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EAN : 9782081353671
237 pages
Flammarion (25/03/2015)
3.17/5   12 notes
Résumé :
Alexandre Kauffmann se rend dans le bush tanzanien pour enquêter sur un peuple nomade, les Hadza, que tout le monde considère comme des "hommes-fossiles". Chacun s'emploie ici à faire tourner sa boutique : les guides, le prêtre, l'anthropologue, l'impresario local. L'auteur va s'immiscer dans la vie de ces chasseurs de girafes et de babouins. Parmi eux, il revisite les valeurs de la société occidentale et tente de dissoudre son jugement dans la savane. Quant aux arc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Que dire ? J'attendais beaucoup de ce livre. J'aurais aimé n'en dire que du bien, mais voilà, j'avoue qu'en toute honnêteté, je ressors de cette lecture avec un avis mitigé.

Et pourtant Black Museum est un beau projet : L'auteur se rend chez les Hadzas, un peuple africain qui semble être resté au plus proche du mythe de l'homme « des origines », avec tout ce que cela comporte de fantasmes et de préjugés, dans le but de faire paraître un article sur eux. Il sait qu'un grand anthropologue a déjà publié une thèse fort remarquée sur ce clan, qu'il a lue et connaît sur le bout des doigts… mais il souhaiterait livrer une image plus fidèle, plus vraie, de ce que sont ces hommes, sans dénaturer et réinterpréter leur vie.

Cela ne va pas être si simple…

Alexandre Kauffmann nous apparaît souvent désabusé par cette mission et l'ampleur de la tâche : comment rentrer en contact avec les Hadzas ?

« le mystère de la société hadza, je l'avais approché avec naïveté. Comment faire autrement ? Personne ne savait au juste d'où venaient ces nomades et où ils allaient. Les archers pouvaient être d'anciens agriculteurs ruinés par les sécheresses, des pasteurs privés de bétail qui avaient gagné le bush pour fuir leurs créanciers, ou les descendants d'un peuple lointain à la rechercher d'une terre d'asile. »

Comment ne pas être dupe de la comédie qui se joue devant ses yeux ? Que penser de ce tourisme organisé qui offre aux étrangers une mise en scène théâtrale, leur donnant à voir ce qu'ils étaient venus chercher : un spectacle exotique entre dépaysement et mythe occidental du « bon sauvage » ?

« Pour résumer le tableau de la rivière Barai : des crève-la-faim vendaient des visites truquées chez d'autres crève-la-faim à des étrangers qui auraient mieux fait de rester chez eux. »

Est-ce que ce reportage vaut tous les efforts qu'il pressent devoir faire et pour atteindre à quoi ? Une vérité ? Est-ce que tout récit de ce genre n'est pas, quoi qu'on y fasse, une fiction, une ré-écriture de ce qu' « on » a décidé de nous donner à voir ? À quoi bon s'acharner et se battre contre des moulins à vent, là où il pourrait rédiger de son hôtel un condensé de toutes ses notes et recherches, agrémenté de deux, trois photos et anecdotes, et le tour serait joué. Les lecteurs n'y verraient que du feu. Fake news !

Même dans ses désillusions et dans ce qui a vraiment nuit à ma lecture, il est fidèle en quelque sorte à ce projet d'écriture. Est-ce que le fait d'entrecouper son récit de ses réflexions sur sa co-locataire, avare et manipulatrice, la façon dont il prévoit de la congédier et d'autres réflexions du même acabit, ne serait pas une manière de nous montrer à nous lecteurs, le côté blasé du journaliste, qui même dans les plus beaux coins du monde, n'arrive pas à se poser, à décrocher de ses considérations matérielles pour tout simple dire « Waouhh ! » ? Si c'est le cas, chapeau bas ! On n'a qu'une envie c'est de lui demander de nous laisser sa place, car non, nous « Monsieur », on ne ferait pas la fine bouche… Si ce n'est pas le cas, et bien, je dois dire que je me suis souvent retrouvée dans la situation qu'il met en scène où, à son retour en France, il pollue tout son entourage avec ses récits sur les Hadzas :

« Même ma mère, pourtant patiente avec son fils, se raidissait quand j'abordais le sujet : « Non, disait-elle avec une lueur d'effroi dans les yeux, pas les chasseurs-cueilleurs ! »

Et moi de me dire : « Non, pas la colocataire !! »
Lien : https://page39web.wordpress...
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Existe-t-il encore des groupes humains qui vivraient en "bons sauvages", comme disait Rousseau, loin des influences d'autres civilisations ? Oui, le peuple nomade Hadza de chasseurs-cueilleurs, selon Frank Marlowe (The Hadza : hunter-gatherers of Tanzania, PUF, 2010). C'est ce qu'espère observer Alexandre Kauffmann, journaliste et auteur de ce 'Black Museum', en allant à leur rencontre dans le bush tanzanien. Las, une fois sur place, le Français s'aperçoit vite que l'image donnée est un mythe pour occidentaux, un piège pour touristes un peu plus baroudeurs que la moyenne, et que le mensonge profite à tous - structures touristiques et Hadza eux-mêmes, bien entendu, dont les comportements sont pour le moins ambigus...

Lors des premiers contacts, l'hostilité et la méfiance règnent de part et d'autre, on ne sent pas vraiment de respect entre l'auteur et ses hôtes. A tel point qu'on se demande pourquoi il y retourne, ce qu'il espère encore découvrir, une fois le subterfuge dévoilé. On peut alors trouver que le récit tourne en rond, et j'avais envie d'abandonner tout ce monde là, d'autant que le narrateur me paraissait froid et dénué d'humour, en dépit de la "drôlerie" annoncée en quatrième de couverture.

Malgré l'ennui croissant à la lecture, j'ai apprécié les réflexions suscitées autour du tourisme, de notre soif d'exotisme lorsqu'on voyage et qu'on veut de l'authentique (à l'autre bout du monde, ou même à notre porte, en Bretagne, à Paris...). Ce phénomène qui peut pousser reporters et sociologues/anthropologues à l'imposture, à caricaturer pour le folklore.
L'expérience de Kauffmann nous invite également à réfléchir aux différences culturelles en général, et au "commerce" en particulier (au sens large) - les convenances, la politesse, le don, la gratitude, l'amitié : « Puisqu'ils n'en veulent qu'à mes cadeaux, nous ne serons pas amis, voilà tout. Avec ce statut, ils obtiendraient pourtant beaucoup plus de moi. Dans mon pays, on peut tout donner par camaraderie. Mais à quoi reconnaît-on ses amis ? » (p. 192) - réflexion de l'auteur face à la manie de ses hôtes de tendre la deuxième main après avoir reçu un cadeau...

Alors, qui sont les Hadza ? « [...] des bandes dont la moitié au moins était constituée de délinquants en fuite ou d'agriculteurs trop feignants [...] pour travailler la terre ? » (Erich Obst, début du XXe siècle). Quoi qu'il en soit, un peuple qui sait garder des singularités malgré les intrusions, et les rôles qu'on leur demande de jouer : « Si les Hadza ne sont que mille, s'ils sont démunis, si leurs terrains de chasse s'amenuisent d'une année à l'autre, ils ne continuent pas moins à se distinguer des autres peuples, parlant une langue singulière, refusant toute accumulation de biens, toute hiérarchie, toute religion. » (p. 219)

Avis mitigé à l'issue de cette lecture (2.5/5).
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Hadzas qu'ils s'appellent. Un peuple de chasseurs cueilleurs vivant en pleine savane quelque part dans la vallée du Rift en Tanzanie. C'est sans doute dans ces coins que les premiers hommes sont apparus avant une longue migration qui les emmènera à travers le monde.
Chez les Hadzas, la vie n'est pas compliquée. On chasse l'antilope, le lion ou le lièvre. On fait cuire et on partage avec tout le monde.. En ce XXIème siècle, le Monde semble avoir peu d'emprise sur ces gens là.
Sauf que, quand arrive un Mundzu (homme de faciès blanc), on le voit d'un mauvais oeil. Surtout, il se doit d'emmener des cadeaux : du riz, de la farine, de la marijuana... Alexandre Kauffmann, notre auteur est de ceux-là. Il se laisse embrigader par ces archers hadzas pour voir de plus près le fonctionnement de cette peuplade qui ne compte guère plus d'un millier d'habitants.
L'histoire pourrait s'avérer intéressante s'il n'y avait ces allers-retours incessants entre les démêlés d'Alexandre avec son ex-colocataire Marie à Paris et le quotidien qu'il partage avec ces hadzas.
Bien sûr, il nous met en exergue une Société que l'on croit autonome, insensible à une mouvance mondiale de consommation et qui en fait, joue comme elle veut à toucher nos sentiments.
N'empêche, la mayonnaise n'a pas pris pour moi. Je n'ai pas senti une brousse brûlante où les prédateurs abondent (en même temps, il n'y a peut-être plus beaucoup d'animaux). J'ai eu l'impression que Alexandre Kauffmann vivait à côté de ces gens et pas avec eux. Pas de complicité - que des relations intéressées de chaque côté.
Après, il est possible que je sois passé près d'un récit subtil que je n'aurais pas compris.
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C'est donc à l'occasion d'un reportage sur la tribu nomade des Hadza, en Tanzanie, qu'un journaliste free-lance parisien, chargé de rédiger un article pour un magazine de voyage, découvre une véritable mise en scène pour touristes autour de ce peuple que l'on croit à l'écart du monde mais qui finalement n'ignore rien de ce qui se passe au-delà de leurs terres. Ces chasseurs-cueilleurs vivent sur les rives du lac Eyasi, les véritable Hadza sont difficile d'accès et connus d'un seul homme Frank Marlowe, anthropologue américain qui n'est pas si "lisse" qu'il n'y paraît. Les comédiens quant à eux sont assez proches de la civilisation pour ameuter les touristes et assez loin pour mettre en route leur parodie de chasse auxquels ces mêmes touristes prendront part avec enchantement.
Pour le journaliste au contraire c'est le désenchantement total, les Hadza sont de grand consommateurs de marijuana et pour avoir un minimum de coopération encore faut-il allonger la monnaie. Alors accompagné de son guide Matayo, petit caïd local, ce Mzungu (blanc) fait figure de banque sur pattes.

A la fois récit de voyage, introspection et prise de conscience, ces pages pleines d'humour cynique sur un spectacle de brousse démontre la triste réalité dû au tourisme et au désir d'exotisme, on vend du rêve, on vend une réalité qui n'existe plus depuis fort longtemps; la modernité a percé tous les peuples de la planète et les Hazda n'ont pas loupé le coche: c'est le temps de la monnaie facile. Ce peuple a pourtant laissé son empreinte sur ce journaliste téméraire, il retournera quelques années plus tard en Tanzanie accompagnée de Grace pour tenter de trouver l'authenticité qu'il n'avait pas pu toucher la première fois.

Dans ce récit, Alexandre alterne avec sa vie parisienne, sa colocataire mythomane qui lui pourrie la vie, mais qu'il finira par virer de l'appartement avant de quitter définitivement la France et de s'installer en Tanzanie. Comme quoi même s'il n'a pas trouvé ce qu'il était venu chercher, les Hadza reste pour lui un peuple à découvrir.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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sujet juste ;;
Ru-egard acerbe ?? et jutse
sur la situtation des ces minorites ethiqiues que le terre entiere vient contempler ;;; en bon vieux sauvrages...
Dans un bon vieux biussiness .. d ce monde ..où tout est aujourd hui faux..
Mais où tout le monde s'en arrange.
Beacoup de pause moments ..
de respiration .
Un simple bemol .. l auto consideration .. et le retour eux nevroses de quarantenaires parisiens ...
cela abime .. beaucoup ... la saveur de l'ouvrage .
MAis n'ôte pas l'envie de lire le suivant !!
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critiques presse (1)
Lexpress
28 avril 2015
Voyage raté, livre réussi. Un récit désenchanté sur la Tanzanie comme vous ne la verrez jamais dans les brochures.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les archers d'Eyasi cherchaient une vie simple et frugale. Ils se tenaient loin de la profanation matérielle du monde. Quelque chose les décevait dans l'univers des hommes qui accumulaient des richesses. Devinaient-ils, même inconsciemment, les tourments des sociétés sédentaires, les inégalités, la coercition, les maladies ? Il y avait là un accord impénétrable. Une forme de délivrance.
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Son portable vibre sur le tableau de bord. Deux mots apparaissent sur l'écran : « LOW BATTERY ». Godwin surveille le téléphone d'un air anxieux, comme s'il craignait qu'il lui pète à la gueule, avec tout un tas de textos salaces et de conversations mensongères. « Je ne te répondrai certainement pas, souffle-t-il sur un ton menaçant. Pas à toi, ma belle. » Il balance la tête avec un sourire bravache.
- Elle m'a déjà menacé plusieurs fois de parler à ma femme. Elle ne le fera plus, elle m'aime trop.
- Low Battery, c'est une femme ?
- Je l'ai enregistrée comme ça dans mon répertoire. Quand elle m'appelle et que je suis sous la douche, ma femme se contente de brancher le téléphone sur le chargeur.
- Pas con.
(p. 26)
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Un hôpital psychiatrique, depuis longtemps en travaux, avait enfin ouvert dans ma rue. Un paquebot troué de fenêtres à verres miroirs. La nef des déglingos. Les patients y gémissaient du matin au soir. Une femme à la voix éraillée avait hurlé la même phrase pendant plusieurs jours. "Du thé et du pain rassis ! Du thé et du pain rassis !" A tel point qu'il m'était devenu impossible de boire du thé sans penser à du pain rassis.
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- Tu as d'autres cadeaux?
Dois-je lui expliquer que dans mon pays, quand on reçoit un cadeau, il est déplacé d'en réclamer un autre? Ces mots ont-ils un sens dans une société où tout est à tout le monde? Où le droit de propriété est une notion exotique? Où un simple regard sur la viande du voisin suffit pour obtenir une part?
p117
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Ses avis s'inscrivaient dans une approche "évolutionniste" aujourd'hui considérée comme la maladie infantile de l'anthropologie.
A ses débuts, au XIXeme siècle, cette discipline soutenait en effet que toutes les sociétés évoluaient selon le même schéma: de la sauvagerie à la civilisation en passant par la barbarie. Le feu, la céramique, l'arc et les flèches relevaient de l'état sauvage; l'essor de l'agriculture et le travail des métaux marquaient le passage à la barbarie; enfin, l'apparition de l'écriture signait l'entrée dans la civilisation.
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Video de Alexandre Kauffmann (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Kauffmann
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Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit : Clotilde Champeyrache, économiste et maîtresse de conférences au Conservatoire national des arts et métiers Alexandre Kauffmann, grand reporter et auteur Stéphanie Cherbonnier, directrice de l'OFAST (Office français anti-stupéfiants) Christian de Valkeneer , président du tribunal de première instance de Namur en Belgique et professeur de droit et de criminologie à l'université catholique de Louvain
Visuel de la vignette : Lucas Ninno / Getty
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