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EAN : 9782702419717
190 pages
Le Masque (06/12/1989)
4.35/5   24 notes
Résumé :
Bien sûr, Agnès n'est pas vraiment futée. Disons-le carrément, elle est idiote. Mais elle possède un trésor qui supplée largement l'anémie de ses méninges : un pavillon vaste, calme, entouré d'un grand jardin, dans une banlieue résidentielle. Bref, un lieu paradisiaque pour qui est cloîtré dans un appartement sur cour au cœur de la capitale et subit en permanence un enfer sonore : plomberie-zinguerie le jour, surboums estudiantines la nuit. De quoi perdre la tête...... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Décidément, il s'en passe des choses pour les employés de la société France Air Pur, qui était déjà au coeur de l'intrigue du roman Carambolages. Agnès Devillard, par exemple, secrétaire trentenaire, célibataire, deux chats, fille unique d'un charpentier de marine à la retraite. Quand elle rencontre Lionel Fribourg, égyptologue quinquagénaire, veuf et amoureux du silence, elle ne se doute pas que sa vie va être bouleversée.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Nasser, Lionel a du quitter l'Egypte et une situation enviable, pour vivre dans un petit appartement parisien, où il subit chaque jour les nuisances sonores de son voisin Mimile, plombier-zingueur de son état. Tombé sous le charme du pavillon tranquille d'Agnès, il se met en tête de l'épouser afin de pouvoir écrire au calme une grande étude sur le règne d'Akhenaton. Mais quelques obstacles vont se dresser sur la route de la félicité conjugale: le père atrabilaire, l'ex-mari encombrant, et des tas de surprises que le prévoyant Lionel n'avait pas vu venir.

Une chaumière et un meurtre n'est donc pas une variation sur « l'argent de la vieille », mais sur « un pavillon sinon rien. » Et c'est cette modeste propriété auréolée d'un calme enchanteur qui est la véritable héroïne de ce roman acide. L'humour noir est sans doute moins présent que dans d'autres oeuvres de Kassak, le charme opère différemment. Ce récit à deux voix, celles de Lionel et celle d'Agnès, montre le décalage entre la personnalité de l'Egyptologue, cultivé, épris de calme, un peu dépassé par sa fille adolescente, qui elle est bien ancrée dans son époque, et celle d'Agnès, qui n'a pas inventé l'eau chaude: «  Il avait un peu trop tendance à me faire des conférences sur l'ancienne Egypte et Tank et Maton en employant des mots que je ne comprenais pas. Il me prêtait des articles de lui, et j'étais obligée de les lire. Ça m'intéressait, bien sûr, puisque c'était historique, mais dans le genre historique, je préférais Marquise des Anges, un livre en trois volumes très bien écrit qui se déroulait sous Louis XIV ». Lionel omnubilé par le foncier ne voit en Agnès que son jardin et la pièce qu'il pourrait transformer en bureau. Agnès, elle, se perd dans des extrapolations sentimentales. le contraste est hilarant. Et c'est finalement le personnage le plus terre à terre, et le plus lucide, qui remportera cette course à l'échalote, heu, à la chaumière.
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Un petit roman noir très serré avec un nuage d'humour pour adoucir la folle singularité de ces personnages.
Dans cette histoire à deux voix Fred Kassak met en exergue les travers d'une société égoïste, bruyante , polluée, étriquée.. prête à tout pour le bonheur d'un petit pavillon de banlieue.
Aucun repos pour le lecteur qui se retrouve immergé dans des esprits vils et calculateurs, voire semi-déments.

Heureusement les pages défilent vite, et on peut quitter cette vision cauchemardesque de la société. Pour la vivre un peu.


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Une Chaumière et un meurtre... Extraits de l'éloge funèbre de l'ami et collègue de Kassak, Emmanuel Legeard (sur Médiapart):

"Le grand Fred Kassak est mort. le jeudi 12 avril 2018. Un cancer fulgurant l'a emporté en trois jours. Kassak n'aura pas droit à des obsèques nationales. C'est réservé aux évadés fiscaux, aux simili-Américains en peau de lapin (*), et à ces vieillards exquis qui ont réussi le tour de force d'écrire à l'eau oxygénée 40 volumes de pur néant grâce à un procédé ingénieux (et d'ailleurs breveté par l'Académie française): faire passer leur médiocrité pour de la fausse candeur (**). Car en plus de s'acquitter – avec une joie tempérée – de toutes les dîmes républicaines, Fred Kassak était intensément français, et intensément original.
...
En 1959, Kassak publie Crêpe-Suzette, puis l'extraordinaire Carambolages qu'Audiard et Tchernia transposent à l'écran, et qui sera interprété par de Funès et Brialy. Mais c'est surtout avec Une Chaumière et un meurtre qu'il atteint l'apogée de son talent. Ce roman qui s'inspire d'un épisode minable de sa propre existence se métamorphose tout à coup, au fil des pages, en une farce nietzschéenne de proportions spectaculaires. Pierre Chenal veut en tirer un film. Ray Ventura accepte de le produire. Kassak écrira les dialogues. Et de là naît ce chef-d'oeuvre insolite, au ton si singulier, et qui ne ressemble à aucun autre film criminel: L'Assassin connaît la musique, avec Paul Meurisse en assassin et Jacques Dufilho dans le rôle, inoubliable, du médecin légiste.
...
Kassak ne rejetait pas les honneurs, mais comme il était aussi éloigné du primitif que du courtisan, les institutions ne lui inspiraient pas ce mélange de terreur et d'admiration teintée d'envie qu'on attend de tout bon « citoyen » bien réglé. Comme Léautaud, il aurait refusé la Pléiade si on la lui avait offerte. Comme Brassens concluant son « Corne d'Aurochs » par une insulte suprême, comme les Allais, les Queneau, les Jacques Perret en qui il se reconnaissait, il n'aurait pas voulu que « l'Etat lui fît des funérailles nationales », et c'est avec un mélange de répugnance et d'hilarité qu'il observait de loin ces grandes cérémonies républicaines qui se chargent d'expédier les cadavres nationalisés sous les dithyrambes de carnaval. Qu'on me lise, c'est tout! disait Kassak."

Notes: (*) Probablement une allusion au battage médiatique assommant qui a entouré la mort de Johnny Halliday, (**) Probablement une allusion à Jean d'Ormesson, également décédé peu de temps avant et qui a, lui aussi, connu des hommages complètement disproportionnés avec son talent - tandis que Kassak ne recevait aucune attention.
Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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Fred Kassak fait partie de ces nombreux auteurs que je ne connaissais, jusqu'alors, que par l'intermédiaire d'adaptation cinématographique d'un de leurs romans.

Il était temps à quelques jours du premier anniversaire de sa mort (le 12 avril 2018) de faire la connaissance de cet écrivain.

« L'assassin connaît la musique », tel est le nom du film adapté du roman dont il est question aujourd'hui.

Film de 1963, réalisé par Pierre Chenal, au scénario écrit par Fred Kassak lui-même, d'après son roman.

Je me souviens (oui, cela ne fait pas si longtemps que ça que j'ai vu ce film, seulement quelques années), de la présence de Paul Meurisse dans le rôle principal et de Noël Roquevert, dans un rôle secondaire.

Après renseignements, j'avais déjà fait la connaissance de Fred Kassak par l'intermédiaire d'autres adaptations cinéma ou télé (coauteur du premier épisode de la série « Les 5 dernières minutes et auteur de biens d'autres, auteur du roman “Bonne vie et meurtres” adapté au cinéma sous le titre “Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause !”, du roman “voulez-vous tuer avec moi ?” adapté sous le titre “Comment réussir quand on est con et pleurnichard ?”... et d'autres).
Lionel est égyptologue. Après avoir travaillé pendant des années avec bonheur en Égypte, il est contraint par l'arrivée au pouvoir du Colonel Nasser, de quitter le pays.

Il arrive en France, à Paris, avec une adolescente. Il visite un bel appartement, l'un des rares qui soient disponibles, et il le loue. Mais voilà, la visite s'était passé un dimanche, et le lundi, il se rend compte qu'une entreprise de plomberie-zingueur est installée dans la cour en bas de sa fenêtre, que les Halles sont proches et les exhalaisons putrides nombreuses et, qu'en plus, la rue est très fréquentée, dès les premières heures du jour, par les camions.

Seulement, Lionel Fribourg a besoin de calme pour écrire un ouvrage sur l'égyptologie devant lui permettre d'appuyer sa candidature à une chaire au collège de France.

Aussi, quand par hasard, il fait la connaissance d'une jeune femme seule, possédant un pavillon en banlieue, Lionel se voit déjà rédiger son oeuvre dans ses murs et va tout faire pour charmer la dame un peu naïve. Mais il va devoir se battre pour obtenir le calme qu'il convoite...

Fred Kassak nous propose ici une farce sociétalo-policière, mettant le doigt avant l'heure sur les tragédies provoquées par la pollution de nos villes, pollutions sonore, olfactive et autres, mais également sur les conflits de générations et d'autres sujets du genre.

Pour ce faire, il met en place un roman polyphonique offrant alternativement la parole aux deux principaux personnages de l'histoire, Lionel Fribourg, l'égyptologue et Agnès Duvillard, la jeune femme. le lecteur a donc le droit aux réflexions cyniques et froides de Lionel et à celles, candides et indécises d'Agnès.

Lui, à travers Agnès, ne voit que le calme de son pavillon.

Elle, à travers Lionel, voit le réconfort et la fierté d'avoir un homme intelligent à ses côtés.

Ces deux personnages, guidés l'un vers l'autre pour d'autres raisons que l'unique amour, auraient pu finir par vivre ensemble, mais voilà, tout ne va pas se dérouler selon les plans de l'un ou de l'autre.

Chacun sera perturbé par une tierce personne.

Lionel par le père d'Agnès, un retraité qui passe ses journées à joueur du marteau pour fabriquer des maquettes de bateaux et qui désire emménager chez sa fille.

Agnès par l'arrivée d'un charmant cousin un peu volage.

Si Fred Kassak manie agréablement la plume et si le roman bénéficie d'une bonne presse, je dois avouer qu'il ne m'a pas complètement emballé sans jamais me rebuter pour autant.

Avec une intrigue policière trop gentille pour me conquérir sur cet aspect et un humour, là aussi, trop gentil, pour me capter par sa jovialité, ce roman de Fred Kassak s'est toujours contenté de naviguer entre deux eaux tièdes.

Je me suis donc contenté de gentiment lire un gentil roman, sans jamais totalement me faire suer, mais sans jamais, également, m'emballer.

La faute en partie à la naïveté de l'histoire, à son manque de profondeur ou à son manque de cruauté, même si meurtres il y a.

La faute également à une plume qui, sans jamais être rébarbative, n'est jamais, non plus, exaltante.

La faute, probablement, à des personnages auxquels on a du mal à s'attacher, tant Lionel pour son « mariage d'intérêt » qu'Agnès pour sa « relation par défaut ». Mais également ceux de la fille, ou du cousin qui n'offrent aucune qualité ou aucun défaut qui les rendraient attachants.

Et c'est parce qu'on fini par ne pas se soucier (quand je dis « on », veuillez entendre « je », car tout cela n'est que mon avis) des personnages et de ce qui va leur arriver, qu'on n'obtient pas le plaisir de lecture escompter.

Au final, « Une chaumière et un meurtre » est un gentil roman, gentiment drôle, gentiment méchant, gentiment cynique écrit, probablement, par un gentil auteur et qui offre un gentil moment de lecture qui a bien failli faire gentiment suer...
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Quelle merveilleuse découverte ! Voici un auteur que je ne connaissais pas, et pourtant il s'agit là d'une "pointure". Nous sommes en présence d'une intrigue rondement menée par un romancier qui sait faire tourner son lecteur en bourrique en l'emmenant habilement sur des pistes aussi fausses qu'elles semblent bien réelles.
Et quel plaisir de lire ou relire des auteurs qui savent écrire ! Désolée pour tous ceux qui font leur tapage médiatique annuel et qui écrivent comme des savates, je ne citerai pas de noms, vous les connaissez aussi bien que moi.
Une très belle plume, "à l'ancienne" comme on dit désormais de ceux qui narrent au passé et n'hésitent pas à faire usage de subjonctifs imparfaits et autres bidules qui hérissent le poil d'une certaine catégorie de lecteurs, lesquels sont friands du credo "pas prise de tête", "sujet, verbe, complément" et surtout pas trop de mots dans les phrases, on ne sait jamais, et s'ils apprenaient un nouveau mot ? On marche sur la tête dans le monde de la littérature et l'on érige en génies des va-nu pieds du verbe.
Vous l'aurez compris j'ai adoré ce roman riche en rebondissements, merveilleusement bien écrit et servi par un sens de l'humour auquel je souscris totalement.
Là où certains voient de la caricature, je répondrai simplement : prenez un peu de recul quand vous lisez et ne cherchez pas à tout prix un personnage auquel vous identifier. Vous avez une vie, un corps et vraisemblablement un coeur qui vibre, non ? Alors lisez pour apprendre, vous évader, rire, que sais-je, mais pas pour vous projeter dans une vie qui n'est pas la vôtre.
Merci monsieur Kassak, vous m'avez conquise, je suis même allée voir votre visage sur le net et j'ai souri en vous voyant arborer une chemise à carreaux. Une chemise à carreaux ! C'est la preuve que vous ne prenez pas de poses en chemise blanche et costume sombre comme certains qui n'ont rien d'autre à montrer puisqu'ils n'ont aucun talent. Vous êtes désormais dans mon panthéon personnel et je ne manquerai pas de me délecter de votre humour sarcastique.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
"LES TROUPES SOVIETIQUES
FRANCHISSENT
LA FRONTIERE TURQUE !... "

Coup au cœur, arrêt de ma circulation : "Cette fois, ca y est ! La troisième guerre mondiale a commencé!" Négligeant les détonations incessantes de ciseau à froid des ouvriers municipaux, je me précipitai vers le kiosque à journaux et pus lire au-dessous du titre, en caractères minuscules :
" Si des bases nucléaires américaines y sont installées!..." aurait déclaré à Moscou le maréchal Malinowski.
Coup au cœur pour rien. Il est à noter en passant que le même journal annonçait en seconde page, le début d'une grande enquête sur : Comment lutter contre les maladies cardiaques et nerveuses, malédiction de l'homme moderne.
Je m'enfuis, les extrémités glacées et transpirantes, frémissant d'angoisse et de colère, l'odorat souillé d'odeurs abominables, l'ouïe retentissant du fracas des machines..
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- Papa est un peu comme vous, dit Agnès. Il retient tout ce qu'il lit.
- Vraiment?
- Il a lu une seule fois l'Almanach Vermot, et il se souvient de TOUTES les histoires. Mot à mot. Il les racontait à chaque anniversaire de leur mariage, à maman et à lui. Dans les mêmes termes exactement. Et gare si on ne riait pas. A chaque anniversaire de mariage, il chantait aussi: Le trente et un du mois d'août, et gare si on ne reprenait pas en choeur.
- Et Madame votre Mère est décédée, je suppose.
- Depuis trois ans.
C'est évidemment ce que cette malheureuse épouse avait de mieux à faire: on ne peut pas vivre dans la terreur continuelle des anniversaires de mariage.
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Trois hommes portent une lourde responsabilité dans la suite des évènements. Aménophis IV (1370-1350 av J.C.) , pharaon de la XVIIIè dynastie, plus connu du grand public sous le nom d'Akhenaton; Gamad Abdel Nasser, colonel égyptien né en 1918, et Mimile, plombier-zingueur rue des Bourdonnais, en 1959.
Lorsque je fis pour la première fois connaissance d'Akhenaton, en 1930, le petit Nasser portait encore des culottes courtes et je soupçonne Mimile de n'être même pas né.
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A propos, j'avais quelquefois des remords, au sujet de Lionel. Je l'avais un peu négligé, le pauvre, tous ces derniers temps. Mais il parlait toujours de mariage et cela me gênait un peu à cause de mes scrupules religieux. Francis, lui, n'en parlait pas souvent. C'est ça la vie : on n'est jamais de la personne qu'il faut ; et c'est curieux comme d'être aimée de la personne qu'il ne faut pas donne l'impression de ne pas être aimée du tout !
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Mais je ne parle que de moi et de Tank et Maton (Toutankhamon). Parlons un peu de vous. Vous m'avez dit que vous étiez photographe : ce n'est pas un métier si courant, pour une femme. Vous êtes photographe pour un journal ?
- Oh, non ! Photographe portraitiste.
- Photographe d'art alors ?
- Oui plutôt. C'est comique, parque ça rime avec vos pharaons : moi je travaille chez Photomaton.
Il n'a pas eu l'air de comprendre ce qu'il y avait de comique là-dedans, mais ça ne m'étonne pas : j'ai remarqué que les hommes n'ont pas le sens de l'humour.
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