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Un voyage original proposé par Dany Laferrière avec le poète japonais, Basho. Au milieu de de dessins enfantins se glissent citations, références picturales ou musicales, pensées philosophiques, l'ensemble traversant les époques et les lieux.

Ainsi, auteurs, peintres, musiciens apparaissent, dessinés ou cités, beaucoup de fenêtres ouvrent sur le monde onirique de l'auteur,on a même "L'origine du monde" revisitée. Beaucoup de couleurs vives, mais aussi du noir, des traits grossiers ou très fins, le message passe pour ceux qui veulent le saisir.

Dès lors, on peut être séduit par plusieurs citations ou aphorismes, complètement indifférent à d'autres, j'ai bien aimé l'interrogation à propos de Moravia, les références temporelles, les saisons, toute cette ambiance de rêve qui fait de cet ouvrage pouvant paraître facile une route sympathique à suivre, par soi-même ou avec Basho.

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C'est un livre plaisir que nous offre Dany Laferrière, un voyage tout en couleurs autour du monde porté par de discrètes citaitons du poète japonais Basho et des allusions à nos paysages, nos peintres, nos poètes préférés.

Peu de texte, les images parlent, les traits racontent le monde, les courbes vous emportent, les lignes droites sont des étapes, de solides paysages où poser pied, les citations de petits souffles de vent qui vous appellent, vous rappellent des souvenirs que vous n'avez jamais eus, les gros traits sombres, le corps et l'humeur qu'il vous faut porter sinon partout de la couleur.

Finalement ces à-plats de peinture nous transportent, pas seulement dans l'espace mais aussi dans le temps, dans ce temps double superposé des deux écrivains Laferrière et Basho; ils nous transportent aussi dans une poésie de la rencontre inattendue.
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Rien d'étonnant que Dany Laferrière, lui qui s'est déclaré « un écrivain japonais », nous invite à cheminer en compagnie de Bashō dont le portrait ouvre et clôt ce livre et dont il distille la poésie. Il confie avoir tissé une exceptionnelle amitié, une connivence inexplicable et lui rend hommage.

«  Toute la nuit « Sous les fleurs d'un monde
sur la ronde lune avec mon riz brun
à faire le tour de l'étang » et mon saké blanc »
Bashō

Ainsi s'infiltrent les courts poèmes, haïkus qui font surgir de magnifiques images subliminales. «Pour certains , même, le menu est un poème » !

«  L'homme-livre » prolifique pose les traces de ses lectures et de ses rencontres avec les vivants et les morts au fil de ses pérégrinations et distille des réflexions autour de la lecture et l'écriture. «  le papier aura toujours le dernier mot. »
S'immiscer dans le panthéon littéraire de l'Académicien est une route exaltante.
Il a baigné dans la littérature très jeune ( Rimbaud, Verlaine, Li Po...) et son érudition donne le vertige. A nous d'être curieux si nous n'avons pas lu les auteurs cités : Anaïs Nin, Simone de Beauvoir, Sylvia Plath, Jean Rhys, Sandor Marai, Neruda, ou si nous ne les connaissons pas comme : Langston Hughes , Zora Neale Hurston...Et Moravia à ne pas oublier. Il cite Whiteman qui s'imagine pouvoir «  vivre avec des animaux, tant ils sont paisibles » , la romancière et dramaturge Marie-Vieux Chauvet, qui a dû s'exiler à New-York, en 1968, après avoir eu un de ses livres interdit par le dictateur Duvalier.


Dans cet ouvrage, l'écrivain renoue avec l' art graphique auquel il nous a familiarisé dans L'exil est un voyage et Autoportrait avec chat et que l'on retrouve dans une récente publication : Dans la splendeur de la nuit (1).
Toutes les formes sont représentées au gré de son inspiration : cercles, points, arcs, carrés, hachures, rayures, quadrillages, vagues, circonvolutions, triangles…Maintes silhouettes dont une récurrente qui change de couleur comme le caméléon. A chacun d'interpréter les dessins énigmatiques !

Pour voir un tableau : «  on doit croire qu'il nous regarde aussi. » pense-t-il.

On croise une galerie d'écrivains de toutes nationalités joliment croqués par l'auteur ( Kawabata, Mishima, des romancières…) ou d'autres ( Cendrars par Modigliani, Radiguet par Cocteau)) et au détour d'une page deux sportifs dont Nadar et Federer et des championnes de nage synchronisée.

La mode s'invite aussi avec les chapeaux Lindbergh.

En ce qui concerne les arts, on peut admirer l'exposition Basquiat «  Peintures accrocheuses qui vous sucent la rétine »,, du Matisse, du Picasso, un tableau de Soulages. Les formes cabalistiques de l'art vaudou, appelées vévé, sont représentées dont la divinité Legba qui est gravée sur l'épée de l'Académicien.

On perçoit la musique de Nina Simone, de Manu Dibamgo, Glen Milller, Ellington, des airs de jazz, de Coltrane...


Dany Laferrière livre son autoportrait en 3 volets et confie ses souvenirs .
Il évoque le grenier de son enfance , son adolescence à Port- au -Prince « l'époque où l'on est ni fille ni garçon juste un jeune animal ».
Il se remémore un film vu à 15 ans, les couchers de soleil de sa jeunesse à Haïti.

On devine «  l'écrivain en pyjama » quand il dévoile sa table de travail où il a rédigé une ébauche de texte « à la lisière du sommeil », à revoir le lendemain.

Il affiche ses convictions en rappelant le slogan scandé lors des émeutes raciales: « Black lives matter » ou en représentant les manifestants à Portland ( contre les policiers bien armés) en juillet 2020 ou ceux sous la pluie à Hong kong.
Il pointe les drames qui se passent sous nos yeux et s'interroge : «  Se sent-on complice » ?

Il aborde les notions de liberté , insérant la lettre de l'esclave Toussaint Louverture et la question de la fuite du temps, conseillant de ne pas regarder son visage dans le miroir !

L'écrivain voyageur traduit dans de nombreuses langues, qui a écumé le monde nous fait visiter des pays, ( Corée du Sud, Japon ) des villes: Paris, New York, Montréal, Beyrouth, Budapest, Pékin où réside son éditrice chinoise.

Parmi ses lieux de prédilection, on retrouve son goût :
-pour les cafés : ce qui rappelle son opus «  L'odeur du café »
Dans un café de Moscou une femme en rose lit Pouchkine.
Au Red café, pas encore de clients.
- pour les fenêtres d'où l'on peut saisir «  la rumeur du monde », d'où le mauvais élève peut s'échapper pour ne pas finir ses devoirs, d'où l'on peut contempler le soir «  le soleil tituber dans le golfe » 
-pour les chambres : «  port d'arrivée le seul pays que l'on peut connaître à fond », où l'on pose sa valise, « où le drap blanc bien tiré sent la lavande », où « Le voyageur revient un jour ou l'autre.. », où on dessine, où une amoureuse attend le facteur, où l'on tourne, se fait des films. «  Ailleurs dans la pénombre d'une chambre, le hibou attend la prochaine nuit ». (1)

-pour une maison romaine , source d'inspiration pour écrire une nouvelle à la façon de Tchekhov !

L'amour des fleurs se traduit par des compositions florales aux couleurs variées (en vert, rose, orange, violet), bouquet de tulipes, parc…

Les paysages de nature contrastent avec la représentation des villes : une forêt touffue où se niche la maison de Camera, des feuillages, des frondaisons qui assurent l'apaisement lors de la promenade du soir, une prairie vierge.
Vivre parmi les animaux, au coeur de la forêt, loin de « ce monde sans pitié », c'est le choix d'un couple d'aubergistes du Québec pour satisfaire son appétit de nature.

Même si une machine à écrire (jaune) figure dans ce livre, précisons que celui-ci est entièrement MANUSCRIT et illustré par Dany Laferrière. Ce qui force l'admiration.

le mot vibrer est une façon de rappeler qu'il a vécu un séisme apocalyptique à Haïti, si bien que les moindres vibrations et les fleurs qui dansent peuvent faire craindre le pire. de même les cyclones sur ces îles sont dévastateurs.

Sachez que les questions sur son parcours l' insupportent vous trouverez les réponses dans L'exil est un voyage.
«  On ne peut pas trop vivre avec le coeur dans un pays et la tête dans l'autre »


Laissez-vous embarquer à la rencontre de cet aréopage éclectique, dans ce roman richement coloré où se côtoient de nombreux dessins , jalonné de textes, poèmes , haïkus, ce qui confère à ce livre son caractère singulier et sa dimension séduisante. Périple déroutant et enrichissant pour le lecteur, qui recèle des surprises.
Comme l'affirme Alain Mabanckou :
«  La poésie de Dany Laferrière exalte le goût du voyage » ! (1)
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C'est un étrange voyage que nous propose Dany Laferrière avec ce roman dessiné, entre le japon de Bashô et l'Amérique, entre New-York et Berlin, Québec et Port-au-Prince. Aller de poésie en dessins, de paroles en cris, de questions ou affirmations. Tout à fait le genre de livre que l'on pose sur la table du salon pour le reprendre régulièrement, en lire quelques mots, quelques textes, écouter les questionnements sur l'homme, le racisme, la vie, les villes et les habitants croisés lors des pérégrinations de l'auteur.

C'est à la fois un touche-à-tout étonnant et une continuité dans les couleurs vives et joyeuses pour la plupart, les mélanges, les voyages, les citations, les phrases posées là, comme par hasard, au fil des dessins qui les représentent. Et surtout, sans en avoir l'air, une façon de poser des mots sur la réalité du monde qui l'entoure, qui nous entoure, et y poser surtout un regard neuf, surpris, bouleversé ou parfois même attendri, par une voisine, un enfant, un paysage.

Et ces phrases si étonnantes !
"Le pyjama intimide toujours les actifs" (ah, est-ce toujours vrai après deux ans de confinement/télétravail!) est-ce vrai aussi pour un écrivain en pyjma?

"Revoir la même chose sous un nouvel angle" et si c'était cela justement que nous propose Dany Laferrière ?
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J'aime bien Dany Laferrière, mais je n'aime pas le lire ! J'aime l'écouter à la Grande Librairie, j'aime son style, j'aime bien le bonhomme, et à chaque fois je veux lire ses livres. Deux fois j'ai tenté, deux fois ça m'est tombé des mains. Bizarre, hein ?!

Mais là, le titre et le fait que ce sont des dessins, j'achète à nouveau ! (12€ occas Gibert, 1 mois après la sortie, chance !). J'aime Basho, j'aime les haïku et en écris un peu, ça va me plaire...

Et je tombe sur un livre étonnant, que je vais garder cette fois-ci. Je m'attendais à des haïku, ce sont plutôt de petites phrases qui ressemblent souvent à des aphorismes.
Les dessins qui constituent le livre, sont hyper naïfs, et de l'aveu même de l'auteur il ne sait pas dessiner, mais c'est souvent beau et en tout cas toujours très coloré.

J'appelle ce livre un ovni, et je vais le garder près de moi pour pouvoir et revenir de temps en temps... avec mes livres autour de la Chine et du Japon !
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Dany Laferrière est de retour cet automne avec un ouvrage illustré comme son prédécesseur de 2020, L'exil vaut le voyage. Sur la route avec Bashô publié aux éditions Grasset a de quoi ravir le coeur et les yeux des adeptes de l'académicien canado-haïtien.

Quel est le rapport entre Dany Laferrière, écrivain du XXIe siècle et Matsuo Bashô, poète japonais du XVIIe siècle ? A en croire l'auteur, leur insularité avant toute chose, mais également ce goût de l'observation et ce désir véhément de prendre part au monde. Ce lien à la fois surprenant et évident prend forme dans ce nouvel ouvrage où monde moderne, pensées philosophiques et haïkus se meuvent au rythme des illustrations.

C'est une véritable invitation au voyage que Dany Laferrière propose à son lecteur avec ce livre. Il condense l'indubitable engagement de l'auteur contre le racisme et l'amour qu'il porte à ses racines haïtiennes. D'une page à l'autre, on retrouve l'illustration des affrontements entre les manifestants anti-racisme et les forces de l'ordre à Portland en juillet 2020, des vévés (symboles vaudous), ou encore les portraits d'illustres personnages comme Zora Neale Hurston ou Jean Rhys. Un agrégat subtil aux feutres Stabilo qui dénote avec la gravité de certains éléments. Dany Laferrière se fond dans un mélange des genres, tantôt empreint d'une certaine contemporanéité dans les courbes, tantôt inspiré d'art primitif dans la couleur et les personnages.

Dans ce joyeux mélange, on retrouve indubitablement Matsuo Bashô et son naturel à contempler le paysage. Les citations choisies illustrent parfaitement l'évidence mutuelle d'une envie, sinon d'un besoin de vivre l'instant présent dans toute sa force. La temporalité en devient presque obsolète tant rien ne suit une chronologie prédéfinie si ce n'est celle des saisons. Thème particulièrement important dans le haïku japonais classique dont Bashô est le père.

Bien que surprenante au départ, l'association des deux hommes fascine, intrigue, questionne mais ne remet jamais en doute ce talent rare à raconter sous forme courte ce goût prononcé pour l'existence.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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C'est vraiment les dessins de Laferrière ou ceux de son fils ?
Pas que je ne juge, mais un peu quand même... Mais désolée quand on part sur la route avec Basho, on s'attend à mieux en ouvrant ce livre... C'est de l'irrespect envers le maître !


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Ne vous laissez pas tromper par la mention « roman » sur la couverture, car ce n'en est pas un. Dany Laferrière nous traîne avec lui dans un ensemble de réflexions, de haïkus aussi visuels que textuels, où se mêlent références littéraires, événements d'actualités et musique jazz. C'est un livre d'artiste, comportant des images à lire et des phrases à regarder, qui innocemment nous poussent à considérer notre rapport au monde : acteur, ou spectateur par la fenêtre ? Là où la littérature japonaise me laisse en marge, Dany Laferrière a (il me semble) réussi à insuffler à la traditionnelle économie verbale, un rythme radicalement différent, qui pulse et m'emporte. Un grand coup de coeur pour moi 😊
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