Emile Jacotey,
Philippe Jaccottet, deux personnages bien différents et pourtant…
L'un est chanté par Ange, j'adore :-)
Et le patronyme faisant, me voici confrontée à l'autre, le poète reconnu et pour moi totalement inconnu…
« … O fruits
mûrs, source des chemins dorés, jardins de lierre,
je ne parle qu'à toi, mon absente, ma terre... »
Plus facile de se laisser bercer par la musique même si la parole est
poésie que de mettre un sentiment sur des mots jetés au vent. Et pourtant, le temps passe…
« ...Je vois ma santé se réduire,
pareille à ce feu bref au-devant du brouillard
qu'un vent glacial avive, efface… Il se fait tard. »
Et le poète célèbre la vie, l'amour, dans le souvenir et ce, jusqu'à la mort ; mort de l'amour, mort du souvenir, la mort enfin, celle qui nous guette tous…
« Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches,
tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin
du poème, plus que le premier sera proche
de ta mort, qui ne s'arrête pas en chemin. »
Et les vers coulent, n'évoquent pas les fées mais les nymphes, et toujours s'opposent le lierre éternelle et les roses éphémères. Et pourtant, le temps est-il inexorable, vraiment, n'y a-t-il aucun espoir...
« Me comprendras-tu ? Je n'ai pas le moyen
de rien perdre, car je voudrais ne pas vieillir,
mais simplement mûrir de toutes mes années. »
Et jeune d'un premier recueil, l'auteur nous berce de sa mélancolie de vieillir alors qu'il est toujours dans sa prime jeunesse…
« … Toute douceur, celle de l'air
ou de l'amour, a la cruauté pour revers,
tout beau dimanche a sa rançon, comme les fêtes
ces taches sur la table où le jour nous inquiète. »
La
poésie ne se critique pas, elle se vit, elle se sent.
La
poésie, une lance fragile qui pénètre l'âme et le coeur.
La
poésie, des mots pour décrire la douleur, le bonheur.
La
poésie, une sensation que souvent l'on ressent ;-)
Un CD à réentendre, un recueil à relire ; les émotions à fleur de peau, ça vous chamboulent toujours :-)