AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782221084014
526 pages
Robert Laffont (12/09/1999)
3.77/5   212 notes
Résumé :
La première femme peintre qui gagna sa liberté à la force de son pinceau. En 1611, à Rome, dans un atelier du quartier des artistes, la jeune Artemisia se bat avec fureur pour imposer son talent. Son adversaire le plus redoutable n'est autre que son père, son maître, le célèbre peintre Orazio Gentileschi. Il voudrait cacher au monde la sensualité et surtout le génie de sa fille. Mais la vie va bouleverser ses plans...
Que lire après Artemisia : Un duel pour l'immortalitéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 212 notes
« Artemisia » est une grande biographie romancée écrite par Alexandra Lapierre. Paru en 1998 aux éditions Robert Laffont, dans la collection Pocket, cet ouvrage de 670 pages couvre une grande partie de la vie d'Artemisia Gentileschi, « la première femme peintre qui gagna sa liberté à la force de son pinceau ». Prix du roman historique et Prix du XVIIème siècle, le livre a reçu les éloges de la presse : il a été noté 3,81 sur 5 par les lecteurs de Babelio.

La première page annonce d'emblée la tonalité du livre : Artemisia, un duel pour l'immortalité. Diable! Puis, deux pages plus loin, Alexandra Lapierre précise : « A mon père, avec un tendre clin d'oeil. » avant d'ajouter : « Pendant cinq ans, j'ai cheminé sur les traces d'Artemisia et d'Orazio Gentileschi à travers le monde. le lecteur trouvera l'histoire de mes recherches, la liste de mes sources, ainsi qu'un petit lexique des principaux personnages en fin de volume. » Vous l'aurez compris : en ouvrant le livre, vous plongez dans une aventure majeure. L'auteure a entrepris une réelle filature à travers les âges (respect des faits, présentation du contexte et du destin des personnages). le travail sur L Histoire est remarquable, la représentation de la vie et du milieu artistique italien du 17ème siècle est criante de vérité et d'une richesse inouïe, quant à la biographie de cette femme hors du commun, elle abonde en détails troublants et vous porte à la fin de l'ouvrage sans avoir occasionné le moindre ennui. En passant, vous découvrez les tableaux de l'époque, les techniques employées en peinture, les procès -monnaie courante- le côté misogyne de la société et plein d'autres choses (voir plus loin).

Les évènements sont décrits avec fougue, passion et fluidité. le côté baroque de l'ensemble invite à des images séduisantes. le cheminement d'Artemisia, touffu et complexe, est à l'image de la vie artistique d'alors. Les rapports passionnés, faits de haine et d'amour, entre Artemisia et son père Orazio sont d'un réalisme saisissant, frisant un peu le romanesque. L'écriture est agréable et d'une grande fluidité.

Biographie quasi-unique de cette femme peintre, l'ouvrage allie le sérieux du chercheur et l'audace de l'écrivain parti à la rencontre du terrain : le récit est fouillé, les chapitres courts vous tiennent en haleine, le rythme est soutenu, l'enquête psychologique (rapports entre père et fille, entre femmes, entre femmes et hommes, entre peintres et simples ouvriers, …) est d'une richesse incroyable. le côté obsessionnel du destin d'Artemisia se conjugue à la perfection avec la rencontre sentimentale et intellectuelle de cette femme avec la société italienne du XVIIème siècle. Oui, Artemisia voulait son indépendance, elle voulait que son talent soit reconnu, elle voulait se relever du viol qu'elle avait subit et se servir des hommes pour être célèbre.

Livre féministe ? Peut-être. En fait, Artemisia voulait devenir un grand peintre : pour cela, il lui fallait choisir entre la petitesse et la grandeur, entre le néant et l'éternité, entre son père et elle (page 277). Pour Orazio, Artemisia était cette enfant qu'il avait voulu façonner, une image, une idée, le prolongement de lui-même et de son ambition (page 279). Puisant dans sa vie, recueillant les fruits de l'orgueilleux combat des grandes dames de l'Histoire, Artemisia met en scène dans ses peintures l'injustice, la trahison, la honte (page 334). Et ses tableaux reflètent la violence des rapports qu'elle entretenait avec son père : entre elle et lui c'est à celui qui pourrait « écraser l'autre de sa superbe » (page 496). Au terme de sa vie, Orazio lui offre enfin une identité, une profession, une carrière et la liberté (page 328) : pour lui qui ne pouvait travailler à Florence sans l'influence qu'Artemisia avait auprès du Grand Duc, pour elle qui ne pouvait entrer à l'Académie sans que son père fasse les démarches nécessaires à Florence, les jours deviennent subitement plus paisibles, et les rivalités s'estompent.

Alors, Artemisia, une femme d'une force indestructible ? Pas vraiment : Artemisia reste une femme naturelle qui vit en bonne intelligence avec ses proches (page 303), mais -artiste jusqu'au bout des doigts- elle n'en demeure pas moins une enfant, inquiète et angoissée (page 420), et une mère : pour Artemisia, la maternité est synonyme de chaleur d'un jeune corps qui se blottit contre elle, de sensation de paix, d'abandon, de douceur, d'intimité, de goût du secret. Bref, elle s'épanouit et cet épanouissement dépasse celui que lui procuraient ses nombreux amants (page 396).

Mais cet ouvrage offre également aux lecteurs d'autres occasions, à commencer par la redécouverte des sociétés romaine (avec sa compétition entre les artistes), florentine, vénitienne (ah, Venise, excommuniée après son long bras de fer avec Rome ; une société patricienne devisant sans fin sur la place de la femme dans l'univers) et napolitaine de l'époque (ah, Naples, sa tiédeur, sa turbulence, son brouhaha, les contrastes entre les immenses couvents et les baraques exigües coincées dans des culs-de-sac) ; l'ambiance des cours (fourmillant d'espions et d'émissaires de toutes sortes) ; le côté singulier des salons (où, en guise de pâtisseries, on vous servait des Cupidons en sucre, des Vénus en pâte d'amandes et des pièces montées) ; l'atmosphère si particulière de Londres (froide, sans couleurs, triste, envahie par la fumée noire et les puanteurs des exhalaisons de houille) ; certaines pratiques très habituelles (comme la rapine des oeuvres d'art), etc.

Alexandra Lapierre a effectué des recherches considérables, s'est enfermée dans son écriture et est allée vers ses personnages, allant hanter les lieux où ils ont vécus, serrant au plus près la vérité historique. Cette exigence, intime et personnelle, ce respect, Alexandra Lapierre les met au service de l'ouvrage : le livre en ressort plein d'une clarté, d'une précision et d'une vérité décuplée. Un chef d'oeuvre. Cinq étoiles.
Commenter  J’apprécie          342
Peindre, pour Artémisia, c'est exister.

Mais quand on est une femme, qu'on a trois frères, plus de mère, et surtout un père, peintre célèbre, qui vous initie, vous emploie et vous exploite à la fois, la lutte pour faire reconnaître ses talents artistiques se double d'autres luttes plus terribles et plus souterraines: celle d'une féminité revendiquée, celle d'une rivalité artistique, celle d'une émancipation sexuelle, et amoureuse.

Dans les villes italiennes du 17ème siècle, - Rome la pontificale, Florence la ducale, Venise la républicaine et Naples l'"espagnole" - Artémisia trace sa route vers la gloire et l'autonomie.

Une route semée d'embûches: d'abord la mort de sa mère, tendre et protectrice, qui va la jeter toute jeune dans un monde d'hommes, puis son viol par un grand ami et disciple de son père, le procès qui s'ensuit, dont il faut laver la marque d'infamie; ensuite, la quête difficile d'un protecteur et d'un atelier, et celle, toujours renouvelée, de commanditaires pour des oeuvres audacieuses, influencées par le réalisme du Caravage, violentes et sensuelles comme leur auteure .

De toutes les luttes soutenues par Artémisia, celle contre les hommes sera la plus âpre: contre son père, tour à tour autoritaire et possessif ou rejetant et inaccessible; contre son violeur, contre son mari attentif et attentionné, puis dépensier et intéressé, contre ses amants, toujours trop possessifs pour cette femme indépendante, éprise de son art et de sa liberté avant tout.

Artémisia puise dans son amour pour ses enfants, dans sa propre vitalité, son appétit de plaisir, sa soif de reconnaissance, et bien sûr sa folle passion pour la peinture, les forces dont elle a besoin.

L'époque, derrière elle, bruisse de toutes ses intrigues: le Vatican et ses luttes d'influence entre prélats, la cour des Médicis où peintres et grands savants- tel Galilée- se côtoient et s'apprécient, la machiavélique Sérénissime, pleine de complots et de sicaires, Naples déjà livrée aux menaces des groupes de pression, Londres en butte aux luttes entre anglicans et catholiques, toutes ces cours se battent aussi à coup d'oeuvres d'art: on "capte" un grand peintre pour sa cour comme un conquiert une terre, on pille une ville en faillite comme Mantoue pour engranger à Madrid ou à Londres les plus beaux fleurons de son patrimoine artistique..

Le livre de Dominique Lapierre est riche, foisonnant, très documenté -parfois trop : la présence de textes- documents habilement mêlés au récit l'alourdit quelquefois, et surtout empêche que prennent réellement vie les personnages hautement romanesques d'Artémisia et d'Orazio son père.

C'est en tous les cas une lecture qui en appelle d'autres ...et qui donne une furieuse envie d'aller dans tous les musées italiens, anglais ou français admirer les oeuvres de cette artiste audacieuse et de cette femme étonnamment moderne!
Commenter  J’apprécie          303
Nous sommes en 1611, à Rome, dans un atelier du quartier des artistes. La jeune Artemisia, fille du peintre Orazio Gentileschi, vit dans l'ombre de son père. Celui-ci, peintre des Papes (Clément VIII et Paul V), apprend son métier à sa fille tout en voulant cacher au monde la sensualité et surtout le génie de la belle jeune femme. Elle a conscience de ses capacités et lutte pour s'imposer. Son destin bascule lorsque le meilleur ami d'Orazio et précepteur de la jeune femme, viole Artemisia. Celle-ci se sent coupable mais incapable d'évoquer avec son entourage ce qu'elle a subi, et pendant un an reste sous l'emprise de cet homme qui a la confiance du père. Jusqu'au jour où Orazio intente un procès à son ami, l'accusant d'avoir défloré Artemesia, et par ricochet d'avoir souillé son honneur de père. S'engage alors un procès retentissant, d'une grande violence pour Artemisia, dont elle sortira vainqueur, ce qui lui permettra de regagner sa dignité et d'exercer pleinement son art au sein des plus importantes cours européennes, auprès des Médicis ou à la cour d'Angleterre.

Alexandra Lapierre, en digne fille de son père, livre une biographie romancée extrêmement documentée. Elle s'appuie sur les notes du procès, traduites en français en 1982. Des notes incomplètes dont il manque une partie des dernières pages, laissant place à l'imaginaire. le roman est aussi le résultat de cinq années d'une recherche largement documentée dans les annexes du livre.

Le talent de la romancière donne naissance à un récit passionnant. C'est une histoire d'amour entre un père et sa fille, une histoire de pouvoir et de lutte entre deux artistes talentueux. C'est le combat d'une femme pour sa dignité, pour son droit d'exister, à une époque où la femme était cantonnée au foyer et à l'éducation des enfants. L'histoire d'une peintre peu connue en France, qui, après la parution en français des notes de son procès, devint une icône du féminisme. C'est une plongée dans le monde des arts du 16e et 17e siècles, au sein de la papauté et des cours royales.

Tout le roman tourne autour de la confrontation continue entre le père et la fille, mais met en avant le caractère puissant de cette jeune femme, qui jamais ne se laissa réduire à un rôle subalterne par le monde des hommes. Et s'il reste un brin de mystère sur la nature réelle de la relation entre Artemisia et son précepteur, cette biographie met en avant les qualités de cette femme dont la force de caractère lui permit de traverser les épreuves en les transcendant et en les transformant en une source d'inspiration pour son art. Il suffit de regarder ses tableaux pour voir à quel point son propos est féministe et dénonce la condition féminine de son époque, elle qui fut la première femme à peindre des scènes religieuses comme « Suzanne et les vieillards ».

Une biographie romancée et une fresque historique passionnantes sur le parcours incroyable d'une artiste remarquable.
Commenter  J’apprécie          262
Amusant....Alexandra Lapierre présente Artémisia Gentileschi. Une auteure dont le père est (super) auteur présente une peintre dont le père est .... Artiste peintre !

Je dois dire que le duo Gentileschi, franchement, je n'en n'avais jamais entendu parler. Pourtant, je suis allée en Italie, voir les peintres De La Renaissance mais c'est 2 là ont du m'échapper.

Les Lapierre, par contre, je connais bien et j'en suis fan. Des deux. Je trouve leur style assez similaires tout en ayant des histoires différentes.

Ma première rencontre avec Mademoiselle Lapierre était le fils du Rebelle.... le style d'histoire dont on voudrait pouvoir modifier la fin !
Pour Artémisia, par contre, j'ai eu besoin de plus de temps pour entrer dans le livre. Je ne sais pas si ce sont les noms italiens qui me bloque, ou la profusion de personnages... en tout cas, au début, j'ai eu du mal à accrocher.

J'ai aimé que l'auteur ajoute, en fin de volume, une courte description des personnages afin de pouvoir se remettre le pied à l'étrier lorsqu'on décroche.
J'ai, bien entendu, adoré le fait qu'on ressente les recherches réalisées par l'auteur. Je pense que ce point est commun aussi bien au père qu'à la fille et dans chaque bouquin.
On se rend assez vite compte que les histoires racontées ont fait l'objet de recherches, de vérifications.... un vrai travail de journalistes avant d'être celui d'un auteur.

L'histoire de cette jeune femme qui s'est battue pour être reconnue est, au final, une magnifique aventure, très bien racontée, qui donne envie de s'intéresser aux tableaux.
Et moi, je n'en demande pas plus à un bouquin : qu'il me fasse voyager dans le temps, en me racontant des choses vraies et qu'il me donne envie de chercher plus loin et de découvrir d'autres livres qui complèteront le voyage.
Commenter  J’apprécie          171
Une femme peintre.
Un fait peu extravagant à notre époque mais au XVIIe siècle, vous pensez !!

Je connaissais cette dame grâce à son fameux "Judith décapitant Holopherne". Âme sensible s'abstenir !
Ce tableau est d'une violence et d'un réalisme incroyable.
Nous sommes tout bonnement témoin d'un meurtre et les protagonistes, deux femmes, semblent le perpétrer avec sang froid.
Pourtant, elles sont quand même en train de décapiter un homme !
Oui, un tableau qui ne peut pas laisser indifférent lorsqu'on prend le temps de le regarder.
D'autant plus quand on sait le drame que la peintre a subi juste avant de peindre ce tableau.
Difficile de ne pas penser que ses sentiments ont peut être guidé son pinceau.

Ce livre m'a semblé avoir deux grandes parties.

"L'après", même s'il n'est pas toujours rose, m'a semblée plus "respirable".
Artemisia a pris son envol et c'est son ascension en tant que peintre que nous suivons.
J'ai apprécié suivre sa vie de femme, de mère et d'artiste.

J'ai aimé le contenu mais j'ai eu du mal à me faire à la forme.
Premier livre que je lis d'Alexandra Lapierre.
Cette auteure maîtrise de toute évidence son sujet ainsi que les "à cotés" mais son érudition est parfois difficile à suivre.
Je m'explique : nous suivons une action de la vie d'Artemisia et cette dernière est coupée par deux pages sur les us et coutumes de cette époque ou par un point sur le contexte historique, pour finalement nous replonger dans le quotidien de la jeune femme qui sera coupé une nouvelle fois, trois pages plus loin etc...
En soi, ces point sont très intéressants mais peut-être trop omniprésents, nous coupant dans nos élans, au point parfois, de ne plus savoir où nous avons laissé notre héroïne.
Commenter  J’apprécie          151

Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
page 74 [...] - A mon âge, toutes les femmes ont un époux. Il est temps, grand temps : bientôt je serai vieille !
- Et avec quelle dot pourrais-je bien te marier ,
- Les confréries auxquelles vous appartenez y pourvoiront. Ou bien mon parrain. Ou alors un de vos commanditaires, monsieur Olgiati par exemple ...
- En quel honneur l'un de mes mécènes, monsieur Olgiati ou un autre, te doterait-il, toi qui nous déshonores tous ?
- Mais c'est vous qui écartez tous ceux qui pourraient prétendre à ma main !
- Comment ces drôles pourraient-ils y prétendre, si tu ne t'exhibais pas derrière mon dos ? Tu te montres à la fenêtre, j'en suis sûr, tu reçois des hommes ...
- Vous me garderez fille, si je vous laisse faire ! A moins que vous ne me vendiez à l'un de vos compères, à l'un de vos espions ... A ce vieux cochon de Cosimo, par exemple ?
- Encore un mot, et demain tu te tairas à jamais ! Je te mure dans un couvent !
- Essaie un peu, mon père, essaie donc si tu l'oses ! Qui te découpera tes toiles quand tu m'auras faite religieuse, qui les tendra sur tes châssis, qui te cuira tes huiles ? Crois-tu que Francesco saura jamais préparer les enduits comme je les fais, moi ? Et Giulio te poser l'imprimitura avec ce dosage si juste de colle et de plâtre ? Ces deux imbéciles, là, qui te broient tes couleurs, penses-tu qu'ils pourront achever les tableaux que tu ne termines pas ? Et les copies des œuvres dont tu gardes la réplique pour les vendre plus tard, si ce n'est pas moi qui les peins, qui le fera ?
Le visage enflammé par la chaleur des tisons sur lesquels elle s'était penchée en surveillant l'huile que Francesco n'avait pas réussi à purifier, elle le défiait. [...]
Commenter  J’apprécie          200
Cette enfant, cette femme, il avait voulu la façonner - une image, une idée, le prolongement de lui-même et de son ambition, l'allégorie de la peinture-, elle revenait à la vie devant ses yeux éblouis par les larmes.(...) Sa fille qu'il avait déguisée, travestie, se dépouillait à ses pieds des symboles dont il l'avait affublée pour s'incarner à nouveau en un être de chair et de sang, une femme vivante et libre.
Commenter  J’apprécie          90
Elle avait rougi. Tendue, elle attendait. De fines gouttelettes de sueur perlaient sur son front, sur les ailes de son nez, au-dessus de ses lèvres. C'était la torture de l'attente. C'étaient la peur et l'espérance. C'étaient le désir et le besoin qui la projetaient ainsi de tout son corps, de toute son âme, vers lui, juge et partie de son art. Elle brûlait, elle se consumait depuis l'enfance dans ce rêve qui la portait à croire que, par la peinture, elle pourrait le rejoindre. Ce soir, par son habileté, son talent, par la beauté même de ce tableau, elle allait le toucher. L'émouvoir. Le séduire. Il allait enfin la reconnaître pour sienne. Artemisia, fille d'Orazio. Artemisia, double d'Orazio...Il l'aimerait peut-être.
Commenter  J’apprécie          40
Le nu masculin se pratiquait couramment chez tous les artistes du quartier, mais gare à celui qui s'inspirait de femmes réelles pour représenter les bacchantes, les Suzanne et les Cléopâtre, toutes les héroïnes très dévêtues de l'histoire de la peinture. On rendait les subtilités de la chair et des formes féminines en s'inspirant de l'anatomie des jeunes garçons, dont on arrondissait les courbes en copiant les statues de déesses antiques. Certes, bon nombre de prostituées se montraient prêtes à vendre grassement leur temps de pose. Mais leurs tarifs, proportionnels au risque, étaient faramineux, et leurs charmes rarement à la hauteur des espérances.
Commenter  J’apprécie          40
Sa fille [Artemisia] qu'il avait déguisée, travestie, se dépouillait à ses pieds des symboles dont il l'avait affublée pour s'incarner à nouveau en un être de chair et de sang, une femme vivante et libre.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Alexandra Lapierre (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandra Lapierre
Payot - Marque Page - Alexandra Lapierre - Belle Greene
autres livres classés : italieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (583) Voir plus



Quiz Voir plus

Je te vois reine des quatre parties du monde

Quel est le nom du premier époux de Doña Isabel ?

Don Hernando de Castro
Nuño Rodriguez de Barreto
Don Alvaro de Mendeña
Don ALonso Martin de Don Benito

12 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Je te vois reine des quatre parties du monde de Alexandra LapierreCréer un quiz sur ce livre

{* *}