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sur 1247 notes
Une fois n'est pas coutume, j'ai entamé la lecture de ce roman sans avoir consulté la moindre critique au préalable. Je savais donc très peu de choses à son sujet, hormis qu'il était précédé d'une réputation flatteuse (Grand Prix de l'Imaginaire en 2014 notamment) et que ses ingrédients principaux devaient fatalement provoquer notre rencontre un jour ou l'autre : Europe de l'Est médiévale et Imaginaire sur fond d'opposition entre paganisme et christianisme, comment résister ? Si je suis entré dans l'univers d'Andrus Kivirähk avec une certaine circonspection, j'en ressors littéralement enchanté. "L'homme qui savait la langue des serpents" est assurément l'une de mes plus belles découvertes de cette année, le type de lecture dont on sait qu'elle restera longtemps en mémoire.

Le roman est impossible à résumer, d'ailleurs l'entreprise serait assez vaine. Pour se faire une idée, il suffit de savoir qu'on y croise, entre autres, un couple d'éleveurs de poux dont le plus beau spécimen atteint la taille d'un chevreuil ; des ours libidineux recherchant la compagnie des femmes humaines jusqu'à se mettre en ménage avec elles ; un grand-père cul-de-jatte doté de crocs venimeux ; un gigantesque poisson à longue barbe dormant depuis des siècles au fond des mers ; des hordes de loups que l'on chevauche pour aller guerroyer contre les "hommes de fer" envahissant l'Estonie ; une mythique Salamandre cachée sous terre ; et bien sûr des serpents avec lesquels certaines personnes ont le pouvoir de parler... Le récit prend tour à tour des allures de fable, de conte philosophique, de saga nordique, de roman picaresque. L'écriture d'Andrus Kivirähk est pleine d'inventivité, de facétie, d'humour, ce qui n'empêche pas une bonne dose de noirceur, de violence et de cruauté. Et si les péripéties sont nombreuses tout au long de ces 450 pages, il ne faut pas forcément s'attendre à une succession d'événements très spectaculaires. Quitter sa forêt pour aller au village et goûter à ces étranges mets nommés "pain" et "vin", c'est déjà toute une aventure !

Il faut saluer le travail du traducteur, qui nous propose une postface d'un grand intérêt. Jean-Pierre Minaudier ne surinterprète pas le texte de manière pédante comme c'est souvent le cas dans ce genre d'exercice. Au contraire, il nous donne quelques clefs de compréhension fort bienvenues, liées au contexte historique et culturel de l'Estonie, tout en insistant sur l'une des idées essentielles développées dans le roman : si son narrateur est un homme de la forêt confronté à la disparition de son mode de vie traditionnel, Andrus Kivirähk ne cède pas pour autant à un discours rétrograde de type "c'était mieux avant". La course effrénée au prétendu progrès, l'imitation des modes venues de l'étranger (Jésus-Christ l'idole des jeunes !) sont des lubies ridicules, mais ceux qui s'accrochent de toute force à un passé révolu ne valent guère mieux. Païens et chrétiens, réactionnaires et progressistes, sont finalement renvoyés dos à dos.

"L'homme qui savait la langue des serpents" a été publié en français par un éditeur généraliste et son auteur ne vient pas montrer sa trogne chaque printemps aux Imaginales, pourtant on a bel et bien affaire à un authentique roman de fantasy. Il est à recommander chaudement aux habitués du genre, qui y retrouveront la magie et l'émerveillement qu'ils recherchent dans leurs lectures (avec en prime un dépaysement bien supérieur à la production anglo-saxonne courante) mais aussi à tous ceux qui ont de lourds a priori envers la fantasy : non, celle-ci ne se limite pas à l'image préconçue que vous en avez... Quant aux critiques de grands journaux, si prompts d'ordinaire à toiser avec dédain les "littératures de genre" mais dont l'enthousiasme s'affiche cette fois en quatrième de couverture : félicitations, vous avez lu et aimé un roman de fantasy, et parler de "réalisme magique" n'y changera rien !
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Voilà un livre de 470 pages dévoré en quelques soirée. Quelle imagination, quel talent.

Je ne connaissais pas cet auteur et j'ai deux de ses romans dans ma bibliothèque depuis des années. J'avais été attirée par la couverture, le titre et les recommandations de mon libraire. Et puis ils étaient restés bien au chaud dans ma bibliothèque. Finalement ce titre qui m'avait d'abord attiré, finissait par me répulser...

En début de semaine, je décidais de passer le cap. Et bien m'en a pris car ce livre est vraiment passionnant. Je m'étonne qu'aucun film n'ai été tiré de ce roman car c'est une belle épopée. La seule remarque négative est peut être que la dernière partie est franchement sanguinolente sur des pages et des pages.

Cette épopée qui permet une satire des religions, des nostalgiques des temps anciens et des adulateurs du monde moderne mis sur le même plan est vraiment très réussie. Car si le sujet est grave, il y a également plusieurs moments drôles.

je me réjouis de lire le second livre qui est dans ma bibliothèque de cet auteur.

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C'est un savoureux roman qui se lit comme une légende, un conte, une fable.
Un récit qui vous mène vers des terres étranges et lointaines (le moyen-âge et l'Estonie).
C'est aussi un rappel, une sorte de morale qui nous incite à ne pas oublier d'où on vient.
Le modernisme a détruit de bien belles coutumes et de vieilles traditions que nous ne retrouverons pas.
J'ai aimé cet humour siglant, et je fus transporté dans la langue des serpents que j'aurais bien aimé apprendre.
La fin est prévisible, MAIS elle est dite dès le début du roman.

Un auteur que je vais continuer à lire !

Extrait :

(note à la fin du livre, tout est dit)
Le roman est surtout une réflexion sur ce que c'est qu'être « le dernier des Mohicans », être en retard sur son temps, être en décalage avec le reste du monde ; réflexion menée, de manière très centre-européenne, par le biais de l'identité, du mode de vie, de la culture, de la langue. 

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Deuxième pavé que j'extrais de ma PAL. Il est intéressant de lire ce roman venu d'Estonie en plein confinement, au moment où chacun d'entre nous réalise où réside l'essentiel : à la base de la pyramide de Maslow. D'abord ce roman m'apparut comme un combat fratricide entre nature (bienveillante, immanente) et culture (arrogante, arbitraire). Ceux qui comprennent la langue des serpents vénèrent la nature. Ils y vivent en paix. Ceux qui l'ont oublié l'assimile aux incantations du diable et s'en remettent à d'autres croyances. Ce roman est en fait une violente diatribe contre les superstitions en général, et la religion catholique en particulier. Andrus Kivirähk affirme que les hommes s'inventent des convictions quand ils sont incapables de résoudre un mystère. Un écho très à-propos à la prolifération des théories complotistes. Dans la forme, ce livre est un conte qui rappelle Andersen, Perrault, Grimm mais aussi Dahl et Ponti. La forêt (50% du territoire estonien) y tient un rôle majeur. Sa lisière est la frontière entre un monde habité, domestiqué et un monde inquiétant, peuplé de légendes et de créatures méconnues. le héros du livre, Leemet, passe de l'un à l'autre, et je ne vous révélerai pas où il choisira de finir ses jours, sous peine de tout divulgacher. On sent que l'auteur a tenté d'écrire un roman définitif, de traiter du sens de la vie et de l'amour en usant de l'imaginaire pour rendre son propos moins prétentieux. Merci @le.tripode pour ce voyage inattendu en compagnie des ours libidineux, des dompteurs de poux, des vieillards volants et des reptiles devenus loquaces.
Bilan : 🌹🌹
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L'homme qui savait la langue des serpents est un très beau livre. Leemet nous y raconte son histoire, histoire de la fin d'une époque. Celle où les hommes savaient encore la langues des serpents, où ils tissaient des amitiés avec les serpents et les ours, où l'on vivaient heureux dans la forêt. Mais Leemet va voir arriver les hommes de fer et les moines, et les habitants de la forêt vont partir dans le village et oublier d'où ils viennent.

A travers son histoire, Andrus Kivirahk, nous montre une critique de l'obscurantisme religieux, d'une modernité pas toujours bénéfique. Mais le monde perdu n'est pas non plus parfait avec ses propres croyances. Au milieu de tout çà Leemet a du mal à trouver sa place, mais va rester là où la vie l'a mis dès le départ. Il sera le dernier né de la forêt, le dernier homme de la famille, le dernier habitant de la forêt et le dernier à savoir la langue des serpents.

Un beau livre qui se veut la chronique de la fin d'une époque, difficile à lacher
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Estonie. XIIIe siècle. le jeune Leemet et sa famille sont parmi les derniers de leur peuple à vouloir rester vivre dans la forêt, la grande majorité ayant cédé aux sirènes de la modernité et tentant d'adopter le mode de vie prôné par la religion chrétienne et les royaumes d'Occident. Leemet assiste, impuissant, à la lente mais inéluctable disparition d'une civilisation et d'une culture qu'il a appris à chérir. Qui, à part lui, se souvient désormais de la langue des serpents ou de la Salamandre ? Andrus Kivirahk signe avec ce roman une magnifique fable mêlant habilement pessimisme et humour dans un cadre auquel les lecteurs français sont peu habitués. L'auteur nous y dépeint une Estonie médiévale en pleine évolution, partagée entre la volonté de certains de revenir au mode de vie qu'ils se figurent être celui de leurs ancêtres, et le désir des autres de se conformer au reste du monde occidental en imitant, souvent jusqu'au ridicule, les pratiques des « bons chrétiens ». C'est donc à la mort de toute une culture que nous convie ici Andrus Kivirahk, avec tout ce que cela comporte de perte et de souffrances pour les quelques rares Estoniens à de pas vouloir y renoncer.

L'auteur ne commet toutefois pas l'erreur de faire de son héros le défenseur d'un passé idyllique et idéalisé condamnant sans aucune nuance la modernité. le Sage de la forêt et ses plus fervents adeptes, de part leur fanatisme, n'en sont ainsi pas moins ridicules que tous ces villageois avides de se conformer au modèle chrétien et reniant tout de leurs origines. de même, le personnage de Leemet condamne tout autant le christianisme que la religion païenne pour qui il s'agit avant tout de « question de mode ». le roman possède aussi une large dimension pamphlétaire qui ne sautera certainement pas aux yeux des lecteurs non Estoniens mais que la postface du roman permet d'apprécier dans les grandes lignes. On apprendra ainsi qu'outre les nombreuses moqueries concernant la fascination de ses concitoyens pour tout ce qui vient de l'étranger, l'auteur est également parvenu à retourner une idéologie très en vogue depuis deux siècles dans son pays. La société villageoise et agricole traditionnelle tant idéalisée par les Estoniens devient ainsi ironiquement dans le roman la modernité qui vient justement ravager le monde de Leemet.

Malgré le pessimisme qui empreigne l'ensemble du récit, l'histoire de Leemet comprend fort heureusement de nombreux moments particulièrement drôles au cours desquels l'auteur fait montre d'une ironie mordante. Ne vous étonnez pas d'apprendre que les ours sont considérés la-bas comme de sacrés tombeurs de dames, ou que les Estoniens voient en Jésus l' « idole des jeunes » et ne désirent rien moins que d'être castrés afin de séduire les femmes par la pureté de leur voix. Certaines scènes de ce type sont parfois un peu exagérées à mon goût, mais elles permettent d'une certaine manière de faire retomber la tension. La mélancolie ne tarde toutefois pas à se rappeler à notre bon souvenir à l'idée que toutes ces choses, qui tiennent pour l'essentiel aux mythes et traditions estoniens, ne vont pas tarder à disparaître irrémédiablement. Qui se souviendra par exemple qu'il n'y a pas si longtemps, les hommes étaient les amis des serpents grâce au langage desquels il leur était possible de communiquer avec les autres animaux et d'obtenir du gibier à foison ? Et qui se souviendra de la Salamandre, majestueuse et terrible créature, gardienne protectrice du peuple Estonien ?

Andrus Kivirahk signe avec « L'homme qui savait la langue des serpents » un très beau roman sur la disparition d'une civilisation et l'émergence d'une nouvelle. Coincé entre ces deux cultures, Leemet, héros attachant au destin tragique, en est réduit à la solitude et à l'oubli, de même que tout ce qui faisait la richesse de son existence. Une histoire bouleversante et qui résonne longtemps après la dernière page refermée. Car « face au temps qui passe et à un monde qui change à un rythme de plus en plus vertigineux, nous sommes tous, ou nous serons tous un jour, des Indiens, des Bretons, des Leemet. »
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Bon.
A dire vrai, j'ai failli lâcher l'affaire. J'ai du réellement m'accrocher dans la première moitié de ce bouquin pour le continuer.
Je l'ai trouvé extrêmement répétitif. A part quelques moments "épiques" (la partie élevage de poux, notamment), ça se répète beaucoup et il ne se passe pas grand chose.
C'est pas mal écrit, hein, mais ça se traîne et est trop redondant pour moi... du coup je ne lisais que quelques pages, et, m'ennuyant, j'ai commencé un "Hugh Corbett", ensuite je lisais une nouvelle de Silverberg par ci par là, et ensuite je me suis attaquée au tome 5 du "vieil homme et la guerre". Bref, je suis allée butiner ailleurs, mais sans abandonner pour autant, mdr !

Et puis, enfin, quand Ülgas (le sage, mais ce serait plutôt le fou, lol) pète un câble, ça commence à bouger. Et ça ne s'arrête plus, et là j'ai beaucoup plus apprécié.

Alors oui, d'aucuns me diront c'est pas la forme qui compte, c'est le fond. Ouai. Mais ya des jours, le fond glauque comme il l'est ici, malgré l'humour présent, j'ai un peu de mal à l'apprécier. La période n'est pas optimale, lol. Mais aurons-nous des périodes optimales pour lire des livres glauques à l'avenir ? Rien n'est moins sûr...
Certains bouquins que j'aurais pris plaisir à lire dans d'autres circonstances vont avoir beaucoup moins d'intérêt à mes yeux, je le crains. Bah ils resteront dans ma PAL le temps qu'il faudra... "C'est la vie"...

Donc, sur celui-ci, j'ai bien aimé, et le fond du "on n'arrête pas le progrès mais c'était peut-être mieux avant, bien qu'en fait ce soit toujours la même chose (et des conneries de préférence)" est tout à fait d'actualité, ça, on peut le dire. Mais je suis assez loin de l'enthousiasme général. Mon moral n'était sans doute pas assez bon au départ... Et je n'y peux rien...
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[Coup de coeur] En refermant ce roman, je dis waouh ! Une fable magique sur le temps qui passe et la modernité qui arrache les hommes de leurs racines, pour leur bien ou leur malheur. Andrus Kivirähk, nous entraine en Estonie, décrivant un moyen-âge fantasmé où les peuples sont attirés par les lumières d'une Chrétienté conquérante et aveuglés par le désir de devenir des êtres civilisés. Les pages se tournent sur une saga inspirante empreinte de sagesse, de colère et pas forcément d'espoir. D'autant plus d'actualité, ce roman nous projette vers les fausses lumières de la société de consommation, des images de célébrités et de riches, qui nous détournent d'une terre qui prend feu.

Au moyen-âge, Leemet est un enfant de la forêt. Malgré quelques temps passés dans un village à l'orée des arbres, sa famille est retournée dans la cabane ancestrale. Avec sa mère et sa soeur, ils vivent en communion avec la nature et les animaux. Son oncle lui apprend la langue des serpents, ce sifflement que tous les animaux reconnaissent et parlent. Mais peu à peu, la forêt se vide de ses familles attirées par la vie au village et les coutumes des chevaliers venus d'au-delà des mers. Sera-t-il le dernier des hommes à savoir la langue des serpents ?

L'homme qui savait la langue des serpents comporte évidemment plusieurs niveaux de lecture, dont certains m'échappent certainement. Au-delà de la fable, c'est une aventure initiatique pour le jeune Leemet, l'adulte et le vieillard. L'auteur utilise aussi l'humour pour décrire l'aliénation de l'homme au travail, qui ne s'aperçoit pas qu'il s'est enchainé lui-même et a rendu prisonnier ses enfants. C'est ainsi, que certains penseurs ont accusé l'agriculture, d'être le malheur des hommes, en tant que créatrice de la propriété, de l'obligation de travailler, des classes sociales, des guerres…. Merci aux éditions le Tripode pour cette belle traduction.

❓Et vous, pensez-vous que l'agriculture fut le début du malheur des hommes ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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Qu'il m'est difficile de trouver les mots justes pour décrire mon ressenti à la lecture de ce roman unique, cet ovni littéraire, ce conte qui me marquera bien après avoir tourné toutes les pages…

De la culture estonienne en général et de ce roman en particulier, je ne connaissais pas grand-chose…mais dès la première phrase, j'ai été embarquée dans cette histoire qui ne laisse pas indemne, aux côtés de son héros, Leemet, le dernier homme qui savait la langue des serpents et qui a vu le monde de ses ancêtres s'écrouler pour laisser place à une société dite moderne, où religion, obscurantisme, travail et guerre font loi.

Leemet est un Homme, au même titre que sa maman, sa soeur Salme et ses amis Paërte et Hiie. Il vit en forêt, au plus près de la nature et des animaux qui y habitent et avec lesquels il entretient d'étroites relations, grâce à la langue des serpents, don transmis de génération en génération, mais que Leemet est le dernier à recevoir. En effet, sous l'influence du Pape et par le biais des évangélistes, le christianisme est arrivé en Estonie ; les seigneurs ont construit des châteaux et règnent sur les villageois ; la forêt a été abandonnée, les us et coutumes et anciennes croyances ont été méprisés, la langue des serpents a été oubliée…

Ce roman m'a profondément bouleversée, par la puissance de son intrigue, qui n'épargne pas son héros (ni son lecteur), au travers de scènes particulièrement difficiles, où injustice, séparation, traumatisme, violence, brutalité sont au rendez-vous ; par la beauté de sa narration ; par la claque sensorielle qu'il procure (j'ai été aussi stupéfaite d'assister à l'hibernation douce, chaleureuse et réconfortante de serpents qu'à la puanteur émanant d'un cadavre ; à la description d'une morsure de serpent ou le départ d'un foyer d'incendie) ; malgré ces évènements bien peu reluisants, j'ai été hypnotisée, envoûtée par ce récit universel qui est avant tout une ode à la nature et une dénonciation de la condition humaine tout simplement, l'Homme étant incapable de réfléchir par lui-même, n'acceptant pas le changement à l'instar du vieux Sage fou Ülgas, mais n'apprenant pas non plus les leçons du passé, au même titre que l'ignorant Johannes…

Pour conclure, L'Homme qui savait la langue des serpents est l'un de ces romans difficiles à oublier, laissant une empreinte dans l'esprit et le coeur de son lecteur, un conte philosophique que je garderai en tête et dans lequel je replongerai de temps en temps, ne serait-ce que pour ne jamais oublier celui qui fût le dernier homme à savoir la langue des serpents !

A lire !
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Je vais me joindre avec enthousiasme au concert de louanges qui a accueilli la parution de ce livre remarquablement traduit. Outre une narration bien menée, une imagination puissante et un humour savoureux, « L'Homme qui savait la langue des serpents » recourt de façon originale et saisissante au fantastique. Si l'on en croit Jean-Pierre Minaudier, son traducteur et préfacier, Andrus Kivirähk puise pour ce faire dans la mythologie nordique. Quoi qu'il en soit, c'est moins par sa nature – même si elle offre au lecteur des créatures et des visions stupéfiantes – que ce fantastique est remarquable que par sa signification. Alors que les récits de fantasy se servent au mieux des créatures fantastiques pour parler du mal et de la face sombre de l'homme (et au pire pour en faire de simples variantes d'ennemis ou d'auxiliaires), le fantastique sert ici le propos à la fois historique et métaphysique de l'auteur. Andrus Kivirähk nous parle ainsi de la perte, de la disparition inéluctable d'un passé pas forcément meilleur, mais précieux parce qu'il est voué à la disparition.
Leemet, le héros et narrateur est le dernier en tout : le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à savoir la langue des serpents, le dernier gardien de la salamandre, le dernier habitant de la forêt… Et il va nous livrer le récit poignant de sa vie, où l'on verra disparaître inéluctablement tout ce qui constituait sa réalité. L'auteur ne sombre ni dans la nostalgie ni dans l'idéalisation, mais, de façon extrêmement subtile, se sert du fantastique – la salamandre, les hommes qui parlent aux serpents et aux animaux, la maîtrise des vents… – pour incarner la réalité condamnée. Cela donne un livre d'une richesse prodigieuse, sans le moindre manichéisme.
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