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Françoise Schwab (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080676443
1173 pages
Flammarion (26/11/1998)
4.5/5   8 notes
Résumé :
La Mauvaise Conscience
Du mensonge
Le Mal
L'Austérité et la vie morale
Le Pur et l'Impur
l'Aventure, l'Ennui, le Sérieux
Le Pardon.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il paraît que cet ouvrage est épuisé. C'est bien dommage. Quand j'ai acheté ce livre, c'est à peine si je connaissais Jankélévitch. S'il avait ma faveur, c'était surtout parce qu'il traitait des sujets qui m'intéressaient. Les titres de ses livres parlaient pour lui, particulièrement L'Ironie et La Mort. Les oeuvres regroupées dans La Philosophie morale ont des titres tout aussi alléchants, si je puis dire : le Mal, le Pardon, L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux, pour ne citer que ceux-là. Cependant, il serait bien futile de s'arrêter aux titres.
L'ambition de Jankélévitch a été d'exprimer l'inexprimable, de toucher à l'essence de ce qui ne se laisse pas saisir, de comprendre ce qui se dérobe. Les paradoxes de la conscience sont l'un de ses sujets préférés, tout comme l'irrémédiable et l'unicité. Qu'est-ce qui fait la valeur d'un moment, la beauté d'une musique, la singularité, l'importance d'une vie ? Telles sont les questions qu'il se pose. Platon, Gracian, Fénelon et bien d'autres l'aident à y répondre. L'écriture est précise, vivante, émaillée de nombreuses métaphores toujours choisies à bon escient, mais surtout la réflexion, vertigineuse, conduit à reconsidérer bien des choses, à démêler les mensonges des apparences, le vrai dans le faux et le faux dans le vrai. Ce n'est pas seulement une recherche de la vérité, car cet objectif est poursuivi par tous les philosophes ; c'est une mise à l'épreuve de la pureté : existe-t-elle ? peut-elle être atteinte ? Je ne connais rien de plus enrichissant pour l'esprit que la lecture de cet ouvrage.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Un tableau célèbre de Rembrant, qui est au musée d'Amsterdam nous fera peut-être comprendre la fonction de l'aventure. Dans la Ronde de Nuit, en bas et à droite du tableau, et surgissant des ténèbres où la scène est presque entièrement plongée, il y a un homme vêtu de jaune. Que signifie cet homme d'or dont a parlé en termes admirables un poète contemporain ?
Nous ne nous hasarderons pas à le dire. Mais il sera beau de penser que cet homme d'or est le principe de l'aventure. Dans l'obscurité de la nuit, l'homme introduit de la lumière. Le clair-obscur n'est-il pas l'éclairage ambigu de la démarche aventureuse ? Attirée par la certitude incertaine de l'avenir et de la mort, l'aventure, disions-nous, est à la fois close et ouverte : elle est donc entr'ouverte, comme cette forme informe, cette forme sans forme qu'on appelle la vie humaine ; car la vie de l'homme, fermée par la mort, reste entrebâillée par l'ajournement indéfini de la mort. Pour celui qui est dedans, l'immanence signifie le sérieux, l'absence de forme, la clôture intestinale, la certitude de mourir ; mais pour le joueur l'existence de meure ouverte, et les formes filles du libre arbitre, allègent la fatalité compacte. Ouverte et fermée, claire et obscure, telle apparaît la vie quand on est à la fois dedans et dehors. A la ronde qui tourne dans les ténèbres de la nuit sans déboucher nulle part, l'homme de lumière, l'Ulysse des temps modernes désigne l'ouverture : et ce n'est qu'une entr'ouverture. Mais cette entr'ouverture nous donne déjà une entrevision de l'infini. Le cercle est donc brisé. L'homme de lumière, c'est le principe du temps qui indique à la ronde nocturne le chemin de l'aurore.
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Il y a du vrai dans cette doléance universelle des hommes et des femmes qui se prétendent méconnus : à les en croire ils vaudraient toujours mieux que leur métier, n'auraient pas le bonheur auquel ils ont droit, ni une importance en rapport avec leurs aptitudes, etc... A la lettre cela est rarement vrai, car je tiens qu'en règle générale les hommes sont tout ce qu'ils pouvaient être. Mais, du point de vue métaphysique, cela signifie que leur ipséité est toujours au-delà. C'est un fait que la méconnaissance étiole, comme la haine qu'on nous porte nous aigrit ; que de rester incompris, ou de n'être jamais cru développe en nous, comme dans le Petchorine de Lermontov, l'envie de tromper ceux-là qui nous soupçonnent. Et de là une espèce de sournoiserie farouche qui est parfois tout près de la pudeur. Mais l'inverse n'est pas moins vrai, et si la méfiance appelle la tromperie, la confiance, faisant boule de neige, induit en l'autre comme un zèle de s'en montrer digne, c'est-à-dire se redouble et justifie elle-même par une franchise, qui, étant son effet ou postulat, devient sa cause. C'est donc bien le lieu de le dire, il y a des fourbes autour de nous et cela ne nous fait pas honneur. A chacun des menteurs qu'il a mérités et qui lui renvoient fidèlement son image, comme au consommateur peu exigeant les médiocres spectacles renvoient fidèlement l'image de sa vulgarité et de son mauvais goût.
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Car on ne ment jamais sans le vouloir. De là la gravité du premier mensonge chez un enfant. Le jour de ce premier mensonge est un jour vraiment solennel où nous découvrons chez l'innocent la profondeur inquiète de la conscience. C'est donc que l'innocent en savait long : qu'il était bien dégourdi pour un innocent... Où a-t-il pris toute cette expérience ? et depuis quand se permet-on d'avoir des secrets, de nous cacher quelque chose ? "Ecoutez", s'écrie Golaud, "je suis moins loin des grands secrets de l'autre monde que du plus petit secret de ces yeux !" Et nous nous indignons presque, comme si nous étions personnellement frustrés dans nos droits, comme si tout ce pur avait promis de nous garder sa pureté. Comment ces yeux candides savaient-ils tant de choses ? qui les leur a apprises ? Mais non, personne ne leur a jamais rien appris : c'est la conscience qui s'est déniaisée toute seule, en découvrant un beau matin son admirable pouvoir de dissimulation et de ruse. La prise de conscience arrive ainsi brusquement. On trouverait peut-être, à y regarder de près, que le thème immémorial de la perfidie féminine traduit à sa manière cette déception de l'homme réfléchi, "conscius sibi, secum existens", qui n'a pas trouvé en sa compagne l'indivision de la naïveté originelle. Car pourquoi l'ingénue à son tour n'aurait-elle pas le droit de devenir impure et consciente ? La pudeur ne reconstitue-t-elle pas chez les femmes cette dimension du mystère et de la profondeur qui pour les hommes résulte plutôt de la stratégie ? Le premier mensonge est donc bien la première ride sur le front lisse de l'innocence, la première complication annonciatrice de duplicité, la première ombre qui vient à ternir ce lin immaculé de notre candeur. Que le mensonge soit bénin ou grave ne change rien à son importance, car la grande affaire n'est pas le volume du mensonge, mais l'intention même de mentir, et c'est cette intention qui en un éclair signifie notre virginité perdue : la moindre tromperie
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L'existence nous a été donnée pour exister, et non pour réfléchir l'existence, la respiration pour respirer, et non pour se regarder respirant.
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Le pardon est une relation positive et aimante avec l'Autre, car il ne ferme pas les yeux, lui ; il les ouvre, au contraire, tout grands sur la méchanceté et il regarde le méchant bien en face et il l'excuse, non pas bien qu'il soit méchant, mais parce qu'il est le méchant notre frère, c'est-à-dire par scandaleuse, absurde et gratuite charité.
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En ces temps de crise, il nous faut résister à tout ce qui, chaque jour, nous entraîne vers le bas : la bêtise, les intégrismes divers, les compromis incessants, les lâchetés, les impostures… Mais comment apprendre à résister ?
« L'esprit de résistance » de Vladimir Jankélévitch, c'est à lire chez Albin Michel.
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