Pardonner au voyageur…
Pardonner au voyageur
Tous les cinq ans ses histoires d’amour
se terminent
et il descend en ville
pour en parler
il apporte des photos
de lui-même, des dessins
un jour une carte de vœux
le lendemain
une affiche
Dans son sillon il a laissé plus de lui-même
que la plupart des hommes
il a laissé des femmes sur les rivages
de plusieurs continents
nous conservons photos et brochures
dans des dossiers – ou des tiroirs parfumés –
nous gardons les cadeaux
et perdons celui qui les offre
garde mon image dit-il
prouve-moi que j’existe dit-il
un jour je serai réel
/Traduction de Franck Loiseau et Florentine Rey
Je regarde la télévision et à l'échelle de la carte météo
qui annonce la pluie tu sembles dormir
à quelques centimètres de moi
ce dimanche matin. Je me demande
à qui est cette respiration qui soulève
tes cheveux même si je m'en fiche
J'ai toujours été suffisamment femme pour être émue aux larmes et suffisamment homme pour conduire ma voiture dans n'importe quelle direction.
Au sommaire de la Critique, deux livres :
"Drive", recueil de poèmes de Hettie Jones resté jusqu'à présent inédit en France et disponible dans une édition bilingue chez Bruno Doucey (traduction de l'anglais (Etats-Unis) : Florentine Rey et Franck Loiseau).
"Trio", le nouveau roman de William Boyd paru au Seuil et traduit de l'anglais par Isabelle Perrin.
Nos critiques du jour : Marie Sorbier, rédactrice en chef du magazine I/O Gazette et productrice d'Affaire en Cours sur France Culture et Laurent Nunez, écrivain et éditeur.