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EAN : SIE313440_736
(30/11/-1)
4.17/5   3 notes
Résumé :
"Quels sont les progrès réels de la métaphysique en Allemagne depuis le temps de Leibniz et de Wolff ?"
La réponse historique que Kant apporte à cette question posée par l'académie de Berlin est lapidaire : La métaphysique n'a jamais fait de progrès. Tout au plus a-t-elle stagné dans le néant, avant de sauter le pas qui l'a conduite jusqu'à l’achèvement, et qui coïncide avec la critique kantienne. Si progrès il y a, il n'est pas chronologique : en donnant un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
À la question posée par l'Académie de Berlin, Kant ne se contente pas de répondre par les faits historiques, ce qui n'aurait d'ailleurs pas beaucoup de sens pour l'histoire de la philosophie elle-même. On ne s'étonnera donc pas d'y voir une réponse de nature systématique qui, par ailleurs, offre un condensé des thèses développées dans les trois Critiques. La réponse systématique que donne Kant à la question introduit une loi des trois stades. La métaphysique, qui est « tout ou rien », qui passe de la vacuité à la plénitude sans passer par un état intermédiaire, passe en effet pourtant les stades suivants : le stade théorico-dogmatique, c'est-à-dire l'ontologie leibnizo-wolffienne, le stade sceptique, qui constitue un arrêt, et le stade pratico-dogmatique, qui correspond à la phase criticiste de la philosophie. À bien y regarder, il ne s'agit pas du tout d'une loi dialectique, dans laquelle la négation sceptique se retrouverait à son tour niée sans pour autant nous enjoindre à rejoindre le premier stade : le scepticisme ne constitue ici qu'un arrêt. Il s'agit plutôt de montrer comment l'ontologie leibnizo-wolffienne, malgré tous les mérites qui lui sont propres en matière de clarté, a confondu deux champs de l'a priori, comment elle a cru pouvoir étendre le pouvoir spéculatif de la raison théorique jusqu'aux choses ne relevant pas de la possibilité apriorique d'une expérience. Kant accédera plutôt au suprasensible par l'intermédiaire de la raison pratique (stade pratico-dogmatique) et fera du Souverain Bien la fin morale de la métaphysique, sans pour autant confondre la métaphysique des moeurs et la métaphysique de la nature. Kant pointera par exemple, dans la philosophie leibnizo-wolffienne, l'absurdité théorique de l'absence de conditionnement de la possibilité, l'inefficacité de la preuve cosmologique à l'aide de la critique catégorique (on ne peut concevoir le concept d'une chose absolument nécessaire comme telle puisque la nécessité est un jugement de modalité) ou encore l'impossibilité de décrire le noumène au sein de l'espace et du temps (il n'y a alors que des phénomènes). Au final, pour Kant, il est impossible de décrire de suprasensible dans le monde, et encore moins d'un point de vue théorique. Il ne peut il y avoir de suprasensible transcendant que d'un point de vue pratico-dogmatique. C'est pourquoi il s'agit, une fois le stade pratico-dogmatique atteint, de considérer la fin ultime de la métaphysique en tant que fin morale. Dans cette perspective, l'ontologie leibnizo-wolffienne restera une propédeutique.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Mais avant même d'en arriver à faire cette distinction [entre sensible et suprasensible], la métaphysique a mélangé des idées qui ne peuvent avoir que le suprasensible pour objet et des concepts a priori auxquels les objets de l'expérience sont cette fois appropriés, parce qu'il ne lui vint pas du tout à l'esprit que l'origine des premières pût être différente de celle des autres concepts a priori purs ; c'est pourquoi il s'est produit quelque chose de particulièrement remarquable dans l'histoire des erreurs de la raison humaine : puisque cette dernière se sent capable d'acquérir un grand domaine de connaissances a priori au sujet des choses de la nature et en général de ce qui peut être l'objet d'une expérience possible (pas simplement en science de la nature, mais aussi en mathématique), et puisqu'elle a prouvé la réalité de ces progrès par le fait, elle ne peut pas du tout prévoir pourquoi elle ne pourrait pas aller plus loin encore avec ses concepts a priori, c'est-à-dire réussir une percée jusqu'aux choses ou qualités de ces dernières qui ne relèvent pas des objets de l'expérience. Il fallait nécessairement qu'elle tînt les concepts relevant des deux champs pour des concepts de même espèce, dès lors que quant à leur origine ils ont effectivement ceci de semblable qu'ils sont fondés a priori dans notre pouvoir de connaître et ne sont pas tirés de l'expérience, de sorte qu'ils semblent légitimer la même attente d'une possession réelle et de son extension.

p156-157
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Ce qui est impossible d'un point de vue théorique, à
savoir le progrès de la raison vers le suprasensible du monde dans lequel nous vivons (mundus noumenon), c'est-à-dire vers le Souverain Bien dérivé, c'est donc effectif du point de vue pratique, à savoir pour présenter la conduite de l'homme ici sur terre comme s'il s'agissait d'une conduite au Ciel, c'est-à-dire que l'on peut et doit admettre selon l'analogie avec la téléologie physique que la nature nous laisse percevoir, et ce, a priori et indépendamment même de cette perception, que le monde est déterminé à s'accorder avec l'objet de la téléologie morale, à savoir la fin ultime de toutes choses d'après des lois de la liberté, et ce, afin de tendre vers l'idée du Souverain Bien, lequel, comme produit moral, exige d'avoir pour auteur l'homme lui-même (pour autant qu'il est en son pouvoir), ce dont la possibilité, du point de vue théorique, et contrairement à ce que prétend la philosophie leibnizo-wolffienne, est un concept indéfendable - ni par la création qui prend pour fondement un auteur extérieur, ni par l'intelligence du pouvoir qu'aurait la nature humaine d'être appropriée à une telle fin - et exorbitant, alors qu'il est question, du point de vue pratico-dogmatique, d'un concept pratique pour notre devoir.

p145
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seul le moi qui pense et intuitionne est la personne, alors que le moi de l’objet qui est intuitionné est, tout comme les autres objets hors de moi, la chose
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On ne peut décemment tenir l'extension de la doctrine du doute jusqu'au principe de la connaissance du sensible et jusqu'à l'expérience elle-même pour une opinion sérieuse, qui se serait présenté à une quelconque époque de la philosophie, mais, pour les dogmatiques, elle a peut-être joué le rôle d'une invitation à prouver ces principes a priori sur lesquels repose la possibilité même de l'expérience et, puisqu'ils en furent incapables, à leur présenter cette dernière elle-même comme douteuse.

p85
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La possibilité et l'impossibilité inconditionnées du non-être d'une chose sont toutes les deux des représentations transcendantes qui ne se laissent pas du tout penser, parce que sans condition nous n'avons aucune raison ni de poser ni supprimer quelque chose. Ainsi la proposition selon laquelle une chose ou existe d'une manière absolument contingente ou est absolument nécessaire est-elle entièrement dépourvue de raison des deux côtés. La proposition disjonctive n'a donc pas d'objet.

p170
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Vidéo de Emmanuel Kant
C'est l'une des découvertes essentielles de Kant, l'idée qu'il existe un mobile sensible, qu'il nomme le respect, susceptible de relier les êtres humains à la loi morale. Une exigence qui est au coeur de l'éthique contemporaine, du rap au sport en passant par les luttes contre les discriminations.
Martin Legros, rédacteur en chef à Philosophie magazine, présente cette notion en vidéo ! Retrouvez son article en intégralité dans notre hors-série spécial Kant, en kiosque jusqu'au 8 mai.
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