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Sylvie Cohen (Traducteur)
EAN : 9782070127214
208 pages
Gallimard (14/01/2010)
3.63/5   77 notes
Résumé :
Nous voici à Tel-Ilan, un village centenaire fondé par les pionniers bien avant la création de l'État d'Israël. Une petite communauté y vit entourée de vignes et de vergers, et la vie semble s'écouler paisiblement.
Depuis quelque temps pourtant, les gens de la ville envahissent les rues du bourg au moment du shabbat et, avec eux, la spéculation immobilière et la vulgarité.
Mais Pessah Kedem, ancien membre de la Knesset, est un vieillard inquiet pour d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Tel-llan, en Israël. « C'était un village somnolent, vieux d'un siècle au moins. » (p. 50) Les habitants n'y sont pas très nombreux et tous se connaissent. Arieh Zelnik profite de sa retraite et s'occupe de sa vieille mère. Gili Steiner, le médecin, attend son neveu Gideon. « Qui n'est pas là le soir, viendra le lendemain matin, ou alors à midi. Tout le monde finit par arriver un jour ou l'autre. » (p. 28) Pessah Kedem, ancien député, est convaincu que quelqu'un creuse la nuit sous sa maison. Sa fille, Rachel Franco, regarde s'écouler les années entre le lycée où elle enseigne et son père dont elle s'occupe. Yossi Sassan, l'agent immobilier, visite l'étrange maison de l'écrivain Eldad Rubin. Béni Anni, le maire, cherche sa femme. le jeune Kobi Ezra ne sait pas comment avouer son amour brûlant pour Ada Devash, la bibliothécaire. Dahlia et Abraham Levine réunissent la chorale tous les mois.

Ces tableaux isolés composent une histoire commune qui pourrait être celle de n'importe quel village dans n'importe quel pays. Sauf que plane le funeste fantôme de la Shoah dans toutes les mémoires, et l'actualité, bien qu'éloignée, ne peut être ignorée. « Si l'on prend un peu de recul, il est évident que nous méritons la haine et le mépris. Peut-être même la compassion. Sauf que les Arabes ne peuvent pas avoir pitié de nous, vu qu'ils excitent celle du monde entier. » (p. 68) le village est comme suspendu, presque arrêté en plein temps. À la fois immuable et pétrifié. Témoin figé du temps qui passe et stèle posée sur l'histoire. « Tel-Ilan était un village séculaire environné de champs et de vergers. » (p. 124) Mais cette immobilité n'est pas le calme ou la sérénité. Il va se passer quelque chose. Certains désirs contrariés et autres légers malaises prendront tout leur sens au terme du recueil. Des gens arrivent que l'on n'attendait pas et ceux qu'on espérait manquent à l'appel. Des incidents qui semblent mineurs sont en réalité de tristes augures qui annoncent l'avenir apocalyptique du village. « J'aurais juré sentir une présence rampant dans les ténèbres opaques, derrière mon dos. D'où venait-elle, où se dirigeait-elle ? Mystère. » (p. 191)

Pour une première lecture de cet auteur, je suis époustouflée. Je suis très difficile avec les nouvelles et celles d'Amos Oz sont riches des qualités que j'affectionne. Courtes et concises, éloquentes mais non bavardes, avec des chutes qui n'auraient pas pu être différentes. Je pressentais qu'Amos Oz était un auteur que je pouvais apprécier. C'est bien le cas et j'en suis ravie. Il ne me reste qu'à découvrir le reste de son oeuvre.
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Huit nouvelles majoritairement légères, parfois étonnantes et irrégulières... Irrégularité dans le contenu qui parfois, laisse plutôt insensible. Très enthousiaste au départ, je me suis lassée, petit à petit... Une préférence pour Les proches, puis pour Les étrangers. La dernière nouvelle, Ailleurs, dans un autre temps, bouscule radicalement le lecteur... Noire, terrible, déstabilisante... Très loin de l'atmosphère des sept autres, ce point final désappointe et apparaît non comme la fin du livre mais comme un commencement. le début d'une autre histoire, radicalement sombre et mystérieuse.

" - A quoi riment ces palabres ? bougonna le vieux fossoyeur. le soleil est déjà haut dans le ciel, l'homme blanc que nous avons vu, ou cru voir, a disparu derrière les marais. Parler ne sert à rien. Il va faire encore très chaud aujourd'hui. Il faut aller travailler. Que ceux qui le peuvent peinent en silence. Ceux qui n'en sont plus capables n'ont plus qu'à mourir. C'est fini."
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Étrange recueil de nouvelles qui mêlent le réalisme d'un village de l'espace rural israélien et le fantastique. Les nouvelles s'égrènent comme les perles d'un collier, reliées entre elles par les personnages qui, de protagonistes d'une nouvelle , passent à personnages de soutien dans la suivante. L'ensemble brosse un portrait intéressant de la vie quotidienne du village de Tel-Ilan dont l'environnement invite a priori à un bonheur paisible. Cependant, on sent aussi qu'il s'agit d'un état précaire, menacé par des intrusions —réelles ou imaginaires, on ne sait — par la force de l'habitude peut-être et sûrement l'usure du temps.
J'ai aimé l'écriture et le dépaysement; mais j'ai aussi été frustrée par les fins en « queue de poisson » peu après que je me sois attachée aux protagonistes.
Tout ça pour justifier la note moyenne de trois étoiles que j'ai attribué à ma lecture.
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Dans chaque communauté, arrivent des intrus, se faufilent des inconnus, disparaissent des connus. En chaque homme ou femme, perdure une partie d'ombre, sournoise, perfide,cupide,honteuse ou violente, prête à surgir de la boite de Pandore à tout instant.
Amos Oz (romancier et journaliste Israélien récompensé par le prix Fémina étranger pour La boite noire, "partisan d'une solution d'un double état au conflit israélo-palestinien") campe le décor de ses nouvelles aigre-douces: Scènes de la vie villageoise dans le village "séculaire" et paisible (vu de l'extérieur) de Tel-Ilan.
Avec un sens exacerbé du détail descriptif (ex: Wolf Maftzir, l'inconnu sans gêne de la première nouvelle a de "rares cheveux filasses", une peau fripée"..comme un "jabot de dindon", de "longs bras de chimpanzé"... ce qui nous le rend antipathique dés le prime abord), Amos Oz, prend quelques figures de proue du village: la doctoresse, une enseignante et son père "ancien membre de la Knesset",un étudiant arabe,le maire,la fille d'un écrivain,un agent immobilier,la bibliothécaire,un adolescent perturbé,un couple dont le fils s'est suicidé,les membres d'une chorale...pour les mettre dans une situation déstabilisante.
C'est à qui rêve de liberté retrouvée en trouvant un moyen commode de se débarrasser d'un parent par trop encombrant,c'est à qui attend en vain, c'est à qui entend des bruits suspects,c'est à qui éjacule précocément par trop d'émotivité,c'est à qui veut s'approprier un bien pour le détruire et faire une affaire juteuse, c'est à qui voit un jeune nu et "bien membré" danser comme un fou sur la colline....c'est à qui voit les conséquences que de simples pensées entrainent et font émerger.
Bizarres, et glauques, ces nouvelles,pouvant être lues comme un roman laissent une impression de malaise sous-jacent. Chacun porte-til en lui "une présence rampant dans les ténèbres" semble interroger l'auteur si justement?
De quel côté se trouve le bien ou le mal? Juif ou arabe? Chacun a sans doute un peu des deux en lui sans distinction de race ni de religion.Celui qui pense à mal n'entend-il pas les bombardements siffler au-dessus de sa tête?
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Le reproche qui est souvent fait aux recueils de nouvelles est leur manque de cohésion, d'homogénéité. Reproche que l'on ne saurait faire à ce titre d'Amos Oz, dont les textes sont liés par un point commun qui les cimente en une habile et solide construction : le village de Tel-Ilan.

Chaque récit, qui s'attarde sur l'un de ses habitants, représente ainsi une facette de cette bourgade séculaire, environnée de champs, de vignes et de vergers, dominée par le Mont Manassé, dont les nuits apparemment paisibles sont parfois traversées du cri d'un chacal, ou du miaulement des chats errants fouillant les poubelles.
Une bourgade qui connait des mutations, devenant peu à peu un lieu de villégiature secondaire. Les étrangers, venus de la ville, y sont de plus en plus nombreux, créant une effervescence jusqu'alors inconnue de ce village où tout le monde se connaissait... le samedi, les voitures envahissent le centre. Quant aux natifs, si certains s'obstinent à vivre de l'agriculture, la plupart ont affermé leurs terres pour se reconvertir dans les chambres d'hôtes, les commerce ou les restaurants, quand ils ne travaillent pas à l'extérieur.

Comme en écho à ces évolutions, Amos Oz s'attarde entre autres, dans ces "Scènes de vie villageoise", sur les rapports qu'entretiennent ses personnages quadragénaires ou quinquagénaires avec des parents dont ils assument la charge, opposant cette responsabilité à la rupture du lien entre ces mêmes personnages et leurs propres enfants, avec lesquels ils n'ont quasiment plus de rapport..

Dans "Les héritiers", Arieh Zelnik, que sa femme a quitté trois ans auparavant, et qui n'a plus de contact avec ses grands enfants, a quitté l'obscurité paniquante de son appartement vide pour retourner vivre dans la maison familiale, auprès de sa mère, une sourde et taciturne nonagénaire. Il apprécie son environnement paisible et bucolique, mais se laisse aller à d'inavouables rêves éveillés, où, contraint de placer sa mère en établissement spécialisé, il pourrait accueillir une nouvelle jeune et belle épouse... Un importun se prétendant de sa famille, dégingandé et mal fagoté mais très sûr de lui et d'un enthousiasme intrusif, fait un jour irruption dans son jardin...

"Les proches" met en scène le médecin de Tel-Ilan, Gili Steiner, vieille fille maigre et sèche, venue attendre à l'arrêt de bus du village son neveu Gideon, fils de la soeur avec laquelle elle est fâchée, et qui arrive de Tel Aviv. Elle aime plus que quiconque au monde ce jeune homme distrait et silencieux, qui fut un enfant indolent et rêveur, avec lequel s'est instauré, au fil de ses "séjours à la campagne", une relation profonde. Mais le bus arrive, et Gideon n'en descend pas...

On passera ensuite un moment avec Pessah Kedem, ex-député, vieillard bossu, aigri et râleur, hostile à la modernité, sa fille Rachel, professeur et jolie veuve de quarante-cinq chez laquelle il est hébergée, et Adel, un jeune étudiant ayant interrompu ses études pour se consacrer à un ouvrage comparant la vie de villages arabe et juif, qui loue une chambre chez les Kedem, et que Pessah traite avec une méprisante hostilité.
Depuis quelque temps, le père de Rachel se plaint d'entendre chaque nuit creuser dans les fondations de leur maison...

Dans "Perdre" puis "Attendre", ce sont respectivement l'agent immobilier puis le maire du village qui sont mis en scène. le premier est ravi de recevoir l'appel de la veuve du célèbre écrivain du village Eldad Rubin, dont il convoitait jusqu'à présent en vain la vieille maison décrépite et tarabiscotée, datant de la création du village, qu'il souhaite détruire pour en revendre le terrain. Mme Rubin a surement changer d'avis... Se rendant sur place pour se le faire confirmer, il est accueilli par la fille du défunt écrivain.
Le second reçoit quant à lui un message moins réjouissant, porté par Adel (le jeune arabe hébergé chez Rachel), qui ayant croisé la femme du maire, s'est vu remettre un billet dans lequel elle invite son époux à ne pas s'inquiéter pour elle...

Après un épisode ("Les étrangers") évoquant la passion sans espoir du frêle et sensible Kobi Ezra, âgé de dix-sept ans, pour la bibliothécaire du village, une trentenaire divorcée, potelée et chaleureuse, "Chanter" regroupe plusieurs des protagonistes rencontrés dans les textes précédents, réunis pour leur répétition mensuelle chez un couple d'amis dont la femme s'occupe de la chorale de Tel-Ilan. Une information entendue à la radio, annonçant la réussite d'une mission militaire israélienne, y est commentée, suscitant des réactions contradictoires.

Je passe sur le dernier texte, d'un glauque oppressant, dont je n'ai surtout pas compris le lien avec le reste du recueil.

J'ai beaucoup apprécié cette balade à Tel-Ilan, l'auteur nous rendant certains de ses lieux familiers, en les évoquant dans plusieurs des nouvelles, tel le Parc du souvenir, square que l'on traverse, dans lequel on fait de curieuses rencontres, sur les bancs duquel on s'assoit... mais ce qui m'a sans doute emballée le plus, c'est l'étrangeté de l'atmosphère dont il colore son recueil, lançant d'inquiétantes énigmes dont il livre rarement la clé, concluant ses textes par des portes laissées ouvertes sur un mystère dont le lecteur n'a plus qu'à imaginer la nature. Certains de ses personnages sont pris de l'inexplicable et pressant sentiments d'être investis d'une mission cruciale dont ils ignorent les modalités et l'objectif, d'autres vivent des événements troublants, inquiétants, et à la limite du surnaturel...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Et quand elle enfouit sa tête dans le creux de mon épaule, sa chaleur irradia jusque dans ma chair, m'emplissant d'une joie indicible plus forte que le désir, refrénant mes pulsions. Elle-même d'ailleurs ne m'étreignait pas avec passion, mais comme pour m'éviter de trébucher, en quelque sorte.
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"(...) - Un jour, avant, il y a longtemps, on s'aimait un peu. Pas tout le monde. Pas beaucoup. Pas toujours. Par-ci par-là. Mais maintenant ? A notre époque ? Les cœurs sont morts. C'est fini.
- Tu pourrais fermer la porte à cause des moustiques, papa ?
- Pourquoi les cœurs sont-ils morts ? Tu le sais, toi ? Non ?"
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(Un sèche-linge électrique? éructait le vieillard. À quoi ça sert? Le soleil est-il à la retraite? Les cordes à linge se seraient-elles converties à l'islam?)
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- Vous êtes quelqu'un de gai. Le désespoir ne vous atteint pas.
- Non, ce n'est pas ça. Disons qu'il ne m'attire pas vraiment.
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En chaque adulte, sommeille l'enfant qu'il était jadis méditai-je. Chez certains, il est toujours vivant, chez d'autres, définitivement mort.
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Vidéo de Amos Oz
1/10 Amos Oz : Ailleurs peut-être (France Culture - Adaptation radiophonique). Diffusion sur France Culture du 20 juin au 1er juillet 2016. Photographie : Arad. Amos Oz. 2004 © MICHA BAR AM / MAGNUM PHOTOS. La vie de tous les jours dans un kibboutz imaginaire des années 60, décrite par un des plus grands écrivains israéliens contemporains. Roman traduit de l’hébreu par Judith Kauffmann. Adaptation : Victoria Kaario. Réalisation : Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière. Ce feuilleton en dix épisodes est l’adaptation du premier roman d’Amos Oz, « Ailleurs peut-être », publié aux Éditions Gallimard. Amos Oz y dépeint la vie des membres d’un kibboutz imaginaire, celui de Metsoudat-Ram, dans les années soixante. Sur le fil d’une année, Ezra, Reouven, Bronka, Noga et les autres, s’aiment, se trompent, se quittent, font des enfants, légitimes ou pas. Et ces drames intimes qui jalonnent le récit n’entravent en rien la marche de la vie collective, rythmée tant par les célébrations communistes que par les rumeurs qui empoisonnent la vie des villageois. 1er épisode : Un village idyllique, Messieurs-dames 2ème épisode : Le charme de la banalité quotidienne 3ème épisode : Le Premier Mai 4ème épisode : Puissance du mal 5ème épisode : Deux femmes 6ème épisode : Soirées poétiques 7ème épisode : Un personnage diabolique 8ème épisode : Tu es à nous 9ème épisode : Idylle familiale 10ème épisode : Tableau final Avec : Violaine Schwartz, Quentin Baillot, Jean-Gabriel Nordmann, Evelyne Guimmara, Mohamed Rouabhi, Christine Culerier, Rebecca Stella, Nicolas Lê Quang et bien d’autres Bruitage : Sophie Bissantz Equipe de réalisation : Bernard Lagnel et Anil Bhosle Assistante de réalisation : Julie Gainet Source : France Culture
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Amos Oz (1939-2018) R.I.P

Mon père parlait 11 langues, mais il a fait mon éducation en Hébreu, j'étais alors un « petit chauvin déguisé en pacifiste». Un «nationaliste hypocrite et doucereux », un « fanatique », qui jouait à la guerre et s’enflammait contre les Anglais et les Arabes, j'étais, j'étais, comme une panthère dans la .....?......

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