AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791037505934
400 pages
Les Arènes (07/04/2022)
3.6/5   15 notes
Résumé :
Paris, septembre 2018, Porte de la Chapelle. Les migrants tombent comme des mouches, foudroyés par un mal étrange. Les soupçons se portent spontanément sur les Vicaires, un groupuscule d'ultra-droite dirigé par le charismatique Stéphane Zenner. Pour Ravard, enquêteur de la section antiterroriste, c'est le début d'une traque intense. Elle le conduira dans les limbes d'un Paris occulte et mettra sur sa route un spécialiste du paranormal et une étudiante fascinée par l... >Voir plus
Que lire après MycéliumVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je suis très mitigée sur cette lecture. le sujet me paraissait propice à un bon roman noir. Au final, je n'ai pas réussi à entrer dans le livre.
Il a certaines qualités qui m'ont plu, comme une modernité pour le sujet. On est plongé dans l'actualité : les migrants, les violences extrémistes, le glauque qui est très vendeur auprès d'un certain public, on touche du doigt des phénomènes étranges.
Mais il y a eu aussi plusieurs points qui m'ont refroidi. Première chose : beaucoup de récit et très peu de discours. Ça alourdit l'ensemble et pour ma part, ça impacte l'équilibre de l'ensemble. Je n'aime pas quand il n'y a que du discours, mais là, on est dans l'extrême inverse. Ça casse le dynamisme que j'attendais d'un tel roman.
Au niveau du style, là encore, on trouve des tournures de phrases assez lourdes et même quelques termes un peu trop ampoulés. Ça ne me paraît pas adapté à la modernité qui semblait voulue au départ.
Ces points faibles gâchent la rencontre que l'on fait avec les personnages. Je trouve que Ravard et Cléo avaient beaucoup de potentiel et auraient pu être bien mieux mis en valeur avec une plume plus légère.
Je remercie tout de même les éditions Equinoxe et la Masse Critique Babelio pour ce partage.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
Commenter  J’apprécie          270
Un polar politico-fantastique sur fond de menace épidémiologique dans une ambiance à la Chattam; un mélange de Chattam pour les intrusions dans le Paris Underground , de Wending pour « Les somnambules » ou de Luc Besson (Lucie) pour le prolongement des connexions neuronales.

Une organisation réticulaire affiche ouvertement sa haine des différences avec un leader que ses troupes suivent aveuglément… Les Vicaires : un groupuscule d'ultra-droite dont l'idéologie est basée sur la vicariance ; en clair, des organismes de nature identique se doivent de demeurer géographiquement séparés ; si une dispersion intervient, ils entrent en compétition avec les hôtes initiaux de l'habitat, et l'un des organismes vicariants va finir par supplanter l'autre…
Transposée à la nature humaine, cette idéologie pourrait simplement être exprimée par un « Chacun chez soi et les poules seront bien gardées »… avec tout le panel de dérives xénophobes que cela sous-entend !

Tout naturellement, lorsque plusieurs migrants SDF succombent en quelques minutes à une affection aussi foudroyante qu'incompréhensible, les soupçons se tournent vers cette organisation… avec la crainte d'une propagation de cette infection léthale qui a également causé la mort de quelques bénévoles présents sur les lieux Porte de la Chapelle. Un homme, vraisemblablement contaminé mais sauf, est activement recherché.
Parallèlement, l'enquête va s'orienter vers les milieux des marchands de rêves et des magnétiseurs exerçant toujours secrètement dans des sanctuaires branchés parisiens…

J'ai aimé le thème de l'intrigue et les intrusions dans les méandres du somnambulisme et de l'hypnose ; j'ai moins aimé les explications un peu trop détaillées sur le même sujet ainsi qu'un déséquilibre entre les scènes descriptives et les dialogues moins présents… Fabrice Jambois est titulaire d'un doctorat en philosophie et on ressent la volonté de TOUT décortiquer 😊
Certains passages auraient pu faire l'objet d'une postface… ( postlogue n'existe pas je crois ?)
A l'inverse, le dénouement semble abrupt avec des zones qui demeurent obscures.

Un premier roman assez original, tant sur l'intrigue que sur la forme, avec un style recherché et des éclaircissements poussés sur les thèmes scientifiques ou paranormaux ; on pourrait parfois reprocher à Fabrice Jambois des phrases un peu longues et de s'étendre un peu trop sur quelques explications, ce qui alourdit légèrement le récit et fait perdre de temps en temps le fil de l'histoire… La rançon de la jeunesse dans le métier !

En conclusion, Merci à l'Escargot noir pour cette belle découverte au salon du polar francophone à Sens, le 28 mai. Un premier roman prometteur pour un auteur à suivre.
Commenter  J’apprécie          80
D'une écriture percutante et incisive, naviguant à merveille entre réalisme technique et horreur scientifique, un premier polar qui porte un fer vigoureux parmi les fantasmes d'extrême-droite et parmi quelques autres démons.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/05/26/note-de-lecture-mycelium-fabrice-jambois/

Une nouvelle drogue dure circule à Paris par des canaux mystérieux, n'hésitant pas à emprunter subrepticement les circuits des salles de shoot médicalisées destinées normalement à éviter certaines des plus horribles conséquences médicales de l'héroïne et du crack… Stéphane Zenner, ancien professeur de biologie et théoricien suprémaciste blanc adepte des plus extrêmes développements des plus fumeux « grands remplacements », avec son groupuscule secret nommé « Les Vicaires », appelle publiquement, par métaphores pourtant très transparentes, à l'éradication des migrants en voie de submerger l'Europe en général et son pré carré parisien en particulier… Lorsque, brutalement, porte de la Chapelle, des dizaines de migrants et de bénévoles en train de les aider s'écroulent foudroyés par une maladie inconnue et presque inexplicable, la section anti-terroriste de la brigade criminelle, et plus particulièrement le groupe d'enquête du commandant Ravard, spécialisé dans le suivi de l'extrême-droite violente, est propulsée en urgence sur le devant de la scène, pour une enquête hautement médiatique, sur les tenants et aboutissants de cette catastrophe d'une part, sur la traque impérative d'un fuyard érythréen qui semble désormais semer la mort sur son passage d'autre part. Croisant presque par hasard la trace d'une jeune journaliste se trouvant bien malgré elle impliquée dans l'enquête, voici qu'il s'agit pour lui de penser l'impensable, et de plonger aussi bien dans les cercles privés les plus exclusifs que dans les arcanes de pseudo-sciences oubliées, ou presque.

Publié dans la collection Equinox des Arènes en avril 2022, le premier roman de Fabrice Jambois, jeune docteur en philosophie (dont la thèse portait sur « L'idée de mort et la formation de la psychiatrie matérialiste dans la philosophie de Gilles Deleuze »), offre un mélange subtil et réussi de polar technique et réaliste (pas si éloigné, dans cette tonalité principale, des labyrinthes contemporains conçus par Dominique Manotti, DOA ou Jean-Hugues Oppel) et de course vertigineuse au bord d'un abîme volontiers situé aux lisières du fantastique ou de la science-fiction (comme dans certains des premiers romans de Maurice G. Dantec, « Les racines du mal » ou « Babylon Babies » notamment, avant que tout cela ne soit largement gâché dans la logorrhée et l'excès de « Villa Vortex », et avant la belle résurgence presque miraculeuse de son ultime production, « Les résidents », – ou comme dans les plus éclatantes réussites d'Antoine Chainas, telles « Empire des chimères »). Mêlant des motifs issus de la tradition canonique du merveilleux (ou de l'horreur scientifique) à ceux du techno-thriller épique, parcourant les recoins anciens et nouveaux de la fringe medicine et de sa fâcheuse tendance à considérer les faibles comme des cobayes pour les « avancées » des puissants, traquant comme le Benjamin Fogel de « La transparence selon Irina » ou de « le silence selon Manon » les névroses sociales en quête forcenée de débouchés politiques éventuellement très violents, pesant avec soin la masse des réminiscences pseudo-scientifiques dans leur interaction avec les réalités complotistes – comme sait si bien le faire le collectif italien Wu Ming, tout particulièrement dans leur « Armata dei Somnambuli » (non encore traduit en français), assemblant des trajectoires que l'on jurerait d'abord disparates voire étanches les unes aux autres avec un brio pas si éloigné de celui du Stéphane Vanderhaeghe de « P.R.O.T.O.C.O.L. », et analysant enfin, tout au long du roman, avec une féroce malice, à travers les pensées du commandant Ravard, la manière dont le vocabulaire même de l'extrême-droite contamine jusqu'aux monologues intérieurs de ses adversaires (ce qui a pu être observé depuis plusieurs années hélas dans les médias français et dans les propos de politiciens pourtant réputés de prime abord comme bien éloignés des tentations fascisantes et suprémacistes), « Mycélium » est un roman intense, brutal, percutant et dérangeant.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          70
Paris, 2018. Un samedi habituel pour Thibault Belgrand : après un après midi torride avec Cléo Noirac, il rejoint les bénévoles de l'association La Chapelle-aux-migrants pour distribuer de la nourriture. Quand Cléo le dépose, elle remarque un migrant dont les "yeux étaient deux trous noir mauve [qui] irradiaient une intensité sombre." Peu de temps après Cléo ressent l'agonie de Thibault. Plus d'une vingtaine de personnes trouvent la mort ... les autorités pensent tout de suite à une attaque des groupes d'extrême droite. Une double enquête s'amorce : celle de Cléo, déterminée à comprendre son étrange expérience, et celle de Ravard, enquêteur de la section antiterroriste.
Un roman qui nous entraine dans les profondeurs glauques, sombres et pesantes de Paris. Un style très recherché, élégant mais trop parfois, d'où une impression de lourdeur à certains moments et une pléthore d'informations notamment sur les thèses paranormales qui ne semblent pas essentielles.
Commenter  J’apprécie          132
Un roman policier entre un attentat dans un camp de migrant, des récupérations politiques & quelques scientifiques véreux. Fabrice Jambois ne nous abreuve que très rarement de dialogues sans fin, changement prometteur, où ce style littéraire est l'habituelle prise à partie du thriller. de paragraphes en paragraphes, l'auteur ne prend pas son lecteur pour un demeuré et lui propose plusieurs axes de lectures. En proposant différents protagonistes principaux (flic, journaliste), Jambois offre une intrigue à plusieurs points de vue, sans temps mort. En mettant en avant un politicien aussi bien détesté qu'adoré (appelé Zenner), on ne peut que sourire jaune face à cette copie collée de Zemmour. Dans un camp de migrants, des morts tombent par dizaines. A qui paye le crime? Même s'il y a un relâchement dans la dernière partie (il faut évidemment de l'action, du suspense, des coups bas), et malgré le talent de l'auteur, le récit souffre de déjà-vu dans ce final, Mycélium est savoureux. La comparaison avec Cronenberg dans le résumé sur la quatrième de couverture n'est pas mensonger. Un livre qui tient la route, une plume efficace pour un récit ô combien actuel. Chapeau.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
Culturebox
23 août 2022
Dans un Paris furieusement contemporain, Fabrice Jambois nous prend à la gorge avec un polar trépidant à la lisière entre science-fiction et réalité.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Sous le pont qui enjambe le boulevard des Maréchaux au niveau de la porte de la Chapelle, quelqu’un avait écrit sur un mur « la Sapel Porte de l’Anfer ». La porte de l’enfer. Ou plutôt l’enfer lui-même. Un condensé de ses différents cercles, avec leur peuple de damnés : prostituées, drogués, migrants. Des existences informelles, officieuses, à la pointe de la précarité. Des existences nues. La Bulle, un gigantesque centre humanitaire modulaire d’aspect bulbeux financé par la Ville de Paris à hauteur de six millions et demi d’euros, avait accueilli en deux ans près de soixante mille passages de migrants. On l’avait dégonflée depuis quelques mois et les campements sauvages s’étaient reconstitués en un clin d’œil au bord du périphérique. Dans les arbustes minables des terre-pleins, des vêtements séchaient, éparpillés dans les branches, lavés sommairement à même le caniveau avec des bouteilles d’eau minérale ou avec des eaux usées. Ils étaient là, les migrants. Ils étaient au bout de leur vie, au bout du monde, et ils n’avaient même pas fait la moitié du chemin. Zenner, en les voyant sous le soleil fade de cet après-midi de septembre, les aurait décrits comme les habitants d’une tour de Babel éventrée, bruyante et malpropre, comme une population extrêmement variée qui baragouinait des dialectes choquants, comme un mélange grotesque de races violentes et frustes. Zenner aurait ironisé sur leurs silhouettes trapues, accroupies et affublées de vêtements de sport aux couleurs criardes. Zenner était un nuisible. Les nuisibles ne manquaient pas dans ce monde. Ceux qui avaient migré et venaient d’échouer à la porte de la Chapelle le savaient. Leurs souvenirs étaient comme ces terrains de mines antipersonnel qu’ils avaient dû traverser : peuplés d’éclats noirs, de visages de prédateurs, de drames, de tortures, de menaces sourdes. Ils connaissaient l’air faux des délateurs, le sadisme brut des esclavagistes, l’outrecuidance des passeurs qui imposent des tarifs insensés et fixent le prix exact d’une vie. Beaucoup mouraient en Afrique, avant même de traverser la Méditerranée. La survie était une question de confiance bien ou mal placée. Elle était une question de chance et de choix. Sur le flux des migrants, on prélevait de l’argent, de l’énergie, du sexe, des organes parfois, de la liberté toujours. On, c’était les passeurs en tout genre, les militaires, les mercenaires et les civils tordus ; c’était aussi des migrants qui s’attaquaient à d’autres migrants, à ceux qui n’avaient pas les bons alliés au bon moment, à ceux qui étaient trop seuls ou trop faibles.
Commenter  J’apprécie          30
Zenner avait élaboré sa propre ligne. Une doctrine biopolitique qui se fondait sur des travaux liés à la notion de Vicariance. La Vicariance, du latin Vicarius, qui signifie "Remplaçant", désignait en écologie le fait que deux ou plusieurs types d'organismes de nature identique ou voisine occupent la même niche écologique dans des zones géographiquement séparées par des barrières physiques ou par la distance. Quand cette séparation disparaissait, certains de ces organismes se dispersaient et entraient en compétition avec ceux qui étaient restés dans leur habitat. Il était alors inévitable que l'un des organismes vicariants supplante l'autre. Zenner soulignait que le processus de Vicariance consistait pour un groupe d'individus à se maintenir dans son habitat.
Il lui opposait le processus de Dispersion, qui était le fait d'individus colonisant activement une nouvelle aire.
Commenter  J’apprécie          50
Tous ces gens n’étaient clairement pas des partisans du vivre-ensemble. Des pans entiers de la nébuleuse d’extrême-droite se radicalisaient, quelque chose se détraquait en profondeur dans le corps social. Le pays s’embarquait sur une voie imprévisible et dangereuse, qui n’était pas celle de la joie. Oui, quelque chose s’était perdu en route, le monde basculait dans la folie pure, dans un délire généralisé de la pire espèce, un délire renforcé par la puissance des réseaux sociaux. Messages viraux, fake news, intox, trolling, emballements collectifs, boucke de renforcement des préjugés, l’époque était un cauchemar. Le spectacle de la violence ne cessait d’alimenter la violence du Spectacle. C’était épuisant. Et le boulot à la PJ était de plus en plus pesant, avec des tonnes de paperasse à remplir. Ravard pensait parfois à tout plaquer, à quitter Paris pour la Corrèze ou le plateau des Millevaches – certes il ne pousserait tout de même pas le vice jusqu’à fréquenter Coupat et ses lieutenants. Mais il y avait sa fille et il fallait rester à Paris, où vivait Carole, son ex-femme, qui en partageait la garde avec lui. Et il fallait faire le boulot.
Commenter  J’apprécie          30
Dans les tuyaux virtuels des réseaux sociaux, les flux de merde s’entrelaçaient, se disjoignaient et se conjuguaient sans relâche, brassant les clivages idéologiques, ethniques et sociaux, les redistribuant de façon anarchique. La bêtise connective régnait sans partage, elle était sans limites. L’humanité en était là, coincée dans une espèce de métier à tisser titanesque et dématérialisé qui défaisait et tramait les liens sociaux en déplaçant les points de fixation de la colère collective à la vitesse de l’éclair. Les petites machines à haïr ne fonctionnaient que détraquées et elles n’avaient jamais aussi bien fonctionné, elles crevaient de haine, s’étranglaient de colère, se gonflaient de pustules – des posts ou des tweets éclataient à chaque seconde sur la Toile, misérables éjaculats de contre-vie. Ce n’était plus seulement des marécages de ressentiment visqueux et enkysté, c’étaient des flux torrentiels de haine où l’on glissait avec fluidité d’une représentation à l’autre, d’une injure à une image, d’une vidéo à un GIF, tout y passait, tout se connectait dans la confusion.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus

Autres livres de Fabrice Jambois (1) Voir plus

Lecteurs (63) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..