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EAN : 9782264036728
256 pages
10-18 (01/11/2002)
3.74/5   94 notes
Résumé :
Quatrlème de couverture - On appelle « enfants sauvages » de jeunes êtres que le sort a condamnés à vivre seuls et qui ont été, longuement, privés d'éducation. Pour la première fois un spécialiste de la psychologie sociale, Lucien Malson, expose la totalité des cas connus, les envisage d'un point de vue critique et en tire la leçon. Deux textes illustres - introuvables depuis la fin du XIXe siècle - font suite à l'analyse de Lucien Malson : les études de Jean Itard ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est à lire pour comprendre à quel point le développement humain est impossible sans un environnement HUMAIN. le bébé nourri, lavé et langé restera infra-humain s'il lui manque le bain de langage, les contacts sociaux, la relation affective.
Ce point justifie à lui seul le travail de Lucien Malson, que j'ai lu entre la première et la Terminale, et relu pendant ma formation en travail social, puis en psycho, et que je trouve toujours aussi fondamental. Pas d'humain sans société, pas d'humanisation sans les rites, les gestes, les paroles, les coutumes, et cela dès le premier cri, à chaque heure de notre vie et jusqu'à la tombe. Pour s'en convaincre totalement, lire aussi "Enfance et Société" d'Erik Erikson, autre lecture-révélation sur cette question "comment devient-on un humain?"
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Ce livre est composé en 2 parties, presque 2 livres en un. La lecture des 20 1ères pages requiert une attention soutenue ainsi que quelques bases en psychologie, notamment pour tout ce qui concerne l'inné et l'acquis. le style devient plus aisé à lire quand l'auteur aborde de manière succincte différentes coutumes ethniques et enfin recense tous les cas connus d'enfants sauvages trouvés dans le monde depuis l'antiquité. Chaque cas pourrait faire l'objet d'un livre ou au moins d'un chapitre mais les informations connues pour chacun des cas sont probablement trop ténues. Un chapitre est toutefois consacré aux 3 cas d'enfants sauvages les plus célèbres dont Victor.

Après un tableau récapitulant les cas et une bibliographie, la seconde partie du livre est consacrée à Victor « le sauvage de l'Aveyron » immortalisé par le film « l'enfant sauvage » de François Truffaut.

Après une introduction Lucien Malson passe le relais et et nous poursuivons le livre écrit de la plus belle plume d'Itard :

Le professeur Itard, pionnier de l'oto-rhino laryngologie fait figure de précurseur et nous révèle plus de 100 ans avant le professeur Tomatis (auteur de « l'oreille et la Vie ») que si l'audition de certains sons (parole humaine) n'est pas stimulée précocement, la faculté de pouvoir reproduire ensuite ces sons est sérieusement compromise. Aidé d'une institutrice Mme Guérin il élèvera Victor et parviendra, au cours de nombreuses expériences qu'il relate, à sortir l'enfant d'un quasi autisme et le socialiser un tant soit peu. A la lecture de son compte-rendu je me dis que Victor l'enfant sauvage qui a passé la majeure partie de sa vie à survivre seul dans les bois a eu relativement de la chance d'avoir été adopté par Itard. Recueilli par un autre professeur il aurait peut-être fini enfermé dans un asile, taxé d'arriération mentale. Mais contre vents et marées, Itard voulait prouver qu'une éducation appropriée pouvait venir à bout du degré « zéro » de communication et déficit d'attention de l'enfant qui étaient, selon lui, au départ inférieurs à ceux de n'importe quel animal domestique. Il parviendra à l'éduquer par le biais des émotions d'avantage que par celui du dressage ce qui n'était sans doute pas si courant à cette époque (début 1800). Son principal regret est que Victor ne parviendra jamais à réellement parler si ce n'est quelques mots. le livre s'arrête à la fin de l'adolescence de Victor et il est confié à la garde de l'institutrice qui l'a élevé avec Itard. On sait qu'il décédera quadragénaire dans une institution mais sans plus de précisions.
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Je me souviens avoir été déçue par ce livre, non à cause de ce qui y est raconté, mais à cause des implications à grande échelle et à long terme de ce qui y est raconté, même si, dans le fond, ce qui est décrit dans ce livre semble plutôt évident, à posteriori.
C'est une étude vraiment très intéressante sur les cas d'enfants ayant grandi totalement isolés d'autres êtres humains, et qui, dans le fond, restent dans un comportement uniquement instinctif destiné à satisfaire les besoins primaires. Ils en restent, en fait, au stade 1 et 2 de la pyramide de Maslow (Et encore... Etant donné qu'ils n'éprouvent même plus le besoin de se reproduire, on peut se demander s'ils ne régressent même pas en deça d'un état dit "animal"...)
Et voilà, n'étant pas d'un optimisme forcené, déjà, en ce qui concerne l'espèce humaine et son évolution (qui est à mes yeux, depuis quelques décennies, plutôt une stagnation, voire, pire, une dégénérescence...), il me semble que si le petit d'homme devient ce qu'il est socialement et familialement programmé à devenir, en tant qu'espèce, nous n'avons pas le cul sorti des ronces, si j'ose dire...
Pourtant ici ou là surgit parfois quelque miracle. Mais ici ou là, c'est encore trop peu, hélas, pour contrebalancer tous ceux qui ont un magnifique cerveau, mais ne s'en servent pas, ou si peu... Plus tous ceux qui ne s'en servent que pour dominer, asservir autrui, assouvir des besoins de pouvoir et de richesse illusoires.
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Les enfants sauvages de Lucien Malson

Voir aussi le film de François Truffaut: "L'enfant sauvage" (1969) sur l'histoire de Victor de L'Aveyron rapporté par le docteur Jean Itard (interprété par François Truffaut).

Lucien Malson recense et étudie les différents cas d'enfants qui ont survécu en situation d'extrême isolement et conclut que :

Le rapport à l'autre n'est pas le même chez l'homme et chez les autres animaux

Même si les éthologues notent des phénomènes d'apprentissage chez les animaux qui ont les systèmes nerveux les plus développés et des phénomènes de suggestion de groupe chez les animaux inférieurs, il n'empêche que lors qu'un individu d'une espèce animale est séparé précocement de ses congénères, il manifeste malgré tout des caractéristiques assez précises de son espèce. Il y a chez les animaux des schémas comportementaux endogènes. On peut en ce cas parler d'instinct. Il y a chez les animaux un « a priori » de l'espèce, dont chaque animal exprime la force directrice de manière significative même quand il grandit et survit seul.

Chez les animaux, et même chez les espèces vivant en groupe, le contact des autres n'est pas essentiel au point que leur absence entraverait le développement normal de l'individu isolé.

C'est du moins la thèse de Malson en 1964. La tendance contemporaine (S. J. Gould ,L'éventail du vivant) est d'éviter de parler univoquement de l'animal : il y a des animaux aux structures rudimentaires qui sont dès leur naissance tout ce qu'ils seront. Plus le système nerveux et cérébral se complexifie, plus il y a de possibilités d'imitation et d'apprentissage. Toutefois il demeure que l'homme est une espèce singulière : l'homme naît véritablement inachevé, les connexions cérébrales continuent à se former pendant les premières années de la vie de l'enfant. Elles dépendent donc des sollicitations de l'entourage, donc des autres ; c'est ainsi que l'enfant apprend à parler, développe des capacités de représentation et d'abstraction.

Donc, dans le cas de l'homme, la présence ou l ‘absence des autres a toujours un impact déterminant comme le prouve le cas des « enfants sauvages ».

Il faut d'abord préciser que sur le nombre d‘enfants qui ont dû être perdus ou abandonnés, on n'a recensé depuis le XIV siècle et sur toute la planète seulement 52 cas d'individus ayant survécu en situation d'extrême isolement.
Ces enfants montrent tous les mêmes déficits :
1)Ils ne se sont pas redressés ; ils marchent et courent inclinés en avant, les membres antérieurs servant encore en partie à la locomotion ;
2) Ils ne parlent pas, ne développent pas de langage articulé ni de pensée symbolique (capacité intimement liée au langage) ;
3)Des expériences montrent qu'ils distinguent mal les reliefs des aplats et confondent les choses et les images des choses ;
4)Placés devant un miroir, ils ne se reconnaissent pas
5)Ils ne développent pas d'habileté technique, même rudimentaire. La main ne sait pas saisir ni manipuler avec dextérité les objets ;
6)Leur visage ne manifeste aucune expressivité.
7)Quand ces individus sont en âge de se reproduire ils ne montrent aucune appétence sexuelle pour les partenaires complaisants qu'on leur propose. Pour que se développe le désir, il faut grandir au milieu du désir des autres.

Il faut donc conclure que chaque homme est constitué par la présence des autres puisque aucun homme ne développe les facultés caractéristiques de son espèce sans le contact de ses semblables.

Ni le langage, ni la libido, ni la technique, ni la station droite ne sont naturels en l'homme. L'homme est cet animal étrange qui a besoin du contact de ses semblables pour réaliser sa nature

Lucien Malson conclut ainsi que l'homme n'a pas de nature au sens propre ; il est une histoire, il est ce qu'il devient au contact des autres.

Il n'y a pas d'hérédité comportementale chez l'homme. Il y a une part d'inachèvement compensée par une capacité d'imitation : une génération éduque l'autre.

Cela soulève toute une série de remarques :
1) le paradoxe de l'origine. Il fallait qu'il y ait déjà des hommes pour qu'il y ait des hommes… « On peut penser qu'une société de mutants a bénéficié d'une situation protohumaine… »
2) La dépendance vis -à -vis de la culture originaire et le risque évident de préjugés ethnocentriques
3) la dépendance vis -à -vis du milieu familial et social. Ce n'est pas à cause d'une hérédité psychologique qu'il y a des familles de gens « doués » et des familles de « tarés » mais à cause du comportement reçu en modèle par l'enfant. Si la mère est idiote, elle offre un tel modèle à l'enfant qui la côtoie. Une famille est un milieu éducatif qui a des effets déterminants sur la stimulation ou non des capacités de l'enfant.

Lucien Malson cite la descendance d'un certain Max Jukes, New Yorkais du XVIII ème siècle ivrogne et vagabond.

Lien : http://philophil.com/philoso..
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Un jeune garçon retrouvé à l'état sauvage !! C'est une histoire vrai !!
On le capture, on le regarde sous toutes les coutures, on décortique, on analyse, on commente. Ensuite, on passe à la phase II, on éduque, on enseigne, et comme un animal, on le dresse et on le redresse pour affronter la société.
C'est l'histoire de Tarzan ou de Greystoke de l'Aveyron.
Si s'était à refaire, je ne lirais pas. Mais à chacun ses lectures et ses opinons.

Bonne lecture à vous.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Un jour de 1833, alors que le jeune homme (Gaspard Hauser) venait d'avoir vingt-deux ans et se trouvait de nouveau chez Anselm von Feuerbach, on l'attaque une seconde fois dans le parc de Ansbach. Atteint d'un coup de poignard, Gaspard meurt le surlendemain. A l'endroit où il tombe, s’élèvera plus tard une stèle de pierre, avec cette inscription : « Ici, un inconnu fut tué par un inconnu. » Demi-mensonge. On apprit en effet une vérité probable sur Gaspard, fils putatif de Stéphanie de Beauharnais - nièce de Joséphine - que Napoléon avait, dans un acte d'autorité, donnée pour épouse au prince Charles de Bade. L'enfant qui était né (...) avait été enlevé à sa mère pour que l'héritage de la couronne revint au fils d'une lignée morganatique. On l'avait confié aux soins expéditifs d'un garde-chasse du baron Griesenberg : Franz Richter - alias l'Homme. L'assassin du jardin de Ansbach fut nommé Johann Jacob Muller. Les révélations de Edmond Baps ont permis, plus tard, de jeter quelque clarté sur ce qui, longtemps, fut une bien ténébreuse affaire.

1128 - [10/18 n° 157, p. 84] Lucien Malson
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Mais ce qui ajoute beaucoup d'intérêt à cette scène, c'est le lieu où elle se passe. C'est près de la fenêtre, debout, les yeux tournés vers la campagne, que vient se placer notre buveur comme si dans ce moment de délectation cet enfant de la nature cherchait à réunir les deux uniques biens qui aient survécu à la perte de sa liberté, la boisson d'une eau limpide et la vue du soleil et de la campagne. (Itard)
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Il a montré, au niveau de la personnalité profonde, que les jumeaux vrais échappent à la fascination du double, au vertige du pseudo-miroir, que chacun d'eux s'individualise dans son rôle et, intériorisant son expérience, développe malgré les mêmes patrimoines, héréditaire et culturel, une personnalité originale.
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La vérité que proclame en définitive tout ceci, c'est que l'homme en tant qu'homme, avant l'éducation, n'est qu'une simple éventualité, c'est à dire moins, même, qu'une espérance.
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Une famille, ce n'est pas seulement un ensemble d'êtres ayant en commun des potentialités biologiques, c'est un milieu éducatif, et, en vérité, on doit voir de toute façon dans la succession des vocations la force incontestable d'une tradition familiale perpétuée par l'habitude et celle non moins certaine, de l'imitation motivée par l'exemple parental.
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