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EAN : 9782267026337
427 pages
Christian Bourgois Editeur (03/04/2014)
4/5   13 notes
Résumé :
Un dimanche de Pâques. Il pleut sans discontinuer sur Lisbonne. Une femme se meurt, veillée par ses enfants qui s'entre-déchirent. Tour à tour, ils se remémorent les heures fastes de leur histoire, lorsque l'élevage de taureaux de combat faisait la fierté et la prospérité de la famille des Marques. Mais ils sondent aussi les recoins les plus sombres de leurs existences. Francisco, João, Ana, Beatriz et Mercília, la vieille servante : tous font entendre leurs crainte... >Voir plus
Que lire après Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
cCest un roman fragmenté, polyphonique, sans syntaxe dans les chapitres. L'apparition d'un point final va signer le changement de narrateur et de chapitre. C'est une écriture du ressassement, une logorrhée à forte composante poétique dont le sujet principal est l'agonie d'une mère de famille un dimanche de Pâques à Lisbonne.

L'écriture de l'auteur se veut transparente parce que tous les éléments : voix, réalité, fiction, mensonge, vérité, rêve, etc, se superposent et se répètent tout au long du récit dans un but incantatoire comme une fuite de la pensée.

Cette lecture me fût ardue. Autant j'ai apprécié la teneur que détesté la forme. Trouver qui était le narrateur du chapitre, était pour moi une difficulté permanente; de plus, il y a souvent un mélange de discours entre quelques morts (le père, la fille Rita, quelques ancêtres) et les vivants . Heureusement, un soupçon d'humour très noir suinte par moments et déride un peu la lecture.

Commençons par analyser le titre du livre ; je l'ai trouvé très beau et poétique, ambigu et nostalgique. Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre dans la mer? C'est une phrase qui revient tout le long du livre, lancinante, et qui est en rapport avec la fille aînée de cette famille toxique : Beatriz, une « toquée » selon la mère.

L'auteur s'est inspiré de différentes parties de la corrida de taureaux portugaise ou tourada pour les chapitres (corrida à cheval, comme dans le sud de la France) : tercio de banderilles, faena, suerte, probablement parce que la corrida se termine par l'estocade finale et un dernier soupir.

C'est un texte de 400 pages pour les 6 heures qui précédent la mort de la mère.

La famille Marques, autrefois de riches éleveurs de taureaux et de chevaux, sont aujourd'hui ruinés et en pleine décadence. le père est déjà mort et c'est lui qui a ruiné la famille en dilapidant la fortune au casino et dépensant de l'argent avec des maitresses. La fortune venait essentiellement de la mère qui est aujourd'hui à l'agonie. Alors tous les enfants défilent à son chevet, emmêlés de leurs souvenirs ordonnés en idées qui se répètent jusqu'au vertige. Il y a tout un chapitre avec une seule phrase (plus fort que Proust Lobo Antunes, car la phrase de Proust ce sont quelques pages seulement).

Aujourd'hui leur quinta (grande demeure campagnarde) n'est plus ce qu'elle était. Néanmoins y réside encore un fils bâtard et anormal, dont on ne prononce pas le prénom, et qu'on ne montre pas aux visites. Il a été laissé par la famille aux commis lorsqu'ils sont partis s'installer à Lisbonne.

La mère de famille n'a jamais été une mère aimante; elle les a plus ou moins laissés au soins de Mercilia, la bonne à tout faire (Mercilia qui est aussi une bâtarde du grand père Marques) et qui avait déjà pris soin de la mère. La mère se demande souvent ce qu'elle a fait au bon Dieu pour mériter des enfants pareils…

L'aînée est Beatriz, abandonnée par deux maris et qui rêve de l'ombre des chevaux (ici le psychiatre-auteur aurait pu nous interpréter cette obsession), considérée comme une toquée par la mère; puis il y a Francisco qui attend la mort de la mère pour tout rafler (du moins ce qu'il en reste) et partir loin de tous; Francisco a passé son temps à jongler avec le compte en banque et la mauvaise exploitation de la quinta, il en veut à tous (…le cortège d'imbéciles les appelle-t-il) ; la première chose qu'il fera après le dernier soupir de sa mère ce sera de virer cette pauvre Mercilia qui les a élevés comme les enfants qu'elle n'a pas eu. Puis il y a Ana, la laide, tellement laide que sa mère doute qu'elle soit sa fille; Ana est droguée et ne vit que pour ses doses, elle vole tout le temps et elle est capable de voler même cette pauvre Mercilia; c'est l'archetype de la junkie, elle est fantasmale, elle a tellement quémandé de l'amour à un père fantasque et absent. le petit dernier est Joao, il est pédophile et vit en fonction des virées qu'il fait dans un parc pour ramasser des petits garçons. Et il y a Rita, morte jeune d'un cancer, elle rôde encore dans l'esprit des uns et des autres, elle trainait aussi des casseroles la pauvrette.
Chacun de ces personnages « merveilleux » assume un chapitre de la narration, nous avons la triste saga d'une famille où affleure la rancoeur, les non-dits, des déchirements, les jalousies, des gestes non accomplis…

Lecture difficile quoique intéressante.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Un très beau titre, une belle couverture.

Si j'avais lu le 4ème de couverture, je n'aurais peut être pas emprunté ce livre à la bibliothèque. La famille est réunie pour veiller la mère qui se meurt. Triste dimanche de Pâques pluvieux à Lisbonne.

Souvenirs d'enfance, secrets de famille resurgissent, jalousies, ressentiments.

C'est un livre choral d'une lecture difficile. Peu ou pas de ponctuation. Des phrases hachées, même des mots coupés. On ne sait pas qui est le narrateur. La phrase est coupée par une parenthèse en incise, ou une interjection "-toi," ou "-ma fille". Qui est donc intervenu? les récits s'entrecroisent.

Chacun garde son quant à soi. Il y a peu de dialogue, peu d'échange entre les frères et soeurs.Francisco cherche à tirer profit des restes de la fortune perdue. du mépris pour Ana, la laide, la droguée qui fouille à la recherche de quelque objet de valeur. Peu de compassion non plus pour Joao, qui drague les garçons au parc. Qui est donc ce mystérieux frère caché à la quinta? Les disparus aussi interviennent.
Il m'a fallu, une bonne centaine de pages pour m'y retrouver. J'ai envisagé abandonner. Puis, je me suis laissé emporter par les phrases poétiques, par la sensibilité de l'auteur.

Le 4ème de couverture annonce une tragédie, comme une corrida.Je ne connais rien à la tauromachie. Je n'ai pas pu apprécier les allusions, ni comprendre le plan.

un auteur à suivre.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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On est hantés, même après avoir refermé ce livre, par les personnages -on pourrait presque dire les personnes- tant leur voix sont puissantes et suivent au plus près les mouvements de leur vie intérieure. Un chef d'oeuvre d'écriture et d'humanité.
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critiques presse (1)
LeFigaro
17 avril 2014
Un roman polyphonique envoûtant sur la mort d'une mère à Lisbonne le jour de Pâques.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
… il y a eu des moments où j’ai presque aimé mon père mais je me suis libéré à temps, celui qui commence à se soucier des gens ne peut plus s’en préserver et ensuite la souffrance de l’absence, la jalousie, des histoires embrouillées qui entravent le raisonnement et empoisonnent la vie…
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j'ai laissé tomber la quinta, je me suis réjouie que les chevaux cessent de jeter leur ombre sur la mer et voilà tout, je ne prête pas attention, Mercilia dans l'autocar, ma soeur Ana dans le terrain vague, mon frère Joao dans le parc, moi assise pas dans la voiture, seule sur une des marches conduisant à la plage pas plus occupée à regarder les lumières des bateaux, j'écoute et ce ne sont pas les vagues que j'entends, c'est le silence à l'intérieur des vagues et les voix qui m'accompagnent depuis toujours et dès que les voix se seront tues je me lèverai et je rentrerai à la maison.
(flux de conscience de Beatriz)
(page 427)
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et qu'on n'entend même pas le congélateur zonzonner ni la coriandre pousser dans la boîte de conserve, peut-être que das la chambre aux armoires où on ne rangeait absolument rien si ce n'est des phrases non dites, des gestes non accomplis et le souvenir de ma grand-mère accumulant des rancoeurs

et l'image de la sainte avec sa flamme au-dessous qui oscillait au lieu de nous éclairer mais qui n'a jamais entendu une sainte, ce sont les saintes qui nous entendent et nous jugent, le loueur a tiré la barque avec le crochet en épouvantant les cygnes, je me rappelle des cèdres
(page 105)
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mon frère Francisco ne pleure pas, ma soeur Ana ne pleure pas, on ne nous a pas appris à souffrir, je n'ai pas souffert, je ne comprends pas la mort, je comprends les clous sur le sable invisible, qui peut m'assurer que pas l'empreinte d'un monstre du livre d'histoire surpris d'exister, une seconde pension qui s'appelait hôtel Boavista déserte, le patron peignant sur une enseigne hôtel Bellevue espérant des Français ou des Belges ou des gens instruits en langues complexes
(flux de conscience de Rita, la fille morte)
(page 262)
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du côté des tombes où des petits vases renversés et des fleurs en fil de fer par terre, qui se souviendra de moi un jour, que deviendrai-je dans le souvenir des autres, le pédé qui avait la maladie la maladie la maladie et nous faisait honte, il ne montait pas les chevaux qui jetaient leur ombre sur la mer, il n'a jamais eu d'ombre le pauvre, sa chambre sans meubles et mon frère Francisco apportant la créoline
(flux de conscience de Joao)
(page 83)
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