Sous des dehors si calmes se cachent bien souvent des émotions qui n'attendent qu'un simple déclencheur pour déraper vers l'inconnu. Neuf nouvelles de Jacqueline de
Romilly (historienne, agrégée de philosophie,hélleniste, auteur de moult essais,nouvelles et romans, membre de l'Académie française) et huit dérapages, toujours empreints de sérénité, à des époques différentes de la vie d'Anne au sein de sa propriété familiale du Lubéron.
Une Anne "an, any", anonyme, qui pourrait être n'importe qui et même
Jacqueline de Romilly, mais ne l'est pas nous précise l'auteur.
Un chuchotis d'eau réveille l'âme de l'ancienne propriétaire d'un "jardin du bout du monde" et les souvenirs d'un deuil maternel plus récent.
Une moustiquaire jaune installée jadis par son mari, aujourd'hui décédé,enclenche les pleurs puis favorise l'émergence du bonheur.
Un bébé écureuil recueilli par son fils puis assailli par des plus forts que lui soulève à ses jeunes yeux l'hypothétique existence du mal.
Des coups de fil affectueux passés un soir de Noël par trois solitaires entrainent des réactions différentes chez leurs interlocuteurs, transforment leurs propres ressentis avant qu' "une étoile des Rois mages" au sein des braises ne les apaise.
Des lettres d'amour retrouvées et ramenées par un Georges désagréable relatent un doux secret bien gardé source de surprise.
Un accident de métro signalé aux informations, on craint le pire et le mari jalouse le fils source d'inquiétude.
Une écharpe rose dans laquelle se love une petite orpheline invitée par pitié, alors qu'elle semblait mutique, et la rancune devient pitié.
Une simple appellation à l'évocation de jonquilles ouvre la porte nostalgique des connivences d'antan puis de souvenirs plus agréables.
Une cassette de la petite Fadette pour belle-mère non voyante s'avère parfois contenir des visons merveilleuses que les pauvres voyants ne voient pas: l'antipathie glisse alors vers l'étonnement le plus complet.
Sous des dehors si calmes interrogent le lecteur sur la vie,le deuil,le bonheur,les facettes de l'autre cet inconnu.
Neuf nouvelles un brin nostalgiques, dans lesquelles la tristesse et l'inquiétude laissent place aux lumineux souvenirs ou à l'espoir comme un arc en ciel après l'orage.
Glissements conviendraient sans doute mieux que dérapages et (pour moi) ce sport de glisse manque de pente.