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EAN : 9782080245885
304 pages
Flammarion (18/01/2023)
3.17/5   6 notes
Résumé :
Une interrogation sur le rôle du malheur en littérature. L'auteure montre comment, en aidant à mettre des mots sur les plaies tout en assumant le besoin de garder du sens à l'existence, les récits questionnent la capacité à supporter l'incertitude, à composer avec la catastrophe et arment le lecteur pour affronter l'intolérable.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tout d'abord, merci aux éditions @flammarionlivres et aux équipes de @babelio_ pour cette opportunité 😊

Cet essai se présente comme une réflexion sur l'injustice, le mal, le sort, que nous connaissons au cours d'une vie. Donner du sens à ces injustices a été depuis toujours un des rôles de la philosophie et de la théologie.

En quatrième de couverture, l'autrice nous dit qu'une cour d'appel existe: la littérature.C'est ce qui a attisé ma curiosité pour ce titre.
Nous est donc présenté un choix d'oeuvres pour illustrer la question.
Ma lecture a été instructive, mais je suis restée sur ma faim car l'essai développe une seule reflexion, basée sur l'injustice des épreuves.
Il s'agit plus d'une analyse qui s'appuie sur de grandes oeuvres littéraires ou religieuses pour étayer les propos, qu'un essai, en ce sens qu'il ne s'agit pas d'une série d'idées développées.
Je pensais, au vu de la quatrième, que des situations réelles seraient exploitées, avec une exploration de la littérature. Car la littérature classique n'expose pas forcément des situations vécues par tout un chacun. Or ça n'est pas ça dont il est question.
Par ailleurs, il y a énormément de répétitions de propos, notamment en ce qui concerne Job qui revient quasiment à chaque chapitre, et -vous l'aurez sans doute compris- une grande partie de l'analyse consacrée aux écrits religieux.

Cela dit sans avoir les mêmes attentes ou compréhension/lecture de l'essai que moi, il vous plaira sans aucun doute car il est très bien écrit. Frédérique Leichter-Lack enseigne à Sciences Po Paris.

Malheureusement pas un coup de coeur pour moi
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Depuis » le laboratoire des cas de conscience « (Alma, 2012, republié chez Flammarion, collection Champs au début 2023) la philosophe Frédérique Leichter-Flack mène une réflexion éthique en s'appuyant sur la littérature. Dans cet essai, elle s'interroge sur ce qui se passe quand on est frappé par le malheur, quand on assiste au scandale du mal, quand nous étreint la révolte face au mal qui frappe à l'aveugle des innocents. On a beau savoir qu'il frappe au hasard, nous cherchons une raison, des fautes commises. Nos valeurs sont bouleversées.
La philosophie, la politique et la théologie ont cherché à nous fournir du sens, à nous permettre de supporter la détresse, mais la certitude qu'il y a scandale ne s'efface pas derrière la raison. Avec qui converser sur la souffrance qui nous atteint ou dont nous sommes témoins ? Avec qui partager la douleur ? Avec qui chercher une cause ou un sens ? L'autrice propose la littérature. Non pour effacer le mal, mais pour l'identifier, pour l'affronter, le voir à l'oeuvre sans qu'il nous détruise. Reconnaître l'aléa du mal et tenir bon devant son adversité.

Frédérique Leichter-Flack commence par poser le problème du mal en citant » Coco « , une très courte nouvelle De Maupassant, dans laquelle un enfant laisse volontairement mourir de faim le vieux cheval qu'il devait soigner. On ne saura pas que l'enfant est coupable. Pour accentuer le scandale, la nouvelle se termine par cette phrase : » Et l'herbe poussa drue, verdoyante, vigoureuse, nourrie par le pauvre corps « . Déjà, nous sommes dans la face obscure de la vie, là où il n'y a pas de fin heureuse, pas de salut, pas de rémission, pas de rétribution.
Suit l'histoire de Job qui subit tous les malheurs : la perte de ses dix enfants, de ses biens matériels, une maladie de peau qui le fait souffrir. Ses amis ne veulent pas croire à l'injustice et sont persuadés qu'il a mérité son sort. Mais Job refuse de se reconnaître coupable, puisqu'il ne l'est pas, et cherche le sens de cette injustice. À la fin du livre, il retrouve de nouveaux enfants, ses biens, la santé. Mais que fait-on de ses larmes, de ses cicatrices ? » La thèse de la rétribution ne peut pas faire sens : son malheur est si disproportionné que rien ne peut valoir un tel excès de malheur » .dit la philosophe. Impuissant, on ne peut qu'assister et éprouver le malheur de Job, quelle que soit la lecture politique ou théologique que l'on pratique.

On continue à supporter des malheurs et des souffrances avec la triste fin du roi Lear face à la mort de sa fille Cordélia, avec Jane Eyre qui ne comprend pas la passivité de Helen Burns, avec Edmond Dantès qui devient comte de Monte-Cristo pour se venger des hommes, avec « Yossel Rakover s'adresse à Dieu » qui lui reproche d'avoir « voilé Sa face » et laissé les hommes livrés à leurs plus bas instincts, avec Joseph Roth dont le roman « Nemesis » raconte la mort d'enfants atteints par la polio que leur aurait transmis leur animateur dont la vie est brisée par la culpabilité…

On comprend la force de la littérature qui assume son ignorance, qui se tait, qui ne cherche pas à expliquer, qui ne donne pas de fin heureuse. Les romans qui racontent des histoires qui finissent mal, que nous aimons lire, nous aident à mettre des mots sur la réalité d'un monde où le mal frappe au hasard, sans raison, à ne pas attendre de réparation. Ils nous aident à préserver un sens à notre existence, à ne pas sombrer, à dire comme Sonia à son oncle Vania, « Nous allons vivre, […] nous allons travailler avec les autres […] et quand notre heure sera venue, nous mourrons […] et nous nous reposerons… nous nous reposerons ».
Lien : https://lecturesdereves.word..
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Pourquoi le mal frappe les gens bien ? Vaste question auquel essaie de répondre cet essai / documentaire par le biais de la littérature.
Le prologue m'a happé car l'autrice évoque Maupassant dont je suis férue, ça commence plutôt bien ;)
Puis c'est tout un panorama de la littérature qui y est convoqué, du Comte de Monte Cristo, Jane Eyre, Shakespeare, Cendrillon, Thomas Hardy (ah la vie de Tess on en parle ou bien ?).... mais aussi sur des écrits religieux.
Découpé en 12 chapitres sur des thématiques comme la souffrance, affronter le pire, l'infortune, le destin, les limites et Dieu. J'ai trouvé ce livre bien construit, bien développé à travers les nombreux exemples.
Un livre qui se laisse lire sans difficulté, j'aurais aimé des exemples pris dans la réalité pour comparer, ou au moins les confronter.
Je remercie les éditions Flammarion et Babelio pour les masse critique
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critiques presse (1)
NonFiction
20 mars 2023
Philosophie et théologie offrent peu de consolation face au scandale du mal, mais la littérature offre un dialogue thérapeutique qui mène à la guérison.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
… que nous font les récits quant au mal, quand au besoin de rétribution ? Ce livre part d'une hésitation. Car d'un côté, ces textes nous aident à affronter l'enjeu, à trouver des compromis acceptables, à mettre des mots sur des plaies à vif, en prenant en charge le scandale, de sorte que nous puissions continuer à vivre même dans un monde où des innocents souffrent quand nous ne pouvons pas l'empêcher. Mais d'un autre côté, il fabrique pour nous de toutes pièces, à la manière d'une cruelle expérience morale, le problème que nous cherchons ensuite à déconstruire par eux. Quand les catastrophes s'abattent sur les gens qui le méritaient le moins… Le sentiment d'outrage face à l'injustice du sort n'est-il pas suscité par cette manière de mettre en forme l’épreuve qui nous tourmente ? Notre besoin de rétribution n'a-t-il pas été façonné par notre goût des récits ? Tous les malheurs de Job ne viennent-ils pas de ce que l'on a entrepris de raconter son histoire ?
C'est ce nœud entre le problème du mal et l'art du récit que je voulais explorer en mettant ce thème au programme de mes cours. Je ne savais pas très bien où j'allais, au début, mais j'avais une intuition forte : le poison peut aussi être l'antidote. Il n'y avait pas à craindre pour les étudiants. Non, ces lectures n'allaient pas les abîmer. Bien sûr, ils en seraient affectés, mais ce ne serait pas un mal. Cette exploration morale que nous allions faire ensemble, cette expérience émotionnelle que nous allions traverser en acceptant de sortir un moment de notre condition pour regarder avec empathie se débattre tous ces personnages dont nous avons la chance de ne pas partager le sort, c'est une ressource pour la vie. La littérature offre des expériences morales protégées. Dans un roman, dans une pièce de théâtre, tout ce qui est pensé, traversé, éprouvé, essayé, c'est autant de gagné sur l'effet de surprise par lequel le réel vous prend en traître. La chute de Coco, je ne sais pas ce que Maupassant en attendait, lui, mais je savais par expérience - au moins pour avoir géré ce défi en famille - qu'il fallait en faire quelque chose, élaborer autour, se battre avec ses propres émotions pour conserver du sens au monde. Sinon, on peut très bien devenir fou, le jour où – deuil, ruine, accident, maladie, trahison ou même chagrin d'amour - on rencontre le mal en vrai. Comme le vieux roi Lear, hurlant au démon sur la lande au milieu de la tempête déchaînée, misérable et nu, trompé et trahi par ses filles à qui il avait tout donné.
Car si cette image nous hante, elle nous protège aussi. Paradoxalement, ces textes littéraires qui nous plantent un poignard dans le cœur, qui vous obligent à regarder en face les béances d'un monde livré au mal où le malheur distribue ses coups à l'aveugle sans regarder au mérite, où l’injustice règne en maître et où il n'y a pas de réparation qui tienne, je crois qu'ils sont là aussi pour préserver notre raison. Ils nous épargnent en prenant pour nous le premier coup, celui qui vient par surprise. En assumant notre besoin de garder du sens à l'existence, malgré l'idée du malheur, malgré l'injustice, malgré le soupçon que le monde s'en moque, ils nous gardent droits dans l'adversité, solides pugnaces.
Frédérique Leichter-Flack POURQUOI LE MAL FRAPPE LES GENS BIEN ? Flammarion 2023 Page 16 17 18.
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La littérature face au vertige de l'indicible.
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