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Thérapie de groupe tome 2 sur 3

Manu Larcenet (Autre)
EAN : 9782205085228
56 pages
Dargaud (22/01/2021)
3.73/5   114 notes
Résumé :
Le premier tome de "Thérapie de Groupe", "L'Étoile qui danse" (1), mettait en scène un auteur de bande dessinée en plein désarroi à la recherche de l'inspiration. Dans le second tome de cette trilogie, "Ce qui se conçoit bien" (2), l'auteur, toujours en panne, poursuit sa quête de l'idée du siècle afin de redevenir l'auteur à succès qu'il était. Après ses échecs répétés il est désormais hébergé par la Clinique des Petits Oiseaux Joyeux (« Clinique Psychiatrique pour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Jean-Eudes de Cageon-Goujon, alias Manu Larcenet, n'est plus... L'ex-star de la bédé mondiale, celui que tout le monde s'arrachait et adulait, a chu... interminablement. Comme une merde. Sans idée du siècle, son art ne vaut plus rien et il est aujourd'hui un artiste fini. Aussi a-t-il pris la sage décision de faire un break en allant se reposer à la clinique psychiatrique, "Les petits oiseaux joyeux". Un endroit parfait pour les artistes finis d'autant que le personnel soignant est agréable et hautement qualifié, ses coreligionnaires truculents et la drogue gratuite. Pourtant, ce séjour ne sera véritablement pas une cure de jouvence...

Aux petits oiseaux joyeux, l'on retrouve un Jean-Eudes pas vraiment au top de sa forme ! Entre ses délires, ses névroses, la responsable de l'atelier créatif qui reste insensible à ce qu'il dessine, le psychiatre qui ne comprend rien, son Albatrosman qui connaît des revers et dont les aventures ne semblent passionner personne... Bref, plus rien ne va pour Jean-Eudes ! Malgré tout, l'on prend un malin plaisir à suivre ses élucubrations, ses pensées fantasques, ses délires et ses questionnements. Dans la même veine que le premier volet, Manu Larcenet se remet en question et se pose mille questions. Cet album, très personnel, empreint d'humour et d'auto-dérision, fait montre d'un graphisme des plus variés : style moyenâgeux, comics, western, psychédélique, situation de répétition, passant d'une palette criarde à un noir et blanc profond.
L'on est loin de la page blanche, assurément...
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L'excision de la pierre de folie
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Ce tome fait suite à Thérapie de groupe, tome 1 : L'étoile qui danse (2020) qu'il vaut mieux avoir lu avant, même si le présent tome débute par une page de résumé en forme de bande dessinée. Cette BD a été réalisée par Manu Larcenet pour le scénario, les dessins, les couleurs et le lettrage. Elle compte 49 planches.

Jean-Eudes Cageot-Goujon avance dans une jungle au feuillage particulière dense, évoquant les événements passés qui l'ont amené là où il en est, faisant le résumé du tome précédent, tout en taillant dans la végétation avec son coupe-coupe, fuyant face à un énorme serpent, trébuchant et finissant empalé sur son coupe-coupe. En fait il se trouve assis sur un banc dans le parc de de la clinique psychiatrique des Petits Oiseaux Joyeux, en train de penser qu'il n'est plus qu'un vulgaire homme comme les autres, et qu'il ferait mieux d'arrêter de chercher l'idée du siècle. Il se remémore les vers de Charles Baudelaire : le poète est semblable au prince des nuées qui hante la tempête et se rit de l'archer. Exilé sur le sol au milieu des huées, ses ailes de géant l'empêchent de marcher. le bédéaste sent les larmes lui monter aux yeux en pensant à la beauté intemporelle de ces vers. Il est illusoire pour lui de penser un jour égaler un tel sommet. Il rentre à l'intérieur de l'établissement psychiatrique, mange dans la salle commune, prend ses médicaments et se met à imaginer un nouveau superhéros. Albatrosman était Jean-Jacques Prunier qui lors d'un voyage en Bretagne, s'est pris une fiente d'albatros en pleine poire. Cet incident en apparence anodin a bouleversé le cours de sa vie, le transformant en une créature mi-homme, mi-albatros, qui, la nuit, lutte contre le crime.

Jean-Eudes Cageot Goujon déroule les aventures de Albatrosman dans son esprit, mais ça se finit mal : son héros est tabassé par trois marins pécheurs, incapable de fuir à cause de ses ailes qui l'empêche de marcher et donc de courir pour fuir. Il met fin à cette séance de création et va reprendre des médicaments pour anesthésier son sentiment écrasant de finitude. Il se met à traîner dans les couloirs, l'oeil vitreux, l'esprit en plein état de fugue. Il repense à sa rencontre avec le dessin, quand il avait 10 ans, l'année d'Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, et de la mort de Sid Vicious. Leur relation a toujours été dysfonctionnelle : le dessin ne lui sert qu'à s'exprimer, comme il n'a plus rien à dire, il n'a plus de raison de dessiner. Un peu plus tard, il se rend à sa séance avec le psychiatre. Il résume sa situation : trop de chaos au-dedans de lui, l'incapacité d'enfanter des étoiles qui dansent, de marcher sur des gouffres amers à cause de ses ailes de géant. Il est fini comme artiste et comme homme, faisant trop de voyages initiatiques et finissant comme un albatros crevé sur de carrelage de la salle de bain, ce qui est dégoûtant. le psychiatre n'a rien compris à ce qu'il vient de raconter.

La fin du tome 1 laissait supposer un tome 2 entendu d'avance : une narration qui part dans tous les sens, sur la base d'un fil directeur très simple (retrouver un équilibre mental pour revenir à la normale), avec une narration visuelle adaptant des formes différentes au gré de la fantaisie de l'auteur. C'est exactement ça : le lecteur observe Jean-Eudes Cageot-Goujon durant son séjour à la clinique psychiatrique des Petits Oiseaux Joyeux, ses tentatives pour retrouver une inspiration qui le satisfasse, sa relation avec les médicaments, avec son voisin à l'atelier de thérapie par l'art, ses entretiens avec le psychiatre de l'établissement, les périodes où il semble retrouver le chemin de la création. C'est exactement ça : l'artiste se lâche tout autant que dans le tome 1 reprenant l'idée de dessiner à la manière de certains genres. le lecteur retrouve quelques séquences avec des silhouettes en noir & blanc avec des nuances de gris en train de parler, des pages avec une narration plus dramatisée pour l'évocation d'un superhéros (Albatrosman), des pages de 16 cases en plan fixe quand Cageot-Goujon essaye de se remettre à la bédé, des décors spatiaux psychédéliques de type science-fiction délirante, ou encore un western en noir & blanc sur un effet de papier jauni. S'il y prête attention, il peut voir deux clins d'oeil au Pokémon Pikachu, et quelques oeuvres d'art classique détournées. le fil directeur étant très basique (l'état mental du personnage principal), il ne se produit pas d'effet de désarticulation, ou de mélange insensé de styles au petit bonheur la chance. Il est même vraisemblable que si le lecteur n'y porte pas une attention particulière, il ne voit pas passer tous les clins d'oeil que l'auteur a glissés dans ces pages.

Il est donc possible de lire ce deuxième tome d'un point de vue d'une histoire, celle racontant les tourments de intérieurs d'un auteur en proie à la dépression. Jean-Eudes Cageot-Goujon est convaincu de l'inutilité de ses efforts de création de l'inanité d'ambitionner de révolutionner son art, d'y apporter quelque chose de neuf, après tous les génies qui y ont déjà oeuvré. du coup, à quoi bon même essayer ? Cela crée une bizarre situation réflexive avec la bande dessinée que le lecteur est en train de découvrir. Au premier niveau, il est possible d'y voir les lamentations d'un auteur, ayant opté pour réaliser un ouvrage nombriliste sur ses propres affres, ses propres interrogations. le lecteur peut donc la lire comme une interrogation personnelle sur la vanité. Finalement Larcenet aimerait bien être considéré comme un créateur majeur, tout en sachant qu'il oeuvre dans un art considéré comme mineur, avec des illustres prédécesseurs dans la littérature, et qu'il sait pertinemment qu'il n'aura jamais la puissance créative et littéraire d'un auteur comme Charles Baudelaire (1821-1867). Il peut aussi estimer que les différentes approches picturales utilisées dans cette bédé reflètent l'envie de retrouver l'inspiration en s'essayant à d'autres genres. D'ailleurs, l'amateur de bande dessinée constate à cette occasion que l'artiste sait de quoi il parle, qu'il maitrise les conventions de genre, et qu'il sait les mettre en oeuvre dans ses dessins, jusqu'à la composition même de ses pages.

Il est également possible de voir une forme d'autodérision dans ce deuxième chapitre. Manu Larcenet se moque de lui-même et de ses prétentions, en mettant en lumière les mécanismes en jeu, sa prétention artistique. Certes, le sujet du récit fait penser à une oeuvre nombriliste, mais l'auteur, ou plutôt son avatar Jean-Eudes Cageot-Goujon n'y tient pas le beau rôle, et en plus il fait preuve de la politesse des gens désespérés : l'humour. Ça commence dès la page avant le titre, un dessin des silhouettes de Jean-Jacques et Bruno en costard-cravate, évoquant le séminaire de motivation qu'ils ont trouvé Bof. Tout au long de l'ouvrage, l'humour peut aussi bien passer par les dialogues que par les visuels. le lecteur retrouve la réaction exagérée de Jean-Eudes en train de déchirer ses vêtements, déchirer ses pages, et se mettre à courir tout nu comme un fou. Il retrouve sa morphologie disgracieuse avec son gros nez, ses yeux ronds sans pupilles quand son cerveau ne parvient plus à aligner deux idées cohérentes, les couleurs psychédéliques marquant l'effet psychotrope des médicaments, les unes de journal farfelues, les bandeaux de nouvelles absurdes et très drôles qui défilent en bas des écrans de télévision lors des débats, les caricatures très justes de Baudelaire et Nietzsche, l'appropriation de références culturelles comme Pikachu ou les moaïs de l'Île de Pâques, le détournement de tableaux classiques (Van Gogh, Mondrain, Munsch, etc.). L'humour passe également par des petites piques bien senties qui parleront plus aux lecteurs de bande dessinée, comme l'auteur qui a perdu l'inspiration et qui se laisse aller à la facilité en faisant un album de blagues sur les blondes, ou une biographie de féministe. le lecteur a donc le sourire aux lèvres du début à la fin, grâce à des éléments comiques très diversifiés présents à chaque page.

Il est aussi possible de prendre au sérieux la réflexion en toile de fond développée par l'auteur : l'ambition artistique. Il est écrasé par la conscience des chefs d'oeuvre de ceux qui l'ont précédé. Il sait s'y prendre avec humour pour rattacher la bande dessinée à la littérature, en évoquant les bandes dessinées réalisées par Boileau ou Nietzsche, les plaçant ainsi au même niveau que son mode d'expression à lui. Il fait également le lien avec les grands maîtres du genre en parodiant discrètement des personnages célèbres comme le capitaine Archibald Haddock, Popeye et Corto Maltese. Dans sa quête de l'idée géniale qui révolutionnera la bande dessinée, il se met à exploser les codes de la bédé traditionnelle en faisant n'importe quoi, du chaos intérieur illisible et barbouillé à la truelle. Il a conscience que la qualité de ses propres oeuvres ne lui permet pas d'espérer une immortalité similaire au poème L'albatros de Baudelaire qui est d'un autre niveau. Il évoque le syndrome De Stendhal, c'est-à-dire des de troubles psychosomatiques chez une personne exposée à une surcharge d'oeuvres d'art. au cours de son séjour en clinique psychiatrique, Jean-Eudes fait également l'expérience de la découverte d'une bande dessinée d'une qualité bien supérieure aux siennes, réalisée par son voisin dans l'atelier de thérapie par l'art. Au cours d'une des séances avec le psychiatre, il essaye d'avancer dans le cheminement du processus du deuil en 5 étapes, développé par Elizabeth Kübler-Ross, adapté à sa sauce en 9 étapes (déni, colère, marchandage, dépression, consternation, léger mieux, lamentations, confusion, fond du trou). le lecteur prend graduellement conscience que cette bande dessinée n'est pas qu'un récit semi-biographique, ou un ouvrage humoristique, mais également une réflexion pénétrante d'un créateur ayant réfléchi à son art (sa capacité à mettre en oeuvre différents styles) et à la progression de la qualité de ses oeuvres dans l'histoire de l'art et de la littérature. À l'opposé d'une bande dessinée nombriliste, c'est une plongée dans une analyse fine et enlevée de l'ambition artistique, des créateurs qui l'ont précédé et dont les oeuvres sont passées à la postérité, les rendant immortels.

Ce deuxième tome s'avère encore meilleur que le premier : plus dense, plus drôle, avec plus d'humilité. le lecteur est emporté par un tourbillon de créativité, dans une réflexion humble sur la place de l'auteur, avec une narration visuelle inventive et bouillonnant d'énergie, des visuels spectaculaires, une culture BD discrète et pénétrante. Il découvre la dernière page qui ouvre la porte sur la possibilité d'un troisième tome, et il espère de tout coeur qu'il verra le jour dans un avenir proche.
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Dans ce deuxième volet, on suit le séjour de Jean-Eudes de Cageot-Goujon alias Manu Larcenet dans un hôpital psychiatrique. Il continue ses élucubrations sur la création artistique, sur le statut de l'artiste fini de l'imagination épuisée. C'est à l'image de la couverture de l'album, totalement déjanté, totalement fou. Il triture les références littéraires et artistiques dans tous les sens et le moins que l'on puisse dire, c'est que son imagination n'est absolument pas épuisée, ça fume tellement que ça déborde, ça explose, c'est monumental.
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On a définitivement perdu Larcenet, enfin c'est lui qui le dit.
Toujours en recherche de créativité et sur un mode sarcastique il va se lacer dans un traitement alternatif, l'art thérapie qui devrait venir à bout de ses tergiversations.
Pour cela, il va tour à tour nous parler de peinture, avec des représentations de , Bruegel, Miro, Munch, van gogh et bien d'autres, de littérature classique mais aussi de ses propres productions ; de l'audiovisuel, de l Histoire et ainsi de suite...
On rencontrera au fil des pages des personnages connus tels que Popeye et Haddock intégrés à l'Histoire.
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Manuuuu !!! Larcenet, je t'aime !
Bon, on se calme et on écrit une critique... sur le maitre Larcenet, celui de Blast, celui du Combat ordinaire, celui qui me fait rire et pleurer dans la même page... Enfin, on écrit pas une critique sur lui, mais sur sa bd Thérapie de groupe, le tome 2 (parce que le tome 1 y'a déjà trop de monde qui s'en est chargé).
ça parle de quoi ? Et bien Manu Larcenet, alias Jean Eudes, se retrouve bien embêté (euphémisme) de n'avoir plus d'inspiration pour sa prochaine oeuvre... Dans le tome 1, on le voyait lutter contre la page blanche avec angoisse, tellement, que dans le tome 2, il se porte volontaire pour faire un break en hôpital psy, la clinique des petits oiseaux... Il a perdu sa faculté à faire naitre de son chaos intime une étoile qui danse... Cherchez pas, demandez à Nietsche de quoi il retourne ! Manu, enfin Jean-Eudes, passe du bon temps chez les fous, il adore les drogues qu'on lui donne à toute heure, ça l'aide à organiser son chaos et à énoncer clairement ses pensées... Enfin, presque. Il cherche toujours L'Idée qui signera son grand retour dans le monde cruellement ingrat de l'art de la bd. Il est écrasé par ses prestigieux prédécésseurs artistes, et pense que tout a été fait... à moins que... un albatros aux ailes trop grandes pour la marche terrestre ne viennent lui souffler un début d'idée... ou pas.
C'est délirant, c'est génial, c'est Larcenet en plein doute qui se moque de lui-même. Manu, je t'aime. J'en veux encore !
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critiques presse (2)
BDGest
05 février 2021
Exercice tendu et crispé en dépit de l’humour omniprésent et de son extraordinaire construction/mise en image, Thérapie de groupe est une lecture forte et, espérons-le, salvatrice ou cathartique pour son auteur.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
25 janvier 2021
Un excellent second tome, une vraie réussite. Entre psychanalyse, folie montypythonesque et délire rubrique à bracien, Larcenet nous entraine dans un joyeux voyage au sein de la création.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Lors d'un voyage en Bretagne, Jean-Jacques Prunier se prend une fiente d'albatros en pleine poire. Cet incident en apparence anodin va pourtant bouleverser le cours de sa vie. Insidieusement, l'ADN de l'indolent volatile contamine celui de son hôte par un processus scientifique compliqué. Le comportement de Jean-Jacques Prunier se modifie sensiblement. Par exemple, il régurgite des sardines péchées en haute mer pour nourrir sa progéniture. Puis son corps entier se modifie (par une processus scientifique compliqué, me cassez pas les pieds) pour donner naissance au tout premier homme-albatros mondial. Épris de justice, il décide e mettre ses capacités nouvelles au service de la lutte anti-criminalité, sous le pseudonyme sibyllin de Albatrosman. Dans une mégalopole portuaire, une ombre fond majestueusement la nuit avant de se dissimuler dans la noirceur propice. Les ténèbres enveloppent la ville tentaculaire, mais Albatrosman est patient. Il sait que seuls la lâcheté, la violence et le crime sont acquis sur cette Terre.
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Je m'appelle Jean-Eudes de Cageot-Goujon, mais vous me connaissez sans doute mieux sous le sobriquet de Manu Larcenet, ex-star de la bédé mondiale. Ou alors vous ne me connaissez pas du tout, c'est normal parce qu'aujourd'hui je ne suis plus rien. Comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, le monde de la création est une jungle. Contrairement à l'idée généralement admise, trouver une idée du siècle pour faire une bédé qui révolutionnera le métier n'est pas une partie de plaisir. Essayez donc si vous ne me croyez pas, on va rigoler. Quand on a la prétention de révolutionner l'histoire de l'art, les dangers sont aussi sournois qu'omniprésent : se répéter, oublier l'idéal, se caricaturer, se vendre, se laisser aller à la facilité, rester douillettement recroquevillé sur ce que les lecteurs attendent, se renier, faire des bédés avec des blagues sur les blondes. Dans mon cas, l'âge, la lassitude et la santé mentale ont eu raison de la flamme ardente que tout artiste se doit d'entretenir jalousement sous peine de choir dans les ténèbres de l'incurie. Je chus donc, sans fin, interminablement, comme une merde en somme. Dans mon métier, il n'y a pas d'assurance-chômage (j'ai vérifié). Visiblement incapable de trouver une idée du siècle digne de ce nom, je passais directement de la case Incomparable Génie de l'Art Séquentiel (selon le Washington Review of Fancy Comics), à celle d'artiste fini (selon Le Courrier Communal de Brouilly-les-Ragndins). Je me suis cassé la gueule sur l'ascenseur social. D'un commun accord, la société et moi avons décidé de faire un break dans notre relation, histoire de résoudre ses problèmes chacun de son côté. À elle les gilets jaunes, à moi les blouses blanches.
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L'antimatière fouette le visage de l'homme volatile. Des milliards de kaons neutres traversent son plumage. Des antiparticules le bombardent sans répit. Il est au cœur de la matière noire baryonique. Toutes ses particules de magnitude angulaire vibrent à l'unisson. Il est l'univers et l'univers est l'albatros. Ses ailes de géant, celles-là même qu'il s'était résolu à rogner sous la pression sociale, le portent à présent majestueusement au gré des courants électromagnétiques. Absorbé par l'idée d'une vie meilleure, Albatrosman se coince l'aile de géant dans un triangle quantique. La brutale rupture de l'équilibre pulsatoire de la fréquence angulaire des espaces réciproques crée alors une brèche dans le théorème de Pythagore et provoque immédiatement la destruction des tous les infra-univers connus.
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Dans mon cas, la lassitude et la santé mentale ont eu raison de la flamme ardente que tout artiste se doit d'entretenir jalousement sous peine de choir dans les ténèbres de l'incurie.
Je chus donc.
Sans fin...
Interminablement...
Comme une merde en somme.

Visiblement incapable de trouver une idée du siècle digne de ce nom, je passai directement de la case "incomparable génie de l'art séquentiel international"... (selon le "washington review of fancy comics") à celle d'"artiste fini"... (selon "le courrier communal de Brouilly-les-Ragondins").
Je me suis cassé la gueule de l'ascenseur social.
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Mon chaos intérieur est comme mon chat… il est toujours là, planqué dans un coin… mais dès qu’on a besoin de lui, impossible de le trouver… À la différence notable que mon chaos intérieur, lui, ne vomit pas des mulots prédigérés sur mon lit.
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Le bulleur présente La route
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