Et un nouveau looser magnifique créé de la plume du célèbre
Douglas Kennedy. C'est Ben, cette fois, dont le destin est conté. Ben, cet avocat brillant mais frustré, dont la petite vie familiale bien rangée dans un pavillon de banlieue l'oppresse. Entre les obligations professionnelles, abjectes et fades, et les contretemps familiaux, il se noie dans la joyeuse médiocrité américaine. Mari trompé, il se révoltera et tuera l'amant honni, bouc émissaire de sa propre rébellion sociale.
De prime abord, cette oeuvre révolte, elle révolte de subir la critique d'une vie ordonnée et équilibrée, elle horripile par la portée aux nues de la fuite, celle qui transcende, celle de l'homme qui veut vivre sa vie. Quel malaise d'observer le dédain de
Douglas Kennedy pour l'esprit casanier et confortable d'une existence bien rangée ! Mais ça, c'est au début, oui, c'est avant l'exil forcé de Ben, après avoir assassiné l'amant de son épouse, après avoir repris son identité et après avoir fui à l'autre bout du pays.
Dès lors, chaque mouvement, chaque initiative sont risquées, surtout quand son nouveau personnage croise les relations de son ancienne existence, mais avec le même visage ! L'auteur n'a pas son pareil pour vous tordre l'estomac, et vous empêcher de refermer le livre avant la fin d'un chapitre, ou du prochain, ou même de celui d'après. L'intrigue est menée de main de maitre et savamment calculée, de la première à la dernière page, avec un malaise omniprésent. Et la chute finale, qui laissera une trace dans le coeur du lecteur, quel que soit la situation, on sait ce qu'on perd mais on ne sait pas ce qu'on gagne ! Une réussite !