vers la foi.

Malheureusement, malgré l'intérêt que peut présenter ce récit, et pour la raison évoquée plus haut, c'est avec un sentiment de déception que je ressors de ma lecture.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          30
Temps de confinement, on en revient aux classiques qu'on n'a jamais eu le temps de lire - ou l'envie ?

Ce livre figurait sur la liste des classiques qu'on nous recommandait d'étudier avant de passer le bac. Bien entendu, piètre lectrice à l'époque, je n'en ai rien fait, et cela ne m'a pas manqué. Tout au plus, j'éprouvais un léger pincement de remords au passage de la rue qui porte le nom de son auteur, située à moins de 50 m. de chez moi …

Et puis tout à coup, l'actualité se remit à évoquer ce talentueux critique d'art et romancier, naturaliste puis symboliste avant de se convertir au catholicisme. D'abord, je l'ai découvert au détour du roman de Michel Houellebecq « Soumission », puis il y eut une passionnante exposition au musée d'Orsay, enfin, il était clairement fait allusion au « modèle » de Jean des Esseintes dans le roman de Julian Barnes, « L'homme en rouge ».

Ce « modèle », c'est le comte Robert de Montesquiou, archétype du dandy à la française, merveilleusement portraituré par Boldini. C'est aussi le personnage de Palamède, baron de Charlus, dans La Recherche.

Trois motifs de me plonger dans ce roman de la décadence, où il ne se passe pratiquement rien. Car Jean des Esseintes est revenu de tout. Riche suffisamment pour ne pas avoir à travailler – ce serait déroger à sa caste – entouré de ses multiples collections, il éprouve la quintessence de l'ennui, il « s'embête à crever ». S'étant retiré dans une maison de banlieue où il vit en reclus mais avec ses domestiques, au milieu des livres qu'il a fait relier avec des prescriptions étonnantes, tout comme est baroquissime la décoration de ses appartements, les fleurs de son jardin, son « orgue à parfums » avant la lettre …

« Il vivait sur lui-même, se nourrissait de sa propre substance, pareil à ces bêtes engourdies, tapies dans un trou, pendant l'hiver ; la solitude avait agi sur son cerveau, de même qu'un narcotique. Après l'avoir tout d'abord énervé et tendu, elle amenait une torpeur hantée de songeries vagues ; elle annihilait ses desseins, brisait ses volontés, guidait un défilé de rêves qu'il subissait, passivement, sans même essayer de s'y soustraire. »

"A rebours", le roman le plus connu de Huysmans, est paru en 1884. L'auteur y mêle les états d'âme d'un esthète velléitaire en pleine dépression - et sans doute atteint de la terrible maladie dont finira son ami Guy de Maupassant - à ses propres considérations sur les oeuvres littéraires et artistiques de son temps. Ainsi découvrons-nous son extraordinaire passion pour la littérature latine, Gustave Moreau et Odilon Redon, ses préférences pour Verlaine, Baudelaire, Corbière, Mallarmé, Goncourt, Poe, Flaubert, Villiers de l'Isle Adam, Barbey d'Aurevilly et, naturellement, Zola.

Trois grands moments : la description de la Salomé de Gustave Moreau, la pâmoison devant les assemblages de senteurs, le départ inopiné pour Londres qui se termine à la brasserie de la gare du nord.

Même pour un lecteur du XXIème siècle, la langue, les évocations et les descriptions sont éblouissantes. C'est effectivement un classique qu'il est bon d'avoir lu, même en sautant quelques pages d'accumulations un peu « barbantes ». Mais je doute qu'un lecteur de l'âge à devoir passer le bac puisse s'y atteler.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          102
Ce livre est un OLNI (objet littéraire non identifié)

On adore ou on déteste paraît-il. Je comprends bien tant il est déroutant.
Parlons d'abord du style, le vocabulaire ne rendant pas l'oeuvre accessible à tous, j'ai vu cela comme une forme de snobisme. Un entre soi intellectuel. Et en même temps, je me dis que c'est un moyen ludique d'enrichir son vocabulaire.
J'ai trouvé la langue splendide, c'est incontestable.

Concernant le récit, j'avais avant même d'entamer ma lecture, abandonné l'idée qu'elle puisse être divertissante. Ce qui nous est conté est totalement dépourvu d'intérêt. Des Esseintes s'ennuie et nous aussi. le voir choisir sa tapisserie ne donne pas plus de sens à la vie et le rend même très pathétique.

Un petit bijou malgré tout pour enrichir son vocabulaire.
Hâte de poser "Yatagan" au Scrabble pour épater la galerie. Merci Huysmans !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce récit hors norme, Huysmans nous propose un repli sur soi.

Des Esseintes a choisi de se couper du monde. Pour cette retraite méditative, il a trouvé refuge dans sa maison de Fontenay. Durant son séjour, il se plonge dans une analyse des oeuvres littéraires et artistiques. Ainsi, il prend le temps d'étudier les tableaux de Gustave Moreau ou les esquisses d'Odilon Redon, de décrire la nature et les objets qui l'entourent. Il va également avec une grande minutie s'approprier des odeurs. Dans cette immobilité contemplative, Des Esseintes transmet au lecteur son amour de l'art.

Loin de l'effervescence d'une vie sociale débridée, Des Esseintes fait le choix du repli et de la solitude. Mais très vite, ses angoisses, ses névroses et son insatisfaction perpétuelle viennent le ronger au plus profond de lui-même.

Loin du roman, ce récit prend le temps de la contemplation. Cette étude des oeuvres littéraires et artistiques pose également la question de la religion. Au-delà Huysmans choisit de mettre en lumière les limites de ce siècle finissant et vient y porter un coup fatal.

Ce classique de la décadence provoque une rupture nette et brutale avec le naturalisme cher à Zola.

Dépourvu d'intrigue, ce livre si singulier prend le temps de l'introspection mais surtout s'avère être une vraie révolution de la fin du XIXème siècle.

Une oeuvre emprunte d'un grand esthétisme avec une certaine exigence littéraire qu'il conviendra à mon avis, pour ma part, de se réapproprier dans plusieurs années…
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
Commenter  J’apprécie          60
J'ai découvert, lu et étudié ce livre il y a quelques années déjà ; j'en garde le souvenir d'un auteur et d'une lecture difficiles.
Pourtant, je me replonge dans mes notes pour vous parler d'À rebours de Huysmans, un roman du XIXème siècle qui nous parle de mélancolie, car son approche est intéressante.

Huysmans a écrit ce livre étrange et provocateur, publié en 1884, pour rompre avec le naturalisme et se démarquer de Zola qu'il a pourtant beaucoup fréquenté. C'est tout le sens du titre car ce livre est un tour de force, puisqu'il a fallu procéder « à rebours » de tout, prendre le contre-pied de tous les usages, des idées, des goûts, des pratiques romanesques alors dominants.
Il a défini ainsi le sujet de son roman dans une lettre à Mallarmé : « le dernier rejeton d'une grande race se réfugie, par dégoût de la vie américaine, par mépris de l'aristocratie d'argent qui nous envahit, dans une définitive solitude ».

Des Esseintes, le héros souffre ici d'une véritable maladie du système nerveux affectant la sensibilité, la mobilité et l'intelligence. Il est non seulement mélancolique, mais surtout complètement névrosé.
Il est difficile d'éprouver de l'empathie pour ce personnage, issu d'un milieu privilégié, celui des riches oisifs, délivrés de tout souci matériel, qui ont les moyens de se consacrer à leur vie intérieure, au risque de s'y perdre et nous avec. Des Esseintes est un aristocrate en total décalage avec son temps mais assez riche cependant pour pouvoir cultiver sa différence et se construire un refuge dédié à l'art et à la culture, où il s'enferme pour se nourrir de son propre fond, s'abandonnant au flux ininterrompu de ses souvenirs, de ses rêveries et de ses réflexions.
À rebours est un roman où il n'y a pas d'intrigue à proprement parler ; en fait, il ne se passe rien de vraiment concret. Huysmans décrit la façon de vivre de Des Esseintes dans une existence esthétisée à l'extrême : un personnage unique, un huis clos, une longue introspection… de nombreuses digressions très intellectualisées perdent le lecteur dans une quête esthétique et métaphysique à laquelle je n'ai jamais vraiment réussi à m'intéresser, même en faisant preuve de persévérance.
Huysmans donne la priorité à l'analyse psychologique d'un état de malaise et de mal-être, à l'assouvissement de pulsions perverses et transgressives et à l'évasion dans des espaces imaginaires. Hors de toute temporalité humaine, Des Esseintes règle sa vie comme une oeuvre d'art et se lance dans une série d'expériences inédites et originales, dont il espère un plaisir raffiné, susceptible de le sortir de sa léthargie et de lui procurer des émotions nouvelles, singulières et fortes ; mais toutes se révèleront vaines et ratées.
On trouve une dimension métaphysique dans les expériences sensorielles et esthétiques de Des Esseintes ; l'art dépasse la notion de décoration pour ce faire nourriture spirituelle, mais la crise existentielle aboutira aussi dans une impasse.

À rebours a même été considéré comme un véritable manifeste décadent. Des Esseintes illustre à lui seul tous les symptômes de la décadence : la névrose, les complications sensuelles et cérébrales, la ferveur esthétisante, la fascination pour le monstrueux, la lassitude de vivre… L'écriture semble également corrompue : le récit est divisé en chapitres désordonnés et fragmentés, sans logique apparente, les phrases sont souvent bizarrement construites, avec des inversions, des antépositions… Et puis, on est vite noyé sous une abondance de détails, de nuances, de redondances… C'est comme si l'écriture aussi était atteinte de névrose, était malade et désorganisée…
L'auteur se met un peu en scène à travers son personnage et force le trait avec un humour très particulier, ironique… Les gouts artistiques de Des Esseintes reflètent sans doute ceux de l'auteur de même que son opinion sur ses contemporains ; il y a une grande part de lucidité parfois, une prise de conscience de la vacuité de son existence et de l'inutilité de ses efforts.
Certaines situations sont particulièrement comiques, cependant, mais à un tel niveau d'absurdité de de cocasserie que s'en est pitoyable. Huysmans pousse vraiment très loin et à outrance l'extravagance de son personnage.
Puis, la volonté de s'isoler devient de plus en plus angoissante dans une maison dont les pièces sont disposées en gigognes, dont la chambre devient cellule monacale et où Des Esseintes se replie complètement sur lui-même.
Le final apocalyptique fait coïncider la fin de la retraite de Des Esseintes avec la vision d'une destruction grandiose du monde. C'est plus ou moins convaincant, une attitude très pessimiste par laquelle la posture mélancolique de cette fin de XIXème siècle affirme que l'on s'éloigne d'un âge d'or irrémédiablement perdu et que l'on va vers un écroulement inéluctable.

Un roman sur l'art de tromper l'ennui où l'on s'ennuie justement beaucoup…
Des parallèles avec Baudelaire que je ne suis pas parvenue à approfondir.
Un livre difficile et fastidieux, pour un lectorat d'érudits et d'initiés.
Une curiosité littéraire à connaître mais à aborder en lisant d'abord les préfaces, notices et dossiers qui figurent dans toutes les bonnes éditions.

https://www.facebook.com/piratedespal/
Commenter  J’apprécie          111




Lecteurs (2970) Voir plus



Quiz Voir plus

Joris-Karl Huysmans

Quel est le véritable prénom de Joris-Karl Huysmans

François-Louis
Edmund
Charles Marie Georges
Anatole

10 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : Joris-Karl HuysmansCréer un quiz sur ce livre

{* *}