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Jacques Pimpaneau (Traducteur)
EAN : 9782877305846
192 pages
Editions Picquier (22/03/2002)
3/5   4 notes
Résumé :
Ce recueil d'anecdotes datant du Vème siècle est devenu en Chine un classique de morale politique en même temps qu'un manuel de savoir -vivre, une philosophie qui n'aurait d'équivalent que dans le mot "libertin" de notre XVIIème siècle français. L'auteur a divisé son anthologie en vingt chapitres. Des phrases lapidaires et de brèves histoires qui nous parlent aujourd'hui du mépris, de la tromperie, de la mesquinerie ou encore de l'habileté.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cet ouvrage de morale politique d'une époque et d'une contrée dont nous ignorons beaucoup pourrait nous instruire sur l'âme qu'il reste à insuffler aujourd'hui à notre morale politique. Qui c'est que ça intéresse de toute façon ? Voilà ce que nous répondons après des années de lénifiante moraline virtuelle. Les chinetoques d'antan savaient quant à eux s'adresser au peuple. de ses gouvernants, qui d'aller se trimballer des seaux en philosophant sur l'équanimité, et qui de labourer le sol pour cultiver son potager, et qui de se promener tranquillement sur les sentiers sans se sentir obligé de rouler des mécaniques pour la une du paris match.


La politique n'est qu'une déviation des comportements humains les plus répandus. C'est ainsi que la seconde partie du livre reviendra aux sources de toutes les impérities commises dans le milieu politique : la nature humaine. Vertus, comportements, qualités, défauts, types psychologiques, contextualisation, tout le monde pourra faire la sauce qu'il veut avec ces ingrédients plus ou moins bien réputés et s'en remplir un petit baluchon pour passer l'été bien à l'ombre (il me restera ainsi tout le soleil). Nature humaine oblige, les réflexions consacrées aux pouvoirs du pinard sont éloquentes.


« Wang Foda disait : « Trois jours sans boire de vin et j'ai l'impression que mon corps et mon esprit ne s'entendent plus entre eux. »


Admirez la constance d'un homme qui arrive déjà à passer trois jours sans se verser un petit ballon au fond du gosier. Ne nous dites pas que notre chef présidentiel actuel n'a pas lu ce manuel de vie selon le Tao. Il est flagrant que le pinard fait partie de son quotidien mais, en buvant tous les jours, il ne connaît que la sensation fallacieuse de posséder un corps et un esprit qui s'entendent dans la plus parfaite harmonie.


« Bi Maoshi disait : « Un crabe dans une main, une tasse de vin dans l'autre, et flotter sur un étang de vin, voilà qui suffit pour toute une vie. »


Anecdote rendue plus intriguante dans l'arrangement suggéré par la disposition des objets du délit. Une tasse de vin dans la main, d'accord, mais pourquoi un crabe dans l'autre ? N'aurait-il pas mieux valu une autre tasse de vin, ou peut-être une bière ? D'ailleurs, il est étonnant de trouver très peu d'allusions au saké. Est-ce une faute de traduction ? Il est très probable que le traducteur, afin de s'adapter au chauvinisme du lecteur français, ait remplacé les occurrences « saké » par des références au rouge qui tache.


Enfin, la dernière :


« Liu Ling se livrait souvent à la boisson de façon débridée et il lui arrivait alors d'ôter ses habits et de déambuler nu chez lui, ce qui lui valait des critiques. Mais lui répondait : « Je fais de l'univers ma maison, et de ma maison mon pantalon. Qu'avez-vous à vouloir entrer dans mon pantalon ? »


Une parole de bourré parmi tant d'autres. Les paroles de bourrés sont celles qui inspirent le mieux la postérité, ainsi n'est-ce peut-être pas un hasard si le bouquin le plus imbuvable de Beckett porte justement ce titre : le monde et le pantalon. Mais qu'apprenons-nous de puissant finalement à travers cette anecdote ? Tout alcoolique, une fois bien éthylisé, adopte un comportement décalé qui est à la fois sa signature et son pas de traviole. Enfin aimè-je à adopter une conduite de leader lors de mes cuites les plus navrantes, conduisant ma troupe de compagnons gerbants dans les coins les plus perdus de la ville, ne cessant d'assurer : je connais un raccourci qui nous ramènera le plus rapidement possible aux saints pieux de la gueule de bois. Epuisés au milieu de la ville, nous dégueulions alors dans les vastes pots de fleurs du quartier business de la part-dieu. Est-ce donc cela, ma personnalité cachée ? Plût-il à Dieu que je préférasse faire l'hélico avec mon zeub, si toutefois j'en avais eu un.


Lire des choses grandioses ne rend pas forcément plus subtil ni plus intelligent, c'est la seule chose qu'il vous faut ici retenir.
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Traduit du chinois et présenté par jacques Pimpaneau
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La diversité et les transformations de tout ce qui existe dans l’univers ressemblent à un essaim d’abeilles sortant du nid. L’attachement au vide côtoie le besoin du plein, le goût de l’exagération voisine avec celui de la sincérité, l’action lente et minutieuse existe conjointement avec l’activité fébrile qui survole. Aussi l’univers n’est-il unifiable que par un souverain sage.
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Respectez l’esprit des rites et non la lettre, la réalité et non les belles apparences. Si vous pratiquez vraiment la vertu, vous pouvez emprunter n’importe quelle voie. C’est pourquoi le sage, devant l’aspect séduisant de quelqu’un, n’omet jamais de scruter sa vraie nature.
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Si je dis […] qu’il y a une conscience après la mort, je crains que les enfants dévoués à leurs parents ne se fassent tellement de souci toute la journée pour leurs défunts que leur vie normale n’en soit entravée. Si je dis qu’il n’y a pas de conscience, j’ai peur que ceux qui n’aiment pas leurs parents n’abandonnent leurs cadavres sans même s’occuper de leurs funérailles. Quant à savoir si l’on a encore conscience ou pas après la mort, il te faudra attendre de mourir ; il sera bien assez tôt.
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Notre maître nous a appris que celui qui inventait des mécanismes habiles devenait la victime de ces inventions. Ce n’est pas que nous ne sachions pas fabriquer un balancier, c’est que nous le refusons. Passez votre chemin ; nous voulons nous consacrer à notre arrosage sans rien changer.
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La plupart des gens ne peuvent atteindre le niveau des sages et, alors qu’ils s’aperçoivent que l’autre en sait dix fois plus qu’eux, ils continuent à argumenter et se prétendent supérieurs. Si l’autre les dépasse de cent coudées, ils essaient de trouver la petite bête ; et si l’autre est mille fois mieux qu’eux, ils le raillent et affichent de l’incrédulité. C’est pourquoi on ne peut louer le peuple à la légère ; on ne peut que le traiter comme un troupeau qu’il faut nourrir. Puisqu’on ne doit pas le tyranniser, mais seulement lui donner des directives, faute de pouvoir persuader chaque foyer, on ne peut que lui fournir des exemples et des modèles.
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