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EAN : 9782714309044
288 pages
José Corti (02/09/2005)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Saint Druon est une figure très populaire du folklore religieux du Nord de la France où il est donné comme patron des bergers. Sa légende remonte au XIIe siècle. Elle rapporte qu’ayant provoqué la mort de sa mère à sa naissance, Druon éprouva dans son enfance un puissant sentiment de faute personnelle. Arrivé à l’adolescence, il s’enfuit du château familial, rompit tous liens avec sa classe aristocratique qui lui promettait un bel avenir et, afin de faire pénitence... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'art de Claude Louis-Combet donne de la saveur à l'indicible, de l'épaisseur à la transparence et de la légèreté aux ténèbres.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
À quelques jours de là, un événement tout à fait extraordinaire impressionna la communauté villageoise, les hameaux et les bourgs alentour. L’église d’Épinoy possédait une très ancienne et très honorée Vierge noire installée dans une niche que l’on avait creusée dans l’un des gros piliers qui délimitaient le chœur, du côté de l’évangile. Cette Vierge que l’on honorait sous le nom de Notre-Dame de la Pile était une statue de bois revêtue d’un riche manteau de brocart doré, sous lequel elle portait une robe de fine toile blanche qui lui descendait jusqu’aux pieds. Ainsi affublée, assise sur un trône, Notre-Dame de la Pile tenant ses deux mains ouvertes appuyées sur ses genoux, paraissait en attente et en offrande – et qu’offrait-elle sinon son corps, peut-être pour rien, peut-être pour le moment d’un refuge des pécheurs (Refugium peccatorum) et comme la voie obligée d’un passage vers le paradis final (Janua cœli). Dans l’échancrure de son manteau accablé de dorure, la modeste et candide étoffe de sa robe laissait s’engouffrer toutes les plaintes de la vie, toutes les détresses, toutes les plus humbles aspirations. Cette Vierge se trouvait mise de telle façon que le priant, au pied de sa pile, n’éprouvait pas de désir plus impérieux encore qu’irréalisable que de poser son front sur les genoux et dans les mains de la toute miséricordieuse Mère de Dieu et Mère de tous les pécheurs (Mater peccatorum). Or voici : ce matin-là, le prêtre desservant de la paroisse se préparant à assurer l’office du dimanche, s’arrêta un instant, juste le temps de se recueillir par dévotion, devant la statue. À cette heure, dans cette saison, l’église était encore plongée dans l’obscurité. Cependant, levant les yeux vers la mère de Dieu et parcourant lentement de son regard, plein de lassitude et d’habitude, la totalité du corps assis, et hiératique, il remarqua à la courbure du tronc et des jambes, dans l’exact creux des cuisses, une tache étoilée, faiblement lumineuse, que l’on eût dite la respiration légère de l’obscurité. Cela brillait d’insolite façon et captait le regard et le captivait à tel point que le brave homme soudainement inspiré et bousculé dans ses manières ne put se retenir d’aller chercher une échelle qu’il appliqua contre le pilier afin de voir de plus près quel genre de phénomène se produisait là. Alors, pour ainsi dire, le visage dans le creux du corps de la Vierge, il put constater que celui-ci saignait, sourdement, et que ce qui lui avait semblé, d’en bas, pure effusion de lumière, était, vu de face, une macule sanguinolente qui trempait le vêtement. Le prêtre n’osa pas toucher la chose. Il n’osa pas porter la main sur la robe de la Vierge. Encore moins n’osa-t-il, il n’y songea pas, la soulever afin de découvrir ce qu’elle voilait. Il était lui-même un simple prêtre, nullement un esprit fort. De tels esprits ne se rencontraient, en ce temps-là, que dans les marges extrêmes de l’hérésie. Tandis que le jour se levait et que le jeune soleil se répandait à travers les vitraux, le curé d’Épinoy se contenta humblement de saluer le miracle auquel il était le premier homme à assister. La statue de la Vierge saignait, c’était manifeste, et il était manifeste aussi qu’elle saignait en un point du corps que la pudeur sacrée interdisait de nommer. Cependant l’heure de la messe était arrivée et une poignée de fidèles, des bonnes femmes surtout, serrées de petits enfants, se tenait agenouillée sur la dalle. Or étrangement, au moment de l’élévation du calice et de l’hostie, les regards qui auraient dû s’abaisser et se recueillir en direction de l’événement sacré qui se déroulait sur l’autel, s’ouvrirent et se tournèrent vers le pilier de la Vierge, comme si une force magnétique les avait captés, et bientôt, tandis que le prêtre s’efforçait de poursuivre sa cérémonie, les fidèles se levèrent, s’agitèrent, se rassemblèrent au pied de la statue et montrèrent du doigt ce qui éclatait, de toute évidence : la robe de la Vierge trempée de sang.
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Un métayer, du hameau de La Poudroye, fut le témoin d’une scène étrange qu’il narra par la suite à tout venant jusqu’à la fin de ses jours. Le 19 mars, jour de saint Joseph, une vache mit bas sur la paille au petit matin. Tout se passa bien d’abord. Mais lorsqu’il fut sur ses pattes, le veau, au lieu de chercher le pis de sa mère, comme font tous les veaux, pour se désaltérer et se nourrir, chercha la cougne, c’est-à-dire la grosse fente encore toute congestionnée et dolente d’où on l’avait extirpé à grand renfort de bras. Le métayer avait beau le pousser sous le ventre de la vache, le petit animal, tout humide et tout tremblant, revenait au sexe qu’il humait et léchait. On vit alors cette chose étonnante : le veau, debout sur ses pattes arrière qui fléchissaient, au point qu’il dut s’y appliquer à maintes reprises et maladroitement, finit par appuyer son museau tout entier contre la vulve et à l’y introduire. Le pauvre débile faisait pitié mais il persévéra. La vache mugissait doucement, presque tendrement, en une vaste complicité de chair qui défiait les lois ordinaires de la nature. Et l’homme, là-devant, était tellement surpris, avait tellement conscience d’assister à un phénomène exceptionnel et quasiment miraculeux, qu’il était incapable d’intervenir et se contentait de regarder, laissant faire les bêtes entre elles. Il put donc voir le veau pousser lentement sa tête dans le vagin, tandis que tout le petit corps, surmené d’appétit indicible, bien au-delà de ses forces, s’agitait comme une chiffe, de plus en plus faiblement. À la fin, lorsque le museau fut enfoncé jusqu’aux yeux, le veau d’un jour cessa tout mouvement et resta pendu à l’arrière-train de sa mère – appendice fantasque et fantastique, suffoqué, pensera-t-on, par son bonheur et sa performance singulière, autant que par l’inévitable asphyxie, aucune mère ne s’offrant jusqu’au bout comme un objet respirable.
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Il y avait eu des signes au cours des semaines précédentes, à Épinoy-en-Artois. On avait noté qu’une gargouille de l’église s’était brusquement effondrée, sans cause apparente, un dimanche de mars, à l’heure de la messe chantée. Elle était tombée contre un groupe d’enfants. Une petite fille avait été choquée et sur place avait fait des convulsions. Les bonnes gens s’étaient attroupées autour d’elle. Le prêtre l’avait aspergée d’eau bénite. Elle gisait à terre, toute secouée de soubresauts. Elle avait relevé sa jupe par-dessus la tête et personne ne pouvait la lui faire abaisser. On voyait donc son ventre nu, avec son entaille au bas clairement tracée dans le relief. Les jeunes garçons riaient en se poussant du coude et leurs mères levaient les bras au ciel. Cependant l’étrangeté de la scène tenait moins à la fillette, crispée dans l’exhibition de sa petite nudité, qu’à la présence au sol de la gargouille. Car celle-ci figurait ni plus ni moins une diablesse en gésine. Entre ses cuisses écartées, magnifiées d’une plantureuse vulve, surgissait la face pointue d’un diablotin. Plantée à la base du clocher dont elle recueillait les eaux de pluie, cette gargouille n’avait jamais attiré le regard de personne. Mais à présent elle était là, grotesque et impudique. Et les malins, voyant tout ce que montrait la petite fille, dépitée de toute ingénuité, s’attendaient à voir sortir de l’ornière un visage anguleux ou un pied lutin, par goût de la réplique et plaisir de la symétrie. Mais rien ne parut. L’enfant finit par baisser son jupon. Elle s’assit sur son séant et regarda le monde en souriant.
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Chant tendu, obstiné, répétitif, monotone, issu de chair, extirpé de toutes les douleurs, désillusions et espérances, il se traîne au ras du sol, au plus près des soucis humains, pour se hausser avec lourdeur…
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Druon avait l’impression d’avoir été jeté dans l’espace sans fin d’un monde entièrement nouveau. L’absence de forêt lui faisait mal, comme si une part essentielle d’obscurité et de mystère lui avait été arrachée des entrailles.
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Vidéo de Claude Louis-Combet
Otto Rank (1884-1939), la volonté créatrice : Une vie, une œuvre (1997 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 avril 1997. Par Bénédicte Niogret. Réalisation : Jean-Claude Loiseau. Avec Pierre Bitoun, Claude-Louis Combet, Alain de Mijolla, Aimé Agnel et Judith Dupont. Avec la voix d’Anaïs Nin. Textes dit par Jean-Luc Debattice. Otto Rank, né Otto Rosenfeld le 22 avril 1884 à Vienne et mort le 31 octobre 1939 à New York, est un psychologue et psychanalyste autrichien. D'abord membre du premier cercle freudien, secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et membre du « comité secret », l'évolution de ses recherches lui vaut d'être exclu de l'Association psychanalytique internationale en 1930. Il est considéré comme un dissident du mouvement international. Otto Rank est originaire de Vienne, issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie juive. Fils de l’artisan d’art Simon Rosenfeld, il est contraint, dans un premier temps, de travailler lui-même comme artisan et de renoncer aux études supérieures. Il prend le nom de Rank à l'âge de dix-neuf ans, en référence au bon Dr Rank de la pièce d'Ibsen, "La Maison de poupée". Il lit à vingt ans "L'Interprétation des rêves" de Freud et écrit un essai que le psychanalyste Alfred Adler transmet à Freud. Il devient dès lors un psychanalyste du premier cercle et, en 1906, devient le premier secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et à ce titre, l'auteur des transcriptions des minutes de la société viennoise (conférences et d'échanges), de 1906 à 1918. En 1924, il publie "Le Traumatisme de la naissance", s'intéresse à ce qui se trouve avant le complexe d'Œdipe et propose une vision différente de celle de la psychanalyse d'orientation freudienne. Sigmund Freud l'analyse brièvement jusqu'à fin décembre 1924 puis le rejette ; Rank se trouve exclu des cercles psychanalytiques freudiens. En 1926, Rank s'installe à Paris, devenant l'analyste d'Henry Miller et d'Anaïs Nin, avec qui il a une courte liaison. Il voyage en Amérique, où il rencontre un certain succès. Il est invité notamment à la société de Rochester pour la Protection de l'enfance en danger où travaille alors Carl Rogers. Il est exclu de l'Association psychanalytique internationale le 10 mai 1930. En octobre 1939, il meurt à New York à l'âge de 55 ans, des suites d'une septicémie.
Sources : France Culture et Wikipédia
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