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3,8

sur 489 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On sent bien que Mabanckou s'est régalé en semant, tel le Petit Poucet, des petits cailloux tout le long du roman : titres de films et romans, bouts de chansons et de poésie. L'histoire ? le patron d'un bistrot donne un cahier et un crayon à un alcoolique, ancien instit, en le chargeant de le remplir. Drôle, pathétique, d'une grande érudition. Avec peu de points et majuscules. Original et dépaysant. A se délecter, avec un bon verre (non cassé) à la main !
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Verre Cassé est un habitué du bar "Le crédit a voyagé"à Congo-Brazzaville.
En tant que pilier de comptoir, il a pas mal d'anecdotes à raconter. le patron de l'estaminet lui a donné un cahier pour coucher tout cela sur le papier.
Evidemment l'endroit est pittoresque, les toilettes sont dans l'arrière cour et quand on carbure au picrate de la Sovinco les langues des clients se délient et surtout le narrateur se lâche.

Mais cela ne devient plus une succession de nouvelles quand "Verre Cassé" se livre lui-même.

On vous a peut-être recommandé de mettre un point à la fin d'une phrase. Ici, c'est un débit de paroles ininterrompu de 200 pages. Heureusement, il y a des paragraphes et quelques chapitres pour segmenter un peu ce flot.

Le livre rend un hommage appuyé à la littérature. le récit est parsemé de références: un auteur deci-delà, un titre ou un héros. Car "Verre Cassé" est un connaisseur de la littérature mondiale.

Mabanckou dit: "nègre", parle d'amour de sexe, d'urine et de merde. Ses mots réveillent le prude qui sommeille en moi. Mais si on ne perd jamais le côté chaleureux de l'endroit, on est comme invité à trinquer avec les clients à Congo-Brazzaville et à s'imprégner d'un registre de langue peu convenable mais croustillant.

Pour moi ce sera un autre Mabanckou s'il vous plaît!
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Ne vous fiez pas aux apparences!
Derrière cette histoire drôlatique et truculente se cachent des drames, de la misère, voire de la tragédie, et la corruption aussi.
Mais le texte du cahier de Verre cassé est un régal d'invention, de générosité langagière, d'allusions littéraires.
Verre cassé commence par raconter les histoires des autres clients du bar le Crédit a voyagé, de son ami L'escargot entêté. Puis, insensiblement, il en vient à sa propre histoire. Qu'est-ce qui fait que l'on passe sa vie dans ce bar ouvert 24 heures sur 24? Comment en arrive-t-on aux défis absurdes, aux missions impossibles, à la bagarre avec des cabossés de la vie, quand on est soi-même si pacifique?
Il n'y a pas de réponse, seulement des tranches de vie, et ce flux jouissif de mots qui nous ravit de bout en bout.
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Truculent est le premier adjectif qui me vient à l'esprit pour qualifier ce roman; érudit serait le deuxième car le propos est émaillé de citations et d'allusions à la littérature. D'un côté on a donc la culture populaire de la langue parlée à Brazzaville mais le revers de la médaille est cette intertexualité qui trahit le bagage intellectuel de l'auteur. Et dans l'ensemble, je dirais que ce mariage a priori contre nature marche bien; mais je ne sais pas pourquoi je ne suis pas tombée sous le charme de l'écriture. J'ai eu du mal à entrer dans cette lecture qui m'amenait sur un registre dont je n'avais pas l'habitude et je suis toujours restée un peu en dehors, peut-être justement parce que je n'ai baigné dans aucune de ces deux cultures. Je sors du roman avec l'impression d'être passé à côté de quelque chose qui me dépasse…
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Babéliens, vous oubliez Frédéric Dard (26 critiques et pas une mention)! Alain Mabanckou lui ne l'oubliait pas. Avant de lire ce nom dans Verre Cassé, j'étais déjà persuadé de lui avoir trouvé un héritier superlatif, pour qui l'entrée à l'Académie français ne serait pas une plaisanterie récurrente mais une évidence.
Une verve, une virtuosité dans la langue, une manière de titiller notre mémoire par mille jeux sur l'usure des mots, par mille allusions littéraires : un livre magnifique, et qui ne manque pas de sujets majeurs : le sexe, la mort, la déchéance.
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Un bonheur de lecture, Alain Mabanckou est devenu en quelques années une voix incontournable de l'Afrique francophone. Verre Cassé est un personnage haut en couleur, porté sévère sur le goulot. le patron du bar "Le crédit a voyagé" surnommé l'Escargot entêté demande à l'ancien instituteur d'écrire la vie du bar au jour le jour. Et la accrochez vous car Mabanckou le bien nommé nous embarque pour un déluge verbal génialissime. Car, il sent dit des choses chez l'ami l'Escargot entétê. Une sorte de "brèves de comptoir "cher à Jean-Marie Gourio à la mode africaine. C'est inventif, truculent, drôlissime, Mabanckou tord le cou aux idées reçues, aux traditions. La force du texte vient aussi de son oralité, et puis de ces innombrables références que Mabanckou sème tout au long de son texte. Ce roman qui a reçu notamment le prix Ouest-France Etonnants Voyageurs, affirmait un auteur devenu incontournable.
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malgré l'absence de point final, je crois que je peux dire que j'ai terminé ce livre, que j'ai apprécié pour ses personnages-piliers de bar (même si je me serais volontiers passée de certaines de leurs anecdotes, trop salaces à mon goût, même Céline est moins crade, je vous jure), je l'ai apprécié aussi ce bouquin pour les critiques politiques qu'il y a dedans, qui nous rappellent que dans n'importe quel PMU, ça parle mieux politique que dans la bouche d'un enarque, après j'ai bien aimé ce livre aussi parce qu'il y a plein de références littéraires dedans du coup c'est rigolo de faire marcher sa mémoire en lisant quoi, et puis je crois bien que celui qui est le plus cité, c'est Brassens, comme quoi l'auteur a bon goût (mais je crois qu'il cite ni le Bistrot ni le Vin alors que le sujet s'y prêtait bien vu que tout s'écrit dans un bistrot dans ce bouquin, c'est dommage m'enfin que voulez-vous ma bonne dame, sinon j'ai bien aimé aussi la manière de s'exprimer de l'auteur qui me rappelle deux trois auteurs que j'aime bien et qui parlent pareil comme quoi ça doit être ça la littérature contemporaine), et j'ai bien aimé surtout le fait qu'il dise Nègre sans vergogne dans son bouquin et plein de fois en plus et du coup je me demande s'il va être censuré pour son vocabulaire ou pour ses critiques de la politique du Congo ou de la politique de la France parce que la France en prend pour son grade là-dedans mais ça ne m'étonne qu'à moitié, enfin je dois dire pour finir que j'ai été amusée par la fin parce qu'enfin je l'attendais de pied ferme ce point final, et non pas moyen, l'auteur a pas voulu, mais c'est marrant parce qu'il en a dissémine un dans le dialogue de quelqu'un dans le bouquin, je me demande si c'est voulu ou si c'est un erratum, mais bon, il est possible que cette question ne soit jamais résolue
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Avec Verre cassé, on entre rapidement dans un récit qu'il est très difficile d'abandonner pour deux raisons. La première, c'est que l'on est facilement emporté par le pouvoir narratif de Mabanckou, un style fort en répliques comiques, en histoires grotesques mais aussi en moments d'intenses émotions. La deuxième raison, J'ai beau chercher, je n'ai pas trouvé de points dans ce roman, donc obligé de la lire d'une traite ou presque. Enfin essoufflé, au bout de 250 pages, on en ressort heureux.

Verre cassé est un habitué du bar le Crédit a voyagé, il passe son temps à boire et à écouter les histoires des autres. Un jour, l'Escargot entêté, le patron du bar, propose à Verre cassé d'écrire un livre de ceux qui fréquentent son établissement. Verre cassé se prend au jeu et recueille des fragments de vie tragiques ou comiques dans un langage pour le moins truculent. On est au début des années 2000, au Congo, et les histoires sont des plus rocambolesques.

Ces histoires racontées par Verre cassé sont aussi prétexte à des clins d'oeil à la littérature française et internationale tels qu'Amadou Hampâté Bâ, John Kennedy Toole, Gao Xingjian, David Foenkinos, Anna Gavalda, Marcel Proust, Le Clézio, Albert Cohen, Michel Houellebecq, Mitterrand, Dino Buzzati, Céline, et surement d'autres à côté des quels je suis passé. Il faut noter, une dédicace spéciale à un certain Holden de L'attrape-coeurs de JD Salinger, pour une question existentielle sur les canards. Pendant qu'un professeur interroge l'Holden Caulfield de "L'attrape-coeurs" sur son renvoi de l'école, l'esprit du jeune élève vagabonde et se pose une question essentielle: "Je me demandais où allaient les canards quand le bassin était tout gelé, tout couvert de glace. Je me demandai tout à coup si un type venait avec un camion et les emmenait au zoo ou je ne sais quoi. Ou s'ils s'envolaient tout simplement."

❓Donnez-moi le titre d'un roman d'Alain Mabanckou qui vous a particulièrement plu ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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« Verre Cassé, sors-moi cette rage qui est en toi, explose, vomis, crache, toussote ou éjacule, je m'en fous, mais ponds-moi quelque chose sur ce bar, sur quelques gars d'ici, et surtout sur toi-même »
 
Le "Crédit a voyagé", un bar congolais crasseux, accueille chaque jour ses habitués, une bande d'alcooliques blasés de la vie. Son proprio, l'Escargot entêté, en a bavé dur avant d'ouvrir ses portes. Et l'auteur prendra un plaisir démesuré à nous en raconter toutes les polémiques. D'abord, il y eut un coup de force du syndicat des cocufiés du week-end, suivi de près par les intimidations d'une association d'anciens alcoolos reconvertis en buveurs de flotte et une action mystique des gardiens de la morale traditionnelle. le gouvernement s'en est mêlé, en a discuté avec ses ministres, un brainstorming collectif s'en est suivi et « l'affaire » a divisé le pays. Ces quelques pages sont un régal, un bonbon qui fond dans la bouche, c'est grotesque, absurde, risible, et on en redemande ! Même les touristes débarquent pour visiter ce lieu « touristique ». J'en ris encore… 
 
C'est alors que l'Escargot entêté confie à son ami et plus fidèle client, Verre Cassé, d'écrire sur la vie de certains clients. Jouant au fin psychologue, il note tout dans un cahier, les histoires, les impressions. Il y a ce père de famille chassé de chez lui, un imprimeur en peine d'amour, un escroc sans génie qui se prétend descendant des grands sorciers et un homme préoccupé par le sort des canards en hiver. Ici, au Crédit a voyagé, on trouve de tout et surtout, chacun croit sa vie un peu plus importante que celle des autres. Verre Cassé ne manquera pas non plus de raconter sa propre histoire, son poste d'enseignant, l'alcool qui a tout détruit et puis Angélique. 
 
« J'ai marché nuit et jour, c'est comme ça que tu me vois ici, le dos voûté comme un vieil homme, je longe la mer, je discute avec les ombres qui me pourchassent, et l'après-midi je viens ici, tu vois le problème, mais dis-moi clairement Verre Cassé, est-ce que toi aussi, dans ton for intérieur, tu crois que je suis un fou, un demeuré, est-ce que quand je te parle là c'est comme un fou qui discute avec la mauvaise foi des hommes, dis-moi la vérité, hein, promets-moi que tu vas mettre ce que je viens de te raconter dans ton cahier… sinon ce cahier il ne vaudra rien »
 
Si vous pensez lire ce livre à petites doses vous vous trompez. Enfin, je le pense… parce que le roman de 250 pages de Mabanckou est présenté sans point ni ponctuation. C'est une longue suite de pensées vagabondes et spontanées sorties de l'âme humaine de quelques personnages qui ont bien voulu nous raconter leur histoire. le dépaysement culturel est exquis, d'autant plus que l'auteur est né au Congo-Brazzaville. J'y ai vu déferler à plusieurs reprises le fameux poulet bicyclette, jusqu'à ce que la curiosité me pousse à en savoir plus long sur ce plat… (Surprise ! Voir la photo ci-bas…). Mabanckou en profite également pour mettre en valeur certains auteurs qu'il chérit, à travers de petits clins d'oeil nous référant aux titres de leurs oeuvres. On s'amuse presque à les trouver comme on jouerait à « Trouver Charlie ». Dany Laferrière (« L'odeur du café », « Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer »), Martin Page (« Comment je suis devenu stupide »), Mishima (« Le marin rejeté par la mer »), Hemingway (« L'adieu aux armes »), et plein d'autres encore. J'ai vraiment été ravie par ce petit livre tout simple, mais d'une belle intelligence qui effleure les sentiments à fleur de peau. Je retournerai, c'est certain, vers cet auteur fabuleux. Peut-être en compagne de « Black Bazar » ou encore de « Mémoires de porc-épic »…  
 
« Tout cela c'est que du rêve, mais le rêve nous permet de nous raccrocher à cette vie scélérate, moi je rêve encore la vie même si je la vis désormais en rêve, je n'ai jamais été aussi lucide dans mon existence »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Alain MABANCKOU. Verre cassé.

Celui qui s'appelle « l'Escargot entêté » tient un bar dans une ville d'Afrique, un boui-boui ouvert jour et nuit, qui s'appelle « le Crédit à voyagé»… Et les gens défilent. Les histoires circulent, allègres, tristes, redondantes, tragiques, animées, etc. Un jour ce tenancier, demande à un de ses plus fidèles clients de transcrire ces histoires de comptoir afin de les pérennisées et de les porter à la connaissance de tous ; c'est ainsi que « Verre cassé », ancien instituteur, destitué de l'éducation nationale en raison de son amour pour la divine bouteille, se voit confier un cahier et doit rapporter toutes ces anecdotes.

Nous allons donc faire la connaissance de personnages haut en couleur : Mouyeké, un escroc féticheur, Robinette, la plus grande pisseuse, Casimir le Géographe qui défie cette dernière, Pampers, un père de famille chassé par son épouse, l'Imprimeur qui a participé en France à l'impression de Paris-Match et tous les autres…

du burlesque, du tragique, du grotesque, du fantastique, de l'invraisemblable, beaucoup de sourire, de rire… Ce récit me fait penser à Rabelais et son célèbre Gargantua. Alain MABANCKOU nous plonge dans une banlieue déshéritée d'une grande ville africaine, sans doute sa ville natale. Il est impossible de ne pas se mêler à tous ses éclopés, de frayer en leur compagnie, de boire et trinquer avec eux et de compatir à leurs malheurs. L'écriture ressemble à un long monologue. Pas de point. de longues phrases hachées par de nombreuses virgules. Cet auteur a une grande culture et fait de nombreuses allusions, soit au domaine des arts, la peinture, la littérature, soit à des évènements politiques mondiaux. Nous avons des citations littéraires mais également des faits politiques réels cités, ainsi que les dirigeants politiques qui ont laissé quelques marques dans L Histoire. Je ne peux que vous inviter à vous approcher du troquet « Crédit à voyagé » et partager le verre de l'amitié, avec les clients de passage ou les piliers de bar. Bonne lecture.
(01/12/2022).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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