Il était une fois une lectrice, fort distraite, qui fut la source (pas aussi bénie que celle de Bernadette...) d'une mauvaise manipulation informatique lors d'une masse critique. Quel ne fut pas son désarroi - que dis-je, son désespoir - quelques jours plus tard, d'apprendre qu'elle allait être destinataire de ce livre au nom évocateur, bien loin de ses centres d'intérêt littéraires habituels.
Après plusieurs semaines à éviter ce pauvre bouquin dans sa bibliothèque, la lectrice peu motivée se trouva bien obligée d'entreprendre sa lecture pour honorer son engagement.
Et là, magie, elle se laissa amadouer. Elle se prit même à penser au récit quand elle refermait le livre, à apprécier la plume affectueuse de l'auteur envers la petite Bernadette.
En gros, le livre se partage en 2 parties :
Une première qui retrace toutes les apparitions de la "jolie dame blanche" à
Bernadette Soubirous, dans cette petite cavité de Lourdes près de laquelle elle travaillait à ramasser du bois, et son rapport si simple et terre à terre à ces visions.
Et une seconde partie où l'auteur narre son pèlerinage jusqu'à Lourdes et dans les lieux qui ont jalonné la vie de Bernadette.
Bernadette, parlons-en. Faut dire que ma connaissance du personnage était vraiment inexistante. Que j'ignorais à quel point elle n'avait pas choisi la vie qui s'est offerte ou même imposée à elle dès lors qu'elle eût la première vision de la "Belle Dame". Que tout ça, ça lui est sûrement tombé dessus et pas que pour le meilleur.
Philippe le Guillou ne met pas de fard sur la dureté du couvent, sur le dépouillement et l'ennui certain dans lequel Bernadette a dû finir sa vie. Loin de ses montagnes, de ses moutons, des grandes perspectives.
Il parle de la jeune paysanne avec beaucoup d'affection, oui je me répète, mais c'est réellement ça qui m'a fait accrocher à ma lecture. Il est croyant et pèlerin mais ce qui transparaît de son texte, c'est qu'il a davantage entrepris son pèlerinage à Lourdes pour marcher dans les traces de la sainte plutôt que pour la grotte et sa source miraculeuse. Je suis mieux parvenue à comprendre sa croyance parce qu'elle s'accroche à l'humanité, plus encore qu'à l'invisible.
Le livre est très court et ne m'a pas donné d'occasions de me moquer de tout ça, et pourtant j'aurais bien voulu pouvoir me moquer de quelque chose, je crois. Mais non, le Guillou est aussi simple que Soubirous, et a un regard très critique sur l'Eglise et comment celle-ci a ostentatoirement pris possession de la vie de Bernadette.
Je pourrais m'étaler longuement. Sincèrement, ce livre m'a permis de me questionner sur plus de choses que je n'étais prête à le reconnaître, et surtout m'a donné une bonne leçon sur mes a priori littéraires.
En bref, vive les mauvaises manip'.