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EAN : 9782072916205
368 pages
Gallimard (07/10/2021)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Poésies verticales. I-II-III-IV-XI
Trad. de l'espagnol (Argentine) par F. Verhesen. Préface de Réginald Gaillard

Collection Poésie/Gallimard (n° 566), Gallimard
Parution : 25-11-2021
Roberto Juarroz est né en 1925 et mort en 1995 à Bueno Aires. Parmi les poètes argentins il est de cinq ans l’aîné de Juan Gelman et de six ans celui d'Alejandra Pizarnik. Il publia sa première Poésie verticale à compte d’auteur, en 1958. Ce qui n’emp... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
13
     
Les pensées tombent comme les feuilles,
pourrissent comme le fruit sans dents,
donnent de l’ombre parfois
et parfois sont quelque chose comme la lèvre maigre
d’une branche dénudée.
     
Il y a des corps qui gercent l’espace,
le brisent en le remplissant,
le blessent comme le pain blesse certaines bouches.
Il y a des ombres qui guérissent cet espace,
cicatrisent les blessures qui lui firent ses corps,
en les replaçant
à partir d’un lieu plus intime.
     
Les pensées tombent comme les feuilles,
pourrissent comme le fruit,
mais elles n’ont pas de racines
et ne se meuvent pas dans le vent.
Plus maigres que les corps et leurs ombres,
elle ne gercent et ne guérissent pas l’espace :
elles sont un arbre d’espace,
planté, sans racine, au centre.
     
-
     
Los pensamientos caen como la hojas,
se pudren commo el fruto sin dientes,
dan sombra algunas veces
y oras son algo así como el labio demacrado
de una rama desnuda.
     
Hay cuerpos que agrietan el espacio,
lo quiebran al llenarlo,
lo hieren como el pan a ciertas bocas.
Y hay sombras que curan el espacio,
le cicatrizan las heridas que les hicieran sus cuerpos ?
Reponiendo esos cuerpos
desde un lugar más íntimo.
     
Los pensamientos caen como la hojas,
se pudren commo el fruto
pero no tienen raíces
ni se mueven al viento.
Más delgados que los cuerpos y sus sombras,
no agrietan ni curan el espacio :
son un árbol de espacio,
plantado, sin raíz, en el centro.
     
     
Troisième Poésie Verticale/Tercera Poesía Vertical (1965)
Traduction de l’espagnol par Fernand Verhesen (pp. 126-129)
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Je pense qu’en ce moment
il n’est peut-être personne au monde qui pense à moi,
que moi seul je me pense,
et que si je mourais maintenant,
personne, pas même moi, ne me penserait.

Et voici que commence l’abîme,
comme lorsque je m’endors.
Je suis mon propre appui et je m’en prive.
Je contribue à tapisser d’absence toute chose.

C’est peut-être pour cela
Que penser à un homme
Revient à le sauver.
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32
     
Coupures du son,
retours du son,
résurrections du son.
Avec ces mouvements se creusent
des galeries plus profondes que le silence.
     
Sons sans sons,
sons sans silences,
minéral de son.
Veine pour abolir la différence
entre le son et le silence,
pour fonder la nouvelle acoustique
qui créera sa propre ouïe.
     
     
Quatrième Poésie Verticale (1969)
pp. 193-195
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Troisième Poésie verticale



3

Crevasse dans le cœur de l'imminence,
tandis que le pied de l'espérance
danse son temps bleu,
amoureux de sa propre ombre.

Il y a un hymne en attente
qui ne peut commencer
avant que la danse n'achève
sa culture du temps.

C'est un hymne vers l'arrière,
une imminence inversée,
l'ultime aiguillée pour lier la source
avant que sa coulée ne l'emporte.

Il y a des chansons qui chantent.
D'autres sont immobiles.
Les plus profondes reculent
dès leur première lettre.


/traduction de l’espagnol par Fernand Verhesen
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Troisième Poésie verticale



1

Les formes naissent de la main ouverte.
Mais il y en a une qui naît de la main fermée,
de la plus intime concentration de la main,
de la main fermée qui n'est et ne sera pas un poing.
L'homme prend corps autour d'elle
comme la fibre ultime de la nuit
lorsqu'elle engendre la lumière qui coïncide avec la nuit.

Peut-être avec cette forme sera-t-il possible
de conquérir le zéro,
l'irradiation du point sans résidu,
le mythe du rien dans la parole.


/traduction de l’espagnol par Fernand Verhesen
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INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Enrique Molina 2:09 - Atilio Jorge Castelpoggi 3:37 - Olga Orozco 5:57 - Roberto Juarroz
7:44 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Enrique Molina : https://es.wikipedia.org/wiki/Enrique_Molina_(poeta)#/media/Archivo:EnriqueMolina.JPG Atilio Jorge Castelpoggi : https://issuu.com/nuevociclo/docs/nuevo_ciclo_julio_2016/15 Olga Orozco : https://www.unibarcelona.com/es/actualidad/noticias/olga-orozco-testimonio-de-una-derrota Roberto Juarroz : https://www.bertrand.pt/autor/roberto-juarroz/22813
BANDE SONORE ORIGINALE : Veill
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