Autant le dire tout de suite : il est dangereux d'aborder cette
Fin de ronde, dernier tome d'une trilogie policière entamée avec
Mr Mercedes et poursuivie dans
Carnets noirs, sans en avoir suivi le début.
Lecteurs innocents, passez votre chemin, ce livre est fait pour tous ceux qui connaissent déjà ce bon vieux Bill Hodges, flic retraité, et ses démêlés avec son ennemi juré, le psychopathe Brady Hartsfield.
...
A la fin de
Mr Mercedes, on croyait pourtant ce dernier définitivement hors d'état de nuire, plongé dans un coma végétatif au fond d'une chambre d'hôpital. Mais après avoir résisté à la tentation du fantastique dans les deux premiers romans,
Stephen King a craqué. On ne se refait pas et r'oiloù le paranormal, la télépathie est dans la place. Brady a développé des pouvoirs télépathiques. Néanmoins, il a besoin d'aide Brady, une béquille psychique. Ce sera le Zappit, sorte de Game Boy foireuse avec son écran de veille aux poissons clignotants qui par sa répétition hypnotique permet cette légère catatonie qui permet Hartsfield, de s'insérer, s'immiscer et prendre les commandes de ton cervelet. Hartsfield est donc devenu un monstre télépathe qui se sert des nouvelles technologies (une tablette de jeux vidéo) pour posséder ses victimes et les pousser au suicide. C'est son truc à Brady, pousser les gens au suicide, trouver leur failles, fouailler bien profond et te pousser, juste ce qu'il faut.
Comme toujours, dans les meilleurs romans de King, le fantastique n'est qu'un prétexte, ici à une course poursuite haletante et une possible inquiétude quant à notre monde hyper connecté (tout comme ÇA nous prévenait contre le port des costumes de clown hors des chapiteaux).
King a une façon unique de tisser une trame serrée, touffue et chamarrée à partir de fils blancs et un style passe partout. Chaque partie, séparément, ne casse pas trois, ni même une, pattes à un caneton mais l'ensemble instille une petite musique irrésistible. Ce sont ses personnages qui remuent le plus ; surtout, la relation particulière et tendre entre Holly Gibney quinqua décalée, ne maîtrisant pas les codes des relations sociales, aux frontières de l'Asperger et Hodges, vieillissant et cancéreux en phase terminale.
C'est d'ailleurs dans ce beau personnage de l'enquêteur vieillissant, fatigué et malade, que se cache la question la plus poignante, le véritable enjeu de l'aventure : comment affronter l'ultime «
fin de ronde » qui guette chaque vie humaine ?
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