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EAN : 9782070298280
61 pages
Gallimard (31/10/1979)
4.31/5   16 notes
Résumé :
Petit recueil de poèmes paru en 1953 aux Editions Gallimard, qui représente, bien ne soit pas le premier recueil écrit par Philippe Jaccottet, son véritable début poétique.
Ce recueil est considéré maintenant comme une véritable oeuvre classique de la Poésie française, a même été au programme de l'agrégation de lettres modernes en 2003-2004.
Son style poétique s'est vu comparé à celui de Paul Verlaine, Guillaume Apollinaire et Francis Jammes, dans la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Philippe Jaccottet a 28 ans lorsqu'il publie ce recueil, celui où débute selon lui son vrai travail de poète. le poème-titre rend compte déjà de l'intérêt du poète pour les signes laissés par les petites choses, ainsi que de ses angoisses face au vieillissement, qu'il mentionne souvent, et à la mort. Plusieurs de ses poèmes évoquent des liaisons amoureuses, sans doute passionnées, mais aussi des ruptures, des absences, une difficulté pour s'engager - il se présente souvent comme celui qui part. Il n'est cependant pas très explicite, cela reste simplement suggéré, esquissé.

Cette forme poétique pourtant classique et très soignée, vers en alexandrins et rimes pour la plupart (six d'entre eux sont des sonnets, qui sont une forme fixe et codifiée) laisse facilement voir des décors de marche, de promenade, que ce soit la campagne en hiver ou des paysages italiens, tout en conservant une manière de dire stylisée, parfois presque symbolique. le réel y est encore timide, même si les marques du temps et de la dégradation physique sont en germe dans la nature ou chez l'homme. L'amour aussi est un départ, et donne un sentiment d'échec, de difficulté à communiquer, bien que tous les poèmes "parlent" à quelqu'un, que ce soit lui-même ou une autre personne.

J'ai apprécié ce recueil, mais il ne m'a pas suffisamment touchée ; je m'en suis sentie un peu distante, n'arrivant pas toujours à "voir" ses évocations, mais trouvant ici et là un vers, un passage, qui retenaient mon intérêt, me faisaient m'arrêter un peu, le répéter. Je ne suis peut-être pas encore entrée tout à fait dans sa poésie, je ne suis pas encore familière de sa voix... Il me semble que les derniers poèmes annoncent un ton qui pourrait me plaire davantage.
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Petit recueil par la forme (à peine une cinquantaine de pages, très aérées), mais au contenu émouvant.
J'ai un petit faible pour la poésie plus insolite, moins claire, mais j'ai tout de même apprécié l'émotion qui se dégage de ces vers.
La Nature y est très présente, introduisant des thématiques liées au temps qui passe inexorablement, ou à l'Amour.
J'ai été très surprise en découvrant que l'auteur n'était qu'un jeune homme quand il a écrit ces poèmes. J'avais cru y voir l'oeuvre d'un homme âgé, sur le départ, le regard mâture d'un homme riche de son vécu.
Mais n'y voyez là que mon simple ressenti, qui différerait sans doute beaucoup du vôtre!
Dans tous les cas, les amateurs de poésie plus classiques se retrouveront dans ce petit recueil qui sonne "vrai".
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Emile Jacotey, Philippe Jaccottet, deux personnages bien différents et pourtant…
L'un est chanté par Ange, j'adore :-)
Et le patronyme faisant, me voici confrontée à l'autre, le poète reconnu et pour moi totalement inconnu…

« … O fruits
mûrs, source des chemins dorés, jardins de lierre,
je ne parle qu'à toi, mon absente, ma terre... »

Plus facile de se laisser bercer par la musique même si la parole est poésie que de mettre un sentiment sur des mots jetés au vent. Et pourtant, le temps passe…

« ...Je vois ma santé se réduire,
pareille à ce feu bref au-devant du brouillard
qu'un vent glacial avive, efface… Il se fait tard. »

Et le poète célèbre la vie, l'amour, dans le souvenir et ce, jusqu'à la mort ; mort de l'amour, mort du souvenir, la mort enfin, celle qui nous guette tous…

« Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches,
tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin
du poème, plus que le premier sera proche
de ta mort, qui ne s'arrête pas en chemin. »

Et les vers coulent, n'évoquent pas les fées mais les nymphes, et toujours s'opposent le lierre éternelle et les roses éphémères. Et pourtant, le temps est-il inexorable, vraiment, n'y a-t-il aucun espoir...

« Me comprendras-tu ? Je n'ai pas le moyen
de rien perdre, car je voudrais ne pas vieillir,
mais simplement mûrir de toutes mes années. »

Et jeune d'un premier recueil, l'auteur nous berce de sa mélancolie de vieillir alors qu'il est toujours dans sa prime jeunesse…

« … Toute douceur, celle de l'air
ou de l'amour, a la cruauté pour revers,
tout beau dimanche a sa rançon, comme les fêtes
ces taches sur la table où le jour nous inquiète. »

La poésie ne se critique pas, elle se vit, elle se sent.
La poésie, une lance fragile qui pénètre l'âme et le coeur.
La poésie, des mots pour décrire la douleur, le bonheur.
La poésie, une sensation que souvent l'on ressent ;-)

Un CD à réentendre, un recueil à relire ; les émotions à fleur de peau, ça vous chamboulent toujours :-)
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On ne saurait entrer dans l'univers de Jaccottet sans entendre l'appel d'une voix que porte un long questionnement, d'ordre ontologique : comment comprendre les contradictions qui habitent l'être, et comment concilier « la limite et l'illimité, le clair et l'obscur, le souffle et la forme1 » pour cerner ce noyau central, paradoxal, qu'est en l'homme la conscience d'une finitude, que tout en lui récuse et nie et contredit ? Interrogation métaphysique qui oriente l'insistante et douloureuse méditation du poète sur la destinée humaine en quête d'un « vrai lieu2 ».

2Et cependant question inséparable chez Jaccottet d'une réflexion sur les pouvoirs de l'art, car en peinture, comme en musique, comme en littérature, les grandes oeuvres ne sont à ses yeux que l'expression d'une seule et même recherche, celle d'une « plénitude » qui de se laisser pressentir se vit dans l'exil d'une « désertique distance ». A cette plénitude, « lumière émanée d'un autre monde », et qu'il faut « à tout prix maintenir » alors même qu'elle ne cesse de se dérob
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je redescendrai le chemin de la journée
de peur d'avoir laissé quelque chose derrière
moi. Me comprendras-tu? Je n'ai pas le moyen
de rien perdre, car je voudrais ne pas vieillir,
mais simplement mûrir de toutes mes années.
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Nous voudrions garder la pureté,
le mal eût-il plus de réalité.

Nous voudrions ne pas porter de haine,
bien que l'orage étourdisse les graines.

Qui sait combien les graines sont légères,
redouterait d'adorer le tonnerre.
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Comme je suis un étranger dans notre vie,
je ne parle qu’à toi avec d’étranges mots,
parce que tu seras peut-être ma patrie,
mon printemps, nid de paille et de pluie aux rameaux,

ma ruche d’eau qui tremble à la pointe du jour,
ma naissante Douceur-dans-la-nuit… (Mais c’est l’heure
que les corps heureux s’enfouissent dans leur amour
avec des cris de joie, et une fille pleure

dans la cour froide. Et toi ? Tu n’es pas dans la ville,
tu ne marches pas à la rencontre des nuits,
c’est l’heure où seul avec ces paroles faciles

je me souviens d’une bouche réelle… ) Ô fruits
mûrs, source des chemins dorés, jardins de lierre,
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Je redescendrai le chemin de la journée
de peur d'avoir laissé quelque chose derrière
moi. Me comprendras-tu? Je n'ai pas le moyen
de rien perdre, car je voudrais ne pas vieillir,
mais simplement mûrir de toutes mes années.
[...]

(extrait de "Fragments d'un récit", p.39)
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Tu partiras. Déjà ton corps est moins réel
que le courant qui l'use, et ces fumées au ciel
ont plus de racines que nous. C'est inutile
de nous forcer. Regarde l'eau, comme elle file
par la faille entre nos deux ombres. C'est la fin,
qui nous passe le goût de jouer au plus fin.
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